[Feedback] Ultrasone Pro 550

Cette semaine, Karrthus nous fait découvrir le Pro 550 d’Ultrasone, casque fermé à vocation professionnelle.


Possédant ce casque depuis plusieurs mois désormais, je me permets de lui accorder un petit retour.

Packaging

Je vais être rapide sur le packaging et l’aspect extérieur du casque, car il ne s’agit pas du centre d’attention de mon feedback.

Ultrasone Pro 550 - 1

Le packaging donne un air sérieux ; le casque est livré dans une boite cartonnée, rangé dans un étui de transport format XXL. On y trouve également un CD comprenant plusieurs pistes (sélectionnées soigneusement afin de montrer le bénéfice apporté par la technologie S-Logic développée par la marque) et un manuel descriptif des différentes gammes d’Ultrasone.

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Ce dernier s’avère bien ambitieux, en ce qu’il permet de découvrir assez précisément la fiche technique des casques, ainsi que les types de driver utilisés. À noter que le choix des matériaux et des revêtements des membranes est diversifié (driver en PET, ou Polytéréphtalate d’Ethylène de 40mm / drivers en mylare de 50mm / drivers en titane ou avec un revêtement doré). Le Pro 550 se voit quant à lui équipé d’une membrane en mylar de 50mm de diamètre.

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Vient enfin le casque lui-même, avec ses deux câbles détachables : un – très – court sans télécommande ; et un plus long, spiralé et terminé par une fiche jack 6.3mm.

Construction, isolation et confort

Pris en main, le casque est imposant. Tout brillant de plastique à effet chromé, peu de risque qu’il passe inaperçu dans la rue, lorsque le soleil brille à son plein.

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Mais cet aspect un peu bling-bling est largement contrecarré par le sérieux et la solidité de la construction, qui à mes yeux est irréprochable ! Vous pouvez écarter l’arceau en toute confiance, le tordre, même avec les branches sorties au maximum. Aucune fissure ne risque d’apparaitre, car le plastique utilisé est de très bonne qualité, et aucune pièce ne subit de pression excessive lors d’une utilisation quotidienne.

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Au quotidien justement, le casque n’exerce pas de réelle pression, ni sur le crâne, ni sur le pourtour des oreilles. Même, on pourrait attendre une meilleure fermeté. Le clamping est faible, la tenue, lâche. Par conséquent, l’isolation se révèle lacunaire. Mais sachant qu’il s’agit d’un casque à vocation professionnelle, il n’est pas de son ressort d’être le parfait compagnon d’une virée urbaine.

Quant au confort, je n’ai pas à m’en plaindre. Ce n’est certainement pas un coussin, il est assez lourd et les mousses ne sont pas des plus alcalines pour le crâne, mais comme je l’évoquais précédemment, son clamping est lâche et mes oreilles ne sont pas à l’étroit. Parfois peut-être, ces dernières peuvent rentrer en contact avec la paroi du transducteur, mais la gêne est hors de portée, pas comme avec le Performance 820. Il risque en revanche de ne pas convenir aux têtes les plus menues, la faute sûrement à la forme circulaire des écouteurs, ainsi qu’au revêtement extérieur, peu adhérent, avec au final, un risque de fuite sonore.

Le son

Parlons son, dès à présent ! J’avais trouvé le Performance 820 parfaitement déséquilibrant lors de toute première session d’écoute. Quel intérêt de produire des basses aussi monstrueuses ? Appeler cela un simple bass-boost pourrait s’apparenter à un euphémisme… C’est un vrai volcan ce bas du spectre ! Même un Beats peut paraitre frileux à côté. Il n’empêche que les deux casques partagent un point en commun, identifiable dès les premières secondes d’écoute : leur dynamique tapageuse ! Franchement, c’est à la fois désorientant et plaisant de constater à quel point on passe rapidement de la furie à la caresse avec ces casques.

Le Pro 550, de son côté, tape moins dans la surenchère dans le bas du spectre, et sonne plus du côté tombal et froid. Le son ne m’a pourtant pas paru homogène du tout lors de la première écoute. Il me paraissait assez peu fidèle ; je ressentais une espèce d’incohérence dont je ne parvenais pas à délimiter précisément la ou les sources, et sans discontinu, je me demandais si cette représentation de la musique était conforme à la réalité. Les basses étaient bien là, le médium ne me paraissait pas creusé, et l’aigu montrait beaucoup de politesse, sans montrer de réels signes d’agressivité. D’où cette sensation provenait-elle ? Peut-être de la scène sonore ? Je dois avouer que j’avais été dérouté la première fois, et que bien de mes repères furent décentrés.

Il m’aura fallu environ une quinzaine de jours pour m’accommoder convenablement au rendu audio de ce casque, et aujourd’hui encore, j’émets quelques doutes, et ne vous cache pas que mon avis a dû changer au moins cinq, voire dix fois sur l’ensemble du mois d’avril.

Je vais donc tenter de vous décrire l’ensemble de son spectre sonore, tout en vous mettant en garde sur le fait que j’ai connu beaucoup de moments de fatigue et de faiblesse, que mon avis est purement subjectif et totalement dépendant de ce que je pouvais entendre, et, surtout, de ce que je voulais entendre.

Allez, on se lance !

Basses

En s’appuyant sur les différentes courbes de réponse fréquentielle de ce casque, point de doute, on a affaire à un casque qui roll-off les basses (c’est-à-dire qu’en-dessous d’un certain seuil de fréquence, le niveau en dB devient trop faible pour être perceptible), mais qui applique un bass-boost sensible dans les 50Hz. C’est vrai, mais pas tout à fait en fait.

Tout le bas du spectre est représenté et l’information puise sa source très bas quand il le faut (le 30Hz est tout à fait perceptible si le mix le permet), avec une lourdeur qui rapidement peut devenir pesante. Les basses cognent comme du fer sur du ciment, elles sont très solides, mais elles traînent légèrement. Je ne ressens aucune lâcheté dans l’attaque, c’est net, pas de mollesse à déplorer, mais c’est loin d’être rapide et athlétique. Ca bourdonne parfois trop ! Selon le graphique d’Innerfidelity, les taux de distorsion sont très élevés dans cette zone, peut-être est-ce à mettre en lien avec l’effet de traîne ressenti ?

Cependant, le reste du spectre ne subit pas vraiment d’altération conséquent à un débordement de ce registre. Les basses restent à leur place, malgré leur proximité sensible : elles résonnent dans votre tête, tandis qu’un AKG K612 aura plutôt tendance à dissiper leur présence, en retenant l’impact en otage.

Bref, un registre grave à la fois profond, très détonnant voire agressif, avec une emphase notable vers les 50Hz, mais qui a tendance à résonner et à sonner caverneux.

Médium

Sans aucun doute la partie du spectre audio qui me donne cette impression de froideur avancée ! Pour commencer, le bas-médium est très creusé, compromettant significativement la transition entre les basses et les médiums. On ressent le gras dans la basse, puis on bifurque soudainement du chaud au froid d’une drôle de manière. Une grosse partie du crémeux et du facteur « musical » des morceaux se voit ôtée.
Cela engendre donc une froideur, qui toutefois ne retranche en rien l’intelligibilité de bon nombre d’instruments, ni leur impact, ni encore moins leur clarté. Les instruments à corde ne sont pas embrumés ou empoussiérés (comme cela peut être le cas sur un Focal Spirit One / One S), tandis que ceux à vent ne sont pas ensevelis. , et les instruments à vents ne sont pas ensevelis. On reconnait avec aisance le timbre des instruments, mais le manque de chaleur ne permet pas une reproduction assez satisfaisante de l’ambiance acoustique. Ça reste trop froid à mon goût. Je rajoute toutefois que l’épaisseur et l’amplitude du registre m’ont paru satisfaisantes, prévenant alors toute sensation de medium grêle et artificiel.

Les voix s’en sortent tout de même bien, et possèdent beaucoup de caractère, de tempérament ; elles savent se mouvoir hors des parties instrumentales et chanter haut et fort, même parfois trop selon l’enregistrement. J’ai tout de même l’impression que, comparée aux basses, toute la partie médium semble repoussée en arrière-plan, même si sur beaucoup de morceaux, ça n’est en rien alertant. De ce fait, aucun son dans cette partie-là ne vous sortira de la tête, et aucune voix ne susurrera à la base de vos oreilles, comme cela peut être le cas sur un Grado Sr-60.

Haut-médium / Aigu

De la froideur ici aussi, et de la sècheresse en bonus. Les voix féminines frôlent l’amertume et l’agressivité lorsqu’elles sont vivement sollicitées, mais à mon sens, cela ne franchit pas le seuil de la douleur, à condition bien sûr que l’enregistrement ne soit pas pernicieux. Des chuintements peuvent péter à partir d’un volume élevé, et ajoutent un petit côté mesquin à la restitution. Ces sibilances, présentes dans les 4-6Khz (je ressens un léger pic dans cette zone-là), peuvent frapper sans prévenir et entacher une écoute qui jusque-là, se révélait exempte d’agressivité. Là aussi, cette partie du spectre semble légèrement écartée par rapport aux basses, mais se fait plus présente que le reste du médium. Ce n’est pas le haut-médium « In your face » du Grado Sr-60 ou du AKG K551, en soi. Attention donc aux sons en « SSHHH », faiblement exagérés à volume élevé. On trouvera dix fois pire ailleurs toutefois.

