[feedback] Audioquest Nighthawk

L’équipe du blog vous propose cette semaine le retour de Kirasd69 sur l’Audiquest NightHawk. Vous allez nous dire « mais… il n’est plus fabriqué ! ». Certes. Mais vous découvrirez à la lecture de ce « retro feedback » que ce casque a encore beaucoup à nous dire, d’autant que son remplaçant, le Nighthawk Carbon, est plus une optimisation qu’un nouveau modèle, et reprend largement la base décrite ici.

Le casque dynamique qui se prenait pour un planar…

Historique de la marque

Fondé en 1980, Audioquest est une firme connue et reconnue pour ses câbles haut de gamme. Ces dernières années, la marque américaine a décidé de se diversifier, notamment par le lancement d’une gamme de DACs (les DragonFly Black, DragonFly Red et Beetle) et plus récemment par la création d’une ligne de casques, constituée :

  • du Nighthawk, objet de ce test, qui n’est désormais plus produit,
  • de son remplaçant le Nighthawk Carbon,
  • du Night Owl, son pendant fermé.

Ces casques se caractérisent par l’emploi de techniques et solutions très innovantes, ce que l’on aimerait voir plus souvent chez la concurrence.

Spécifications

Construction :

  • Type semi ouvert circum-aural
  • Transducteur dynamique de 50mm en biocellulose
  • Coques en bois (liquid wood)

Caractéristiques :

  • Impédance 25 ohms
  • Poids : 346g
  • Câbles StarQuad PSC+ avec technologie NDS et connecteurs plaqués argent

Emballage (ou déballage)

À la réception du carton… Pardon, vous avez dit carton ? Mais il n’y a pas de carton ! Le Nighthawk est livré dans une housse rigide en cuir (similicuir je suppose mais je n’en suis pas sûr) de grande qualité et entourée d’un imprimé présentant le casque par ses spécifications.

A l’intérieur on découvre le casque lové dans un espace rembourré, ainsi que deux câbles : un premier de 3m pour une écoute sédentaire, un second plus fin et plus court pour une écoute nomade. A des fins d’entretien sont fournis deux chiffons microfibre : un noir pour nettoyer le casque et un gris pour nettoyer les connecteurs du câble de 3m. Ce dernier étant composé de cuivre plaqué argent, il demande un peu d’entretien.

Dernier petit bonus de la part d’Audioquest qui fournit l’adaptateur jack 3.5mm vers 6.35mm lui aussi plaqué argent.

Présentation

Observons de plus près ce Nighthawk.

Dès le départ, on remarque les coques en bois, ou plutôt en « Liquid Wood », première innovation d’Audioquest. Le « Liquid Wood » est un mélange de sciure de bois et de résine. Ce mélange permet d’être moulé à la forme que l’on souhaite et possède des propriétés acoustiques supérieures au plastique. La forme des cups est ergonomique et épouse (plus ou moins) la forme de l’oreille. Les deux oreillettes sont reliées par un arceau à structure suspendue, similaire à ce que l’on peut voir chez AKG ou encore Audio-Technica. Cette structure est composée d’une tige rigide (comme chez Pioneer) et d’un bandeau souple en cuir/alcantara parfaitement rembourré. L’emploi d’une seule tige permet de disposer d’un clamping (force d’appui sur les côtés de la tête) relativement faible et d’éviter la sensation d’étau. Néanmoins pas de risque de perdre le casque ou de le voir tomber. Son poids est parfaitement réparti et tient bien sur la tête. Les pads en similicuir équipant les oreillettes sont à la fois très doux et confortables.

Deuxième innovation, les oreillettes et l’arceau sont maintenus à l’aide d’un système à suspension signé Audioquest. A chaque extrémité de l’arceau est présente une pièce circulaire métallique sur laquelle sont rattachés quatre « élastiques » qui vont à leur tour maintenir les oreillettes. Cela permet une liberté de mouvement totale même si limitée par le débattement des élastiques. L’ajustement se fait donc dans toutes les directions et conviendra à toutes les morphologies.

