[Test] Custom Art Ei.3

Plus tôt dans l’année, j’avais publié un test des Harmony 8 Pro, le produit star de Custom Art. Dans cet article, je n’avais pas dissimulé que j’appréciais beaucoup ce produit et cette marque. J’avais toutefois déploré, entre autres défauts, un petit manque d’impact dans leur rendu sonore. Les Ei.3, derniers intra-auriculaires (en date) produits par Custom Art, font précisément la promesse d’une présentation beaucoup plus engageante et de plus d’impact. Est-elle tenue ?

Introduction et disclaimer

Je suis actuellement en possession de trois paires de moulés (des Harmony 8 Pro, des Spiral Ears SE5 et les Ei.3), d’une paire d’universels (des Sleek Audio SA7, ayant revendu mes EarSonics SM64 depuis longtemps), d’un iPhone 6 et d’un HP-P1 faisant office de sources, et je viens par ailleurs de débuter l’aventure sédentaire (un HD800 et un combo Lyr2/Uberfrost).

Au fond, ce qui compte c’est que j’adore la musique. J’adore ressentir les détails, l’attention que le créateur a apporté à son œuvre. Je suis particulièrement sensible aux violons et à la batterie, mon instrument préféré.

Je suis un grand fan de Piotr (le fondateur de Custom Art), que j’ai connu quand j’ai eu l’idée folle de pré-commander les Harmony 8 Pro alors que mon expérience se limitait à de l’entrée et du milieu de gamme. Je n’avais même pas véritablement testé un moulé. Étant, très curieux de nature, et Piotr étant un gars cool, nous avons beaucoup échangé, puis, finalement, avons monté la commande groupée Custom Art, qui s’est déroulée sur Tellement Nomade en novembre dernier.

Cette digression vise à introduire le fait que je savais dès novembre dernier que Piotr préparait un coup dans l’acrylique, lorsqu’il m’a envoyé, en accompagnement de mes Harmony 8 Pro et des SE5 qu’il m’a remoulés, un « écouteur » (une coque vide) moulé à mon oreille mais, lui, en acrylique. Inévitablement, nous en avons parlé, et il m’a proposé d’être bêta testeur. Autant vous dire que j’étais excité. Finalement, il a développé les Ei.3 beaucoup plus vite que prévu, et je n’ai jamais bêta-testé (même si on peut légitimement douter de la valeur ajoutée qu’aurait eue ma participation). Néanmoins, le 1er avril (oui, sérieusement !), j’ai reçu un paquet contenant les Ei.3 le jour même de leur présentation sur la page Facebook de Custom Art.

J’ai rapidement posté mes premières impressions sur Tellement Nomade, puis j’ai essayé de faire un peu profil bas, vu que je ne les avais pas payés, ces Ei.3 et que je considérais que les retours des acheteurs seraient vus comme plus crédibles. J’ai ensuite été noyé sous le boulot, et n’ai trouvé le temps de rédiger ce test que pendant mes vacances.

Méthodologie

J’ai écouté exclusivement les Ei.3 jusqu’à la fin juin environ. J’ai commencé avec mes classiques (Dire Straits et Foo Fighters, principalement), puis j’ai commencé à écouter ma liste de test. J’ai exclusivement écouté ma liste de lecture de test pendant deux semaines (j’en avais un peu marre à la fin, je vous l’accorde). Cette liste est celle que j’ai utilisée pour le test des Harmony 8 Pro, mentionné plus haut, en y ajoutant quelques titres après discussion avec Piotr. Ensuite, j’ai commencé à élargir les écoutes au reste de ma musique. L’écoute a été réalisée à 60% à partir de mon iPhone 6, à 5% à partir du HP-P1, et les 35% restants à partir du stack Lyr2/Uberfrost.

Ei.3

Après cette période de rodage de cerveau, j’ai commencé à ré-écouter mes p’tits préférés, c’est à dire les Harmony 8 Pro et les SE5. J’ai rapidement écarté les SA7 qui sont trop distancés, et me suis dit que les Earsonics SM64 feraient une bonne comparaison (malgré le fait que ce sont des universels), de par leur gamme de prix et le fait que beaucoup d’audiophiles les ont déjà possédés et/ou écoutés. Un ami m’a prêté ses SM64 en juillet, et je les ai écoutés exclusivement pendant deux semaines (sur la liste de test principalement, mais en variant quand même un peu les plaisirs), avant de reprendre les écoutes avec les Ei.3, Harmony 8 Pro ou SE5, au gré de mes humeurs.

Il faut bien garder en tête que je ne suis PAS un « bass head » (certains me qualifient même de « treble head », mais je pense qu’ils se trompent). Je ne suis donc PAS le cœur de cible des Ei.3, puisque j’écoute avant tout du rock (85% environ), et que seulement 10%, environ, de mes écoutes sont dédiées à l’EDM, le Rap ou le Hip Hop (pour les matheux, les 5% restants sont du classique et de la soul). J’écoute par ailleurs à un volume sonore considéré par la plupart des gens comme allant de modéré à très bas. C’est un point très important à prendre en compte, car des niveaux d’écoute différents induisent des expériences très différentes, même si, comme vous le verrez, j’ai monté le potard à 11 plus d’une fois.

Commande et Packaging

Débarrassons-nous d’abord de ce sujet pas très intéressant mais néanmoins important. Un intra-auriculaire moulé étant un produit très particulier et difficile à tester, la commande chez Custom Art commence par quelques échanges par email ou forum interposé avec Piotr afin de confirmer que le choix du produit correspond à ce que vous recherchez et pour confirmer que la personnalisation que vous souhaitez est réalisable.

Certains emmerdeurs de première catégorie (comprendre : votre serviteur) aiment pousser le bouchon, et demandent régulièrement à Piotr des nouvelles personnalisations qu’il n’offre pas encore. Dans mon cas, ça a d’abord été un faceplate en fibre de carbone avec une gravure, puis ensuite la réalisation des corps en silicone de mes Harmony 8 Pro et SE5 dans une couleur pleine (c’est-à-dire non transparente), ce qui était à l’époque à l’état de test chez Custom Art.

Pour faire court, Piotr offre une quantité incroyable de personnalisations, tant pour les couleurs que pour les faceplates, et il est toujours ouvert à la discussion. Je ne dis pas que tout est possible, mais que, s’il vous dit non, ce n’est pas par fainéantise, mais vraiment car il ne pense pas être capable de le faire. Pour plus de détails sur la personnalisation, vous pouvez également consulter le formulaire de commande de Custom Art, mais le meilleur conseil reste encore Piotr, ou l’un de ses acolytes.

Je ne connais aucun autre acteur du milieu des moulés qui met autant d’effort à satisfaire ses clients que Piotr. Mais vous savez quoi ? Ne me croyez pas au mot, et allez voir de vos yeux sur les fils Custom Art de Tellement Nomade ou des autres forums pour vous faire votre propre opinion.

Ei.3

Je ne rentrerai pas en détail sur le packaging dans ce test, dans la mesure où de nombreuses personnes l’ont déjà fait avant moi (par exemple Vic dans son test des Music One), et également car mes Ei.3 m’ont été livrés dans un emballage aussi solide – il m’a fallu 8 minutes montre en main pour l’ouvrir – que simpliste (c’est-à-dire les Ei.3 et un câble). En contrepartie, il n’y a qu’une seule paire gravée CA-001A :-).

Je profite de l’espace restant dans cette rubrique pour commenter l’isolation. Selon mon expérience, le silicone isole mieux que l’acrylique, en particulier si la comparaison porte sur les Harmony 8 Pro ou les SE5 qui sont remplis de drivers et d’électronique. L’isolation des Ei.3 reste pour autant excellente, largement au-delà de ce que j’ai pu obtenir avec tous les universels qu’il m’a été donné de tester. Néanmoins, avec trois drivers, un peu moins d’électronique, et le fait que l’acrylique absorbe moins les basses que le silicone, l’isolation obtenue est légèrement inférieure à celle que j’obtiens avec les deux autres moulés dans les transports en commun parisiens. Cela peut par ailleurs être une bonne chose – j’ai failli mourir écrasé deux fois en traversant avec les Harmony 8 Pro, mais nous sommes d’accord que c’est une autre histoire.

Le son

Je ne vais pas vous imposer un autre long disclaimer, mais je me dois quand même de rappeler que tout test de moulés doit être abordé avec un recul important, dans la mesure où il dépend de la perception qu’a une personne particulière d’un produit non universel. Pour vous aider à mieux comprendre ces perceptions, une comparaison des Ei.3 avec les SM64 est fournie à la fin de ce test, sur un nombre important de chansons de styles aussi variés que possible (sans viser l’exhaustivité). Compte tenu de la popularité des SM64, cela devrait vous permettre de mieux discerner ce qui relève purement de mes goûts, ainsi que fournir des repères factuels pour mieux cerner les vôtres.

Ei.3

Les Ei.3 sont très faciles à driver, et sont performants couplés à un iPhone 6 (dont j’estime par ailleurs qu’il a un rapport performance / nomadisme vraiment excellent). Je ne les ai pas trouvés sensibles à un changement de câble, que ce soit avec mon Linum BaX ou mon Linum Music (ou du moins, moi, je n’ai rien ressenti).

Premières impressions

Comme mentionné en introduction, je ne suis pas un drogué des basses. Ce que j’en attends, c’est qu’elles soient présentes, propres (c’est à dire pas baveuses, voire au contraire un peu tendues ou sèches), et surtout pas exagérées. Si vous connaissez un peu les Harmony 8 Pro ou les SE5, alors vous comprendrez que je suis habitué à des basses avec de la texture, équilibrées par rapport au reste du spectre, avec une certaine quantité de subs, mais pas une quantité énorme non plus. De plus, ces deux moulés ne sont pas vraiment candidats au « wow effect » (pour mieux cerner cette sensation, je vous recommande l’article d’Estaero), ce qui veut dire que la première écoute ne nécessite pas forcément d’avoir une chaise à proximité pour cause de sur-le-cultage (par contre, sur le long terme oui, d’abord parce que vos écoutes seront prolongées et riches, et ensuite parce qu’ils vous épateront vraiment).

Sur ce point, les Ei.3 sont assez différents. Vous les chaussez la première fois, et BOOM, la basse vous claque au visage. Je ne vois pas comment vous pouvez faire autre chose qu’aimer ça. Bon, et puis après, vous vous dites « Oh ! Ca va hein, j’écoute de la musique entre 4 et 6 heures par jour, je ne vais pas me laisser bluffer par le premier moulé qui basse bien, hein ! » Perdu. Franchement, pendant mes premières écoutes, je n’ai pas réussi à formuler un reproche concret à l’encontre des Ei.3. Pour être exhaustif, j’ai ressenti un petit je-ne-sais quoi que je n’arrivais pas vraiment à exprimer, même en tant que sentiment. Il m’a fallu presque deux mois avant de réellement arriver à mettre des mots dessus. Mais je vous en dis trop, je reviendrai sur ce point plus bas.

Pour faire court, mes premières impressions avec les Ei.3 ont été « La vache, c’est presque du niveau très haut de gamme. C’est put*** d’incroyable !!! ». Un Headfier dont j’ai lu le test l’a formulé dans un langage beaucoup plus châtié : les Ei.3, ce sont un peu des magiciens.

Scène et séparation

La scène sonore des Ei.3 est assez large. Elle me semble à peu près aussi large que celle des Harmony 8 Pro (c’est-à-dire assez nettement hors-tête), et plus large que celle des SE5. Cette scène est néanmoins assez peu profonde (comme vous le verrez plus bas, je pense que cela provient principalement des aigus), ce qui est un peu compensé par une présentation plus frontale que celle des Harmony 8 Pro.

Dit autrement, la scène est beaucoup plus proche de vous, ce qui rend l’expérience des Ei.3 plus engageante, mais laisse malgré tout un peu de place pour exprimer de la profondeur (l’espace derrière ce qui est plus proche de vous).

La séparation m’est apparue exemplaire, et presqu’aucun détail ne devrait vous échapper (comme vous le montrera l’écoute de ‘Telegraph Road’ ou de ‘On Every Street’ de Dire Straits) dès lors que leur bande de fréquence est reproduite (vous comprendrez mieux en lisant la section « Aigus »).

Pour la séparation, je dirais que les Ei.3 jouent une ou deux gammes au-dessus de leur prix. Pour la scène, je dirais une seule.

Basses

Commençons par les subs-basses (ou infra-graves). En effet, quand Piotr a conçu les Ei.3, c’étaient bien eux la cible principale. Ses mots exacts étaient : « I wanted to create something to shake your brain good » (« Je voulais créer quelque chose qui vous secoue le cerveau, bien comme il faut »).

Promesse tenue. Ecoutez ‘Angel’ de Massive Attack, ou ‘Black Widow’ de Iggy Azalea, et je suis à peu près sûr que vous en serez convaincus. Les subs tapent fort et avec rapidité, de manière contrôlée, sans baver ou trembler. Et elles savent aussi s’éteindre quand il n’y en a pas ou plus (voir ‘Black Widow’ dans la comparaison).

Les basses ne sont pas en retrait pour autant. Elles offrent de très belles présence et texture, en étant vives et tendues, comme je les aime. Elles ne m’ont jamais déçu.

Médiums

Ah les médiums. Ce sont probablement eux le vrai tour de magie des Ei.3. Comme je l’ai écrit plus haut, j’ai eu un pressentiment assez rapidement. Mais je n’arrivais pas à l’exprimer avec des mots. Dans mes premières impressions sur le forum, j’ai parlé du fait que les Ei.3 sonnaient un peu « mats », par opposition à « cristallins ».

Après des dizaines (et des dizaines, et des dizaines…) d’heures d’écoute, et surtout quand je suis revenu sur les Harmony 8 Pro et les SE5, j’ai compris : les mediums des Ei.3 vous jouent un tour de prestidigitation. Ils sonnent parfaitement a priori, et pourtant ils ne le sont pas, parfaits. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas écrit, ils restent de très bonne facture. C’est juste que lors de mes premières écoutes, j’avais l’impression d’avoir à faire à du haut ou du très haut de gamme. Mais il faut rester réaliste : si vous pensez avoir du très haut de gamme entre les mains pour 300 €, c’est soit que vous êtes irréalistes (ou sous le charme du wow effet), soit que vous vous trompez.

Ei.3

L’astuce est au final assez simple. Piotr sait rendre de manière réellement incroyable les harmoniques principales des médiums, du moins à mon oreille. Et en même temps, les Ei.3 vous attaquent avec ses basses et vous secouent. Tout ce que vous retenez au premier abord des médiums, c’est cette harmonique principale. Et elle est au top. Néanmoins, si vous faites un effort conscient pour filtrer les basses de votre écoute, et que vous commencez à comparer les Ei.3 avec d’autres moulés haut / très haut de gamme (comme je l’ai fait avec les Harmony 8 Pro et les SE5), vous vous rendez compte que les médiums sont denses et rapides, mais qu’ils n’ont pas le même tranchant ni la pureté que ce qu’apportent les Harmony 8 Pro. En même temps, vous êtes aussi en train de comparer les Ei.3 à des moulés qui valent trois fois leur prix 😉

Aigus

C’est la seule partie des Ei.3 qui m’a un peu laissé sur ma faim. Pour faire court, ils sont largement à la hauteur lorsque l’on considère leur gamme de prix. Ils sont aussi peu fatigants que cela est possible, et vous restitueront 95% des détails de vos morceaux (le chiffre est un ordre de grandeur bien sûr).

Mais leur défaut est qu’ils ont tendance à s’éteindre rapidement. Cela ne veut pas dire que les très hautes fréquences ne sont pas reproduites, mais que le maintien et l’extinction des notes des aigus sont très courts. C’est une caractéristique que j’avais détectée et mentionnée assez tôt (dès mes premières impressions), et elle a été par la suite confirmée quand Piotr a posté les graphes de CSD (Cumulative Spectral Decay, un graphe en 3D qui présente l’évolution dans le temps de la réponse en fréquence d’un transducteur à une série de fréquences impulsionnelles).

En termes sonores, cela veut dire que les cymbales et autres instruments aigus ne résonnent pas aussi longtemps ni de la manière que je souhaiterais qu’ils le fassent, ce qui peut être un peu frustrant pour une écoute axée sur du rock (au sens général du terme). Cependant, il faut rappeler que les Ei.3 ont été conçus avec l’EDM, le Rap et le Hip-Hop en tête, et que c’est moi qui cherche à les transformer en hyper-généralistes.

Musicalité

Sous ce terme un peu fourre-tout, je vais essayer de vous décrire certains intangibles de la reproduction sonore des Ei.3. Je n’inclue d’habitude pas cette catégorie dans mes tests et retours, parce que ce qui paraît musical à l’un est souvent perçu comme un manque de détails ou de séparation par un autre, etc.

Mais, en comparant les Ei.3 aux SM64, ce qui m’a vraiment frappé, c’est à quel point les éléments que j’ai décrits plus haut se mélangent avec harmonie dans le rendu sonore final, ce qui permet aux Ei.3 de compenser la plupart des défauts mentionnés plus haut grâce à ce rendu « uni ».

Conclusion

Bon à ce stade, je pense que vous avez une idée assez claire de ce que je pense des Ei.3. Selon moi, ils possèdent tout simplement le meilleur rapport qualité / prix qu’il m’a été donné de rencontrer. Conçus à la base pour l’EDM, le Rap et le Hip Hop, ils se comportent selon moi de manière admirable sur tous les genres (sauf peut-être le classique avec orchestre), et en tout cas, cela est certain, bien au-delà de leur gamme de prix.

Si vous ajoutez à cela la qualité de service avant- et après-vente de Custom Art, et le confort que les moulés apportent par rapport aux universels, sincèrement, je pense que vous aurez du mal à mieux dépenser un budget de 300 €.

Pour cette raison, je leur donne une note de 5 sur 5 en tant compte de leur prix, et 4,5 sur 5 dans l’absolu.

Ei.3

 

Le tête à tête : Ei.3 vs. SM64

Pour finir, voici une comparaison détaillée des Ei.3 et des SM64 sur des morceaux que j’ai écoutés au moins 400 fois chacun. La comparaison a été réalisée sur un iPhone 6 relié par un LOD à mon Fostex HP-P1 (principalement parce que les SM64 sont connus pour être gourmands du point de vue amplification, et que l’iPhone 6 me semblait un peu faiblard à cet égard).

La correction de volume en passant des Ei.3 aux SM64 (et inversement, j’ai cherché à rendre l’ordre d’écoute pseudo-aléatoire) a été réalisé à la main. Je vois déjà certains douter. Mais croyez-moi, après 2 heures de comparaisons non-stop (et il m’en a fallu au moins 5 pour produire ce qui suit), vous gérez ça comme il convient. Pour être exhaustif, le niveau moyen était à 8h45 pour les Ei.3, et 9h45 pour les SM64. L’ordre de présentation ne correspond pas à l’ordre des prises de notes, mais toutes les notes ont été prises en écoutant d’abord le morceau en détail pour identifier le « la partie importante », puis les Ei.3 et les SM64 (de manière pseudo-aléatoire, comme mentionné).

Cliquez sur le titre des chansons pour les écouter sur YouTube et comprendre de quoi je parle.

Iggy Azalea – The new classic – Black Widow

Partie importante : subs, et leurs coupures (à partir de 1’50)

Ei.3 : les subs sont bien là, un ronflement tendu assez intense qui coupe assez sec avant de reprendre avec le « boom » suivant.

SM64 : c’est beaucoup plus léger et avec moins de texture, c’est moins tendu. En fait, c’est assez dur de dire si c’est une basse qui bave ou une sub.

 

Daft Punk – Random Access Memories – Doin’ it right

Partie importante : les subs

Ei.3 : les subs sont propres et engageantes. Pas la scène la plus grande du monde, mais le boulot et bien fait, et le tout sonne « juste ».

SM64 : le son est plus pur et plus ample, ce qui me flatte les oreilles. Mais la basse a tendance à déborder et à baver, ce qui finit par donner un rendu plus “boom-boom” qu’un réel impact.

 

Daft Punk – Random Access Memories – Contact

Partie importante : tout. Un titre qui va crescendo tout du long comme je les aime. La batterie est très importante, et est mélangée avec des rythmes sombres et résonnants dans les subs, ainsi qu’avec des nappes saturées et une ligne de basse fondamentale pour la montée finale, à partir de 2’47.

Ei.3 : le tout est équilibré, punchy et dynamique. Tout est là sans marcher sur les pieds des uns ou des autres, même si ce n’est pas la scène la plus large ou la plus profonde du monde. Pour moi, l’expérience reste jouissive, de par l’unité du rendu. Je monte le son progressivement, jusqu’à un niveau déraisonnable.

SM64 : l’impact dans les subs est beaucoup moins fort qu’avec les Ei.3, non pas que cela soit étonnant par ailleurs. Le rendu des cymbales est plus précis mais un peu trop métallique pour moi. À partir de 3’20, ça se gâte dans la montée finale. La ligne de basse est boursoufflée et vient manger la batterie, dont on entend quasiment plus que les cymbales, trop métalliques ici. Correct tout seul, mais un désastre après les Ei.3.

 

Savant – Alchemist – Fat Cat Shuffle

Partie importante : la texture des basses, la spatialisation, la déflagration des beats de basses (à partir de 1’18).

Ei.3 : les basses sont précises, et la texture est très bonne. Les beats de basses ronflent bien fort, mais sans jamais boursoufler. Ca coupe sec quand il faut, c’est très vivant, malgré la scène assez peu profonde et les cymbales très moyennes.

SM64 : la scène est beaucoup plus vaste qu’avec les Ei.3, et les beats de basses ronflent bien gras. Les effets de coupure sur les basses sont un peu lents. La texture est pas mal, le tout dans un bel espace, ça se balade de droite à gauche, et bien dans la profondeur.

 

The Avener – The wanderings of the Avener – Lonely Boy

Partie importante : clarté des guitares, profondeur de l’écho à 1’00, attaque au début de la chanson, qualité du clapping

Ei.3 : les guitares manquent un peu de clarté, de pureté dans le son, mais le reste est très bien. Belle ligne de basse bien distincte à partir de 1’00, profondeur de scène plutôt pas mal pour les Ei.3 qui sonnent un peu plat en général. La guitare sonne un peu matte au lieu de sonner cristalline comme doit sonner la guitare acoustique. Ce n’est pas techniquement irréprochable (voix par exemple plus pure sur les SM64 avec plus de profondeur sur les échos mais largeur comparable, voir 2’27), mais ça sonne parfaitement ensemble et c’est particulièrement lisible et séparé.

SM64 : on sent tout de suite que les basses sont boostées. Les guitares sonnent plus clair, mais sont trop éloignées, en retrait par rapport au reste, de même pour les clappings. C’est la même chose avec le beat à partir de 0’48, trop devant, au lieu de rythmer naturellement. Belle profondeur à 1’40-2’05. Globalement trop boomy, impressionne sur l’instant, mais ne sonne pas « ensemble ».

 

The Avener – The wanderings of the Avener – Castle in the snow

Partie importante : grain de voix, effets d’échos (batterie à 1’00), profondeur sur la voix tout du long, perceptible sur les fins de phrase, par exemple à 2’41. Capacité à faire jouer ensemble le morceau original et les samples rajoutés par-dessus (nappes principalement).

Ei.3 : c’est très musical, pas très spacieux comparé à ce que font les SM64. En termes de profondeur, on sent la limitation des Ei.3. Par contre, avec la belle largeur de scène, ils arrivent à compenser à 2’41.

SM64 : semble techniquement plus propre. La voix est plus belle, plus pure, mais en retrait. Dommage, ça nuit un peu à l’implication. Ça sonne plus aéré, ce qui se prête très bien à cette chanson.

 

The Avener – The wanderings of the Avener – To let myself go

Partie importante : guitare acoustique, beat, musicalité (violons à 2’35).

Ei.3 : les guitares sont moins agréables qu’avec les SM64. C’est probablement dû au fait que les Ei.3 coupent les aigus assez tôt (le sustain et le decay sont très très courts). Mais la scène plus en avant et la matière dans les médiums rend le tout très uni et agréable.

SM64 : c’est trop aéré, Presque éthéré. Manque d’unité ? Probablement les médiums en retrait qui déséquilibrent le tout.

 

Dr DRE – 2001 – Still D.R.E.

Partie importante : le flow et l’impact

Ei.3 : ça va VITE, ça donne envie de hocher la tête en rythme.

SM64 : grand et plus propre, mais aussi plus mou et moins engageant.

 

Foo Fighters – Wasting Light – Rope

Partie importante : ligne de basse (assez rare chez les Foo Fighters), dédoublement des voix (très fréquent sur l’album Wasting Light), cymbales rapides sur le chorus, et la cowbell à 2’55 pour les amateurs.

Ei.3 : la ligne de basse est bien précise mais pourrait peut-être être un poil plus en avant. Mais elle fait diablement bien le boulot, que ce soit sur les chorus ou les parties instrumentales avant que les voix doublées ne commencent. La deuxième voix, plus aigüe, est un peu moins lisible, mais le tout sonne remarquablement uni. Les cymbales sont bien présentes dans l’idée, mais manquent de précision : on entend bien l’impact, mais la résonance est très (beaucoup trop) courte. La cowbell est propre mais discrète.

SM64 : le boost dans les basses se sent. La ligne de basse est très présente, mais manque un peu de précision, avec un pic sur la fréquence centrale, et le reste des harmoniques paraissant un peu plus floues. Belle séparation et scène, mais cette dernière souffre encore du côté « en arrière » des voix. Celles-ci sont bien distinctes, mais presque trop, ne s’ajoutant plus vraiment l’une à l’autre. Les cymbales sur le chorus sont très belles. Très précises, elles me permettent de comprendre ce en quoi certains qualifient des aigus des SM64 d’un peu métalliques (mais premièrement ça ne me gêne pas, étant peu sensible aux sibilances, et deuxièmement, s’agissant de cymbales, il me paraît naturel qu’elles sonnent métalliques). La cowbell est belle et matte.

 

Foo Fighters – Wasting Light – Dear Rosemary

Partie importante : l’intro, qui fait écho à la fin de “Rope” qui précède, les grelots, le jeu de batterie qui créée des arrêts et des contretemps par rapport aux guitares, le dédoublement des voix à partir de 0’50, y compris sur le chorus, la montée à partir de 3’04.

Ei.3 : l’introduction est engageante, et les grelots très moyens. La batterie joue bien son rôle et apporte un sens rythmique fort. Les voix se combinent vraiment bien, c’est entêtant dans le bon sens du terme. La montée finale donne vraiment envie de bouger la tête et de monter le volume. Les Ei.3 font vraiment vivre le morceau.

SM64 : le jeu de batterie sonne un peu métallique, et rend mal l’effet d’arrêts / contre-temps, les grelots sont en revanche beaux et assez précis, la ligne de basse est belle et lisible. Les voix sont belles et marchent bien ensemble, et la deuxième voix prend vraiment vie par rapport aux Ei.3. Mais elles sont encore un peu en retrait, du coup, je ne ressens pas la même envie de secouer la tête et de monter le potard. Manque d’impact sur les toms clairs à la fin (3’50).

 

Foo Fighters – Wasting Light – Arlandia

Partie importante : l’écho à droite du riff de guitares au tout début, la séparation de guitares à 1’30 (rythmique gratté à gauche, boucle mélodique à droite), les grelots et le dédoublement des voix sur le chorus, l’écho de basse qui se balade droite à gauche entre3’12 et 3’36 ; les triplettes de frappes de tom (par exemple à 2’14, 4’02 ou 4’18 qui viennent en réponse).

Ei.3 : dans l’introduction, le riff résonne principalement en profondeur, de manière centrée, le placement de la batterie et la scène assez frontale font tout de suite taper du pied, malgré les grelots quelconques. La guitare mélodique à droite est là mais manque de pureté, de cristallin. Le tout est très entraînant grâce à la batterie.

SM64 : dans l’introduction, le riff résonne très à droite, donnant un effet stéréo intéressant, mais probablement moins réaliste que celui sur les Ei.3. Pour le reste, le côté plus aéré et plus technique dans les aigus rendent le morceau plus sympa, d’autant qu’ici les voix soufrent moins d’un placement en retrait. En revanche, le rendu de la batterie est nettement moins engageant qu’avec les Ei.3. Dommage.

 

Foo Fighters – Wasting Light – Walk

Partie importante : tout. Un titre qui monte en intensité tout du long. D’abord, les guitares mélodiques latéralisées, puis la grosse caisse, l’arrivée de la batterie, puis des grelots, avant un break à 2’05, et ça repart encore crescendo à partir de 2’45, avec l’ajout d’un instrument à chaque répétition et plusieurs teasings de finish avant le final à la batterie vers 4’02.

Ei.3 : ce titre représente l’essence de mon expérience avec les Ei.3. Ce n’est pas ce qu’il y a de plus parfait techniquement, mais ça prend aux tripes, et je monte le volume tout du long pour finir à un volume peu/pas raisonnable (heureusement pas pour longtemps).

SM64 : dès l’entame, par rapport aux Ei.3, on retrouve ce côté plus « propre » plus aéré qui me flatte l’oreille. La grosse caisse est en revanche moins précise, un peu boursouflée. Les cymbales sont un poil trop présentes, métalliques. Une fois encore, le rendu de batterie est moins dans les tripes, du coup je tape moins du pied… et le bouton du volume l’a bien remarqué.

Liste des titres utilisés dans la liste de test :

  • 2 Cellos – Celloverse – The trooper (overture)
  • Toby Lightman – Little things – Devils and angels
  • Minerals – White tones – Last time
  • Radiohead – The king of limbs – Feral
  • Monika Borzym – My place – Finding her way
  • Brahms- Ein deutsches requiem Op.45-Selig sind die da Lied tragen-, Chorus
  • Com Truise – Galactic melt – Futureworld
  • Daft Punk – Random access memories – Contact
  • Matt & Toby – Matt & toby – Good boys
  • Dire Straits – Love over gold – Telegraph road
  • Dire Straits – On every street – On every street
  • Monika Borzym – My place – Pisces
  • Lights – Siberia – Flux and flow
  • Toby Lightman – Little things – Real love
  • Korn – Take a look in the mirror – Play me
  • Massive attack – Mezzanine – Angel
  • MDC – Conception – Good vibes
  • Alicia Keys –The diary of Alicia Keys – Nobody not really
  • Hans Zimmer – Pirates of the caribbean dead man’s chest – Jack Sparrow
  • Christina Aguilera – Save me from myself – Save me from myself
  • Drydeck – DDK VS ODG /2 – Gentle RMX
  • The Killers – Hot fuss – Mr. Brightside
  • Savant – Alchemist – Fat cat shuffle
  • Pandadub – Archives – Myopie

11 thoughts on “[Test] Custom Art Ei.3”

  1. Comme dit sur HF, c’est très complet, hyper détaillé et parlant.
    Une fois de plus, un test de toute maitrise et fichtrement instructif.

  2. Merci pour ce test hyper complet, je ne peux que plussoyer l’ensemble, étant moi-même possesseur des Ei.3 et ayant possédé les H8P…

    Et bravo pour la méthodologie, ça ne doit pas être facile de se restreindre à une seule playlist pendant autant de temps. Pas sûr que j’y arriverais…

  3. Super test.
    Un bel intra qui ne fait pas dans le hi-fi mais qui donne sacrément du plaisir, sur tout !
    Pour le prix d’un universel sm64, perso il n’y a pas photo: custom ei3

    1. Excellent test, j’ai craqué alors que mon profil ressemble au tiens, c’est-à-dire pas le cœur de cible de ces intras au départ 🙂
      Mais Piotr semble trop doué (et impliqué dans son art) pour se contenter de basses bien contrôlées !
      Ton expérience m’a convaincu car ton protocole de test semble suffisamment rigoureux pour passer outre le wow effect ; ca sera donc mes premiers moulés !

Leave a Comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *