RME ADI2 DAC / Questyle CMA 12 Master – Le match des DAC / AMP

 

Pour cette rentrée, nous vous proposons de découvrir le retour de CharlesM sur 2 DAC/AMP réputés et à même de satisfaire les plus exigeants, à savoir le RME ADI2 DAc et le QUESTYLE CMA Twelve Master.

 

Possesseur d’un RME ADI2 DAC depuis 9 mois environ, j’ai récemment eu envie d’aller voir ce qu’il se faisait d’autre sur le segment, et notamment un appareil à la très bonne presse, le QUESTYLE CMA Twelve Master.

 

Les Forces en Présence

 

RME ADI2 DAC

 

Faut-il encore le présenter ? C’est LE couteau suisse venu du monde pro et qui a trouvé son public chez les amateurs de casques et de préampli droit. S’il était déjà loué par pas mal de reviewers et forumeurs, son passage chez ASR (tests ici: https://www.audiosciencereview.com/forum/index.php?threads/review-and-measurements-of-rme-adi-2-dac.2582/ a simplement assis sa notoriété, grâce à des mesures excellentes tant sur la partie DAC que sur la partie ampli casque.

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Ce comparatif est réalisé avec la version 1, sortie il me semble en 2017, et basée sur le chipset AKM4490 (single). Une v2 est sortie en début d’année 2020 passant à l’AKM4493 et fournissant une télécommande améliorée. Le prix reste inchangé et il se trouve neuf à un peu moins de 1000 EUR. Nous n’avons pas vraiment d’informations sur le mode d’amplification casque, à part une formulation un peu nébuleuse dans le mode d’emploi et sur leur site. Je ne vais pas revenir sur toutes les possibilités de ce petit RME, je vous renvoie au site officiel https://www.rme-audio.de/adi-2-dac.html et au sujet dédié du forum http://www.tellementnomade.org/forum/viewtopic.php?f=296&t=16816. Je dirais plutôt que ses principaux avantages sont :

–        Sortie 6.35 et 3.5mm avec un mode spécial IEM
–        Evidemment ses possibilités d’EQ et toutes les options possibles offertes
–        Un format compact
–        Le suivi actif de RME et l’écoute des clients, ainsi que les upgrades réguliers de son firmware

 

Prix : un peu moins de 1000 EUR

 

QUESTYLE CMA Twelve Master

 

Je ne connaissais jusque-là Questyle qu’au travers de ses DAP : QP1R et QP2R. Un line up très réduit mais qui a su faire parler de lui ! Loin du streaming bluetooth et autre, ces baladeurs se concentrent uniquement sur le son. Ils ne font que ça et le font bien. Ce qui distingue principalement Questyle de ses concurrents c’est le type d’amplification en mode « direct current » (d’ailleurs le nom CMA vient de Current Mode Amplification – il me semble que Bakoon offre aussi cette technologique).

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(la photo est celle d’un CMA Twelve standard, la version Master ayant droit à un petit MASTER sérigraphié en plus en haut à gauche – le reste est identique)

 

Un autre élément mis en avant par le constructeur est le True DSD, qui promet une gestion la plus fidèle possible de ce format. Tout cela est breveté et je ne saurais rentrer trop dans les détails mais pour ceux que ca intéresse : https://www.questyle.com/en/technology .

Le CMA Twelve est donc sorti pour les 12 ans de la marque en 2018, et promet d’offrir ce que la Questyle fait de mieux jusqu’ici. Il existe deux versions, la version « standard » et la version « master », dont les PCB sont gravés sur de la céramique ROGERS pour plus de précision blablabla. Je ne sais pas si c’est vrai mais j’ai pris la version master en bon consommateur  :DD .

Pas d’option à tout va sur ce DAC/AMP, mais 3 sorties : 4.4mm, 6.35mm et XLR4. La puce DAC est la même que pour ma version du RME : AKM4490, mais il y en a deux cette fois (dual chip).

 

Prix : variable en fonction des pays, grosso modo de 1100 EUR à 2100 EUR entre les versions / pays.

 

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Matériel

 

Ce retour se concentre uniquement sur l’entrée USB de ces appareils et sur les sorties intra/casques. N’ayant pas de câble en XLR4, je n’ai pas pu tester l’apport de la sortie casque symétrique du Questyle.

Le matériel utilisé :
–        Source : Rpi avec RopieeeXL, câble USB standard à 10 balles, serveur Roon
–        Casque : Final Audio D8000, câble stock en 6.35

d8000
–        IEM : 64 Audio U12T et Jomo Flamenco, à chaque fois sur le Dunu Hulk en 2.5mm et avec les convertisseurs DD Hifi (l’idée étant d’avoir le même câble initial) : DJ35A pour le RME et DJ44A pour le Questyle

flamenco u12t

 

Pour l’égalisation du volume, j’ai utilisé l’appli Sound Meter (merci Murloc) sur un morceau lambda. Une fois le volume fixé sur les 2 ampli, je ne l’ai plus modifié.

 

Playlist

 

– Rebecca Pidgeon – The Raven

 

– Macry Gray – Stripped

 

– The Dave Brubeck Quartet – Time’s Out (2000 Japan Remaster)

 

– Daft Punk – Alive 2007

 

– Nirvana – MTV Unplugged

https://www.youtube.com/watch?v=vJfmzn0kXZo

 

– Frank Sinatra – Live at the Sands

 

– Michel Petrucciani Trio – Trio in Tokyo

 

– Jay Eletronica – A Written Testimony

 

– John Renbourn – Sweet Potato

 

[nextpage title= »Les Ecoutes »]

 

J’ai d’abord chaussé mon D8000 pour des sessions d’écoutes au casque.

Je commence par le Questyle car c’est lui que j’ai le mieux dans les oreilles ces derniers temps.

Sur les morceaux qui mettent en valeur les voies et les instruments, le Questyle procure un ensemble voie/instrument extraordinaire, avec la voix parfaitement placée et suffisamment charnue et suave. Ce qui saute aux oreilles avec Macy Gray et Rebecca Pidgeon c’est la capacité à retranscrire toutes les nuances vocales à en donner la chair de poule. Clairement sur le morceau « Raven » l’écoute me donne des frissons, la voix monte, monte avec le piano mais reste à distance raisonnable d’aigus piquants. Quand on passe à Macy Gray et le morceau « I try », on ressent bien la vibration des cordes de la basse, l’enregistrement est très bon et on a l’impression d’être face à Macy.

Sur le RME la sensation des voies est un peu différente, on a l’impression d’une transparence accrue mais du coup les aigus peuvent se montrer dangereux. Le niveau de détails parait légèrement supérieur, par exemple de 1min33 à 1min40 on décèle davantage les musiciens qui se préparent à entrer en scène sur le morceau « XXX »

Quand on passe à l’album de Macy Gray, les attaques de basse sont plus nettes et donnent une légère impression de raideur par rapport au Questyle. Là on le musicien avait des doigts agiles, on a davantage l’impression qu’il a les doigts raides.

 

Sur Take Five, le Questyle transforme le saxophone en un serpent qui tourne autour de vous et vous hypnotise. On ressent la moindre variation d’intensité sur la batterie, quelle que soit la caisse ou la cymbale concernée. Sur le solo de batterie de Joe Morello à 2.40 on en prend plein la tête, c’est propre mais qu’est ce que c’est engageant !

Avec le RME, la séparation des instruments est excellente et on garde le même niveau de détails sur les variations d’intensité mais on est un cran en dessous sur la fougue du morceau. Encore une fois les attaques de note sont plus franche et sèche. On est marqué par la technicité des solo, on tape un peu moins du pied pendant ce temps là.

 

CMA

 

Je passe à Daft Punk sur Alive 2007. Je ne mets pas RAM car Alive me met davantage la patate et je suis tellement enthousiaste avec mes écoutes que j’ai envie de rester sur ma lancée. J’ai écouté plusieurs fois plusieurs morceaux en switchant entre le Questyle et le RME. Si les basses sont un peu plus nettes et sèches sur le RME c’est vraiment ténu. Kif kif bourrico pour moi ici.

Les deux me donne une séparation entre le public et la musique au top et une largeur de scène comparable.
Daft Punk étant un peu une impasse, je reviens sur des morceaux plutôt voie : Nirvana – Oh Me et Frank Sinatra – Come Fly with Me. Une nouvelle fois les poils qui se hérissent avec le Questyle sur la voie de Kurt Cobain. La scène semble parfaitement restranscrite et on place parfaitement les musiciens. Par rapport au RME, un petit grain en plus dans la voie qui fait trembler. Sur le disque de Sinatra, on ferme les yeux et on croit voir Frank qui arrive sur scène c’est bon bon bon bon ! Le Questyle est magique ici.

Pas grand-chose à reprocher au RME ici mais on vit un moment un peu moins magique. Alors on tente de monter le son pour voir si ça améliore mais non, ça ne change rien.

 

J’enchaîne avec Michel Petrucciani Trio et John Renbourn (Sweet Potato). Les deux écoutes m’amènent à un ressenti similaire. Le RME sonne un peu plus chirurgical sur les notes, tant sur le piano de Michel que sur la guitare acoustique de John. Il donne une sensation de plus de transparence exacerbée au prix d’un peu moins de groove.

 

Je termine par l’album qui a tourné en boucle chez moi depuis quelques temps : Jay Eletronica. On n’est pas sur un enregistrement « audiophile » mais certaines attaques sont bien marquées en on sent une nouvelle fois la différence entre le RME et le Questyle. Sur le morceau The Neverending Story, le Questyle donne l’impression d’apporter une puissance un peu plus élevée sur le bas du spectre, ou alors ce sont les aigus moins présents qui donne cette sensation.

Sur le RME, on a l’impression d’aigus un peu plus pointus et qui pourraient devenir dérangeant pour une oreille sensible. L’écoute est plus agréable et moins agressive avec le Questyle.

 

Sur des intras, les sensations sont globalement similaires à l’écoute au casque et je ne reviendrai pas dessus. Aucun des 2 ne donne du souffle sur mes intras, les sorties sont particulièrement propres ! Un régal à utiliser avec ses intras.

A noter que sur le Questyle, il faut modifier à la main la sortie en « low » sous l’ampli, ce qui n’est vraiment pas pratique (il y a 2 switch par voie, donc 4 switchs à changer), tandis que le RME détecte automatiquement le branchement du câble sur le connecteur 3.5mm et se met ensuite en mode « iem » tout seul.

Attention aussi aux câbles coudés comme le Hulk, ca ne passe pas avec le Questyle car les connecteurs sont légèrement enfoncés dans la façade.

jack

 

[nextpage title= »Conclusion »]

 

On a là deux écoles qui s’affrontent en partant de la même puce AKM4490 et qui arrivent à des résultats excellents mais bien différents. Pour caricaturer on peut dire que c’est la technologie vs. l’ancien monde, l’affichage digital vs les lampes fixes, les boutons multi taches vs. les leviers qu’on monte ou baisse pour le on/off etc.

 

A ma droite RME, orientée pro et studio/enregistrement/mastering, nous donne un excellent couteau suisse, rempli de possibilités, tout automatisé et à un prix très compétitif je trouve. C’est un peu «Deutsche Qualität» pour le son, c’est droit, très très droit, et un peu plat en termes de scène. Le niveau de détails est excellent, on a vraiment un DAC/AMP transparent mais qui peut du coup frôler l’accident de parcours sur des aigus mal enregistrés.

 

CMA RME 2

 

A ma gauche, le Questyle. Approche « direct current » et classe A, un seul objectif et une seule option (non testée encore, le Class A BIAS Control). Il vous donne des frissons, il vous porte aux nues, il enrobe le message d’une parure magique et vous scotche pendant au casque pendant des heures à n’avoir qu’une envie : continuer d’écouter, enchaîner les morceaux et ne pas faire attention à ce qu’il se passe à côté.

 

J’ai une expérience quasi nulle sur les combo DAC/AMP avec le D8000. J’ai testé sur un Hugo2, sur mon QLS QA361, sur les différents DAC E1DA et rapidement chez Popof sur un Auris HA2 (QLS en source, trop succinct pour en dire quoi que ce soit, à l’époque c’est le D8000 qui m’avait charmé), et bien sûr avec le RME. Le Questyle m’apporte quelque chose de différent, un envoûtement à part de toutes ces écoutes.

 

Je ne sais pas si le charme continuera d’opérer sur la durée mais c’est très dur de revenir au RME après une session avec le Questyle. Il est possible que l’écoute devienne un peu fatigante sur une longue période, j’en saurai plus d’ici quelques semaines. Le RME pourra alors fournir un retour bienvenue à une écoute plus droite. Si ce n’est pas le cas, je pense que le RME ne restera pas car je n’utilise que très peu l’EQ et que je pourrais toujours la mettre en place sur Roon. Il me reste également à tester la sortie XLR4… je suis en quête d’un câble adéquat (à bon entendeur !)

 

 

8 thoughts on “RME ADI2 DAC / Questyle CMA 12 Master – Le match des DAC / AMP”

  1. Merci pour cette belle review comparative, j’ai eu le Twelve Master et je ne peux pas donner mon avis sur le RME ! J’ai testé et acheté tout un tas de matos depuis 10 ans, le Twelve Master est pour moi une des plus grande surprise que j’ai écouté ! A mon sens il fixe  »le standard » d’un haut de gamme moderne et complet, pour dépenser plus il faut faire mieux et franchement c’est pas si simple à faire….

  2. Merci d’avoir partagé cette review. Je possède l’ADI-DAC 2 et j’ai déjà écouté le Questyle qui est très plaisant également.

    Globalement je partage l’avis. Le point fort du RME réside aussi dans toutes les possibilités d’ajustement du DAC que n’as pas le Questyle. Par contre la partie Ampli du Questyle est très bonne.

    Coté évolutions, si l’on utilise le RME avec un ampli externe en sortant en symétrique on peut encore élever le niveau par rapport à la sortie casque intégrée.
    Si l’on souhaite un tout en un pour de l’écoute HiFi le Questyle est très bien.

    1. Tout à fait d’accord. J’ai cherché pendant quelque temps un Auris HA2 pour aller avec le RME car l’association est reconnue. Faute de l’avoir trouvé, le Questyle en tout en un me semblait au-dessus.

  3. Super !
    Merci beaucoup pour tout ce boulot de tests et la tâche, non moins compliquée pour certains, de
    convertir toutes ces émotions en mots.
    Ton convertisseur personnel marche du tonnère, jajaja.

    Ce que j’en retire, c’est ce que je pense depuis pas mal longtemps et c’est qu’il est
    facile de confondre du son avec de la musique. Ou du lard avec du cochon.

    Encore merci,
    Juan

  4. Merci pour ton feedback charlesm !

    Ça ne fait que confirmer ce que je pense depuis longtemps des appareils RME: le fil droit avec du gain !
    Contrairement aux autres marques, RME ne fait pas des appareils qui flattent l’oreille de l’auditeur, mais des appareils qui ne font aucune concession avec le son. C’est du monitoring pur jus ! On entend tout, y compris les défauts de la prise de son ! Électroniquement parlant, c’est du grand art.
    Après, pour « embellir » le son, rien n’empêche (et c’est d’ailleurs conseillé…) d’utiliser un bon ampli externe ( à tube ?) pour donner plus de « chaleur » ou de « côté charnel » au son. Et pour driver des casques à impédance élevée, c’est un must !

    Cordialement, staki ( un fan absolu de RME)

    1. Bonsoir à tous
      Je suis nouveau sur le forum et je me renseigne sur cet Rme adi2dac fs’
      – Pouvez vous me dire si on peut brancher la sortie RCA sur un ampli hifi , j’ai un sugden A21
      – Est-ce qu on peut brancher un casque en symétrique sur les sorties XLR arrières?

      Grand merci pour votre aide

      1. Hello

        Tu trouveras toutes les infos sur le sujet dédié au RME ici : http://www.tellementnomade.org/forum/viewtopic.php?f=296&t=16816

        Mais rapidement :
        – oui pour la sortie RCA. Tu peux fixer le niveau de sortie pour attaquer un ampli intégré comme le tiens,
        – la sortie xlr a l’arrière est une sortie préampli donc pas vraiment pour y brancher un casque en direct. Les sorties ampli casque sont uniquement en façade et asymétrique.

  5. Bonjour Charles,

    Maintenant que quelques mois sont passés, je suis curieux de connaître ton jugement final sur le Questyle CMA Twelve Master prenant en compte la sortie symétrique XLR4.

    Salutations,

    Willem

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