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Les drivers de 50mm sont en bio-cellulose. Un matériau qui, selon Audioquest, est plus rigide que le Mylar souvent utilisé et beaucoup moins déformable. La déformation d’un driver peut causer de la distorsion. En plus de ce matériau, la membrane se voit équipée d’un anneau en caoutchouc renforçant le fonctionnement « en piston » exactement comme pour les enceintes ou les casques orthodynamiques.

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Le moteur a également bénéficié d’un soin particulier. La bobine et l’équipement mobile ont reçu une conception particulière permettant un meilleur contrôle des flux magnétiques. En plus de la refonte du moteur, le support de celui-ci a reçu une série d’évents permettant une meilleure circulation de l’air en évitant les retours d’ondes indésirables. Enfin, les grilles de chaque oreillette ont été imprimées en 3D et conçues selon une structure bio-mimétique inspiré des ailes de papillons. Au delà de cet aspect marketing, il s’agit d’une grille dont la structure forme un maillage entrelacé sur quatre niveaux. Le but de ce maillage est de disperser les ondes sonores vers l’extérieur afin, encore une fois, de ne pas subir ces retours indésirables. Étrangement, bien qu’Audioquest parle de papillons, ce système fait beaucoup plus penser à la peinture « anti ondes » utilisée sur le célèbre avion furtif qui… tiens, s’appelle Nighthawk !

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Toutes ces considérations technologiques sont bien belles, mais le son qui en résulte est-il à la hauteur de tous ces efforts ?

Eh bien, oui et non…

Oui car les choix technologiques sont pertinents et les performances associées sont de haut vol. Après tout, vu le positionnement du casque, on en attendait pas moins.

Non, car ces choix techniques imposent également un parti pris dans le rendu sonore mais celui-ci ne fera pas l’unanimité.

Le son

L’Audioquest Nighthawk est un casque qui sonne doux. Très doux et même parfois « Dark ». La signature est clairement descendante.

Le grave est flatté, le médium est choyé mais à leur juste place et les aigus sont en retrait. (Et pourtant bien présents. J’y reviendrai). Le plus flagrant dès la première écoute, ce sont les timbres. Ils sont riches mais chantent une octave en dessous de ce que l’on a l’habitude d’entendre. C’est un choix osé mais qui n’est pas dénué de sens.

Audioquest a fait le pari de proposer une signature physiologique, au plus proche de l’oreille humaine. Pari réussi ? Nous allons voir ça.

Les Basses : très généreuses. Elles descendent très bas et ont un niveau de détail rarement atteint sur un casque. Mais elles ne sont jamais « boomy » à la différence des casques « tendance ». Elles font preuve d’une maîtrise incroyable. Malgré cet embonpoint elles ne masquent jamais le reste du spectre sonore. Sur une formation d’orchestre symphonique même la plus faible contrebasse est parfaitement audible. Sur des musiques acoustiques tel que Agnès Obel, ces basses procurent une profondeur assez impressionnante et donnent un côté vraiment vivant voir « live » à la musique.

Le Médium : il bénéficie de la même « puissance » que les basses et donne aux voix et autres instruments évoluant dans cette zone une profondeur très agréable. Le Nighthawk ne propose pas vraiment de texture très détaillée ni de grain, mais le « corps », « l’assise » des médiums emplissent chaque note d’une fort belle manière. La voix d’Agnès Obel par exemple peut vraiment être « ressentie ».
Orinoco Flow de Enya, est une musique qui évolue principalement dans les médiums. Le Nighthawk nous donne une restitution très « enveloppante » et très profonde. Les médiums n’ont pourtant rien d’exceptionnels, mais la maitrise qu’ils ont laisse baba.

