[Feedback Collectif] Hifiman Edition S

Aujourd’hui c’est le Hifiman Edition S qui est testé par trois TNiens pour le Blog de Tellement Nomade. Ils ont eu la chance de l’avoir en mains pendant une semaine chacun, ce qui nous permet de publier leurs impressions sur ce casque particulier, de conception modulable : ouvert et fermé.

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L’Hifiman Edition S sur sa boîte, à côté de deux combos nomades

Le feedback de DarkZenith

Présentation

Comme l’explique Hifiman dans l’argumentaire commercial de l’Edition S, ce dernier vient combler un manque dans la production de la marque chinoise : celui d’un modèle portable.

Tout comme le casque sédentaire HE400S, l’Edition S appartient à la gamme dite « Premium » de Hifiman qui comprend par ailleurs une paire d’écouteurs intra-auriculaires (RE600), deux lecteurs nomades (Supermini et HM650) ainsi qu’un système de sonorisation pour ordinateur de bureau (X100).

Dans la hiérarchie tarifaire de la marque, ces produits se situent juste en-dessous de la gamme « Reference » qui comporte notamment les casques HE1000 et Edition X. Hifiman nous certifie cependant, dans ce même argumentaire commercial, que la fabrication de l’Edition S obéit aux exigences « draconiennes » qui président par ailleurs à celle de l’HE1000 et de l’Edition X. Nous verrons plus loin qu’il y a lieu d’en douter et que la qualité de construction de l’Edition S semble au contraire parfaitement cohérente avec son prix moyennement élevé (249 $ hors frais de port) et son appartenance à la gamme intermédiaire de la marque.

L’Hifiman Edition S est un casque circum-aural à drivers dynamiques de 50 mm de diamètre, d’une impédance très basse de 18 ohms et d’une sensibilité très haute de 113 dB, ce qui le rend aisément pilotable par des sources nomades — tout autant qu’un Sennheiser Momentum OE 2.0, par exemple.

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Hifiman Edition S sans cache (à droite) et Sennheiser Momentum OE 2.0

Il présente en plus l’avantage d’avoir un câble interchangeable à fiche jack 2,5 mm et la particularité, a priori séduisante, de se transformer en casque ouvert une fois ôtés les caches aimantés qui masquent ses coques.

Il est livré dans un cartonnage semblable à celui du HE400S où il repose dans un étui oblong et qui renferme par ailleurs son câble avec télécommande iOS/Android, une pince à chemise, un adaptateur avion et un embout femelle-mâle jack 3,5-6,35 mm.

Ergonomie

L’Edition S est un casque que j’ai trouvé très confortable. Léger (248 g), il tenait bien sur ma grosse tête sans pour autant la soumettre à une pression désagréable. Mes oreilles, qui ne sont pas petites non plus, étaient en outre douillettement calées à l’intérieur de ses bonnettes qui offrent peu ou prou le même volume intérieur que celles du Sennheiser Momentum OE2 mais distribué de manière sans doute plus conforme à la morphologie du pavillon auriculaire.

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Une coque de l’Hifiman Edition S (à droite) à côté de celle du Sennheiser Momentum OE 2.0

Il fallait toutefois que je veille à ajuster soigneusement ces bonnettes autour de mes oreilles pour éviter qu’elles ne me blessent au bout d’une demi-heure à peine.

Cette précaution prise, j’en venais presque à oublier que je portais un casque, d’autant que la force de serrage de l’Edition S a été conçue pour être uniformément répartie sur tout son profil, non seulement au niveau des coques mais aussi d’un bout à l’autre de l’arceau et que celui-ci est très correctement rembourré.

Un problème s’est cependant assez rapidement posé, et cela à cause du volume de ma boîte crânienne : les potences sur lesquelles s’articulent les coques ont un profil trop bas qui vient buter sur le haut du contour des bonnettes et qui a empêché ces coques de pivoter pour venir se plaquer en-dessous de mes oreilles. Cette limitation mécanique, quoique sans incidence vraiment sensible sur le confort du port de l’Edition S, nuisait malgré tout à son isolation dans sa configuration fermée et risque aussi, me semble-t-il, de provoquer une usure prématurée de la bonnette à l’endroit où vient s’appuyer la potence.

