[comparatif] InEar StageDiver 2 et 3 : réalités parallèles

SD2 et SD3: réalités parallèles

 

 

Cela fait un moment que je n’avais pas écrit de test. Il sera question ce coup-ci d’intras (quoi encore ?) universels (toujours très original) plutôt haut de gamme (sérieux ?). J’ai eu en prêt durant 2 semaines de cam’ allemande : les InEar StageDiver 2 et 3, des intras 2 voix, l’un avec 2 drivers et l’autre avec 3 drivers à armature équilibrées (BA pour les intimes). Les SD2 sont facturés 359€ et les SD3 demanderont de sortir 489€.
Les SD2 et SD3 sont nés de la grande mode actuelle d’universaliser des moulés et de les vendre à prix réduits par rapport à leurs homologues (quoi ? on me dit dans mon oreillette que certains constructeurs vendent leurs universels le prix de leurs moulés ?). Bonne idée je dirais sachant à quel point se faire faire des moulés peut être compliqué, long et violent pour votre portefeuille. Surtout pour les gens comme moi qui ont des oreilles easy going pour recevoir des universels.
InEar, marque allemande d’écouteurs moulés (ou custom), se lance donc depuis quelques temps dans le marché chaotique qu’est celui des écouteurs intras.

Tout d’abord, attardons-nous sur le design très particulier de ces petites bestioles . A première vue ça ressemble beaucoup à des moulés, normal me direz vous, sauf que le fit en ressort assez particulier. En effet outre la canule dotée d’un embout en silicone qui vient s’insérer dans votre cher conduit auditif, le haut de la coque, de forme un peu pointue, est fait de telle sorte à ce qu’il repose dans la conque de votre oreille externe. Résultat, le fit est très sécurisé même si au début la sensation se montre assez déconcertante. InEar aurait fait pas mal de test pour peaufiner la forme de la coque afin qu’elle aille sur le plus grand nombre d’entre nous. Je dois donc faire partie des élus car bien que j’obtienne un port très confortable sur mon oreille droite, celui de mon oreille gauche se montre plus problématique : la partie haute de l’intra qui doit s’insérer dans la conque est un peu trop haute ce qui fait qu’elle va venir toucher la partie au dessus de la conque de mon oreille. Résultat donc mi-figue mi-raisin sur mon oreille gauche, malgré que je m’y sois assez rapidement fait. Je conseillerai donc d’essayer avant d’acheter, et si vos oreilles sont compatibles vous aurez le privilège d’apprécier un des fit les plus confortables et des plus sécurisés que j’ai pu apprécier sur un intra universel. A part ça, les SD2 et SD3 arborent une couleur noir, sans inscriptions visible, la simplicité avant tout.

On retrouve un câble amovible tressé transparent, assez standard dans le milieu. Pratique, solide et efficace à défaut d’être de qualité supérieure. Ces câbles transparents ont la réputation de verdir au fil du temps. Les socquettes du câble sont aussi assez standards vue que ce sont les mêmes que l’on retrouve chez beaucoup de marques (Earsonics, Unique Melody, JH Audio, …). Vous aurez donc que l’embarras du choix si l’envie vous prend d’opter pour un autre câble.
Les intras sont livrés avec 3 tailles d’embouts silicones bien confortables, un outil de nettoyage et une boîte Pellican, exactement la même que celle utilisée par Fitear. Pratique et solide, mais un petit peu grosse à mon goût. Rien d’extraordinaire cependant au niveau du packaging. Enfin la finition général de ces petites choses est de très haut vol, on ressent la fameuse rigueur allemande sur ce point.

 

 

Et sinon ça fait de la musique ?

Parlons d’abord des points communs aux deux modèles, à savoir la spatialisation, la séparation des instruments et la texturation du son. Mais avant cela, je voudrais préciser que dans mes appréciations je me réfère toujours à ce que je considère comme neutre/naturel. La recherche de naturel, d’équilibre, de cohérence a toujours été un leitmotiv dans mon voyage audiophile (je n’aime pas trop ce terme mais bon, vous voyez l’idée du geek de l’audio). S’éloigner de cette chimère reste dans mon approche (qui m’est strictement personnelle) quelque chose de négatif. Enfin dernière chose et après promis je rentre dans le vif du sujet, aucune lecture d’articles, de review, de test, ne remplacera jamais, Ô grand jamais, une écoute avec ses oreilles auxquelles il serait judicieux d’accorder la plus grande confiance.

Revenons-en à nos moutons, les SD2 et 3 présentent un soundstage extrêmement travaillé, ceci est assez frappant dès les premières écoutes qui s’accompagnent d’un « waow ! effect ». Sur ce point, nous sommes en présence ici du haut du panier et ces 2 intras n’hésitent pas à rivaliser avec des modèles de plus ou moins 1000 €. La sensation d’un son hors tête, parfaitement rendu avec un très bon étagement des plans, bonne largeur sans être exubérante, le tout s’imbriquant dans un ensemble d’une rare cohérence dans l’univers des intras. Tout cela pour le plus grand bonheur de nos oreilles. Ils ne rentrent pas non plus dans le travers de séparer au scalpel les instruments, on ressent parfaitement le fait d’être devant un ensemble d’instruments. La copie sur ce point-là est tout simplement hors d’atteinte de toute critique. Dans l’approche, ils rappellent beaucoup ce que propose Audio Technica avec ses IM04, avec beaucoup d’espace et le son qui circule et occupe l’espace de façon naturelle.

La texture et/ou le timbrage, comme vous voulez, apparaîtront plutôt bons. Ces deux intras arrivent à proposer une texturation du son des plus réussies. Nous n’arrivons pas certes au niveau des ténors du genre que sont Fitear ou encore les Shure SE846, mais le rendu est des plus agréables et arrive à nous faire oublier que l’on écoute des intras de type BA. Ca fait vraiment plaisir de voir que de plus en plus de constructeurs se donnent du mal pour échapper à cette espèce de coloration un peu « plastique clean » assez récurrente sur ce type d’intras BA. Sur ce point, les SD2 et SD3 s’en sortent plutôt bien là où beaucoup d’autres, pourtant parfois plus onéreux (S-EM6, JH13 old, 1964 V6,…) me paraissent avoir un train de retard. Donc pour le coup la texture du son se montre plutôt naturelle, un piano sonne comme un piano, des cymbales comme des cymbales etc…Les attaques et les résonnances ont un rendu suffisamment réaliste pour se laisser porter par la musique sans crispation. Il reste quand même de la marge pour progresser quand on compare, comme je disais plus haut, à certains modèles très haut de gamme, mais en tenant compte du positionnement tarifaire, il serait faire la fine bouche de ne pas s’en satisfaire à l’heure où j’écris ces lignes.

 

Entrons maintenant un peu plus dans les détails en analysant les différences entre les 2 modèles.
J’ai eu beau passer beaucoup de temps à comparer ces 2 modèles sur des longues sessions d’écoutes d’un modèle, puis de l’autre, puis sur des sessions où j’écoutais le même morceau en passant de l’un à l’autre à la volée, et autres méthodes de test plus ou moins pertinentes, les SD2 m’ont dans tous les cas paru comme le modèle supérieur selon mes critères.

Explications :
L’équilibre spectral, relativement rigoureux sur les SD2, se met à faire du rodéo sur les SD3. Aucun manque ou gros excès ne se fait ressentir sur les SD2, tout est à sa place, bien comme il faut. On remarquera cependant un petit pic dans les aigus assez haut perché, mais le reste s’avère carré, proche de l’enregistrement, lumineux sur les enregistrements clairs, basseux comme il se doit sur les enregistrements peu avares en basses. Les aigus cristallins manqueront un poile de texture pour les plus exigeants, mais font un très bon boulot pour extraire les micro-détails (le pic mentionné précédemment doit y être un peu aussi pour quelque chose). La grande précision des basses ni trop sèches, ni trop molles avec une bonne profondeur fait vraiment plaisir à entendre. Même constat pour les mediums très justes. Le niveau de résolution, quant à lui impressionne, encore plus sachant la tarification et viendra là encore titiller sans sourciller des intras beaucoup plus onéreux. Idem concernant la vitesse, l’extension des extrémités ou encore la fluidité générale. Pas grand-chose à redire. Bon, que reprocher à ces SD2 allez-vous me dire en lisant ce tableau idyllique ? Presque rien, aimerai-je répondre. Mais s’il fallait le comparer à mes références dans le très haut de gamme (Fitear, 1+2, SE846, Roxanne au hasard), ils manquent cette imprégnation, cette pénétration du son, cette sensation viscérale du réalisme de l’écoute. A côté, les SD2 pourraient sonner un peu vaporeux, retenus, si j’ose dire. Malgré tout, le bilan est extrêmement positif et ils m’ont plus séduit par toutes ses grandes qualités que pas mal d’intras plus haut de gamme niveau tarification ( S-EM6, ASG2, IE800, V6 pour donner des exemples).

Mais voilà avec tout ça, j’attendais forcément beaucoup des SD3, sensé être le modèle de la gamme du dessus. Autant les SD2 se veulent neutres, là, avec les SD3, on entre clairement dans la catégorie des signatures sombres. Je suis aussi amateur à mes heures de signatures sombres, ou basseuses, mais encore faut-ils que ces dernières soient réussies, et dans ce cas-là, mon niveau d’exigences a tendance à s’envoler. Passer des SD2 aux SD3 c’est comme mettre un gros voile sur la musique pour schématiser simplement. L’excès de bas médiums des SD3 y est pour beaucoup, à mon avis, sachant que les SD2 ont déjà tout ce qu’il faut dans le domaine. De même que le petit pic dans les aigus des SD2 va se transformer en creux sur les SD3. Conséquence directe : l’aération générale tire un peu la gueule ainsi que la netteté des attaques ou encore l’extention dans le bas du spectre qui sera un peu masquée par ces mid-basses très présentes. Le bon côté c’est que les personnes recherchant un son plutôt relaxant, avec les SD3 ils ne pourront en aucun cas ressentir aucune fatigue. Tout dépend de ce que l’on recherche après-tout. Le niveau de résolution en prend aussi un petit peu pour son grade, les SD2 offrant au final un meilleur sens du détail sur l’ensemble du spectre. Tout ça me fait dire que les SD3 auront tendance à mieux passer sur des enregistrements approximatifs ( ce n’est pas pour autant que j’ai eu quelconque souci majeur à ce niveau-là avec les SD2 non plus). Donc voilà ce que j’en ressors de ces triples drivers : un intra très dark, réglé un peu à la hache, donc c’est franc, ça ne cache pas spécialement les ficelles du réglage, ce qu’on peut apprécier malgré tout car ils gardent beaucoup de qualités comme expliqué plus haut et ils restent d’un bon rapport qualité/prix, mais je reste sur ma fin, tant les SD2 ont provoqué mon enthousiasme.

 

Ze end

Voilà un bon produit (SD3) et un excellent produit (SD2) à ne surtout pas négliger face à des intras plus gourmands financièrement. InEar frappe un gros coup avec ses SD2, qui sont devenus pour moi une nouvelle référence, finalement mieux réglés que leur grand frère, bien que je ne doute pas que certains préféreront le triple drivers pour sa chaleur et sa présentation un peu plus relax. Après, au vue de la différence de prix entre les 2 modèles pour finalement pas spécialement de gain qualitatif, juste un changement de signature, je serai plus enclin à conseiller les SD2. Enfin attention au fit qui n’ira pas à toutes les oreilles. Je reste quoiqu’il arrive très attentif à ce que pourra nous sortir dans le futur InEar.

1 thought on “[comparatif] InEar StageDiver 2 et 3 : réalités parallèles”

  1. Ça fait un petit moment que je bave sur les SD2.
    « On remarquera cependant un petit pic dans les aigus assez haut perché »
    Est-ce que ce petit « pic » rend les aigus agressifs et cisaillant ? Si c’est le cas il ne sont pas fait pour moi .

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