Les aigus : sans doute la partie la moins impressionante de prime abord du rendu du Nighthawk. Ils sont clairement en retrait. Mais ça ne veut pas dire que le casque s’arrête à 15 KHz. Non, non, les aigus sont capables de filer aussi haut que sur un Beyerdynamic ou qu’un Ultrasone. Il faut considérer ces aigus comme le « Wolfson » d’un casque. Simplement, ils ne sont pas accentués. C’est une volonté de la part d’Audioquest. La marque désirait ne pas avoir d’aigus qui donnerai une fausse impression de détails ou d’aération. La marque ne voulait que de l’authentique. Rien d’artificiel. Et bien le pari est une fois encore réussi. Les aigus ne sont jamais piquants, ils sont très doux et la quantité de détails est bien rendu. Sur la musiques « Hypocrite » de l’album « Cascades » de Jean-Michel Blais & CFCF, la présence d’un son « cyclique » dans l’aigu, son qui est parfaitement reproduit par le Nighthawk. Jamais masqué. Les aigus soutiennent la musique comme il se doit.

Scène sonore : elle est relativement ample. Elle n’est pas aussi large que sur des casques ouverts (après tout il n’est que semi-ouvert) mais la scène est très, très profonde. Je crois que c’est le casque qui donne le plus de relief qu’il m’ait été donné d’écouter. L’écoute de musiques symphoniques est grisante tellement on perçoit parfaitement les différents placements en profondeur de l’orchestre. Du soliste qui joue au premier plan jusqu’aux chœurs au fond de la scène, c’est tout simplement bluffant. L’aération est sidérante et montre la grande maitrise de tout le spectre sonore. Et grâce à cette profondeur, l’espace sonore est entièrement rempli. On est comme enveloppé au cœur de la musique. L’impression holographique est fabuleuse. Je dirais que c’est le Dolby Atmos du casque.

Conclusion

Que dire de plus sur ce casque ? Audioquest a tenté un pari, et selon moi il est plus que réussi. D’ailleurs si la marque a pu lancer deux nouveaux modèles c’est en partie du au succès de ce Nighthawk. Le son est grisant, la fabrication d’une grande qualité et le casque est facile à driver. Associé au DragonFly Red par exemple, on obtient une solution nomade dotée d’une performance exceptionnelle.

Seul défaut, sa signature sonore. Les timbres une octave plus bas, les basses mises en avant et les aigues en retrait : il faut s’y accoutumer. Tout le monde n’appréciera pas et je pense que c’est la raison pour laquelle ce casque est si clivant. Comme l’ont déjà dit d’autres médias, on ne peut vraiment pas y rester indifférent.

Dernière petite chose étrange à propos de ce casque, il nécessite un « temps de chauffe » comme un ampli à lampes. Je ne sais pas ce qui provoque ce comportement mais le casque n’a pas le même rendu lors des dix premières minutes d’écoute par rapport aux suivantes. Alors bien sûr, la différence n’est pas énorme mais elle est suffisamment audible. Après son temps de chauffe, le casque parait légèrement moins dark et de fait un peu plus équilibré. Ce qui avec sa maitrise globale, le rend encore plus addictif.

Voilà donc ce qu’on pouvait dire cet oiseau étrange. A 600€, je trouve que c’est un des meilleurs rapport qualité / prix / plaisir disponible sur le marché. Enfin, c’était… Car ce Nighthawk n’étant plus fabriqué, il faudra vous tourner vers l’occasion, ou vers son successeur, le Nighthawk Carbon, qui conserve la même signature avec quelques améliorations (drivers inclinés, confort accru, travail sur les vibrations, …).

4 thoughts on “[feedback] Audioquest Nighthawk”

  1. Un de mes plus beaux souvenirs audiophiles.
    Il vous emmène très loin ce casque dans les sensations pures.

  2. Très bien, il faut le comparer maintenant avec son successeur, qui supposément offrirait exactement la même signature…

    Alors qui est partant pour le comparo?

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