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Les potences sont arrêtées dans leur rotation vers l’intérieur par le bord de la bonnette

Ce défaut de conception n’est malheureusement pas le seul que j’ai relevé. Le jack coudé m’a également fait tiquer, cette forme de fiche étant gênante pour le branchement sur les lecteurs ou les amplis nomades qui, les uns comme les autres, ont rarement leur prise casque sur le côté. Le câble m’a paru ensuite d’aspect peu qualitatif et fragile. Par ailleurs la nature composite du système d’articulation entre l’arceau et les potences des coques, qui mélange le métal du côté de ces dernières et le plastique de l’autre, ne me semble pas une garantie de solidité, d’autant moins que la barrette de l’arceau ressemble assez fâcheusement à celle des casques Shure SRH840 et SRH940 : servant de passage aux câblage interne joignant les deux drivers, elle est creuse comme elle et présente le même profil rectangulaire et plat, propice aux ruptures, en particulier à l’approche de la rotule des potences, là où s’exerce l’essentiel des contraintes dues à l’écartement des coques.

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L’articulation arceau-potence de l’Hifiman Edition S

Mais le plus gênant n’est pas là. Les caches assurant la fermeture des façade des coques sont tellement minces qu’ils se déforment trop facilement, malgré la plaque métallique qui les garnit et assure leur maintien sur l’aimant disposé derrière la grille de la coque. Celui de la coque droite, sur mon exemplaire de test, était ainsi voilé.

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Le cache de la coque droite

Ce défaut de fabrication n’a pas de réel incidence sur le son du casque en configuration fermée mais compromet assez sérieusement le maintien du cache sur la coque : l’aimant les solidarisant n’est pas des plus puissants et le système d’accroche du premier sur le second n’est pas des plus marqués, le rainurage sur la coque n’étant pas assez profond pour retenir le relief correspondant sur le cache qui, du coup, avait tendance à glisser.

Pour terminer ce chapitre sur une note plus positive, je dois admettre que, même si l’esthétique de ce casque ne m’émeut guère, il offre un profil assez discret, notamment grâce à l’encombrement réduit de ses coques à façade plate — ce qui est une forme de performance de la part d’un circum-aural. De ce point de vue, le design de l’Edition S est à mes yeux une réussite.

Le son

Je tiens à signaler en premier lieu que je n’ai pu disposer de ce casque que pendant une semaine, ce qui est trop peu, selon moi, pour vraiment se familiariser avec la sonorité propre d’un système d’écoute. Tout ce que je vais pouvoir dire à ce sujet doit donc être pris avec un minimum de recul.

La source que j’ai choisie pour l’écoute de l’Hifiman Edition S est le combo nomade le plus performant dont je dispose actuellement, à savoir un lecteur numérique iBasso DX50 rockboxé, branché en S/PDIF sur un DAC-ampli iBasso D14 alimentant via sa sortie ligne un ampli BG8DX MX, version compacte (et plus autonome) du célébrissime O2 conçu par NwAvGuy. J’ai changé les amplificateurs opérationnels de ce dernier, un JRC2068D à l’étage de gain et deux JRC4556AD à l’étage de sortie, par un LM833P et deux LME49860NA pour le rendre plus « transparent » encore au signal délivré par la puce Sabre ES9018K2M du D14.

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Le combo de test : DX50 + D14 + BG8DX MX modé

Configuration fermée

Avec les caches installés sur les coques, le son de l’Edition S m‘a paru à la fois sec et lointain, contraint et tubulaire, comme affligé d’un assez fort « effet radio », avec des graves étouffés et écourtés, des médiums dans le caisson, sourds et mal articulés, très aigres dans leur partie haute, et des aigus aussi sales que stridents dont la dureté rendait quasi insupportable l’écoute des guitares saturées des genres les plus « énervés ». Ainsi, sur un titre comme le « Still Born Prophet » du groupe de grind-core suisse Nostromo, l’Edition S délivre-t-il une prestation qui massacre le bas aigu et les hauts-médiums, ceux-ci prenant des résonances incontrôlées qui débordent sur les registres contigus, mid-médiums en particulier.

Le soundstage, dans cette configuration, m’a en outre paru manquer de profondeur, même s’il présentait parfois un effet de creusement assez artificiel du centre de l’espace sonore, effet ayant pour corollaire un éloignement excessif sur les côtés des interventions latérales. Par exemple dans son rendu du « Dumb » de Nirvana, extrait de l’album Unplugged in New-York, l’Edition S donne l’impression de repousser la voix de Kurt Cobain, le chanteur, en arrière des deux autres guitaristes et de la contrebassiste qui, pour leur part, semblent jouer complètement à gauche ou à droite de la scène.

Avec ses coques recouvertes de leurs caches, l’Edition S offre donc des performances sonores très médiocres, très peu dignes en tout cas de son positionnement tarifaire.

Le seul avantage des caches est de modérer les fuites acoustiques vers l’extérieur (la « repisse » comme on dit dans les studios), très gênantes en configuration ouverte. A fort niveau sonore, cependant, même avec les caches, ceux-ci n’assurant qu’une étanchéité acoustique très relative, vous vous attirerez à coup sûr des coups d’œil irrités de la part de vos voisins dans les transports en commun…

Pour résumer, l’Edition S en configuration fermée est peu recommandable, même pour un usage nomade et cela alors que c’était pourtant sa destination première !

Reste à savoir ce qu’il vaut pour le « nomadisme domestique », ces moments de la vie à la maison où l’on aime pouvoir profiter de sa musique tout en gardant sa mobilité, ainsi que pour toutes les occasions où l’on apprécie d’écouter des sources nomades dans un environnement calme.

Configuration ouverte

Réponse fréquentielle

Ce qui m’a le plus frappé dans le rendu de l’Edition S, une fois ses caches ôtés, c’est la grande qualité de ses médiums, en particulier des mid-médiums que j’ai trouvés bien définis et clairs, sans « graisse » superflue, avec juste ce qu’il faut de chair et de texture, que ce soit dans la restitution des voix — y compris les plus « difficiles », comme celle de  Wayne Coyne, le chanteur des Flaming Lips —, des instruments acoustiques ou même des arpèges de synthés (ceux du « Juju » de Mouse on Mars, par exemple). A chaque fois, ce sous-registre m’a paru, sur l’Edition S, très bien articulé, dans le respect de ses timbres et de ses colorations.

https://www.youtube.com/watch?v=6DLpXxadD50

Maintenant, dans leurs extrêmes, les médiums ne m’ont pas semblé exempts de défauts sur ce casque. La liaison hauts-médiums / bas aigus, pour commencer, quoique nettement plus tenue et plus propre qu’en configuration fermée, m’a parfois paru assez « cotonneuse » et voilée, en panne d’énergie, en particulier sur les morceaux dont la restitution en aurait eu le plus besoin, tel le « Still Born Prophet » de Nostromo que j’ai cité plus haut. J’ai trouvé ensuite que les bas-médiums manquaient un peu de présence, ce qui avait pour effet de désincarner légèrement certaines voix, notamment les voix masculines les plus rauques — comme celle d’Ozark Henry dans « La Donna è Mobile » —, de leur ôter un soupçon de chaleur et de plénitude.

Mais ce ne sont là que pinaillages car la restitution du registre global des médiums par l’Edition S m’a paru finalement aussi agréable que fidèle, d’une technicité très correcte et d’un naturel certain.

Les graves sur ce casque présentent la même disparité mais de manière plus tranchée. Dans leur partie médiane, ils ont juste assez de présence pour prétendre au naturel, de sorte que même les mélomanes détestant les basses trop insistantes pourraient, sur l’Edition S, trouver du plaisir à écouter, dans son authenticité, du hip-hop chaloupé comme celui des Fugees.

