[Test] Sleek Audio SA7: un retour à six oreilles.

Retour sur les Sleek Audio SA-7 de DarkZenith, jecr & MrButchi.

Sommaire

I. Historique: un accouchement laborieux.

II. Aspect et praticité

1) EMBOUTS ET FIT.
2) LES FILTRES: TROIS CANULES, TROIS BOUCHONS = NEUF DEUX POSSIBILITÉS pour la plupart des oreilles.
3) LA BOÎTE DE TRANSPORT.
4) LE CÂBLE.

III. Specs

IV. Le son

V. Trois face-à-face

1) SA7 VS SA6.
2) SA7 VS EARSONICS SM64.
3) SA7 VS DASETN M760.

VI. Note

VII. Play-list de test

VIII. Avertissement

 

 

I. Historique: un accouchement laborieux.

Les SA7 ont longtemps été l’Arlésienne de Sleek Audio.
Leur projet ne date pas d’hier et le principe même de leur fonctionnement remonte à la fondation de la firme, en 2006, par deux audiologistes américains, Krywko père et fils qui, insatisfaits de la signature sonore des intras proposés sur le marché à l’époque, décidèrent de concevoir et de commercialiser des écouteurs ayant un système de réglage du son susceptible de satisfaire le plus large public possible.

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Les Krywko: Mark (à gauche)
et Jason (à droite). (Source: Zimbio.)

Ainsi naquirent, début 2008, les SA6 équipés de mono-transducteurs BA (pour « Balanced Armature »), d’un jeu de filtres pour les basses et les aigus, d’un câble détachable et, à titre d’option, d’un système de transmission-réception sans fil élaboré en partenariat avec la firme Kleer. Dans la foulée, les Krywko lancèrent également leur premier modèle de moulés, les CT6, qui étaient dotés du même transducteur que les SA6 et dont la sonorité pouvait être préréglée avant expédition (et donc de manière définitive) par un combo de filtres similaire altérant le rendu des basses et celui des aigus.

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Les SA6 et leur jeu de filtres. (Source: Mobi.ru.)

Malheureusement, les SA6 ont connu assez vite des problèmes de fiabilité affectant aussi bien leurs coques que leur câble, ce qui a amené Sleek Audio à en sortir plusieurs versions successives, deux pour les coques et trois pour les câbles. Nous verrons plus loin que ces efforts n’ont pas été vraiment couronnés de succès, du moins en ce qui concerne le câble… Les filtres posaient également problème car si les bouchons de basses étaient pratiques, sobres et bien fichus, il n’en allait pas de même pour les canules des aigus, tubes de plastique aussi malcommodes que fragiles qui, au pire, venaient à casser et, au mieux, finissaient par ne plus retenir les embouts ni même rester fixés dans le corps de l’intra.

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Le système de transmission sans fil développé
en partenariat avec Kleer. (Source: Hifivision.)

L’une des forces de Sleek Audio est d’avoir su rester constamment à l’écoute de sa clientèle, que ce soit pour ces questions de solidité ou pour le perfectionnement des filtres. Un quatrième filtre aigu pour les SA6 a ainsi vu le jour pour venir s’intercaler entre les filtres = et +, ce dernier étant ensuite rebaptisé ++. Surtout, dans son premier modèle d’entrée de gamme présenté en 2009, les SA1, des intras à mono-transducteurs dynamiques et câble détachable, compatibles avec le système sans-fil Kleer, Sleek Audio a innové en proposant un set de filtres pour les aigus consistant en 2 canules vissables, donc a priori plus solides… Hélas, ce furent cette fois-ci des défauts de fabrication internes, affectant les transducteurs, qui vinrent gâcher la fête, occasionnant un nombre de retours hallucinants. Une deuxième version des SA1 est donc sortie, bien plus fiable. Cependant, même si l’intra était particulièrement joli, avec une apparence bois/métal du plus bel effet, son rapport qualité sonore/prix était loin d’approcher celui des SA6 et il n’a jamais réussi à conquérir le cœur des audiophiles.

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Les SA1 et leurs canules interchangeables. (Source: Engadget.)

Lassé par les problèmes de fiabilité récurrents de ses produits, Sleek Audio a finalement décidé d’en ramener la production aux USA. En même temps, au mois d’avril 2010, étaient annoncés les SA7, intras universels à bi-transducteurs BA et coque en fibre de carbone, ainsi qu’une révision des SA6, les SA6R, pourvus de la même coque que les SA7 mais en résine, et sans filtre grave. Les SA7 étaient censés reprendre les bouchons de graves des SA6 et les canules vissables des SA1, amélioration notable des filtres pour aigus dont devaient également profiter les SA6R. Initialement prévue pour fin 2010, la disponibilité de ces deux modèles fut maintes fois reportée. Des prototypes en sortirent néanmoins, très favorablement accueillis par tous ceux qui eurent la chance de pouvoir les essayer.

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SA7 première version (à gauche) et SA6R (à droite): aucune de ces deux paires d’intras
ne fut finalement commercialisée. (Source: Techpowerup.)

A défaut des SA7, Sleek Audio commercialisa entre-temps leur version moulée, les CT7, puis, début 2011, signa un partenariat avec 50cent, devenu en partie propriétaire de la firme, pour la sortie d’un casque censé allier les qualités de leurs intras à un visuel moderne/mode inspiré des Beats by DRE.
La santé financière de Sleek Audio n’a cependant pas suivi, les reports successifs des SA6R/SA7 se conjuguant avec l’arrêt de la production des SA6/SA1, la perte du partenariat Kleer, puis la rupture, dans des conditions sulfureuses, du contrat avec 50cent. Bref, tout cela n’a pas aidé Sleek Audio à finaliser son retour industriel aux US ni encore moins la sortie de ses nouveaux écouteurs… jusqu’à ce qu’en février 2013, après deux ans ou presque de silence radio, l’Arlésienne arrive enfin sans prévenir, sous la forme de SA7 nouvelle version, avec la coque des SA6R qui, entre-temps, avaient disparu des projets de la firme.

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Un projet et une collaboration qui ont tourné court… (Source: Datpiff.)

Le prix initial des SA7 était atrocement haut (399 $). Rapidement, Sleek Audio l’a ramené à 299 $, puis à 249 $, soit au niveau tarifaire des défunts SA6. Aujourd’hui, en profitant des promotions régulièrement proposées sur ces intras, notamment sur le site de la marque ou au travers de ventes groupées comme celles que peuvent lancer les sites tels que MassDrop, on peut se les procurer au tarif très intéressant d’environ 190 $ fdpin (frais de douanes non compris).

 

II. Aspect et praticité

Comme on vient de le voir, la qualité de construction des SA6 laissait un peu à désirer. La situation s’est nettement améliorée avec les SA7 qui respirent la solidité, en partie grâce à leur canule vissable. Celle-ci est certes loin d’être une solution idéale, vu que la partie canule + grille est la même que sur les SA1 et que, sur ces derniers, les grilles avaient tendance à se boucher avec l’usage et ensuite à se décoller quand on essayait de les nettoyer. Mais ce système inspire quand même plus confiance sur les SA7, les canules de ces derniers disposant notamment de filtre interne que n’avaient pas celles des SA1 et la conception des grilles de protection, si du moins il faut en croire la marque, ayant été revue.

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SA6 (à gauche) et SA7 (à droite) aujourd’hui. (Source: Head-Fi.)

Par ailleurs, malgré l’ajout d’un driver, les SA7 n’ont pas vraiment gagné en embonpoint. Même s’ils sont deux fois plus volumineux que les SA6, ils restent relativement petits par rapport à beaucoup d’autres intras. Et comme ils comportent moins de parties chromées, on peut sans doute dire qu’ils sont également plus discrets que leurs aînés… ce qui est plutôt bienvenu, vu qu’ils ont tendance à dépasser de façon assez disgracieuse (« à la Shrek ») du pavillon de l’oreille!

 

1) EMBOUTS ET FIT.

Côté bundle, trois paires de double-flange sont fournies. Moulées dans un silicone souple et doux, elles sont plutôt de bonne qualité et font bien le boulot, mais risquent malgré tout de paraître inconfortables à ceux que ce matériau rebute. Surtout, elles ne conviennent pas à tous les conduits, notamment à ceux qui ont des coudes marqués. Des Sony Hybrid feront aussi bien l’affaire, sinon mieux, procurant le même son avec un confort accru. Attention cependant au choix des embouts : les olives Shure, par exemple, quoique confortables pour certains, ont tendance à étouffer le rendu des SA7, à le rendre bouché.
De façon générale, et sans doute à cause du gros diamètre de leur canule (4,7 mm au pied à coulisse, contre 3,3 mm pour les SA6) les SA7 sont très sensibles non seulement au type d’embouts mais également à l’isolation que ces derniers procurent: l’occlusion auriculaire (ou seal) doit être parfaite pour assurer une restitution optimale qui ne soit ni trop stridente ni trop boomy.
L’insertion et son orientation ont aussi leur importance, non seulement d’un point de vue pratique mais aussi par rapport au son, une mauvaise orientation aussi bien qu’une insertion trop profonde ou, à l’inverse, insuffisante des SA7 se payant également par une altération du spectre, notamment un effacement de certaines fréquences qui peut affecter jusqu’aux médiums! C’est aussi crucial pour le soundstage qui, si l’occlusion se fait un peu de travers, va présenter une image acoustique quasi aberrante, anti-intuitive, en donnant l’impression de se bomber vers l’auditeur!
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Port pendant (en haut) et port par-dessus l’oreille (en bas).
(Source: Sleek Audio.)

Alors comment mettre les SA7 ? Eh bien, en suivant les instructions du manuel joint! Plus concrètement, il faut introduire les SA7 quasiment à 90° de l’oreille, dans l’axe du conduit et avec le bouchon des basses vers le bas et ne les insérer que jusqu’au niveau où se fait le seal, ni plus ni moins… Les habitués au fit ES vont donc devoir changer leurs habitudes, sous peine de perdre des flanges dans leurs conduits et de devoir les récupérer au trombone ou à la pince à épiler (true story arrivée à l’un d’entre nous). Une fois qu’on connaît le truc, cependant, aucun problème de port ou de confort et les SA7 restent plutôt bien en place… à condition toutefois de ne pas trop bouger : pour les déplacements, ça va ; pour le sport, on choisira peut-être des intras moins délicats à fitter et plus solidement maintenus en place.
Maintenant ce problème de maintien semble dépendre aussi de l’anatomie auriculaire de chacun et ne pas affecter systématiquement tous les utilisateurs de SA7.

 

2) LES FILTRES: TROIS CANULES, TROIS BOUCHONS = NEUF DEUX POSSIBILITÉS pour la plupart des oreilles.

Le package des SA7 comporte donc une panoplie de filtres, évoquée plus haut, qui rassemble pas moins de trois canules pour les aigus et trois bouchons pour les graves, chacun identifié par un symbole (pour les bouchons) ou une couleur (pour les canules) spécifique: les « plus » (canule noire, bouchon +), les «neutres » (canule chrome à filtre vert, bouchon =) et les « moins » (canule chrome à filtre jaune et bouchon -).

