[Brèves] Marty#65 : Meier FF, Transient EVA, FiiO X7 et CG Aurisonics

On parlait du chant des cigales dans la Marty précédente, c’est encore plus prégnant cette semaine : ça fleure bon les vacances ! On sent déjà l’iode et la crème solaire, les oliviers et le parfum des pins parasol. Si on prête l’oreille, on entend le bruit caractéristique des bouteilles de rosé qu’on débouche, malgré le vacarme des plongeons dans la piscine.

Si l’odeur, petit à petit, se rapproche, il nous reste encore quelques brèves à partager pour cette pénultième Marty de la saison. D’ailleurs, l’odeur arboricole, c’est le sapin magique « pin des landes » attaché au rétroviseur central de la DeLorean qui nous la transmet. Et il parfume les grosses nouveautés qu’on rapporte : toute la gamme Meier se met au FF, Metrum se met au DIY, FiiO détaille son X7 et la gamme Bravo d’Aurisonics s’offre à nous au travers d’une commande groupée plus qu’intéressante ! Il reste de la place pour les caleçons de bain, mais à peine.

Meier Corda FF

On ne va pas se cacher les choses : côté team Blog, on aime beaucoup les produits de Jan Meier. Déjà parce qu’ils sont objectivement très bons et d’un rapport qualité-prix à la limite du déraisonnable. Ensuite, parce que l’approche rationnelle qui prévaut à leur conception est séduisante. Jan Meier, enfin, semble être un type passionnant : nous vous avions déjà parlé de l’article qu’il avait publié sur InnerFidelity il y a quelques mois, et si Jan est la première victime que nous comptons épingler au tableau d’honneur des futures interviews du Blog, ce n’est pas pour rien.

Dans la série « théorie appliquée », le concept du Frequency-Adaptive Feedback semble un très bon candidat. En français, on appellerait ça « Boucle de contre-réaction adaptée selon la fréquence », en abrégé, c’est plutôt le suffixe FF qui est appliquée à la gamme Corda (de manière optionnelle). Si le principe technique est une modification de la boucle de contre-réaction du circuit d’amplification, le principe acoustique, quant à lui, est un peu plus compliqué…

La constatation de départ est que pour une énergie sonore distribuée linéairement sur une plage de fréquences, l’amplitude des signaux décroit sur une pente de -6dB/octave, ceci étant lié à la diminution de la longueur d’onde. À partir de 1kHz, on serait plus à -12dB/octave. Cette problématique est connue de longue date et c’est elle qui a posé le plus de problème lors de la définition du principe de gravure des signaux analogique sur les disques vinyles. La faible amplitude des signaux de fréquences élevées rendait impossible leur gravure telle quelle, sinon au prix d’une perte de résolution très importante. Pour contrer ce phénomène, on a eu recours à une amplification de l’amplitude des signaux, amplification proportionnelle à la fréquence (elle est de 0dB à 20Hz, de +18dB à 600Hz et supérieure à +36dB à 20kHz). C’est ce qu’on appelle l’égalisation RIAA (pour Recording Industry Association of America). Du côté des enregistrements numériques, ce phénomène ne pose pas de souci particulier, mais l’amplification du signal se fait, le plus souvent, dans le domaine analogique.

En bleu : répartition de la pression sonore en fonction de la fréquence (voix humaine). En rouge : amplitude du signal pour la pression sonore représentée. (image : Meier Audio)
En bleu : répartition de la pression sonore en fonction de la fréquence (voix humaine). En rouge : amplitude du signal pour la pression sonore représentée. (image : Meier Audio)

Si on met de côté le cas des amplificateurs à lampes (si vous nous lisez régulièrement, vous êtes maintenant parfaitement calés), la plupart des amplificateurs (tous ceux de Jan Meier, en tout cas) utilisent des transistors. Contrairement à ce qu’on pourrait instinctivement croire, la linéarité ne fait pas partie des avantages du transistor sur les tubes, et le signal de sortie d’un transistor comporte, le plus souvent, une importante distorsion (1% est un chiffre courant en boucle ouverte). Pour combattre cette distorsion, on a mis en place plusieurs systèmes de correction, l’un des plus courants étant la boucle de contre-réaction (feedback). Le principe est assez simple : et consiste à annuler la distorsion en sortie en la ré-injectant en entrée. Présenté comme ça, oui, c’est incompréhensible. Détaillons un peu.

