[Brèves] Marty #53 : Schiit Yggdrasil, Astell & Kern AK Jr et un feedback Tidal

Son contrôle technique passé avec succès, notre DeLorean s’est attelée à la tâche et ne s’est pas ménagée pour revenir avec le nouveau Schiit Yggdrasil ou « Yggy », l’Astell&Kern AK Jr « junior »… et rien de chez LH Labs. En bonus, Gouroulubrik nous fait un retour sur la qualité prétendument lossless de Tidal.

Note préliminaire : en effet, nous ne remercions pas vraiment LH Labs, dont la page d’évènements, créée à l’occasion de son anniversaire (voir marty #52) est restée bloquée au 15 avril… Une telle manne de brèves, c’était certes inespéré…

Yggy

L’arlésienne. Le mythe. L’Yggdrasil se fait attendre depuis qu’il a été annoncé, il y a de cela 2 ans. Forcément, quand quelqu’un comme Mike Moffat l’annonce comme étant « le meilleur DAC que je sache fabriquer », il y a de quoi être enthousiasmés. Si on ajoute la réputation de la marque lorsqu’il s’agit de proposer des produits avec un bon rapport qualité/prix et allant à l’essentiel, on comprend l’excitation.

Yggy

Désormais qu’il est annoncé, produit et commercialisé, on se dit qu’il pourrait même répondre à toutes les attentes qu’il a fait naitre ! Il reprend le form factor de son frangin Ragnarok (l’ampli à tout faire) et reprend l’Adapticlock, système de reconstruction d’horloge déjà rencontré dans le Gungnir.

À partir de là, il ne reprend plus rien à personne. Déjà, la puce utilisée, une Analog Devices AD5791 laissera la plupart d’entre nous dans l’expectative : c’est normal, il ne s’agit pas d’une puce dédiée à l’audio, mais d’un convertisseur numérique-analogique utilisé dans la recherche médicale ou le guidage des missiles.

Pas de conversion delta-sigma, ici, l’AD5791 est une puce R-2R d’une précision de 20 bits. Il y en a 4 en tout, deux par canal pour une configuration symétrique.

Ensuite, le filtre numérique associé est sans doute le plus grand tour de force de l’Yggy (Yggy, il s’appelle Yggy, c’est un DAC pas comme les autres) si on en croit Mike Moffat, son concepteur : il s’agit d’un filtre « closed-form solution » (comprendre : filtre à solutions exactes, par opposition au fonctionnement habituel, par approximations et heuristiques) qui réalise une interpolation tout en conservant intactes les données issues de l’enregistrement. Ceci permettrait de regrouper les qualités du fonctionnement en NOS (sans over-sampling) et celle du sur-échantillonnage, à savoir, respectivement, la conservation des données de l’enregistrement et le recul du bruit vers les zones non-audibles. C’est une puce DSP SHARC qui permet son fonctionnement.

Les entrailles d'Yggy

Annoncé comme un vrai DAC « 21 bit » (20 bits *2 grâce au fonctionnement différentiel), il est doté de 5 entrées numériques (AES/EBU sur XLR, SPDIF sur RCA, TOSLINK et BNC et USB) via un récepteur SPDIF AKM AK4313 et la troisième version de l’interface USB asynchrone de Schiit, utilisant une puce C-media CM6632. Il supporte les signaux PCM jusqu’au 24 bits / 192 kHz sur toutes ses entrées et, comme tout bon DAC à échelles, n’est pas prévu pour traiter les signaux DSD. En bout de chaîne, une solution à composants séparés JFET alimente une sortie symétrique et deux sorties asymétriques.

Les entrailles d'Yggy

Côté mesures, on annonce moins de 0.006% de distorsion de 20Hz à 20kHz, un rapport signal/bruit supérieur à 117dB et une bande passante de 20Hz à 10kHz à +/- 0.1db et 0.5Hz à 200kHz à -1dB. C’est solide, certes, sans être « incroyable », mais c’est surtout à l’écoute qu’on attend beaucoup de l’Yggdrasil (il va sans dire que les premiers retours parlent d’un truc à la limite du révolutionnaire, façon « on n’avait jamais entendu ça » voire « ça enterre tout ce qui existe », mais on n’en attendait pas moins).

Reste qu’à 2299$, c’est plutôt honnête eu égard à la mise en œuvre et, si le ramage se rapporte au verbiage, ça sera une vraie bonne affaire. Voire une tuerie.

Et j’en veux un.


Mythologie

Une petite page de culture : comme l’ensemble des produits Schiit, le nom de l’Yggdrasil vient du nord, de Scandinavie pour être plus précis, et de la mythologie nordique pour être exact. Le nom signifie « destrier du Redoutable », Ygg (le redoutable) étant le dieu Odin (pas celui tout pourri des films Marvel, hein). Yggdrasil, pour autant, n’est pas un cheval mais l’Arbre du Monde et dans ses racines ainsi que dans ses branches on trouve, entre autres, les neuf royaumes : Ásgard, Vanaheim, Álfheim, Midgard (notre Terre), Jötunheim, Svartalfheim, Niflheim, Muspellheim et enfin Nibelheim, le royaume des morts. Notez que cette précision n’apporte pas grand-chose, mais c’est toujours sympa pour frimer en soirée, le tout étant de retenir les noms (et Svartalfheim, ça ne va pas être de la tarte).

Yggdrasil est représenté comme un frêne gigantesque mais son origine mythologique est malheureusement inconnue.

Et comme ça fait toujours du bien de frimer lors des meetings, en exclusivité, l’origine de TOUS les noms des produits Schiit :

Asgard : (normalement : Ásgard) royaume des Ases, forteresse située au centre du monde. Les Ases forment le groupe des dieux principaux, autour d’Odin.

Bifrost : ou plutôt Bifröst, est le « chemin scintillant », nom de l’arc en ciel qui sépare la Terre (Midgard) et la forteresse des dieux, Ásgard. Il ne possède que trois couleurs et la rouge est en fait un feu ardent destiné à empêcher les géants de passer.

Fulla : on pourrait penser qu’il ne s’agit que d’un jeu de mots (Fulla Schiit -> « full of shit » -> plein de merde) mais non : Fulla est une déesse de la mythologie nordique, servante de Frigg (dont elle est la gardienne des chaussures ; ils sont forts, ces scandinaves). Elle est déesse de la fertilité.

Gungnir : « le chancelant » est la lance d’Odin, qui ne peut pas être stoppée pendant son jet (sauf peut-être par le bouclier de Captain America ou par Chuck Norris). Il s’agit de l’attribut le plus célèbre du dieu.

Loki : dieu de la discorde dans la mythologie Nordique, il est issu de géants mais est néanmoins admis dans Ásgard. Impulsif et malin, irresponsable mais rusé, on l’appelle assez souvent pour résoudre les problèmes. Puni, suite au meurtre de Baldr (un autre dieu), à être attaché (avec les entrailles d’un de ses fils en guise de liens) à un serpent dont le venin goute sur son visage, il se libérera pour le Ragnarök, pendant lequel il mènera les géants contre les hommes et les Ases.

Lyr : là, par contre, c’est une colle : il n’y a pas de Lyr dans la mythologie nordique. On trouve cependant un Llŷr dans la mythologie galloise et un Lir dans la mythologie irlandaise. Si quelqu’un déniche un Lyr dans la mythologie scandinave, qu’il n’hésite pas à l’indiquer en commentaires.

Magni : son nom signifie « le fort » et il est le fils de Thor et de Jarnsaxa. Comme Modi, son demi-frère, il survivra au Ragnarök.

Mani : fils de Mundifari et Glaur, dieu de la Lune et frère de Sol (elle-même déesse du Soleil).

Mjolnir : (ou plutôt Mjöllnir pour sa graphie française) il s’agit du marteau de Thor, le dieu de la foudre et du tonnerre. Il présente un défaut : un manche trop court, par la faute de Loki, le farceur, qui se transforma en mouche pour distraire le forgeron ; cela ne l’empêche cependant pas d’être l’arme la plus puissante des dieux.