Maintenant, à l’approche des infra-basses, le rendu de ce casque se fait plus lourd, plus appuyé et assombrit les morceaux qui nécessiteraient au contraire  la plus grande clarté dans la restitution des profondeurs du spectre, tel le « Blind » de Korn qui sonne sur l’Edition S de manière assez « plombée » et peu entraînante.

Dans la partie haute du registre, la liaison graves/bas-médium m’a semblé pour sa part plutôt feutrée et « boueuse » à la fois, effacée et assez mal définie.

Du côté des aigus, la réponse fréquentielle sonne de façon encore plus irrégulière, avec un bas du registre assez sale, notamment dans la restitution des guitares saturées. Les voix féminines un peu rauques (comme celle de P. J. Harvey, par exemple) en font également les frais et prennent sur l’Edition S une forme de frémissement désagréable, un peu crissant.

https://www.youtube.com/watch?v=faeKcMX30t0

Le haut du registre est pour sa part sensiblement effacé et manque un peu de brillance à cause d’un déficit assez marqué vers 8-10 kHz qui nuit à l’impression d’aération et ôte de la texture aux sons les plus aigus — comme par exemple les friselis électroniques au début du « Curvatia » de Spacek.

La réponse dans les fréquences immédiatement inférieures, vers 5-6 kHz, m’a paru à l’inverse caractérisée par un pic qui rend l’Edition assez strident. Cela ne se remarque toutefois que sur les morceaux les plus agressifs dans ce sous-registre — telle la club-house d’Organic Audio, égalisée pour le dance floor — et peut s’avérer une qualité sur certains autres tracks en leur apportant un surcroît de peps et de mordant, notamment sur les productions de studio, cet accent dans la zone de stridence compensant partiellement le défaut de clarté causée par le creux des aigus dans la zone de brillance et contribuant par ailleurs à l’élévation du degré subjectif de détail.

Dynamique et rapidité

Les impacts d’un bout à l’autre du spectre sont traités par l’Edition S de manière précise, sans timidité ni emphase, avec de l’acuité et de l’autorité à la fois, ce qui contribue à donner à ce casque l’allant dont le prive en partie les déficiences de sa dynamique fine. Car l’Edition S, malheureusement, est un casque qui « balance » peu ou mal et qui, même des morceaux les plus « groovy », tel le « Mt. Penetrator » de Karma to Burn, délivre une interprétation plutôt empruntée et pataude.

L’Edition S a donc de la pêche mais un cadencement assez balourd, trop insistant, manquant de vivacité, qui ôte de l’énergie aux titres les plus agressifs et anémise les tracks les plus « swinguants » — comme, par exemple, l' »Inferno » de Silicone Soul.

La dynamique relative de l’Edition S, en revanche, est assez respectueuse des différences entre les intensités sonores respectives des sources à un instant donné, et cela sans emphase ni « écartèlement » entre ces sources. Cela rend particulièrement plaisante, sur ce casque, l’écoute des genres qui mélangent instruments acoustiques et électriques et qui font la part belle à la voix dans sa véracité sans apprêt. Je pense en particulier au rock alternatif et à la pop dans toutes leurs déclinaisons : folk-pop de Swell, indie low-fi des Pixies, college-rock de Sinch, etc…

Dans tous ces exemples, l’Edition S se révèle très doué pour restituer avec finesse chaque source d’un ensemble relativement touffu et la laisser entendre dans son authenticité, avec sa texturation et son niveau de détails particulier, aussi faible soit son intensité sonore comparée à celle des autres sources de cet ensemble.

A cette fidélité au tableau dynamique des sources, l’Edition S ajoute une vélocité qui lui permet de suivre les rythmes les plus rapides avec une certaine aisance et le rend assez à l’aise, par exemple, dans le rendu de la drum’n’bass bien « wicked » du « Reality Port 21 » de Gianni Stiletto.

Pour autant, le manque de brillance des aigus de l’Edition S ainsi que sa tendance à « marteler » le rythme avec un certain défaut de liant et de fluidité donnent souvent le sentiment qu’il a du mal à suivre la cadence. Ce n’est qu’une impression mais elle empêche néanmoins d’apprécier la rapidité, pourtant réelle, de la restitution de ce casque.

Respect des timbres

La fidélité timbrale de l’Edition S est assez variable et dépend à la fois des caractéristiques dynamiques du signal et des intervalles fréquentiels traités. La qualité de sa restitution des impacts, qui respecte la sècheresse des attacks sans pour autant escamoter les sustains, fait qu’on perçoit bien la spécificité des percussions et notamment celle des différentes pièces d’un set de batterie : sur l’Edition S, on sent la « peau » des caisses claires tout autant que celle des grosses caisses. En revanche, si les timbres graves (ceux du saxophone alto par exemple) sont finement rendus par ce casque, les voix prennent parfois sur l’Edition S des sonorités métalliques désagréables, peu authentiques en tout cas. Il y a là, me semble-t-il, un effet du relatif effacement des registres de transition — en l’occurrence des hauts-médiums — dans la réponse fréquentielle de ce casque. Ce même défaut d’énergie, cette fois-ci dans le bas-médium, induit parfois un chevauchement des registres qui nuit à la caractérisation de certains instruments acoustiques comme, par exemple le couple, assez classique dans le jazz, formé par le saxophone de John Tchicai et la contrebasse de Vitold Rek dans leur duo « Hullo ».

Soundstage

Sans les caches, la scène sonore de l’Edition S redevient un peu plus naturelle : la latéralisation se fait moins excessive, l’invagination centrale disparaît… mais la profondeur se ramasse encore plus, toutes les sources semblant dès lors projetées vers l’avant comme sur un écran. La séparation latérale est donc là sans excès mais le placement des sources dans le panoramique est incertain et l’étagement des plans en profondeur quasi inexistant. Ce manque de profondeur nuit à la restitution des espaces sonores qui, sur ce casque, perdent assez dramatiquement en volumétrie : on ne « sent » pas les lieux de production ou de prise de son alors que, sur d’autres casques fermés de la même gamme de prix, la disposition particulière des studios d’enregistrements, comme ceux du « Where Is My Mind ? » des Pixies et de « The Package » d’A Perfect Circle, peut être nettement plus perceptible. Ce défaut est particulièrement dommageable dans le rendu des genres les plus spatialisés, telle la dark ambient de Robert Rich et Lustmord.

https://www.youtube.com/watch?v=kL5cVQMPBG0

En panne de profondeur, le soundstage de l’Edition S ne manque cependant pas de hauteur, ce qui, avec sa platitude relative, lui donne une allure assez « gradoesque » de grande surface plane assez haute, genre carton à pizza dressé sur sa tranche…

 Conclusion de DarkZenith

Quoique censément nomade, l’Hifiman Edition S n’en a pas les qualités. Non seulement il isole mal, dans un sens comme dans l’autre, mais il sonne mieux en configuration ouverte qu’en configuration fermée ! Avec ce casque, le bon docteur Fang Bian, fondateur et gourou de la marque chinoise, n’a donc pas atteint son objectif annoncé de produire un « modèle d’ultra performance ultra portable ». Pour un prix à peine plus élevé, des valeurs établies du casque nomade circum-aural comme le Nad Viso HP50 ou le Sennheiser Momentum Over Ear 2.0 lui dament sévèrement le pion dans bien des secteurs, démontrant non seulement une meilleure maîtrise des systèmes acoustiques clos mais affirmant aussi et surtout une personnalité plus distincte. Car c’est peut-être cela qui, au fond, m’a le plus gêné dans l’écoute de l’Edition S : un certain type de rendu sage, voire introverti en configuration fermée, mais non exempt de défauts et qui, sans provoquer chez moi de passion notable, n’en arrivait pas moins à m’agacer par moments. Alors, certes, je pouvais l’écouter des heures durant sans qu’il me lasse outre mesure… mais il m’arrivait aussi, trop souvent à mon goût, de faire la grimace en percevant certaines défaillances de son rendu. Au final, payer 250 $ hors frais de port un système d’écoute aussi incohérent dans sa conception que peu convaincant sur le long terme, même dans sa configuration la plus propice, me parait excessif et, si j’avais eu à le noter en conclusion d’un test digne de ce nom, il est très peu probable que je lui aurais accordé la moyenne.

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Le retour de Sausalito

Mon goût pour les intras universels – ou moulés – m’a conduit a en essayer un nombre conséquent, ce qui n’est pas le cas pour les casques : c’est donc avec plaisir que j’ai tenté de cerner les caractéristiques du Hifiman Edition S. J’ai écouté ce dernier avec le Hifiman HM-901s (avec le carte Balanced) et le FiiO X7 (avec le module AM5).

Présentation rapide

Le casque Hifiman Edition S est un casque de moyenne gamme (environ 250 euros) qui montre une firme en recherche constante de solutions originales : dans le cas qui nous occupe, le challenge était de proposer un casque que l’on puisse utiliser ouvert ou fermé grâce à un cache amovible. Si l’Edition S est composé de matériaux plastiques donnant un aspect de gamme modeste, le casque séduit par son poids peu élevé et la douceur des coussinets. Il offre hélas, du moins à mes oreilles, un isolement très réduit aux bruits ambiants.

Et le son ?

L’Edition S montre une scène sonore assez étendue, qui ne varie pas réellement selon l’option « fermé » ou « ouvert », sinon que dans ce dernier cas l’aération est meilleure comme il est logique. La texture du son manque un peu de corps, cela est en partie compensé par une rapidité et une tension importante. Ainsi quel que soit le style de musique, le Edition S se montre dynamique.

En mode « fermé », la scène sonore est plus intime et souffre d’une ambiance proche du type « hall » qu’offrent certains DAPs, comme ceux de la marque Cowon : c’est en partie dû à des haut-médiums un peu « criards ». Cependant les basses sont articulées et les médiums présents avec des timbres agréables. En mode « ouvert », tout prend de l’ampleur : un soundstage plus aéré, des basses mieux détourées, des médiums avec plus de présence et la disparition de l’effet « hall ».

Paradoxalement, c’est avec le FiiO que le Edition S s’en sort le mieux, car il apporte une chaleur bienvenue qui gomme les aspérités et l’aspect un peu sec du casque… Alors que le HM-901s accentue l’impression d’un manque de personnalité !

En conclusion

Un casque fruit d’une grande idée qui aurait sans doute mérité de voir le jour sur un casque d’une gamme supérieure ; mais qui peut être un bon compagnon pour qui recherche un son « fun » et le plaisir de changer d’ambiance musicale.

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L’avis de Kookaburra

J’avais suivi la sortie de ce casque avec un très grand intérêt, l’idée d’un casque pouvait à la fois me servir en nomade (en mode « fermé ») et à la maison (en mode « ouvert ») me faisait saliver. Sur le papier, c’est la solution parfaite pour n’avoir qu’un casque permettant à la fois une isolation correcte quand c’est nécessaire mais aussi un son bien plus aéré quand on peut se poser pour une écoute au calme. Une fois le casque reçu, la réalité est-elle à la hauteur de la promesse ?

NB : toutes mes écoutes ont été faites sur mon DAP, le Cowon Plenue 1 en mode « normal » (sans BBE Effects).

Dans la boite…

Le packaging est basique mais complet : le casque, un câble d’1,2 m avec microphone (et commandes pour smartphone), mais aussi des adaptateurs jack 6,35 mm et prise avion ; et enfin une coque de rangement. Le câble est détachable, vous pouvez le changer à l’envie et cela augmente potentiellement la durée du vie du casque, un bon point.

Bien qu’entièrement fait de plastique (qui a dit « cheap » ?), le casque parait solide, sauf à considérer sa grande légèreté qui ne rassure pas forcément. D’ailleurs on peut en dire autant des « caches amovibles » qui sont bien trop fins pour paraître durables. Lorsque je les ai reçus ils étaient légèrement voilés et se clipsaient mal sur les cups (cela se fait par aimantation).

J’ai dû légèrement les tordre à la main, non sans quelques frayeurs, pour avoir une fermeture relativement hermétique. Je dis bien « relativement » car c’est en partie là que le bât blesse : les caches amovibles sont si fins qu’ils ne changent pas grand chose au final. Il aurait fallu qu’ils soient conçus d’une matière plus épaisse, et donc plus isolante, pour bien faire. J’y reviendrai en parlant du rendu sonore. Si ça avait été mon casque, la première chose que j’aurais faite aurait été de renforcer ces bouts de « plastoc » avec du Sorbothane, du Dynamat ou de la Patafix…

En terme de confort, c’est très moyen : l’ajustement sur le crâne est correct mais les pads sont trop fins/mous pour être confortables (et j’avais un pavillon d’oreille qui touchait le driver), et ils ne vont pas pouvoir s’adapter à toutes les morphologies :  c’est dommage. Bon point par contre pour la présence de velours sur la partie en contact avec l’oreille – le reste étant en simili-cuir – c’est plus agréable à l’usage.

Rendu Sonore

En configuration « ouvert »

J’ai eu l’impression d’un casque en léger W : une petite bosse dans les graves vers 100Hz qui leur donne un aspect naturel et convaincant, une grosse bosse dans les médiums (au niveau des voix, qui se retrouvent très marquées) et enfin une petite bosse dans les aigus. Les médiums restent le registre le mieux traité sur ce casque, le reste étant globalement moins bon. Le tout manque ainsi notablement de liant, malgré une belle vivacité dans le rendu et un punch agréable : c’est un casque qui reste séduisant et naturel à l’écoute, sans « gros » défaut (mais ni grosse qualité, malheureusement).

Je ne saurais en dire plus en ne l’ayant écouté qu’une semaine en alternant les deux configurations ; sans parler des comparaisons rapides avec mes casques : trop peu de temps sur les oreilles pour détailler plus que cela, désolé cher lecteur mais je ne voudrais pas vous dire trop de bêtises !

En configuration « fermé »

Comme je vous l’ai déjà dit, les plaques qui permettent de passer en mode « fermé » sont trop légères pour réellement changer le casque en profondeur. Oui, il y a des différences audibles – et mesurables, cela a été fait ailleurs sur le net – mais rien de transcendant à l’écoute. Autre revers de la médaille, le casque isole mal, en tout cas pas autant qu’un vrai casque fermé. Plus qu’en position « ouvert » néanmoins, cela va de soit. Mais on est bien loin d’un casque utilisable dans les transports en commun, par exemple.

Le rendu sonore devient moins aéré – logique – et il perd notablement en quantité de basses. L’accentuation de certaines fréquences aigus en fait un casque au rendu légèrement métallique et agressif, à mes oreilles. De plus, il m’a semblé percevoir certaines résonances étranges, sûrement dû au fait que les plaques arrières ne soient qu’aimantées et non fixées à demeure… Bref, il a peu d’intérêt en mode « fermé ».

Pour conclure

Au final le casque m’a paru correct en mode « ouvert » mais pas très bon en mode « fermé ». Et comme pour moi le Hifiman Edition S est avant tout un casque nomade – de part son format et ces caractéristiques – que l’on peut aussi écouter chez soi au calme, il me donne l’impression d’un raté. Non, la mission n’est pas atteinte : c’est un casque nomade moyen qui est meilleur en « ouvert », mais là il a de très (trop ?) sérieux concurrents dans sa gamme de prix.

Le concept d’hybride reste potentiellement bon mais il est ici très mal exploité. Il faut creuser dans cette voie, en se demandant s’il est possible pour un casque d’avoir des réglages lui permettant d’être bon dans les deux modes (ouvert et fermé) en même temps ? Après l’avoir essayé, j’ai des gros doutes et j’en suis le premier déçu, croyez-moi ! Dans cette gamme de prix en casque nomade, je lui préfère largement les Nad Viso HP50, Sennheiser Momentum Over Ear 2.0 ou Focal Spirit Classic, bien plus performants…

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