Une boucle de contre-réaction consiste en fait à réinjecter le signal de sortie en l’inversant. De cette manière, l’amplificateur se retrouve à amplifier (entre autres) l’inverse de sa propre distorsion, ce qui permet d’en annuler la plus grande partie. La boucle de contre-réaction a d’autres effets, le premier étant d’abaisser le gain du montage, dans des proportions éventuellement importantes, de diminuer l’impédance de sortie et d’augmenter le facteur d’amortissement ce qui permet une meilleure tenue des transducteurs dans les basses fréquences. Théoriquement, plus la contre-réaction est importante, plus l’impédance de sortie est faible et plus, en conséquence, le facteur d’amortissement est élevé.

En sus de défauts inhérents au système (voir plus bas), le circuit comparateur a une résolution limitée : à partir d’un certain niveau, il sera incapable de distinguer la différence entre les deux signaux et il n’aura donc plus d’effet. Comme la distorsion est généralement proportionnelle à l’amplitude des signaux (c’est pour cela qu’elle est exprimée en pourcentages à une fréquence donnée), elle sera, pour une distorsion proportionnellement constante (ex. 1%), beaucoup plus difficilement décelable et donc corrigeable pour des signaux de faible amplitude, typiquement des signaux de haute fréquence. Cela signifie qu’en sortie de la boucle de contre-réaction, la distorsion sera plus élevée dans les hautes fréquences que dans les basses fréquences.

L’idée de Jan Meier pour corriger cet état de fait est de ré-appliquer la correction d’amplitude en fonction de la fréquence, à l’instar de ce qui était fait pour l’égalisation RIAA. On va avoir une amplitude des signaux aigus beaucoup plus importante (les pentes de correction ne sont pas communiquées, mais on peut imaginer une égalisation à 6dB/octave), donc une distorsion beaucoup plus visible et, du coup, une correction de celle-ci, par la boucle de contre-réaction, beaucoup plus efficace. L’élégance de la solution de Jan Meier provient du fait que la correction est appliquée sur les deux composantes du signal (l’inverseuse et la non-inverseuse), ce qui fait que la boucle de contre-réaction va annuler la correction et le signal en sortie ne nécessitera pas de filtrage particulier.

Principe de fonctionnement du Frequency-Adaptive Feedback (image : Meier-Audio)
Principe de fonctionnement du Frequency-Adaptive Feedback (image : Meier-Audio)

Pour l’implémentation électronique, Meier reste assez discret, mais indique qu’aucun composant actif n’est utilisé : uniquement des résistances et des condensateurs, ce qui correspond à l’implémentation d’un filtre électronique. On pourrait en déduire que, plutôt qu’augmenter l’amplitude des signaux aigus, le filtrage va diminuer en proportion les signaux graves. Cela signifie qu’on arrive au final à une courbe similaire et donc à une efficacité équivalente pour la boucle, mais au prix d’un gain encore plus réduit.

Si cette modification, théoriquement, améliore le fonctionnement de la boucle de contre-réaction, elle ne va pas en retirer les défauts : la création d’une boucle signifie un temps de propagation et donc un potentiel retard sur le traitement de la distorsion, ce qui peut créer la création d’une distorsion d’intermodulation transitoire pour les signaux transitoires de durée similaire (ou inférieur) au retard induit par la boucle (lui-même étant proportionnel au slew rate de l’amplificateur opérationnel utilisé). Autre souci, la force contre-électromotrice appliquée par les transducteurs ajoute une composante variable au signal en sortie de l’amplificateur et peut perturber grandement le fonctionnement de la boucle de contre-réaction. Il est à noter que ce phénomène est quasiment négligeable avec des casques, même comportant des haut-parleurs dotés d’un fort courant magnétique.

On attendra de pouvoir jeter nos oreilles sur un modèle FF pour savoir si les promesses sont tenues. Pour se procurer des appareils FF deux choix :

  • soit on s’équipe d’un appareil neuf équipé. Le Jazz-FF est à 425€ (vs. 345 pour un normal, non-FF). Le Classic-FF s’achète à 720€ (vs. 595€ pour le non-FF). Un Daccord FF coûte 770€ (vs. 645€).
  • soit on fait mettre à jour son appareil (il faut compter 100€ pour un Jazz et 150€ pour un Classic ou un Daccord).

Meier Audio Corda Classic & Daccord

Notez que Jan Meier précise que, s’il est réel, le gain à attendre de la modification sur le Daccord est plus faible que pour les amplificateurs. On attend avec impatience que les premiers feedbacks sur la modification soient publiés !

Metrum/Transient EVA

On avait parlé il y a quelque temps de Metrum et de ses DACs à technologie R-2R, à l’occasion de la sortie du haut de gamme, le Pavane. Dans la brève, on indiquait que les modules DAC One utilisés dans les appareils Metrum (à concurrence de 8 dans le Pavane) étaient disponibles en OEM sous la marque Transient, mais uniquement pour les autres fabricants de DAC. Il se pourrait que cela ait changé…

En effet, Transient a commencé la distribution d’une carte EVA (comme Evaluation, semble-t-il) muni de deux modules DAC One. Il s’agit d’une carte mère assez simpliste, sur laquelle on trouve trois connecteurs : un SPDIF et une paire de RCA stéréo. Comme les modules DAC One ne nécessitent pas d’étage de sortie, on n’en trouve pas et il ne sera pas nécessaire d’en ajouter un. La carte peut fonctionner avec une simple alimentation de 2×10 Volts.

Carte Transient EVA

Compatible avec les signaux PCM jusqu’à 192kHz (et n’assurant, de manière prévisible, aucune compatibilité DSD) elle peut aussi se connecter aux interfaces digitales DAI de la marque (qui eux, en revanche, ne semblent pas disponible hors OEM). Des cavaliers présents sur la carte permettent plusieurs réglages et l’adaptation à d’autres types de signaux (I2S en tête).

Transient/Metrum commercialise cette carte comme un « module d’évaluation » de leur technologie. Une sorte de démonstrateur prêt au câblage. À 395€ (hors taxes), il y a de quoi se fabriquer un petit DAC R-2R abordable pour s’y essayer. D’autant plus que l’alimentation est beaucoup plus simple que celle requise par un ESS9018, par exemple.

FiiO X7

Le constructeur chinois, après avoir sorti une mise à jour de ses appareils de milieu de gamme, semble enfin décidé à s’attaquer aux ténors des baladeurs, en présentant les caractéristiques générales de son futur fleuron, le X7.

On sent une inspiration multiple pour la conception de l’appareil : comme les DX50 et DX90, mais surtout des ZX1/ZX2, il a repris le système d’exploitation Android et présente, comme les Sony, une interface réseau Wifi et une connectivité bluetooth (ainsi que la possibilité d’accéder à la place de marché Android « Google Play » si on en croit la capacité annoncée de pouvoir choisir son application de lecture). Au DX100 et aux Hifiman 901, il a emprunté la puce DAC Sabre 9018 (impossible de savoir s’il s’agit de la version 8 canaux ou de la version « faible consommation » stéréo 9018 K2M). Aux seuls modèles haut-de-gamme Hifiman, il a emprunté la possibilité de changer de carte d’amplification.

FiiO X7

Sur le papier il semble donc cocher quasiment toutes les bonnes cases et la promesse d’un grand écran tactile de 4’’ et de boutons physique fait plaisir. « Quasiment », c’est parce que celle de la compacité ne risque pas d’être cochée : à 130x64x16,5mm c’est 2cm plus haut qu’un AK240, dont les autres dimensions sont équivalentes.

Restent ensuite les inconnues : autonomie, bien entendu, mais aussi puissance du module d’amplification et capacité de la mémoire (dont le nombre et le type des slots d’extension mémoire). Et le prix. Et la date de disponibilités. Reste qu’il fait quand même envie, ce X7 !

Commande Groupée Aurisonics Bravo

Après avoir partagé ses impressions de la gamme d’intra-auriculaires Bravo d’Aurisonics, Space Cowboy partage avec nous ses (très) bons plans !

Gamme Aurisonics Bravo

On retrouve donc :

  • Les EVA, pour 159$ (fdpin) contre un prix public de 179$.
  • Les KICKER, pour 224$ (fdpin) contre un prix public de 249$.
  • Les FORTE, pour 359$ (fdpin) contre un prix public de 399$.
  • Les EVA, pour 449$ (fdpin) contre un prix public de 499$.

À partir de 10 unités commandées pour un modèle, le prix est encore réduit (jusqu’à 40$ de réduction supplémentaire). Vous avez jusqu’au 1er août pour passer commande, alors n’hésitez pas à vous diriger ici , pour en savoir plus et pour participer !

1 thought on “[Brèves] Marty#65 : Meier FF, Transient EVA, FiiO X7 et CG Aurisonics”

  1. Pour X7, il utilise bien un 9018 multichannel, par contre je ne savais pas pour le choix de carte d’amplification, ça peut être intéressant!

Leave a Comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *