[Test] 64 Audio U18 Tzar

En plein cœur de l’été, entre un Mojito et une Pina Colada, l’équipe du Blog TN a le plaisir de vous présenter le test d’une paire d’intras très haut de gamme, les 64 Audio U18 Tzar. Bonne lecture, bonnes vacances, et merci Sausalito ! (^-^)

Nous vivons une époque formidable. Il y a encore trois ans, les intras valant environ 1500€ étaient peu fréquents et ceux plus chers encore rarissimes. Nous assistons aujourd’hui à une inflation de modèles dépassant les 2000€ voire les 3000€ et quand à leur sujet on parle de très haut de gamme, on  ne sait trop si l’expression s’applique aux qualités des produits ou à leur prix stratosphérique ! 64 Audio, fabriquant d’intras basé à Vancouver, USA, s’est mêlé au combat en proposant en ce début d’année deux fleurons : les Tia Fourte et les U18 Tzar.

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Ce sont ces derniers qui font l’objet de ce retour.

Présentation

Quelques jours après vous être acquitté de la somme de 3000$ environ, vous recevrez la boîte tant attendue qui, il faut bien le dire, m’est apparue un peu cheap. Rien à voir avec le coffret en bois des Genesis ou la belle boîte des Arthur. Cela dit, rien ne manque : six paires d’embouts dont la moitié sont des Comply, un étui de protection style Pelican (mais bien moins solide, hélas) pour le rangement de vos précieux, des modules Apex, une brosse de nettoyage et un clip.

Le câble est un modèle « premium » SPC (Silver Plated Copper), à connecteurs 2-pin et jack coudé. Il est léger et semble assez solide. Son seul défaut ergonomique est de trop facilement garder la mémoire de forme. Du point de vue musical, il semble avoir été très bien choisi. J’ai essayé le Brimar Audio, câble Silver/Gold qui se marie divinement avec les Arthur ainsi que l’Excalibur (qui, au passage, coûtent tous deux dix fois plus cher) : ils n’apportent rien aux Tia Tzar, le Brimar ayant même tendance à trop lisser leur sonorité en leur faisant perdre de la transparence.

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Reste le plus important : les intras. Contrairement à ce que donnent à penser les photos qu’on peut voir sur le net, les Tia Tzars ne ressemblent pas à des bonbons dans lesquels on aurait injecté un colorant d’un rouge vulgaire et tape à l’œil ! Ils sont, à mon goût, réellement esthétiques. Leur coque est en aluminium et respire la solidité. Les Tia ont une petite taille et l’on se demande comment diable ses concepteurs ont pu y caser leurs dix-huit drivers. En tout cas, ils offrent un fit parfait et devraient pouvoir se loger douillettement dans tous les conduits auditifs.

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Qu’en est-il de l’intérieur ? Il va falloir, pour l’aborder, un (tout petit) peu de vocabulaire et de technique. Si vous cherchez des informations sur les 64 Audio U18, vous tomberez très vite sur deux acronymes, TIA et APEX, qui résument l’apport technologique de la marque sur ce modèle, apport qui expliquerait en grande partie les qualités sonores des U18. Que les esprits scientifiques pardonnent la simplification abusive de mes explications, ils trouveront sur la toile de quoi épancher leur soif de connaissances…

APEX est l’acronyme d’Air Pressure Exchange et TIA celui de Tubeless In-ear Audio.

La technologie APEX consiste à diminuer autant que possible la pression acoustique qui atteint le tympan et est susceptible de causer une « fatigue » que nous connaissons tous après une trop longue session d’écoute, voire de donner des acouphènes. La pression est libérée par l’intermédiaire de modules dont il existe deux modèles à l’heure actuelle : l’AM20 qui procure une isolation de 20db et l’AM15 de 15db. Je peux d’ores et déjà dire qu’en effet j’ai ressenti nettement moins de fatigue à l’écoute des Tia qu’à celle des Arthur, tout en ayant la possibilité d’écouter les premiers à un volume plus élevé.

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La technologie TIA est en fait… une absence de technologie et consiste à laisser résonner certains drivers dans la coque de l’intra, sans l’intermédiaire de tube (d’où son nom) entre leur mécanisme résonnant, en l’occurrence une armature, et l’ouverture de la canule donnant dans le conduit auditif. L’avantage de cette mise en prise directe avec le tympan d’une des armatures des Tsar, celle dévolue au rendu des aigus, est la réduction drastique des résonances et vibrations parasites.  En découlent plusieurs avantages : une plus grande cohérence du spectre, en particulier à l’articulation hauts-médiums/aigus ; une sonorité globalement plus fluide et plus « musicale » et, enfin, une image stéréophonique plus ample et plus profonde.

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Spécifications :

  • Impédance à 1Khz : 9 ohms
  • Sensibilité : 116 dB
  • Plage de fréquences: 10 Hz-20 Khz
  • Isolation : -20Db avec l’AM20 et -15 Db avec l’AM15
  • 18 Drivers : 8 BA pour les basses, 8 BA pour les médiums, 1 BA pour les hauts-médiums, 1 Tia pour les aigus.

Conditions de l’écoute

J’ai pu profiter des Tia Tzar pendant environ cent vingt heures, la plupart du temps avec le Cowon Plenue 2 et quelques heures avec le FiiO X5 III. Dans les deux cas j’ai privilégié le réglage de base dit « normal ». Il est à noter que les réglages du Cowon permettent d’obtenir d’une manière fine et sans dénaturation du son une signature proche de ses propres goûts. Je n’ai pu, hélas, utiliser le Sony NW-WM1A et le Hifiman HM-901s qui étaient alors déjà partis vers d’autres rives…

J’ai bien sûr écouté les U18 avec les deux modules APEX mais les observations qui suivent ont été faites essentiellement avec l’AM20, l’AM15 apportant des différences qui à mon avis ne changent pas fondamentalement la signature des Tzar.

En ce qui concerne les comparaisons, c’est avec les Arthur que j’ai spontanément eu le plus envie de confronter les Tzar, d’autant plus que j’ai eu ces deux paires d’intras en même temps et qu’elles offrent un moyen fabuleux d’évaluation par leurs qualités et la complémentarité qu’ils présentent, mais je ferai à l’occasion de courtes références aux Tralucent Plus 5, aux EarSonics S-EM9 ainsi qu’aux Oriolus.

Je dois à la diversité régnant sur TN d’avoir abordé des styles de musique qui ne me sont pas familiers comme l’Electro ou le Métal ! Cela a été fort utile pour tester – par exemple – la rapidité de ces intras ; mais je suis revenu quand même sur quelques titres que j’ai écoutés des milliers de fois : je peux repérer le moindre changement dans leur rendu.

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Analyse sonore

Signature et perception globale

Les Tia Tzar me sont parvenus précédés d’une réputation d’intras neutres. C’est un terme qui m’inquiète toujours, les DAPs et les intras que j’ai eu l’occasion d’essayer et qui étaient présumés neutres m’ayant généralement laissé une impression négative : des basses sans impact, des médiums sans texture, des aigus plutôt durs et une absence d’harmoniques dévitalisant la musique ! C’est peut-être utile pour le monitoring, mais pas pour l’amateur de musique et me laisse à penser que le terme de neutralité est mal choisi…

Le soulagement fut d’autant plus intense dès les premières écoutes des U18. Les basses de ces intras sont présentes, y compris les infra-basses, leurs médiums ont une texture d’une finesse et d’une qualité exceptionnelles et leurs aigus sont un enchantement !

Nous avons donc affaire à une signature que je préfère appeler « équilibrée », qui se caractérise également par une grande douceur. Pour employer une image, je dirais que les Arthur donnent le sentiment que le passage d’un sous-registre à l’autre se fait à la manière de marches d’escalier, ce qui est probablement dû à l’exceptionnelle pouvoir séparateur de ces intras, alors que les Tia suivent une pente droite, sans même présenter cette bosse souvent fréquente aux alentours des 6-7 kHz.

Dès l’abord, les U18 donnent une impression de grande clarté. Les détails foisonnent dans leur restitution. Cependant, et paradoxalement, leur résolution n’est pas exceptionnelle. L’individuation ou « détourage » des voix et instruments est plus précis sur les Arthur.

Enfin, « détail » important, je n’ai à aucun moment entendu de bruits parasites ni de souffle sur les Tzar, et cela quels que soient le lecteur et l’intensité sonore choisie.

Soundstage

La présentation des Tia Tzar sur le site de 64 Audio nous dit que ces intras ont une scène sonore « hors de ce monde ». Il faut toujours se méfier de la publicité ! Cela étant, c’est un des meilleurs soundstages que je connaisse. Sa largeur est significative et si sa profondeur paraît limitée, à l’écoute de morceaux où elle est mise en valeur (Live ou musique classique), elle est en fait importante mais n’étonne pas du fait d’une présentation naturelle, là où d’autres intras proposent un étagement des plans sonores qui impressionne d’emblée mais me parait au final plus artificiel (je pense notamment aux Oriolus qui par ailleurs ont un soundstage aussi ample). La position de l’auditeur offerte par les U18 est un peu en retrait, à la place de la régie lors d’un concert par exemple, ce qui permet de percevoir le paysage sonore dans son ensemble. Avec l’AM15, cet effet est encore plus marqué.

La scène sonore des Arthur n’est pas objectivement aussi grande, mais semble plus importante du fait d’une plus grande transparence, d’une meilleure résolution. Bien que la présentation soit plus intimiste, la scène paraît ouverte et il arrive qu’un son soit perçu en dehors d’un champ qui paraîtrait « classique », il m’est arrivé d’entendre des sons paraissant venir de l’arrière des oreilles un peu à la manière des sensations que donnent les Onkyo E900M où bien nettement au-dessus du front sur des formations classiques.

Les EarSonics S-EM9 ont pour leur part une scène sonore beaucoup plus étroite mais plus profonde, elle atteint ainsi un équilibre à peu près parfait dans les trois dimensions : largeur, profondeur et hauteur.

Rapidité et Dynamique

Les attaques de notes sur les Tia sont fulgurantes et peuvent se comparer à celle des S-EM9 ou des Genesis. L’intelligibilité du message est idéale et chaque note parfaitement individualisée sur un morceau tel que « Carolina IV » d’Angra où le tempo affole mon métronome. Tous les autres intras que je connais sont nettement inférieurs dans ce domaine, que ce soient les K10, les Tralucent Plus 5 ou même les Arthur qui délivrent une extinction de note plus lente.

La dynamique relative des Tia est dans la moyenne supérieure : sur certains morceaux, on peut à la fois entendre une guitare à fort volume et le léger tremblement de la baguette balai ou encore une note légère au clavecin dans un ensemble de violons. Les seuls intras à leur être supérieurs dans ce domaine sont les Tralucent Plus 5.

Registres

Les infra-basses ne sont pas aussi percutantes que sur les Tralucent Plus 5 et les Arthur où l’on se rapproche de la sensation physique propre à ce registre, mais sont bien présentes, bien définies et texturées, comme on peut le vérifier avec « The Package » d’« A Perfect Circle ». Les Basses sont également d’une grande tenue, totalement maitrisées et sans débordement sur les autres registres. L’AM20 les met très légèrement en avant, ce qui contribue à donner de la présence aux voix masculines.

Les médiums sont légèrement en retrait de la scène sonore comparés à ceux des Arthur mais présentent une grande définition et une texture complexe. Il en résulte un grand réalisme des voix.

Les aigus sont la partie la plus impressionnante de ces intras. Leur extension paraît sans limite. Ils sont par ailleurs dépourvus de sibilances. Précis et charnus à la fois, ils donnent l’impression assez exceptionnelle d’offrir une texturation aussi importante que celle des basses dans le rendu final. Pour reprendre l’éternel exemple des cymbales, ce sont les premiers intras avec lesquels, outre une fidélité exemplaire au timbre de l’instrument, vous percevez ce frémissement caractéristique qui semble s’étendre rapidement dans toutes les directions.

Cet ensemble de qualités et l’équilibre des registres participe également au rendu exceptionnel des « ambiances », que ce soit, par exemple, sur l’enregistrement de la Missa Papae Marcelli de Palestrina enregistrée dans une abbaye, le concert Live de Led Zeppelin, l’effet hall à la fin de « Mathew and son » de Cat Stevens et j’en passe. Seuls les Tralucent Plus 5 sont aussi bons dans ce domaine.

Modules AM20 et AM15

Avec le module AM20, les infra-basses et basses sont un peu plus présentes, les aigus ont un peu moins d’extension et de présence et le soundstage est un peu plus étroit qu’avec le module AM15.

Avec le FiiO X5III

Avec le FiiO X5 III, le son est nettement plus sombre et plus organique qu’avec le Cowon Plenue 2 et le soundstage moins vaste. C’est une bonne synergie qui offre – à ceux qui trouveraient les Tia un peu trop éthérés – le surplus de corps qu’ils recherchent. Dans le même ordre d’idée, j’ai tendance à penser (même si ce n’est que pure spéculation) que les U18 donneront leur meilleur avec des lecteurs à la fois puissants, énergiques et légèrement chaleureux : je pense en particulier à l’Hifiman HM-901S, à l’AR M2 et au Sony NW-WM1A.

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Conclusion

Les Tia Tzar sont une deux meilleures paires d’intras que j’ai eue l’occasion de tester jusqu’à présent — l’autre étant les Arthur, comme vous l’aurez sans doute compris. Ces derniers m’impressionnent par leur vivacité, l’impact des basses, la texture et la définition des médiums, la beauté des aigus, l’extraordinaire sentiment de présence et de réalité qu’ils offrent. C’est le mot immersion qui pourrait le mieux les définir. A propos des Tia Tzar, ce seraient plutôt les notions de subtilité et de musicalité qui me viendraient en premier à l’esprit. Avec eux, l’émotion est esthétique et contemplative.

Pour :
Qualité de la scène sonore

Un son organique qui reste subtil
Une définition et une transparence parmi les meilleures
Une grande beauté et une grande authenticité des timbres
Des basses bien percutantes
Des hauts-médiums et des aigus exceptionnels

Contre :
Le prix

Le prix
… Et encore le prix !

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10 thoughts on “[Test] 64 Audio U18 Tzar”

  1. Sacrée belle analyse qui a demandé probablement bien des efforts et dans laquelle je retrouve beaucoup de mon ressenti à l’essai de ces merveilleux intras ainsi que dans le comparatif évoqué avec les Arthur (dont je suis désormais l’heureux possesseur).
    Avec ces Tia Tzar (et avec les Arthur) on entre probablement dans une ère nouvelle… Celle des intras de très haute définition, à la qualité stratosphérique pour un prix… astronomique !

    A la réflexion, si l’on rapproche l’évolution de cette technologie à celle de l’espèce humaine, j’ai l’impression que le jeune homme que j’étais il y a plus de quarante ans de cela, avec son malheureux et unique écouteur-bouton monophonique branché sur un misérable poste-radio « Ondes-Longues » (la FM n’existait même pas, mes pauvres petits chéris) par rapport à ce qui est proposé aujourd’hui, ferait figure d’un homo-habilis comparé à un homo-sapiens !
    A cela le progrès a du bon : mes Arthur et mon P2 en « intra-auriculeuse » et hop, j’ai à nouveau et pour toujours… 20 ans !

  2. Savoureux retour détaillé et immersif…manquait plus que le prix (c’te rabat-joie)
    Merci Sausalito…et bientôt un test des fourte hé !

  3. mrlocoluciano

    Merci pour ce beau retour.
    Par contre Vancouver c’est au Canada !!!
    Par ailleurs, as-tu pu écouter des Zeus Sausa ? Si oui je veux bien un retour de ta part.

  4. Bravo pour l’écriture et la publication de ce feedback qui laisse rêveur.
    Bonnes vacances dorénavant les blogoss.

    Et sinon, Vancouver est bien une ville de la banlieue de Portland aux USA.

  5. Pour ma part : Arthur remporte la victoire, mais pas par K.O !

    A ce niveau, il est difficile de se louper

  6. Bonjour, il y a un grand écart de prix avec mes ibasso it03, la différence niveau audio et aussi grande que le prix?

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