[Feedback] Campfire Audio Andromeda, les écouteurs intergalactiques de Belda !

Je donne un carambar à celui qui me trouve la référence cachée dans le titre…

En l’an de grâce dernier, une nouvelle marque fît son apparition sur le marché des intras : Campfire Audio. Derrière ce nom au parfum de bûcheron se cache en réalité une filiale d’ALO audio, marque bien connue des audiophiles nomades pour ses amplis portables notamment.

À ce moment-là Campfire Audio est arrivé avec trois modèles très différents mais fort réussis que sont les Orion (intras dotés d’un driver à armature équilibrée [BA], qui représentent l’entrée de gamme de la marque, bien équilibrés et performants), les Lyra (intras monodriver dynamique à la conception assez unique de par les matériaux utilisés et au son chaleureux) et les Jupiter (intras dotés de quatre drivers BA avec un seul crossover, qui représentait alors le porte-étendard de Campfire Audio, avec un son très « live »).

Ils auraient pu s’arrêter là, mais le fabricant américain vient de sortir deux nouveaux modèles : les Nova (intras 2BA sans crossove, qui se positionnent comme une évolution logique des Orion) et les Andromeda, qui nous intéressent ici.

Avec un nom pareil, moi, cowboy de l’espace, me sentais dans l’obligation de me pencher sur leur cas.

Des petits gundams dans les oreilles

Les Andromedas sont le nouveau porte-étendard de la marque, embarquant à leur bord cinq drivers à armature équilibrée, dont deux consacrés au bas du spectre, un aux médiums et les deux derniers pour la partie haute du spectre. Nous avons donc deux crossover pour trois voies (v’voyez la bête en maths ?!). L’approche reste assez simple et élégante comparée à ce qu’on peut retrouver chez certains concurrents avec des drivers ou des crossovers par milliers.

Qualité de fabrication et finition

Sur le plan de la qualité de fabrication, on retrouve la même coque angulaire que sur les modèles précédents (excepté les Lyras) tout en métal avec une finition d’un très haut niveau exempt de reproche. Les intras disposent de trois sorties percées très proprement à même le métal et l’assemblage à la main est extrêmement précis.

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On est presque dans le domaine de l’orfèvrerie.

Concernant les connecteurs, Campfire Audio a porté son choix sur du MMCX, pour lequel ils sont assez confiants quant à leur durabilité d’après leurs propres tests (apparemment les connecteurs MMCX d’aujourd’hui seraient bien plus robustes qu’autrefois).

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Personnellement, je n’ai pas trop d’avis sur la question. Pour avoir vécu longtemps avec des intras aux connecteurs 2pins, MMCX ou encore Fitear, je n’ai jamais eu à déplorer de problème de connecteur, peu importe le format.

Le câble n’est pas en reste et respire la qualité tout en étant léger et souple, avec peu de microphoniques.

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Design, confort et packaging

En matière de design, la couleur vert émeraude a fait pas mal parler d’elle ; associée aux arêtes vives de la coque, ça me rappelle un peu un GundamZaku. Un choix qui divisera, mais personnellement je suis assez fan.

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Concernant le confort maintenant, la forme coupée à la serpe pourra éventuellement gêner certaines oreilles. De mon côté, je n’ai eu aucun problème de fit avec leur taille relativement compacte (similaire aux universels de Noble pour vous donner une idée) et les longues sessions d’écoutes se sont faites sans gêne, mais une fois n’est pas coutume pour des universels, il faudra s’en prendre à vos aïeux et à la génétique si vous ne fitez pas.

Un petit mot aussi concernant les embouts : les Andromeda font partie de la catégorie d’intras qui réagissent au quart de tour à l’embout utilisé. Les mousses fournies de base m’ont donné de très loin les meilleurs résultats sonores en matière d’équilibre et de scène sonore.

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Niveau packaging, dans la jolie petite boîte en carton vous trouverez en plus des précieux : trois paires d’embouts en silicone, trois paires de mousses Comply, trois autres paires de mousses (ce sont ces dernières qui sont montées de base et dont je parlais ci-dessus), un outil de nettoyage, et une pochette de transport finition cuire et rembourrée en fourrure de je-ne-sais-pas-trop-quoi à l’intérieur, qui fait sentir le côté luxueux de la chose en plus d’être très pratique à l’utilisation (ni trop grosse, ni trop petite et facile à ouvrir et fermer).

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Space Opera

Depuis quelque temps déjà, je vous avouerais que je commençais à être un petit peu blasé des intras multi BA. Lorsque l’on regarde ces dernières années, on a pu apercevoir une grande multiplication des produits, souvent (pas tout le temps heureusement) dotés de toujours plus de drivers pour faire payer le client toujours plus cher, mais pour finalement très peu d’évolutions qualitatives. Ces dernières, certes bien présentes, se sont toutefois faites sur ces six ou sept dernières années à pas de fourmis.

Les Andromeda vont-ils arriver à se démarquer ? Ou bien sont-ils seulement un énième modèle haut de gamme parmi tant d’autres ?

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Pour cela, il est important de partir selon moi des problèmes assez récurrents de cette technologie à plusieurs transducteurs à armature équilibrée.

Le grave

Le grave, premièrement, manque souvent de réalisme. Les multi BA savent éventuellement cracher du grave en quantité, on trouve même régulièrement du grave qui descend bas avec aplomb et rapidité, mais du grave qui sonne véritablement naturel sur le plan de la texture comme peuvent le faire les bons transducteurs dynamiques, ça devient déjà beaucoup plus rare… pour ne pas dire rarissime. De mon expérience, seuls les Shure 846 ont réussi à être à la hauteur sur ce point. Mais c’était sans compter sur ces Andromeda, qui délivrent un grave qui rappelle étrangement ceux des 846 sur le plan de la texture et du naturel, sans coloration majeure. Au niveau quantité, vous en aurez beaucoup moins qu’avec les Shure, intras clairement chargés dans ce registre, là où les Andromeda vont jouer la carte de l’équilibre. Le grave est donc le premier très bon point pour les Andromeda. En plus d’être naturels dans ce registre, ils se montrent extrêmement propres, rapides et avec une bonne assise dans l’infra grave. Difficile de les prendre à défaut.

La linéarité de la réponse en fréquences

Un deuxième problème assez courant sur du multi BA – et du multi driver en général – reste la linéarité de la réponse en fréquences, qui pèche souvent en comparaison avec des intras monodriver ou les quelques rares multidrivers sans crossover. Choisir une conception avec plusieurs transducteurs va demander de gérer des crossover. Et bien sûr, multiplier les crossover multiplie aussi les chances de pourrir la linéarité de la réponse en fréquences, ce qui aura pour conséquence la présence de coloration(s) et/ou de voile(s) sur certaines parties du spectre. Quelques constructeurs s’en sortent avec brio, mais beaucoup ne maîtrisent pas encore la chose, même dans le très haut de gamme (j’ai par exemple récemment écouté les divers modèles haut de gamme Heir Audio, qui étaient vraiment catastrophiques sur ce point).

Là encore, les Andromeda s’en sortent avec les honneurs et rentrent dans la catégorie des intras que je qualifierais de « bien réglés ». Je dirais même que c’est la première fois que j’entends un si bel équilibre entre les registres : tout est là ni en trop grande quantité, ni en sous-dosage. Pas d’accident majeur dans la réponse en fréquences, très peu de coloration: un piano sonne comme un piano, un violon comme un violon. En comparaison directe avec des Noble K10U, on va sentir avec ces derniers tous les petits tours de passe-passe qui les rendent fluides et chauds : haut médium légèrement en retrait, grave un peu boosté, divers petits pics dans les aigus, etc. Rien de tout ça sur les Andromeda, qui bénéficient d’une meilleure rigueur sur toute la plage de réponse en fréquence. Même résultat en comparaison directe avec les Oriolus : la transition entre le médium et les aigus est juste meilleure sur le flagship de Campfire Audio. D’autres comparaisons avec d’autres gros poissons comme les JHA Angie ou Layla, les Jupiter de Campfire Audio ou encore divers Fitear aussi me font dire que finalement, les intras multi BA très haut de gamme véritablement équilibrés et linéaires ne courent vraiment pas les rues (alors que je pourrais citer bien plus facilement plusieurs modèles hybrides).

Les aigus

On passe au troisième souci des multi BA : les aigus. Comparer des intras BA à un gros casque sédentaire haut de gamme comme un HD800, un HE6 ou, encore plus parlant, du Stax, permet de s’apercevoir très facilement que : de un, ça sonne métallique et souvent agressif dans ce registre et de deux, que l’extension n’y est pas (ce dernier point concerne aussi les intras à driver dynamique). Là encore les Andromeda m’ont beaucoup impressionné. Bon, ce n’est pas du niveau des casques cités au-dessus, certes, mais c’est certainement l’intra multi BA qui limite le plus la casse à mes oreilles. L’extension est impressionnante (pour des intras encore une fois), ils arrivent pratiquement à s’affranchir de cette patte métallique typique des BA (pas à 100% cependant, mais ça, à ma connaissance, personne n’y est encore parvenu). Conséquence directe : un certain gain au niveau de la résolution (ce que j’ai entendu de plus résolvant en intras derrière, sans surprise, les KSE1500), une présentation plus aérée et un gain sur la taille de la scène sonore. L’aigu des Andromeda reste le point qui m’a clairement le plus impressionné au final.

Médium, espace sonore et dynamique

Qu’en est-il du reste du son des Andromeda ? Un médium juste et riche, ni en avant, ni en retrait, ni chaud, ni froid. Un soundstage remarquable pour un multi BA (les hybrides restent les patrons sur ce point à mon avis, même si en comparant directement avec les Oriolus, on commence à s’en approcher), une grosse dynamique (au sens technique) et une présentation assez « punchy » que je qualifierais de plutôt “live” et vivide. Pour résumer : en dépit de son équilibre, l’écoute n’est pas chiante pour un sou et bénéficie de beaucoup de relief.

Sans reproche ? Presque

Vous allez me dire : mais que peut-on reprocher aux Andromeda sur le plan sonore alors ?

Dans le domaine purement technique, je dirais vraiment pas grand-chose. Campfire Audio nous sort une copie d’une grande maîtrise et se permet même de surpasser des intras bien plus onéreux. Sur le plan pratique, il se peut qu’en environnement un peu bruyant, cette signature très équilibrée se transforme en quelque chose de légèrement montant qui pourrait ne pas être du goût de ceux qui préfèrent les signatures plus chaleureuses.

Une autre chose qui peut s’avérer gênante avec les Andromeda : leur sensibilité. En effet, ce sont de petites choses très sensibles et si votre source n’est pas ultra-propre, du souffle se fera entendre. Les écoutes pour cet article ont été faites avec un AK120II, les écouteurs branchés en asymétriques (faute de câble symétrique MMCX sous la main), et j’avais un peu de souffle. Pourtant ce DAP n’a pas la réputation d’avoir des sorties crades. Pour le coup, il pourra se montrer assez difficile de trouver une source parfaitement propre convenant aux Andromeda.

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Vers la fin et pas l’au-delà

En conclusion, nous nous retrouvons avec des intras à la qualité de fabrication et de finition excellente, un son équilibré, extrêmement technique sans verser dans le frigide et qui repousse encore un peu plus loin la technologie multi BA. Leur plus gros défaut restera selon moi leur trop grande sensibilité, les rendant capricieux à appairer. Proposés à 1100$, nous sommes dans une tarification très haut de gamme.Il serait donc assez déplacé de parler de rapport qualité/prix ici (d’autant plus que, depuis quelque temps, les intras que l’on peut trouver aux alentours de 300€ ont vraiment fait un gros bond qualitatif), mais quand on compare aux autres produits dans cette gamme où on atteint parfois des sommes de plus en plus délirantes (JHA?), je me dis que la pilule passe plus facilement avec ces Andromeda au vu de leurs performances et de leur qualité de fabrication. Si vous n’avez pas le budget pour des Shure KSE1500 et/ou que vous ne voulez pas vous embêter avec un ampli dédié pour ces derniers, les Andromeda me semblent être certainement le choix le plus pertinent du moment.

10 thoughts on “[Feedback] Campfire Audio Andromeda, les écouteurs intergalactiques de Belda !”

  1. Excellent feedback, merci beaucoup. J’aimerais vraiment pouvoir les tester avant la prochaine Saint-Glinglin…

  2. spacecowboy

    Merci pour les comm’.
    Et merci à CA pour leur gentillesse de m’avoir fourni le matos.

  3. super feedback! merci!
    aurais-tu déjà eu l’occasion d’écouter au hasard à un MDR-EX1000 ou un JH13FP ou un ie800??
    Je serais plus qu’intéressé par une comparaison avec l’un de ces 3 iems…

  4. spacecowboy

    Je connais plus ou moins ces modèles, je pense qu’ils commencent tous les 3 à se faire vieux.
    Les EX1000 j’ai jamais été trop fan, ça sonnait toujours chelou à mes oreilles ce truc-là, dommage parce que je les ai toujours trouvés super classe et confortables.
    Les JH13FP du peu que j’en ai testé me semblent techniquement plutôt bons, mais assez agressif à mes oreilles et préférais au final le tunning des JH13 originaux (faut que je teste leur toute nouvelle version des JH13 qui vient de sortir aussi, ça peut être intéressant).
    Les IE800 m’ont semblé toujours assez sombre et voilés, certains utilisateurs disent que l’insertion était capricieuse et influençait grandement à ce côté dark. Ceci étant techniquement ça reste assez limité par rapport à ce qu’on trouve maintenant (Dita truth ou les intras beyer/ak T8ie pour rester dans du monodriver dynamique).

  5. merci spacecowboy pour ce petit feedback en comparaison du ie800.
    Pourrais-tu aussi stp indiqué quel est « THE » iem pour toi? The one to rule them all??

    j’avoue que j’hésite bcp pour cet intra…
    Ton retour sur la signature sonore vs environnement bruyant est particulièrement apprécié. En effet, c’est un facteur important. J’ai personnellement tendance à préférer une signature plus chaleureuse en environnement bruyant. Facteur important à méditer….

    1. spacecowboy

      Tout dépend de ce que l’on recherche, mais sur un plan purement technique, les Shure KSE1500 restent à mon sens un cran au-dessus du reste.

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