Modi : « le furieux » est également fils de Thor. Après le Ragnarök, lui et Magni hériteront de Mjöllnir, va savoir ce qu’ils en feront.

Ragnarok : (normalement Ragnarök) tout simplement la fin du monde prophétisée durant laquelle quasiment tout le monde (hommes, dieux, géants) meurt, dans une grande bataille ensuivie par des incendies et des raz-de-marée. Un seul couple d’humains survivra, pour repeupler le monde.

Vali : dieu de la mythologie nordique, fils de Loki et membre des Ases. Il fait partie de ceux qui ont survécu au Ragnarök.

Valhalla : il s’agit du paradis viking au sein du royaume des dieux, Ásgard. C’est là que les Valkyries déposent les hommes les plus braves, tombés au combat, afin qu’Odin les prépare au Ragnarök.

Wyrd : dans la mythologie nordique, Wyrd est la représentation du destin. Il est produit par les trois Nornes, déesses du destin qui le tissent, telle une toile infinie. Chaque fil est un être vivant (les hommes, les dieux, chaque brin d’herbe, même, a son fil).

 

Junior

En vérité, son vrai nom est AK Jr, mais puisqu’on n’est pas dans Dallas, autant garder le nom « junior », c’est plus amusant.

Astell & Kern est la marque audiophile créée par iRiver pour inonder le monde avec des lecteurs nomades hors de prix. Parce que si tout le monde s’accorde à saluer leurs qualités (surtout désormais que les problèmes d’impédance de sortie relèvent de l’histoire ancienne), nombreux sont ceux qui prêtent aux modèles de la marque un rapport qualité/prix désastreux.

AIAIAI TMA-2

Junior semble se départir de cette règle : à 499$, on le trouvera ainsi plus de moitié moins cher que son grand frère, l’AK 100 II. Il est aussi beaucoup plus mince : entre 6.9mm et 8.9mm (puisqu’on retrouve un biseau qui rappelle, en moins abscons, celui du AK240), pour un DAP tout en hauteur, arborant un écran tactile de 3.1’’, une jolie coque en aluminium et des boutons physiques : la grosse molette de volume est amincie et rejoint le côté droit, quand le gauche arbore trois boutons (lecture / plage précédente / plage suivante). Pas de line out prévue, et pas de sortie symétrique non plus : un seul jack 3.5mm sur le dessus de l’appareil, à l’opposé du bouton de mise en route.

Junior, de tous côtés

Côté fonctionnalités, la présence d’Android ne compensera pas l’absence de wifi : pas de streaming possible mais on se rabattra sur la présence de bluetooth et d’une fonction DAC USB. Compatibilité assurée avec les formats HD, PCM jusqu’au 24bits, 192kHz et DSD64 (après conversion en PCM).

junior, de 3/4 face

Dans ses entrailles, on retrouve le DAC Wolfson WM8740 qui équipait la première version de l’AK100 (mais cette fois-ci, l’impédance de sortie est de 2 ohms, ce qui est bien mieux mais n’est pas encore fabuleux), 64Go de mémoire interne et un port micro-SD. Ce dernier est annoncé compatible avec les cartes µSD de 64Go maximum. On peut y voir soit une typo, soit la volonté d’éviter de proposer un produit d’appel trop compétitif par rapport au reste de la gamme AK.

« Compétitif » et « Astell & Kern »… Dans la même phrase et sans négation.

Cette petite mesquinerie mise de côté, on attendra de savoir comment Junior sonne pour se prononcer, mais il demeure qu’Astell & Kern, sur le papier à tout le moins, propose un produit qui pourrait enfin être compétitif et qui est particulièrement esthétique.

Tidal et la qualité audio

par Gouroulubrik

On en a déjà parlé dans ces colonnes : Tidal, c’est le site de streaming qui fait le buzz en ce moment, par son lancement en grande pompe, son rachat par Jay Z et les inutiles réactions des artistes discutant du pour et du contre. La plateforme a piqué notre curiosité et un sujet lui est dédié sur le forum. Ici, l’objectif n’est pas de présenter une nouveauté ni faire un énième article « j’aime beaucoup ce que vous faites », mais bel et bien de pousser un coup de gueule.

Tidal: le service de musique à fidélité variable

Il ne s’agit ni des problèmes de difficultés d’accès, de bugs de lecture dus au manque de bande passante, d’absence d’égaliseur, ni des nombreux problèmes d’homonymies et de tagging dans les classements. Non, même si ceux-ci sont bien réels, le coup de gueule du jour concerne le cœur même du service, à savoir le coté Hifi et « sans perte » du streaming, ce qui justifie le coût supérieur à celui de la concurrence.

En effet, dès qu’on sort des sentiers battus des grandes majors et des artistes mainstream, on s’aperçoit que beaucoup d’albums ne sont pas disponibles en qualité CD. Et on ne parle pas non plus uniquement de MP3 encodés en 320kbps : on trouve des albums encodés en AAC à 96kpbs, soit la qualité d’une webradio, et une qualité que je n’utilisais pas en 1998 malgré des disques durs plus petits qu’une carte µSD d’entrée de gamme (16go).

Pour un artiste tel que le duo électro Infected Mushrooms, leurs albums les plus récents sont en FLAC mais on trouve des EP en MP3, et les titres comme « Stretched », « Converting vegetarians » ou « Deeply disturbed » (entre autres) sont en AAC@96kpbs. Pareil si on s’attarde sur les productions françaises issues de petits labels.

Hifi ... mais 96kpbs quand même !
L’item « qualité Hifi » est bien réglé dans les paramètres… mais on aura de l’AAC 96kpbs quand même !

Est-ce acceptable de la part d’un service haut de gamme payé 20€ par mois ? Question rhétorique pour ma part, le ton de cette brève dit clairement ce que j’en pense: il y a tromperie et dissimulation, car l’information sur le bitrate est impossible à obtenir sous l’interface de l’application Android, par exemple.

Nous ne comptons pas en rester là, et nous pensons organiser plusieurs tests pour comparer réellement la qualité de Tidal et de ses encodages à celle proposée par ses concurrents, Deezer et Qobuz en tête. A suivre…

13 thoughts on “[Brèves] Marty #53 : Schiit Yggdrasil, Astell & Kern AK Jr et un feedback Tidal”

  1. Absolument génial ton article Burndav et pour 2 raisons :
    1. Tu m’apprends que l’Yggdrasil est un R2R : chose qui m’intéresse et dans un budget qui pourrait être le mien. Je suis donc l’affaire de près…ah bravo et merci de me fourrer encore dans une tentation à laquelle je n’avais pas pensé !
    2. Super l’article sur les divinités scandinaves.

    en conclusion ta brève déchire tout ce que j’ai lu avant…
    g g

  2. Badaaaaaaaaaaass le Yggy ! Vivement qu’un TNien plus timbré que les autres saute le pas rapidement pour pouvoir l’écouter en meeting !

    Congrats, Burdanvounet ! Superbe Marty !

  3. Bon ben voilà, du coup je viens de me lire tout le thread qui y est consacré sur HF…me voilà teasé. Burndav, je ne te remercie pas !

    1. Vu la taille du thread, je comprends que tu ne me remercies pas, et je suis étonné de te voir déjà de retour.
      Bon, on va quand chez toi pour l’écouter ? Preum’s pour te le reprendre quand tu le vendras !

      (Et sinon : merci à tous pour vos sympathiques retours.)

  4. Nan pis en plus le testeur l’a essayé avec…..un Balancing Act ! Sans dec…c’est fait exprès ! C’est dispo en Europe quand cette divinité ?

    1. Alors pour la dispo en France, il faudrait voir avec notre partenaire, Audiophonics, qui distribue la marque.
      Et sinon, tu n’as pas tout retenu : ce n’est pas une divinité, c’est un arbre !

  5. wayneshelton

    Zéline Dion va pas être contente Burndav ! Par contre nous on est comblé !
    Et un lexique sur la mythologie scandinave en plus.. A quand Burndav dans la Pléaïde ?

  6. les commentaires de la partie Mythologie m’ont bien fait rire lol
    Et tes articles sont toujours intéressants, continu comme ça !

    Bonne journée à tous

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