Aigus / sur-aigus

Je pense avoir une chance sur deux de me tromper sur cette partie-là.

Le transducteur excentré et à moitié obstrué, ça peut vendre du rêve sur le plan de la scène sonore, mais quand cela nuit à la reproduction du registre aigu, c’est plus embêtant. En fait, le rendu de cette plage de fréquences variera beaucoup avec le positionnement du casque sur vos oreilles ; si le casque est placé légèrement en avant, de sorte que l’arrière des coussinets vient érafler le bord des oreilles, alors l’aigu sera atténué, au profit des basses. Si au contraire, vous placez le casque de telle sorte qu’une partie de la membrane se retrouve face à vos conduits auditifs, les registres les plus hauts prendront le relai et ajouteront une clarté supplémentaire, qui peut devenir artificielle si on la combine au manque de chair dans le bas-médium.

Hormis cela, j’ai constaté qu’au fil des semaines, l’aigu avait tendance à s’affûter, jusqu’au point de virer à la résonance métallique à volume élevé. J’ignore si le casque était rôdé ou non lorsque je l’ai reçu. Habituellement, c’est le contraire dont on entend parler, l’aigu pique lors des premières utilisations et se calme avec le temps ; or, je constate ici l’effet inverse, et l’ai constaté également sur le Performance 820. Ce dernier était quand même plus enclin à piquer, alors que le Pro 550 reste un peu plus mesuré.

Le registre aigu est très incisif, très clair – voire cristallin –, et doté d’une précision admirable. Il n’est ni laiteux, ni sensiblement métallique, et ne tombe pas dans la sibilance. Néanmoins, à volume élevé surgit une trace de sonorité métallique ainsi que des effets de déchirements (l’attaque des cymbales montre trop de rigidité, les « KSSS » sont parfois cassant), la netteté de ce registre en prend un coup, et se fait devancer par une agressivité bénigne qui peut devenir usante, pour peu que l’on ose côtoyer un volume sonore inquiétant. De la distorsion est aussi à noter dans cette partie-là, toujours selon le même graphique, et correspond peut-être à ce que je ressens.

À noter que ce registre est loin d’être linéaire, contrairement au K612, mais tiraillé vers les 9-10Khz. Conjuguée avec des basses insistantes et lourdes, la fatigue auditive se manifeste alors très rapidement en montant le volume.

Dans son ensemble, je trouve que le son peut manquer de cohérence et de chaleur. Sur certains morceaux, je suis souvent gêné par ce grave qui résonne et qui donne l’impression de ne pas être corrélé avec le reste, comme s’il était excentré. Pourtant, paradoxalement, il ne vient jamais déborder sur les autres registres et n’entache en rien la restitution des divers instruments et des voix. Ces dernières se défendent bien, mais en raison de leur froideur et de leur aspect un peu tombal et dévitalisé, je ne leur ai jamais rien trouvé d’attachant ou d’emballant. Je préfère le K612 sur ce point, voire le K545 dans une moindre mesure, même si ce dernier est parfois enclin à dissiper légèrement leur expressivité et leur puissance (léger creux à partir de 1-2Khz, contrairement au K612 et à l’Ultrasone).

S-Logic et scène sonore

Attachons-nous désormais au S-Logic et à l’agencement de la scène sonore ! Je reste encore un peu étourdi par la manière dont est présenté le son. L’image sonore est très diffuse, et il y a facilement moyen de s’y perdre. Pour autant, après des écoutes attentives, je me suis rendu compte qu’elle n’est pas si étalée que ça sur la largeur, et encore moins en profondeur. Elle me parait surtout holographique, parfaitement circulaire et externalisée par rapport au crâne. Les sources sonores semblent rejetées en périphérie de la tête, au-lieu d’en provenir, ce qui participe, selon moi, à s(t)imuler une sensation de grandeur éloquente, alors que par comparaison, un casque ouvert (je me permets de comparer un casque fermé à des casques ouverts, dans la mesure où le S-Logic est censé simuler la grandeur et le naturel d’une scène sonore d’un casque à conception ouverte) remplira l’espace avec plus de régularité, et saura mieux creuser et délimiter la scène. Je ne veux pas dire par là que le S-Logic truque la scène sonore, juste que l’approche du son est très particulière, et surtout, qu’il faut du temps aux oreilles pour cerner cette dernière, à la fois très centralisée (la scène sonore est très fournie au centre, malgré la très bonne aération entre les notes), mais également très vaste pour un casque à conception fermée. Il n’empêche que ça continue à sonner comme du casque fermé, et qu’à mes oreilles, cela ne rivalise pas tout à fait avec le naturel procuré par une construction ouverte.

Pour résumer, je persiste à penser que le rendu du Pro 550, s’il n’est pas heurtant de déséquilibre, n’est pas tout à fait homogène. Les basses savent descendre bas tout en maintenant leur position, mais leur mise en avant et leur lourdeur, combinées à une double emphase dans le haut-médium et l’aigu, rendent l’écoute usante à la longue, bien que précise et révélatrice de bien des défauts des enregistrements. À mon sens, c’est une qualité indéniable pour un casque ayant une vocation professionnelle.

Sensibilité aux DAC / amplificateurs

En ce qui concerne le comportement de l’Ultrasone avec mes différents Dac / ampli, j’ai envie d’insister sur le fait qu’il ne faut pas lui coller n’importe quoi en amont, sans quoi on peut avoir droit à des surprises ! Sans aller jusqu’à dire que le casque ne pardonne pas, ce dernier vous fera néanmoins rapidement sentir si l’association est bancale.

Ainsi, j’ai pu m’apercevoir au fil du temps que la sonorité métallique du casque ne se manifestait qu’en la présence de DAC à puce Sabre (en l’occurrence, un NuforceuDAC 2 avec une ES9022, et un Encore mDSD avec sa ES9010K2M), mais aussi passagèrement sur mon Zhilai H10, doté lui d’une Cirrus Logic CS8416 et d’une amplification pourtant assez douce et chaleureuse en bas.

L’écoute devenait alors rapidement pénible avec les premières sources citées, et l’aigu prenait trop souvent des atours barbelés et électrisants, sans ajouter forcément une véritable sensation de réelle clarté, et du détail.

Sur le Zhilai H10, bien que ce dernier soit prompt à mettre en avant le haut-médium et l’aigu, j’ai été davantage convaincu. Certes, les basses sont un peu trop appuyées, mais le haut du spectre sait montrer beaucoup d’autorité et de finesse sans virer dans l’artifice et dans l’acidité, même si la sonorité métallique peut parfois faire un clin d’œil à nos tympans, mais ce n’est en rien heurtant.

Enfin, j’ai été largement conquis par le branchement de l’Ultrasone sur mon Xiangsheng DA-04A, avec sa Wolfson WM8761 et son amplification musclée ! L’ensemble est plus chaleureux que le reste, les médiums perdent un peu de leur froideur, et même si cette douceur se paye au prix d’une atténuation parfois considérable du sur-aigu, il n’y a pas photo, la combinaison est très bonne, du moins à mes oreilles.

Conclusion

Pour finir, je pense que c’est vraiment un casque qui vaut le coup d’oreille. Alors certes, on n’a pas affaire à un casque au rendu indéniablement équilibré, ni à un casque au rendu très flatteur, mais plutôt à un casque précis, qui procure une redoutable sensation d’aération, et qui sait révéler les défauts comme les qualités des enregistrements, sans trop sacrifier l’émotion transmise par les médiums, bien que ces derniers me paraissent dans l’ensemble trop froids (mais pas désincarnés). Ajoutons à cela une construction inébranlable et la possibilité de détacher le câble, je pense que c’est un produit qui mérite largement plus d’attention, au prix, peut-être, d’une déformation des repères, tant l’approche peut paraitre déroutante à la première écoute !

Ultrasone Pro 550 - 6

Il m’a tout de même l’air heureux avec son Pro550 branché à son Fiio X1 lui !

3 thoughts on “[Feedback] Ultrasone Pro 550”

  1. S’il est dans la lignée du Pro 900 , alors bonjour les dégâts ! Des basses a vous rendre sourd ! des aigus a vous faire exploser les tympans , et zéro médiums ! Le pire des casques que j’ai essayé ! quel horreur !!!!!!!!

  2. Merci pour ce test .
    Je suis tout à fait d’accord avec toi sur le fait de faire très attention à l’association dac et/ou ampli
    Si on lui colle un truc à la reproduction trop « droite » ça part en vrille illico!!
    J’ai un souvenir particulièrement pénible quand mon edition 9 était associé à un ampli SPL
    Idem pour le Pro900 …..
    Il faut de la chaleur pour arrondir les angles!!!
    Rudistor et Ultrasone c’est parfait!!

  3. Merci pour ce feedback, même si à mes yeux Ultrasone c’est le SigPro et rien d’autre hihi !

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