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Les bouchons de basses… (Photo: DZ.)

Les embouts des basses jouent sur la caisse de résonance des intras : en réduisant celle-ci pour les -, en gardant la taille du corps de l’intra pour les = et en ajoutant un léger évent filtré pour les + (sans impact notable sur l’isolation). Les canules des aigus, quant à elles, font varier l’aigu par l’adjonction d’un filtre très similaire à ce qu’il y a dans les SA6 ou à l’intérieur des SM64. Ce filtre, vu qu’il est en sortie sur le chemin de propagation du son, ne va pas altérer uniquement les aigus… et c’est là que les choses deviennent un peu délicates, comme nous allons le voir
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… et les canules des aigus. (Photo: DZ.)

Théoriquement, ce set de 3×3 filtres devrait, en toute logique, offrir 9 combinaisons possibles. Dans la pratique, nombre d’audiophiles risquent de faire l’impasse sur plusieurs d’entre elles. D’abord, les SA7 ne sont clairement pas des intras pour basseux, donc basses – ne sera une option envisageable que pour ceux appréciant un signal plutôt allégé en basses fréquences, le bouchon – ayant même tendance à édulcorer le corps des médiums en les privant d’une partie de leur assise fréquentielle. Les aigus +, ensuite, ne seront sans doute supportés que par les « oreilles aiguës » prêtes à endurer stridences et sibilances pour satisfaire leur passion des hauts registres. Comme en outre, la canule – des aigus, quoique « gonflant » les médiums des SA7, a aussi pour effet collatéral (de part sa disposition en sortie d’intra, comme nous venons de l’évoquer) de modifier les registres inférieurs et, en l’occurrence, de faire baver les basses sur le bas-médium, seules deux combinaisons de filtres aigus/basses intéresseront probablement la majorité des utilisateurs : =/= et =/+.
De base, les SA7 sont montés en =/=, combo qui offre à notre goût le meilleur équilibre fréquentiel. La solution =/+ a aussi ses avantages, notamment quand on veut des basses avec plus de corps, de présence, même si elle peut à la longue sonner trop boomy et nuire au rendu des timbres.

 

3) LA BOÎTE DE TRANSPORT.

C’est un autre point positif de ce bundle : les SA7 sont proposés dans une boîte Pelican noire, garnie de mousse creusée de logements sur mesure, qui pourrait servir de bunker anti-atomique à un criquet ou à un hamster nain (ou encore à l’iBasso DX50 qui s’y loge parfaitement!). Autant dire que là-dedans, vos intras seront bien à l’abri.
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Les bijoux dans leur écrin… (Source: Sleek Audio.)

Cela dit, nous aurions aimé disposer aussi d’un étui plus nomade, la Pelican étant tout de même très volumineuse. Sleek Audio en vend du reste sur son site pour moins d’une dizaine d’euros. L’intégrer au bundle des SA7 aurait été un plus appréciable…

 

4) LE CÂBLE.

Soyons clairs: c’est ZE mauvais point.
Certes il est bien souple, détachable, ses connecteurs sont rotatifs (ce qui permet d’orienter l’intra comme on veut dans l’oreille et de porter le câble vers le bas ou par-dessus l’oreille) et ceux-ci tiennent fermement dans leur prise… mais ce sont à peu près les seules qualités de cet « accessoire ».
Tous les commentateurs sont unanimes à ce sujet et nous les rejoignons: le câble des SA6/SA7 (comme celui des CT6 et des CT7 d’ailleurs) est une des pires inventions de l’homme, juste après les câbles non détachables. Il chope du bruit microphonique à gogo (du moins quand il n’est pas porté par-dessus l’oreille ni avec une pince), il est fragile, la gaine de son jack se décolle assez rapidement, il peut développer des faux contacts au niveau du jack ET des connecteurs et, même si vous utilisez des précautions de sioux, sa gaine finira par se rigidifier, surtout sur les parties en contact avec la peau/la sueur, jusqu’à craquer et laisser apparaître les conducteurs… Bref, ce câble, c’est le mal.
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L’objet du délit… (Source: Touchmyapps.)

Et ce n’est pas comme si Sleek Audio ne le savait pas : déjà la plupart des utilisateurs de SA6 avaient pu constater que sa durée de vie moyenne n’était que de six mois maxi… Nous suivons actuellement plusieurs pistes pour lui trouver un remplaçant plus solide, dont un modèle Forza Audioworks tout juste reçu au moment de la publication de ce test mais qui nous paraît plein de promesses et dont vous reparlerons certainement plus tard. (NB : cette marque de câble polonaise ne fournit par les connecteurs: c’est au client de les lui envoyer avec un câble d’origine.) Sleek Audio a par ailleurs annoncé la sortie d’un câble renforcé (enfin !) qui serait maintenant proposé en standard avec les SA7 ainsi que celle d’un câble « pro » tressé qui devrait être commercialisé vers la fin de l’été… Croisons les doigts.

 

III. Specs

Corps en aluminium fraisé, revêtu de silicone satiné
Drivers: deux armatures équilibrées (BA) à spectre large, placées l’une au-dessus de l’autre (dans la position d’insertion recommandée)
Réponse fréquentielle: 18 Hz-20 kHz
Impédance: 50 ohms
Sensibilité: 115 dB

 

IV. Le son

Les sources choisies pour ce test ont été un iBasso DX50, un iPod Classic et un Sony NWZ-F887 comme DAPs, un C&C BH et un JDSLabs C421 comme amplis nomades, un Pico DAC/AMP et un Audinst HUD-mx1 (avec un OPA627 en sortie de DAC) branchés sur PC.
Les noms entre crochets renvoient aux morceaux ou aux albums de notre play-list de test qui sont énumérés à la toute fin de ce retour.

Le soundstage des SA7 est assez large mais sans latéralisation excessive ni solution de continuité: c’est un écran panoramique uniforme. En outre le placement des sources sonores y est plutôt précis. On retrouve sur ces intras l’impression d’espace qui caractérisait déjà leurs aînés et a fait en partie leur succès. Comme sur les SA6, l’image stéréophonique que proposent les SA7 est bien distributive, avec de l’air entre les pupitres [Snooze]. Même les amateurs d’oreillettes HDG recherchant plus d’isolation ne devraient pas s’y sentir trop confinés.
La scène des SA7 n’est pas non plus dénuée de hauteur même si celle-ci n’a rien de démonstratif et ne s’entend, pour ainsi dire, qu’à titre indicatif. Elle est néanmoins sensible dans le rendu des meilleures productions [Flaming Lips, Vista Le Vie], avec une impression d’épanouissement frontal, comme si le soundstage gagnait en verticalité juste devant notre nez.
Là où la scène des SA7 est lacunaire, cependant, c’est en profondeur, au point que l’étagement des plans peut en souffrir et que sa perception est parfois compromise. Cela est notamment le cas sur les prestations live [Nirvana]. Fort heureusement, la position de l’auditeur, très proche de la scène, voire tout contre (mais pas dessus!), compense un peu cette défaillance, surtout dans le rendu des enregistrements en petite formation [Pixies], et permet globalement une bonne immersion dans la musique.

De façon plus générale, les SA7 sont des systèmes d’écoute qui proposent une restitution extrêmement tenue des réverbérations, au point que l’extension des notes, notamment dans les bas registres, risque d’en paraître écourtée, d’où peut-être l’impression de tassement de la scène en profondeur. Pour autant, leur rendu des reverbs est globalement exact et donne à bien sentir les spécificités des lieux d’enregistrement et/ou les choix de la production en matière de spatialisation acoustique. Il concourt également au respect des timbres, comme on le verra plus loin.

La réponse fréquentielle de ces intras nous a paru exemplaire dans la gamme de prix qui est la leur. Nous pensons même que, sur ce critère précis, ils pourraient en remontrer à des écouteurs deux à trois fois plus chers qu’eux.
Les aigus sont clairs, finement articulés et montent assez haut. Ils nous ont paru à la fois transparents, fluides et énergiques. Leur présence ainsi que leur délié contribuent à l’impression de détail sans toutefois jamais tomber dans la stridence, la brillance ni la sibilance. Aucune épate dans ce registre, nulle surenchère: juste du naturel.
Cette élégance de bon ton se poursuit dans les médiums, avec notamment une transition aigus/hauts-médiums bien maîtrisée, sans chuintements ni sibilances, comme nous venons de le signaler. Nous avons néanmoins noté une certaine raideur dans cette partie haute des médiums qui peut rendre la restitution de certains instruments comme la cymbale (ou des apico-dentales : « d », « t ») assez crispée. D’aucuns y verront sans doute la rançon de la précision… et ils n’auront pas entièrement tort, car les SA7 sont effectivement intraitables avec les masters un peu raw dans le haut-médium ou désinvoltes avec les colorations de ce registre [Everlast, Living Color]. Bref, comme les aigus, les hauts-médiums sont simplement clairs et exacts, avec juste une pointe de raideur.
Cette clarté (et cette raideur aussi, fort heureusement!) vont en diminuant à mesure qu’on descend dans le registre, générant par comparaison un petit effet de voile sur le milieu des médiums et comme un léger empâtement dans le bas-médium. Rien de grave, cependant. Nous trouvons même, au contraire, que les voix y gagnent en présence et en sensualité, en particulier celle des chanteuses [Air] qui gardent ainsi leur raucité naturelle, sans rien d’édulcoré ni de fade : on sent bien le passage du souffle dans leur gorge, ce qui concourt à rendre leur prestation encore plus sensuelle. Quant au bas-médium, il est riche et opulent… tout en demeurant tenu!

En fait, de façon globale, c’est cette exactitude qui, comme dans les aigus, frappe également dans la restitution des médiums pris comme un tout. Ceux-ci, à une première écoute, pourraient paraître « plats » voire ternes alors qu’en réalité ils n’ajoutent rien au signal d’origine: si les voix de tel ou tel morceau ont été enregistrées avec de la distance ou de manière un peu désincarnée, c’est de cette façon qu’elles sonneront sur les SA7, ni plus ni moins. Si en revanche les médiums sont charnus et bien traités dans un track (tel le xylophone dans [Snooze]), alors ce sera un régal pour l’auditeur!
Cette fidélité est encore plus notable dans les basses… même si cela paraîtra très certainement moins évident à ceux qui privilégient un rapport immersif avec la musique. Car, nous insistons sur ce point : les SA7 ne sont définitivement pas des intras pour bassheads. La raison en est assez simple et nous l’avons déjà soulignée plus haut : la très grande tenue des reverbs et, par contrecoup, des extensions, c’est-à-dire de ce qui fait la résonance d’un son. Or les extensions ou résonances sont ce qui donne leur ampleur aux sonorités graves, ce qui les fait « sonner ». De ce fait, si les SA7 descendent « objectivement » très bas et sont même capables de rendre avec toute la précision et même la « graisse » souhaitée un grondement d’infra-graves [Biosphere, Rich & Lustmord] et si, par ailleurs, ils offrent également beaucoup d’impact et de texturation à la restitution des mid-basses, au point de rendre par exemple le bois des contrebasses de jazz presque « tactile » [Tchicaï & Rek], il n’en reste pas moins que le déploiement des basses va rester relativement confiné sur leur scène sonore, sans empiéter sur l’expression des autres registres, et que ce manque réel d’autorité risque de frustrer tous les audiophiles qui apprécient d’être emportés par la musique comme par un tsunami sonore. Avec les SA7, vous verrez la vague des basses approcher, vous en goûterez tous les courants internes… mais elle ne vous submergera pas.

Il nous reste un dernier point à préciser pour rendre vraiment justice à la qualité du spectre des SA7: souligner sa très grande cohérence. Certes, les registres et même les sous-registres sont nettement séparés dans la restitution offerte par ces intras, jamais aucun d’eux ne donne l’impression d’empiéter sur ses voisins : aigus, médiums et basses restent à leur place, de même que leurs subdivisions respectives. Néanmoins la réponse fréquentielle des SA7 ne présente aucun « trou » ni ressaut. La transition d’un registre à l’autre est souple, aisée et mériterait elle aussi, sans doute, le qualificatif de « naturelle ». De ce point de vue, et surtout pour des multi-armatures, les SA7 sont un peu en état de grâce et témoignent d’un haut degré de maîtrise de cette technologie et de sa mise en œuvre par Sleek Audio.

Comme on peut s’y attendre à la lecture des caractéristiques du spectre des SA7, ces intras frappent par la fidélité de leur restitution des timbres, d’autant qu’ils sont par ailleurs plutôt rapides [Justice, Stiletto Gianni, Transwave, Nostromo]. Cette relative précision d’ordre temporel jointe à un fort pouvoir de résolution spatiale (latéralement du moins) et à l’exactitude fréquentielle de ces intras font qu’en règle général les instruments, acoustiques en particulier, sonnent sur les SA7 avec autant de présence que de véracité. Cette impression est cependant à pondérer par la prise en compte de la relative dureté du haut-médium ainsi que par l’absence quasi-totale d’emphase dans le rendu des résonances des plus bas registres: du coup, comme nous l’avons signalé plus haut, les sources situées dans le haut du médium (cymbale, caisse claire, voix féminines) peuvent à l’occasion présenter une forme de crispation voire de métalléité un peu artificielle et les mid-basses, aussi bien détourées et précises soient-elles, risquent, à l’oreille de certains, de paraître manquer de chaleur, de velouté…
Nous atteignons là en fait les limites de la signature propre au SA7 qui est fun mais analytique, fluide mais détaillée, coulante et naturelle mais sans rondeurs ni empâtements marqués… « défaut » tout relatif, donc, et qui peut même être considéré comme une qualité.

http://www.youtube.com/watch?v=3ChphF33zAE

Alors, qu’en conclure? Que les SA7 sont la perle rare à acheter de toute urgence, sans réfléchir plus avant? Certainement pas!
D’abord, tout achat d’intras exige réflexion(s) et lecture(s), règle générale que nous tenons à rappeler.
Ensuite, comme nous venons de le faire remarquer, la signature des SA7 est certes paradoxale mais surtout typée: sans (trop) sacrifier chaleur ni moelleux, elle penche quand même assez nettement vers la clarté et la précision et d’aucuns seraient même susceptibles de la trouver carrément sèche et peu sexy.
Enfin, le rendu de ces intras est marqué par de réelles singularités « objectives » qui ne satisferont clairement pas tout le monde: le tassement du soundstage, une certaine dureté dans le haut-médium et aussi une particularité dont nous n’avons pas encore parlé jusqu’à présent mais qu’il faut bien traiter maintenant et, surtout (ce qui ne va pas être facile), essayer de comprendre: une relative mollesse dans les attaques.

Ce n’est pas que les SA7 soient en panne de dynamique, loin de là!
Intras très « chantants » et musicaux, ils sont aussi indubitablement percutants, ce qui contribue à leur côté fun et entraînant: sur des musiques rythmées, les SA7 manquent rarement de faire taper du pied [Slam, The Killers].

Seulement voilà: dans les genres « virtuoses » tels que le jazz improvisé ou la trance-tek, si la rapidité de ces intras fait toujours merveille, il se peut qu’on perçoive aussi un phénomène d’estompage des entames de sons, un certain manque de nervosité dans le jaillissement.
Attention : on est là dans le ressenti subtil… mais il n’empêche que d’aucuns risquent de percevoir comme un défaut d’accentuation dans la manifestation des sons courts et vifs sur les SA7 et de trouver parfois un peu sourde ou feutrée leur restitution de signaux complexes. C’est en tout cas ce que nous avons cru relever dans les prestations acoustiques et sur les instruments à anche, notamment ceux joués avec beaucoup de délié (le saxophone de John Thicaï par exemple) ou encore sur les percussions électroniques traitées en salves de syncopes, comme dans la drum’n’tech de Gianni Stiletto.
Il est vrai que cette mollesse des attaques est aussi un des facteurs responsables de la musicalité des SA7 mais il n’en reste pas moins que cette escamotage au niveau micro-dynamique pourra, aux plus pinailleurs des audiophiles, gâcher un peu la très grande jouissance acoustique que sont par ailleurs capables d’apporter avec brio ces intras.

 

V. Trois face-à-face

1) SA7 VS SA6.

Que donnent les SA7 face à leurs prédécesseurs ? A priori les SA6, monotransducteurs, partent avec un désavantage. De façon générale, on retrouve la patte Sleek Audio dans la présentation et dans l’équilibre spectral des deux paires d’intras, ce mélange assez unique et remarquable d’aération et de présence.

La scène sonore des SA7 est plus large, avec notamment un effet stéréo plus marqué. Les SA7 donnent une plus grande impression d’espace mais aussi d’immersion. Ils laissent également percevoir une meilleure séparation entre avant et arrière du soundstage et donc un meilleur étagement des plans en profondeur.

Voyons maintenant ce qu’il en est du côté de la réponse fréquentielle.
Les aigus sont d’une intensité comparable d’une paire à l’autre, mais ceux du SA7 sont mieux définis, moins métalliques, ce qui les rend moins fatigants. .. du moins quand ils sont montés avec la canule = et les SA6 en aigus +, configuration où les restitutions respectives de ce registre par l’une et l’autre paires d’intras paraissent les plus proches. A ce propos, il est à noter que, si les filtres à l’intérieur des canules sont identiques pour les = (vert), les canules + des SA7 sont dépourvus de filtre alors que les canules + des SA6 ont un filtre gris : il est dommage que ce filtre ne soit pas disponible pour les SA7 car il constituerait un palier intermédiaire avant la canule + et permettrait ainsi d’avoir un moyen de souligner un peu plus les aigus sans tomber dans les sibilances et les stridences qui, à d’aucuns, pourront sembler affecter le rendu des SA7 montés en canule +…
Les médiums des SA7 sont plus détaillés, plus propres que ceux des SA6, et présentent à la fois plus de corps et un meilleur filé: que ce soit sur les instruments ou les voix, les SA7 donnent à entendre plus de matière aussi bien dans l’attaque que dans la traîne des médiums. Cette qualité associée à une meilleure représentation de la scène sonore fait qu’on ressent bien plus la présence des instruments et en particulier celle des chanteurs/chanteuses devant nous, voire autour de nous, et que cette présence se signale tout autant par un surcroît de suavité que de contourage.
C’est cependant dans le rendu des basses que les SA7 affirment le plus leur différence avec leurs prédécesseurs… Et cela tombe bien car c’est justement dans ce domaine qu’ils étaient le plus attendus ! A vrai dire les basses des SA7 n’ont pas grand-chose à voir avec celles des SA6. Certes, on retrouve chez les premiers la qualité et la définition qui caractérisaient déjà ce registre chez les seconds mais il s’affirme avec nettement plus d’autorité et d’impact chez les SA7. Même montés en bouchons =, ceux-ci proposent des infra-graves à la fois plus précis et plus présents que leurs devanciers et, si les SA6 pouvaient être considérés comme des intras manquants de basse, ce n’est pas le cas des SA7, quand bien même, nous le répétons, ces derniers ne sauraient vraiment satisfaire les audiophiles les plus bassheads.

Il semblerait, en conséquence, que l’apport d’un transducteur supplémentaire permette effectivement aux SA7 de surpasser leurs aînés dans bien des secteurs. Toutefois, ceux qui préfèrent des graves moins marquées, notamment sur certains types de musique, pouvaient quand même trouver leur bonheur naguère avec les SA6 tant ceux-ci démontraient déjà un bel ensemble de qualités alliant détail et cohérence dans tous les domaines.

 

2) SA7 VS EARSONICS SM64.

Si la scène des SA7 est un peu plus large que celle des SM64 et aussi un peu plus « hors la tête », elle a en revanche moins de profondeur et de hauteur. Néanmoins, grâce à cette meilleure latéralisation, la séparation des instruments et des voix nous a paru meilleure sur le soundstage des Sleek Audio que sur celui des Earsonics qui nous a semblé plus confiné et donc moins résolutif.

Même tableau contrasté dans le rendu fréquentiel: les basses sont à la fois plus présentes et mieux définies sur les SM64. En fait les SA7 pâtissent un peu, dans ce secteur, de leur système de modification de la signature: avec le bouchon +, les basses sont aussi perceptibles que sur les SM64 mais plus brouillonnes, tandis qu’avec le bouchon =, si les graves des Sleek Audio deviennent tout de suite plus texturées, elles ne s’imposent plus autant qu’avec les Earsonics. Cela dit, il s’agit là aussi d’une affaire de goût, chacun ayant ses propres exigences en matière de perception des basses et plaçant différemment l’équilibre, en ce domaine, entre définition et présence…
Dans les aigus, la balance penche un peu plus nettement du côté des SA7. Les aigus des SM64 sont sans doute plus précis, plus incisifs surtout, mais ceux des Sleek Audio ont pour eux une plus grande subtilité, plus de délié, moins de sécheresse.

http://www.youtube.com/watch?v=3wtdFf5QLFw

C’est surtout au niveau des médiums que l’affaire achève d’être tranchée: dans ce domaine, les SA7 mettent clairement la déculottée au SM64. La restitution des médiums sur les Sleek Audio l’emporte, en effet, à la fois en présence et en résolution. Cela se remarque en particulier sur les voix masculines. Par exemple, sur la chanson « Telegraph Road » de l’album Private Investigations de Dire Straits, où la voix de Mark Knopfler, enregistrée à un niveau très particulier, ne supporte pas que les médiums soient en retrait, si les Earsonics donnent déjà à entendre beaucoup de détails, les SA7 affirment une définition encore supérieure, impression qui se confirme à l’écoute des duos de Joshua Radin ou à celle du « Dear Rosemary » des Foo Fighters. Sur ce dernier morceau, la finesse du rendu des Sleek Audio est particulièrement audible en ce qu’elle donne à percevoir, beaucoup plus clairement que sur les SM64, l’artifice de production qui rend aussi captivante qu’entêtante la voix du leader du groupe, Dave Grohl: un subtil effet de chorus, c’est-à-dire de réplication de la voix en déphasage temporel droite-gauche.

De façon plus globale, ce que prouvent une fois de plus les SA7 dans cette comparaison avec les SM64, c’est la très grande cohérence de leur spectre : si les Earsonics frappent par l’ampleur et la précision de leurs basses, c’est peut-être au détriment des autres registres, notamment des médiums, alors que, dans la réponse fréquentielle des Sleek Audio, il n’y a pas de parent pauvre.
Sur les SA7, rien ne s’impose mais tout chante.

Côté dynamique et rapidité, malgré la mollesse relative de leurs attaques, les SA7 enfoncent tout aussi clairement les SM64 par leur punch et leur entrain conjugués.
Sur « Mr Brightside » de The Killers, l’entame avec les Sleek Audio donne vraiment envie de taper du pied. On se sent tout de suite entraîné et une envie irrésistible de monter le volume nous envahit. C’était un peu le cas, déjà, avec les SM64 et leurs belles basses, mais là, c’est tout le morceau qui enivre et fait bouger.
Car malgré la qualité et l’impact de leurs graves, les SM64 offrent une restitution globalement « charentaises » qui pourrait même paraître manquer de vie à certains, là où les SA7 proposent beaucoup plus de relief et d’articulation en même temps. C’est un trait qui, à la longue, risque éventuellement de fatiguer : on ne travaille pas avec les Sleek Audio dans les oreilles, à moins de baisser sensiblement le volume. Ce n’est pas le cas avec les Earsonics dont la signature est beaucoup plus calme et feutrée et prédispose peut-être plus à la concentration.
Maintenant, il faut bien voir que ce côté plus « rentre-dedans » et démonstratif des SA7 est un peu la rançon de leur plus grande résolution et aussi d’une rapidité plus affirmée, couple de qualités qui en retour conditionne la fidélité timbrale. C’est frappant à l’écoute de l’album éponyme de Justice qui sonne métallique et brouillon sur les SM64 alors que les SA7, ici comme ailleurs, respectent mieux les intentions de la prod et rendent avec plus d’exactitude l’aspect ambivalent, à la fois chaotique et ordonné, du son voulu et recherché par le duo electro.

 

3) SA7 VS DASETN M760.

Evacuons tout de suite une différence évidente : oui, les Sleek Audio SA7, en tant qu’intras, isolent beaucoup mieux des bruits extérieurs que les écouteurs-boutons que sont les Dasetn MX760. Il s’agit simplement ici de comparer leurs performances respectives dans un environnement calme et non parasitaire d’un point de vue audio : à la maison donc, mais aussi au cours d’une promenade à la campagne, à l’occasion de moments de détente au jardin, etc…

Comme on peut s’y attendre, la sonorité globale des Sleek Audio SA7 est bien moins aérée et ouverte que celle des Dasetn M760. Certes, pour leur prix, les SA7 offrent une scène qui est déjà beaucoup « hors la tête » mais elle ne saurait rivaliser sur ce point avec celle des meilleures oreillettes dont le rendu, en terme de spatialisation, est nettement plus proche de celui d’une paire d’enceintes : comparativement, celui des SA7 donne l’impression de rester « dans le caisson ».
Il est plus étonnant, en revanche, de constater que le soundstage des MX760, malgré sa largeur et son aération supérieures, restitue les espaces sonores avec plus de fidélité que celui des SA7. La scène des SA7 souffre ici de ses deux défauts constitutifs : une forme de tassement frontal qui affecte l’étagement des plans en profondeur et une tenue sans doute excessive des reverbs qui, quoique mieux retranscrites sur les intras, y sont aussi plus écourtées. Du coup, si les SA7 sont plus précis que les MX760 dans la présence et le détourage des sources dans le panoramique, ils offrent une scène moins cohérente et à la forme moins aisément perceptible que celle des écouteurs-boutons qui ont pour eux une meilleure résolution en profondeur et un rendu des reverbs moins sec.
(Il est à noter que l’avantage dont disposent encore les SA7 face aux MX760 dans la résolution latérale ne tient même plus face à des oreillettes HDG de meilleure qualité encore, comme les Blox BE5, les Tingo TG-38S ou encore les Awei ES10 qui, tant en largeur qu’en profondeur, proposent un soundstage encore plus résolutif que celui des Sleek Audio, et cela tout en gardant une supériorité nette dans la restitution des acoustiques.)

Cette défaillance de la scène des SA7 dans la dimension frontale affecte également une partie de leur réponse fréquentielle et plus précisément leurs médiums qui, faute de « gras » dans les résonances, paraissent sonner un peu en retrait comparativement aux médiums des MX760. Cependant, à part cette relative (et légère) indentation dans le rendu fréquentiel des intras, ceux-ci présentent par ailleurs un spectre bien mieux tenu et plus régulier que celui des MX760.
En premier lieu, les basses des SA7 descendent plus profond que celles des oreillettes et avec plus d’autorité. Les Sleek Audio offrent notamment des infra-basses précises et sèches alors que la restitution des écouteurs-boutons en est quasiment dépourvue. Dans ce domaine, la compétition n’est même pas inégale : elle est injuste, la conception même des oreillettes leur interdisant une restitution des registres infra-graves qui soit plus qu’indicative. Néanmoins, c’est aussi dans les mid-basses que les SA7 affirment une supériorité assez évidente : cette partie du spectre audio est à la fois mieux texturée et plus dense sur les SA7 que sur les MX760.
Dans le bas-médium, le rapport de forces se rééquilibre un brin, les écouteurs-boutons offrant plus d’impact et de velouté dans la restitution de ces fréquences… mais cela au détriment de la clarté dont, pour leur part, les intras se départissent rarement.
C’est en fait surtout dans les hauts-médiums que les Dasetn grappillent de nouveau quelques points sur les Sleek Audio. Dans ce registre, comme nous l’avons vu précédemment, les SA7 souffrent d’une dureté qui nuit à l’authenticité de leur rendu des instruments ayant leur fondamentale ou leur attaque dans ce registre, telle la caisse claire par exemple, alors que les MX760 offre des hauts-médiums une restitution plus souple, plus relâchée qui, de ce fait même, sonne avec plus de réalisme.
Les SA7, grâce à la précision de leurs armatures BA, reprennent clairement la main dans les aigus, avec ce mélange remarquable d’énergie et de délicatesse qui caractérise leur rendu dans cette partie du spectre. Non que les MX760 déméritent dans ce secteur fréquentiel mais, comparés au SA7, ils y manquent assez nettement de brillant, de chatoiement, de détail…

La fidélité fréquentielle globalement supérieure et plus régulière des SA7 sur toute l’étendue du spectre leur permet de restituer les timbres avec plus de justesse aussi, et cela malgré une dynamique dont nous avons déjà évoqué les particularités. Car l’escamotage des attaques sur les intras ressort également de ce comparatif avec les MX760 qui sonnent plus incisifs, notamment dans le rendu des mid-médiums. Et comme ce registre est également plus en avant sur les écouteurs-boutons, ceux-ci paraissent aussi plus rapides de manière générale. C’est particulièrement frappant dans les passages les plus énervés des tracks comportant des sets rythmiques un peu complexes [Stiletto, Nostromo]: la « lisibilité » des interventions instrumentales y est moins évidente sur les Sleek Audio que sur les Dasetn.
Maintenant, et curieusement, les SA7 proposent par ailleurs un bien plus grand respect des transitoires et une micro-dynamique plus résolutive qui permet, sur le « Where Is My Mind » des Pixies, par exemple, de mieux percevoir les arpèges de la guitare sèche en contrepoint du martèlement du couple basse-batterie et des riffs de la guitare électrique, subtilité de prod qui échappe plus ou moins aux MX760.

 

VI. Note

17/20

Une restitution de base à la fois analytique et immersive ainsi que la possibilité de nuancer cette signature sonore à volonté, grâce à un jeu intelligent d’accessoires, donnent à ces écouteurs intra-auriculaires, malgré un câble trop fragile, un rapport qualité/prix exceptionnel.

 

VII. Play-list de test

Cette liste ne comporte que les morceaux ou albums qui nous ont servi à tester les SA7.
Il va de soi que, possédant tous trois ces intras depuis un bon moment, nous avons eu le temps d’en profiter sur un panel de musiques bien plus conséquent…

Air – Moon Safari – « All I Need »
And So I Watch You From Afar – Audiotree Live – « Big Thinks Do Remarkable »
A Perfect Circle – Thirteenth Step – « The Package »
Beastie Boys – Licensed to Ill
Biosphere – Substrata – « Kobresia »
Coldplay – Viva La Vida – « Viva La Vida »
Dire Straits – Private Investigations – « Telegraph Road », « Sultans of Swing », « Love over Gold »
Everlast – Whitey Ford Sings The Blues – « Get Down »
Flaming Lips (The) – Yoshimi Battles The Pink Robots – « All We Have Is Now »
Foo Fighters – Echoes, Silence, Patience & Grace – « The Pretender »
Foo Fighters – Wasting Light – « Bridge Burning », « Dear Rosemay », « Arlandria », « Walk »
Genesis – The Way We Walk
HARPER Ben – Fight for your Mind
Iron Maiden – Greatest Hits – « Run To The Hill »
Justice – Justice
Killers (The) – Hot Fuss – « Mr Brightside »
Living Colour – Stain – « Nothingness »
Lostprophets – Start Something – « Last Summer »
Massive Attack – Mezzanine
Nirvana – Unplugged In New York – « Dumb »
Nostromo – Ecce Lex – « Still Born Prophet »
Pixies – Surfer Rosa – « Where Is My Mind »
Police – Certifiable Live – « So Lonely »
RADIN Joshua – We were here
RICH Robert & LUSTMORD Brian – Stalker – « Elemental Trigger »
Snooze – Americana – « The Wave »
STILETTO Gianni – Kognitive Devide – « Reality Port 23 »
Supertramp – Best Of
TCHICAI John & REK Vitold – Satisfaction – « Hullo »
Transwave – Phototropic – « Byron Bay »
U2 – Joshua Tree – « Where The Streets Have No Name », « With Or Without You »
Vampire Week End – Contra – « White Sky »
Vista Le Vie – A Futuristic Family Film – « Kids With Gloves »

 

VIII. Avertissement

Le membre de TN dénommé « MrButchi, jecr & DZ » est une entité créée exclusivement pour la publication de ce test.
Si vous désirez vous adresser à l’un des trois testeurs en MP, veuillez le contacter individuellement, via sa boîte de réception personnelle.
Il ne sera répondu à aucun message envoyé à la boîte de « MrButchi, jecr & DZ ».

 

3 thoughts on “[Test] Sleek Audio SA7: un retour à six oreilles.”

  1. Merci, il est vrai que le cable de Sleek Audio est une horreur. j’ai le CT6 et le Sa6 et je ne les utilisent plus depuis quelques années à cause de ce problème.
    J’ai payé presque plus cher de cables que de casque avec ces problèmes de qualités !

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