[Feedback]Rencontre avec un Ultrasone Edition 5

Voici un retour rare sur un casque qui ne l’est pas moins. En effet seuls 555 exemplaires de l’edition 5 ont été produits. un forumer de tellementnomade a pu approcher et essayer la bête. Voici son compte-rendu « comme en vrai »…
 

 

Résumé du test de l’Edition 5

(Pour les flemmards qui ont peur de s’endormir sur mon pavé ci-dessous)

 

 La sortie de l’Edition 5, comme l’AK240, a suscité bon nombre de critiques très virulentes (mais pourquoi tant de haine ?). La raison de cette haine disproportionnée ? Son prix, disproportionné lui aussi : 3500 €. Ultrasone s’est pris pour Lamborghini.

 J’ai donc décidé d’aller y poser une oreille. Ayant possédé un Edition 8, ça me semblait intéressant d’y apposer le nouveau venu dans la famille « Edition »: le 5.

L’esthétique :

 Magnifique! Sur ce plan là, il n’y a rien à dire. Plus sobre que son cadet, le mélange du bois des chênes des marais, de l’aluminium et du cuir est réussi. Il est beau, classe, mais sobre. La technologie S. Logic EX implique par contre un empattement plus important des oreillettes.

Le confort :

Un sans faute également, le pad englobe bien toute l’oreille et n’implique pas de fuite d’étanchéité comme j’ai eu sur l’Edition 8.

 

Le son :

 On retrouve une signature sonore assez similaire à l’Edition 8. Mais tout est bien bien mieux. Impardonnable pour ce prix là, le médium est toujours coloré, et le grave est accidenté avec un creux dans le haut grave. Par contre, la finesse de la restitution est grandement amélioré. Et surtout, la spatialisation est impressionnante pour un casque fermé de cette taille là. C’est même addictif.

 Je vous laisse donc lire plus en détail ce test ci-dessous afin de vous familiariser avec ce casque jusqu’au-boutiste, dont on trouve peu de retours jusqu’ici.

 

 

Test de l’Ultrasone Edition 5

I.        Introduction

 L’annonce de la sortie d’un nouvel Ultrasone de la série Edition créa au début un sincère enthousiasme dans la petite communauté audiophile de l’écoute égoïste. Mais comme toujours, sans connaissance du futur montant du crédit qu’on devra prendre pour se l’offrir, chacun y allait de sa spéculation, pronostiquant des 800, 1000 ou 1500 €, les prix cités étant souvent, ce que chacun souhaiterait en fait dépenser pour se l’approprier.

 Mais là, la surprise fut néanmoins de taille à l’annonce du vrai prix officiel : 3500 €. Trois fois supérieur à un Edition 8. Remarquez, dans la famille Edition chez Ultrasone, on a de toute façon pas l’habitude de faire dans l’accessible, dans le populaire, on est plutôt dans la haute couture audio.

 Mais une telle différence entre les spéculations et le prix officiel a de quoi interloquer, voire laisser carrément sur le cul. Ce prix inaccessible serait entre autres justifié par le fait d’une Edition limitée (aaarrrgghh, Thierry Moreau, sors de ce corps), et l’anniversaire d’Ultrasone (perso nous on s’en fout de leur annif hein…).

 Tout cela débute donc mal pour notre protagoniste qui a du coup la lourde tache de fêter l’anniversaire d’Ultrasone et en prime de se faire pourrir pour sa valeur extraterrestre. Car au final, tout le monde se scandalise de ce prix exorbitant, oubliant souvent au passage que ses concurrents dans ce segment Ultra-Haut-De-Gamme, les plus admirés et les plus enviés, coutent également de 1500 à plus de 5000 € (Fostex, Stax, système Orpheus…).

 Certains enfonceront néanmoins le clou en affirmant qu’un tel prix est injustifiable pour un casque fermé. Certes… Mais combien aimeraient finalement pouvoir se payer un Sony R10, bien plus cher, et même pas neuf.
On peut même penser, comme je l’ai lu, qu’il faudra un certain manque de lucidité mentale pour acheter un tel casque…Remarquez, ça n’est peut être pas faux.

 Oui, l’Ultrasone Edition 5 devient à ce jour le casque « potentiellement nomade » le plus cher au monde.

 Et un tel prix et de telles critiques, n’ont fait finalement qu’attiser de plus belle ma curiosité.

 J’ai donc décidé de l’acheter pour le tester.

II.        De l’Edition 8 au T5P, puis à l’Edition 5

 Il faut dire que le plumage est quand même pas mal. Déjà, un Edition 8, ça rutile, ça clinque un peu, ça brillace (du verbe brillacer) de tous cotés.

(et je vous laisse aller voir la Julia…).

 On croit du coup assez volontiers à une exagération esthétique luxueuse au détriment de la musique, bref, philosophiquement proche de Bang & Olufsen par exemple.
Mais bon, personnellement j’aime beaucoup cette esthétique ! Je trouve le 8 très réussi. Je l’avais même adopté (plutôt acheté, à ce tarif là, c’est plus de l’adoption). Je l’ai gardé un peu plus d’un an. Mais vous savez ce que c’est… Au début, c’est tout beau, tout neuf, on fait tout pour lui, on en prend soin, on lui pardonne tous ses petits défauts (qu’on trouve minimes d’ailleurs, aveuglés par l’amour), on admire la moindre de ses prouesses. Bref, les débuts quoi !
Et puis petit à petit, il vieillit un petit peu et se prend quelques ridules… Alors, on se lasse un peu, on s’attarde sur ses travers, pour finir par se focaliser dessus, et on se rend à l’évidence : la relation n’est plus possible.

 Et dans ma relation à moi, avec mon 8, autant vous le dire, la coloration médiumique (adjectif du verbe médiumer) était devenue trop envahissante; surtout que j’avais cédé à la tentation d’une nouvelle rencontre, avec un T5P, et forcément, on ne peut s’empêcher de comparer les défauts, les qualités… On s’en veut, mais c’est inévitable, c’est même humain.
Le T5P, lui, manquait de peps, de vie, d’ouverture en haut… mais il n’avait pas les défauts de mon 8 donc forcément on embellit la nouvelle rencontre, on se laisse prendre au piège de la nouveauté, bref, on s’aplatit, on succombe lâchement. Mais monogame dans l’âme quand même, je décidais de ne pas partager mon dévolu et je me séparais, le cœur lourd, de mon 8, pour faire place au T5P…

 … qui s’est avéré plus capricieux finalement. Me faisait-il payer ma relation d’avant ? Toujours est-il qu’en veux tu en voilà, des problèmes de câbles, de faux contacts, réparé puis re-réparé. Et cela n’a pas loupé : je me suis fâché avec mes beaux-parents ! Beyer ne voulait plus entendre parler de moi pour une autre réclamation sur leur fiston, pourtant légitime ! Je me sentais blessé, trahi.

 Nostalgique de mon ancienne famille d’adoption , j’ai essayé de rencontrer un Signature Pro, mais la magie n’était plus là. Même moindre, je retrouvais ses traits de caractère familiaux, cette coloration. Un 8 en moins réussi. C’était bof. Bref, j’errais en peine, essayant de modifier le haut du spectre du T5P pour lui rendre vie, pour nous redonner une chance. Et ça réussit d’ailleurs pas mal, car il faut dire qu’à part ce manque d’extrême aigu évident et incroyable, le rendu est excellent (on ne sait jamais, il pourrait me lire…).
Alors bien sûr, comme tout le monde, j’ai bien une ancienne maîtresse, cachée dans un placard, un CD3000 mais je fais attention, je ne m’affiche pas avec dehors, il ne convient pas et il est trop vieux, et il n’est pas fait pour les sorties.

 Et puis il y a quelques mois, comme pour me narguer, me tenter, réveiller la bête en moi, je tombe sur quelques photos du tout jeune, du dernier Ultrasone… L’Edtion 5. Mais môôôssieur se veut élitiste. Il me fait comprendre que je ne le mérite pas, il se rend même complètement inaccessible. Bref, clairement, il me fait payer mes déboires d’avec son petit frère.
3500€….

 Sous quel prétexte d’ailleurs ? Qu’il serait bien meilleur ?? Plus beau ?
A priori tout ça et on rajoute l’argument de l’anniversaire, et de la série limitée en sus ! 555 exemplaires ? D’où son nom. Mouais…. En langage marketing ça signifie: un prix qu’on fixe comme on veut car la rareté fixe le prix. Et puis, dans un mois, un an, ou même deux, quand les 555 exemplaires seront en ménage, sera-t-il vraiment épuisé..? Ceci dit, je me souviens du pseudo mythe de l’Edition 9, qui, épuisé, n’en finissait pas de grimper dans l’opinion publique audiophile nomade. Alors bis-repetita pour le 5 ?

 Mais, non, définitivement, je n’avais pas les moyens de me lancer dans une nouvelle aventure, pas celle là en tous cas, pas à ce prix là. Remarquez… En 350 fois sans frais ? non ?

 Mais j‘avais quand même envie d’avoir mon mot à dire. Bref, même inaccessible, il fallait que j’en sache plus.
Et ce fut laborieux… Pas grand-chose à se mettre sous la dent sur internet. Un ou deux sujets sur head-fi, quelques avis ici en France, mais sans plus. Trop peu pour en tenir vraiment compte.
D’autant que j’ai lu un peu tout et son contraire. Sur head-fi, certains disaient qu’il ne s’agissait ni plus ni moins d’un Edition 8, un poil amélioré donc une belle arnaque en somme. D’autres sur homecinema, rapportaient qu’au contraire, le 5 était tout en finesse, que c’était vraiment quelque chose à entendre ! Propos distillés en plus par une personne n’appréciant pas l’Edition 8 et qui avait pu écouter et comparer ces deux modèles. Donc voila comment ma curiosité fut aiguisée. J’étais pris au piège, je n’avais plus le choix, il fallait que je l’écoute. Même à 3500 €.

 Parce que oui, 3500 €, pour rappel, c’est plus cher qu’un TH-900. On arrive presque aux stratosphères des Stax et autres King. Et quand on sait que mon précieux (non à 3500 il ne sera pas tien, calme toi) a même été comparé au SR009… moi je dis, ça mérite une enquête !

III.        Où le débusquer ?

 C’est ici qu’intervient un sympathique nouveau protagoniste dans mon histoire, qui va me permettre d’écouter ce Précieux mal-aimé. De par mes petites habitudes internesques sur moult petits et gros sites idiophiles, j’ai effectivement eu ouï-dire d’une ouverture récente d’un point de vente exclusivement dédié aux casquophiles, et ceci sur Paris, nommé CasQuade. Je précise que je ne connaissais absolument pas Mister Francois de CasQuade auparavant, je n’ai donc aucun lien ni intérêt en commun.

 Alors, comme aujourd’hui un appel ne coûte pas grand-chose, je pris mon nouveau smartphone pour passer un petit coup de fil à ce nouveau venu, dont je me félicitais déjà intérieurement l’arrivée. Car il faut le dire, un point de vente dédié aux casques et permettant de vraies écoutes, ça s’applaudit !

 J’ai donc décidé de l’acheter le tester.Et il s’avère, que ce petit point de vente, CasQuade, distribue la famille Ultrasone ! Avec notamment l’Edition 8, et le 10… mais aussi du Grado PS et GS1000 etc… et pleins d’autres modèles plus abordables bien sûr.
Je lui avouais donc assez vite le but non caché de mon appel: et le 5 ??? vous l’avez ?? Hein ?? Dis ??
Et François, que j’avais donc au bout du fil, fit tout pour rapatrier un Edition 5 de M. l’importateur qui venait d’ailleurs tout juste de les recevoir, afin de me permettre de monter sur Paris au plus vite pour l’écouter. Ca, moi je dis, ça s’applaudit une deuxième fois !

 Me voila donc, en ce petit matin du vendredi 2 mai, dans le TGV Hors de Prix (c’est son nouveau nom), en route, avec mes deux oreilles supplémentaires (j’ai nommé ma future femme), ma testothèque sous le bras, pour écouter ce nouveau venu, né donc pour être haï, et le comparer à ses comparses !

 Une fois à Paris, nous arrivons alors dans le 2ème arrondissement, dans un quartier piéton, très charmant, bien vivant, comme on les aime. Le lieu est vraiment très agréable. La boutique n’est pas grande. Mais ne nous fions pas aux apparences… La taille ne veut rien dire, telle la caverne de Game of Thrones cachant la dame rouge, ici nous sommes venus débusquer un Edition 5.
Francois de CasQuade m’apparait alors comme une personne très sympathique, tout plein de simplicité et avec qui je commence à discutailler… Certes, je n’ai qu’une envie à ce moment très précis, c’est de le prendre par le col, le soulever et le secouer tel David Banner qui commencerait à s’énerver, en lui demandant très gentiment « mais il est où bordel ce p… d’Edition 5 !!!??? hein ? parle !! ».

 Pendant ce temps-là, à Vera Cruz (blague que je dois être le seul à comprendre), dans un petit coin de la boutique, sur ma droite, trônent les Edition 8, 10, le PS et GS 1000…

IV.        Présentation

1.        L’Edition 5

 Le casque Ultrasone Edition 5 fait partie de la famille Edition d’Ultrasone, marque allemande. Les Edition sont des casques fermés ou ouverts utilisant la technologie S.Logic. L’Edition 5 est un casque fermé et ressemble à l’Edition 8, dans sa forme générale en tous cas. Les coques sont en chêne des marais et fabriquées à la mano. L’arceau et les pads sont en cuir de mouton d’Ethiopie. Les transducteurs sont des 40mm orientés à la sauce Ultrasone selon leur brevet S.Logic, qui améliore la spatialisation sonore. L’Edition 5 possède la dernière version du S.Logic, le S.Logic EX, reculant encore plus le transducteur par rapport à l’oreille avec un espèce de pavillon venant prolonger l’émission du transducteur. Les transducteurs sont également orientés un peu à la manière du T5P. Tout cela est porté par un arceau assez fin en aluminium brossé anodisé et orné de cuir. Ce mélange de cuir et aluminium est en tous cas, du plus bel effet.

L’Edition 5 serait comme son petit frère, un casque sédentaire mais aussi potentiellement nomade. Sédentaire, simplement déjà au vu du positionnement haut de gamme de celui-ci. Nomade ensuite car un câble d’1m80 avec un Jack 3.5 est livré avec. Et car ses caractéristiques en tous cas le font présager :
– impédance classique de 32 Ohms,
– sensibilité de 96 dB,
– typologie fermée,
– confortable isolation des sons externes,
– poids du monstre relativement léger : 280 gr.

2.        Le déballage

 François m’amène donc la petite boi-boite. Le packaging est à la hauteur. Encore heureux ! A ce prix là… (comment ca, je ne digère pas les 3.5 k€ !?).
Ce beau coffret renferme l’Edition 5, deux câbles de longueurs différentes selon l’utilisation et des adaptateurs Jack. Les deux câbles sont assez épais, bien finis, cela respire donc la solidité : Un long avec un jack 6.3 et un autre d’1m80 avec une prise 3.5 coudée, piquée chez Neutrik (z’auraient pu faire mieux quand même là !). Nouveauté chez Ultrasone, le câble est ici détachable.

 Et une fois déballé, il donne quoi ce nouveau Chanel… ? Et bien il est beau. Et moins ostentatoire que son cadet, l’Edition 8. C’est pas plus mal. C’est beau mais plus sobre. Donc pas grand-chose à dire, l’esthétique est donc vraiment très réussie. Le cuir des pads est très doux, épais, de meilleure qualité apparemment que sur le 8. Ce cuir a donc été pris sur une pseudo-famille de riches moutons cachée dans les plus belles montagnes de Laponie ou ailleurs…

 Et le bois lui, a été prélevé sur un arbre de 1800 ans, dont seule la tribu Les Phutouadmagueulle a connaissance de son existence (ou du chêne des marais, oui c’est pareil). Mais qu’importe, le résultat est très beau. Et surtout ils ont réussi à le faire très léger. Une vraie plume dans la main. Tout en ayant pris du volume par rapport au 8. Car même s’il partage le galbe du 8, juste pour m’aguicher d’ailleurs, il n’en est pas moins plus imposant. Pads plus larges, bien plus profonds, il affiche la couleur : ce n’est pas un 8 reconditionné ! La technologie S.Logic EX est passée par là et le recul des transducteurs a rendu les oreillettes plus profondes.
Donc par rapport à un 8 : Plus imposant, mieux fini, plus classe, plus sobre, plus haut de gamme, bref tout est mieux

3.        Le confort

 Une fois scruté dans tous les sens, faut bien le poser sur la tête à un moment donné…
Et le port est lui aussi extrêmement réussi ! Très confortable, moelleux, le serrage est parfait, ni trop, ni trop peu. Les dimensions des pads sont bien mieux adaptées à nos oreilles (enfin les miennes en tous cas, les vôtres je m’en fiche). Bref, là encore, le 5 séduit vraiment. Une fois sur la tète, pas trop envie de l’enlever, le port est définitivement un de ses points forts.
Petit chenapan va…
Une fois posé délicatement (oui à ce prix là, je le jette pas sur la tête hein, je mets mes gants blancs, je prends ma peau de chamois et je le pose délicatement), je constate également que l’isolation a l’air également supérieure au 8, les bruits externes sont plus étouffés, sourds. Good point my little precious.

V.        LE SON !

 Oui car il a beau être monté dans une belle carrosserie un peu anglaise à la Jaguar, si c’est pour avoir le même moteur que l’Edition 8… A ce prix là, on veut du lourd. La perfection ! Enfin, du lourd…plutôt du raffiné, du moelleux, de la finesse, de l’extension, du naturel, du dynamisme, de la profondeur…

 Et pour rappel, voila ce que je reprochais à l’Edition 8 :
–        Une évidente coloration médiumique
–        Un grave accidenté, pas assez nuancé

1.        Protocole de test

 Pour le protocole de test, j’avais donc emmené mon Beyer T5P pour le comparer, et j’avais à disposition d’autres Edition et des Grados. Ma source était un Ipod 7 de 160 Go relié en usb, donc en numérique, sur le Fostex HP-P1 qui fait office de convertisseur ET d’amplificateur.
Ce couple Ipod/Fostex fonctionne très bien. Le Fostex sort par contre une puissance un peu juste sous 32 Ohms, 80mW.

2.        La testothèque débute

 C’est ainsi que dans ce petit magasin, j’ai déployé ma table de camping, le réchaud, les saucisses, et on s’est installé avec mon p’tit bout et en avant la comparaison qui tue.

– Je débute l’écoute du 5 avec Speechless de Michael Jackson, morceau déjà utilisé sur mes tests de l’Edition 8 et T5P (début en a cappella enregistré avec un Neuman U47) :

 Cette introduction est très belle, et surtout je la connais par cœur, je l’ai écoutée sur des dizaines de casques et d’enceintes très haut de gamme car elle est redoutable pour dénicher des problèmes sur le médium-aigu.
Ici sur le 5, la voix de Michael me parait immédiatement tirée vers le haut, se trouvant perchée dans cet aigu insistant qui caractérise la série des Edition. Elle manque également d’impact dans le médium. La dynamique normalement du Neuman est évidente mais là les insistances de Michael manquent et font ressortir un creux dans les 800-2500 Hz. Je retrouve également une coloration certaine, aidée par ces accidents de la courbe amplitude/fréquence. J’entends mon petit cerveau me dire, m’exclamer, me hurler :  Non mais oh ! T’es encore coloré là ! Tu te fous de moi !? Après tant d’années ??? T’as toujours pas réglé ton problème !!??
La déception m’emplit de tristesse, me submerge, je tombe à genoux, devant mon petit réchaud, avec l’envie de vivre qui me quitte, que dis-je, qui m’abandonne….

 Je repasse une deuxième fois cette magnifique intro et là je ne peux quand même pas nier qu’une magnifique spatialisation accompagne la voix de Michael. Les effets de réverbération de Bruce Swedien, l’ingé son, sont ici excellemment mis en valeur, donnant une dimension presque cathédralesque au morceau.

– Next song, un petit piano-voix d’Harry Connick Jr, The Gipsy :

 Sans recopier mon précédent ressenti, je parviens aux mêmes conclusions. Le piano possède une belle enveloppe, il respire, il y a vraiment de l’air entre chaque note, c’est enivrant. Et rare surtout. Mais la même petite coloration et ces accidents médiumesques me rappellent à l’ordre sur la voix.

 A cause de ces manques sur le haut grave et de cette coloration, je ressors de ces premiers instants d’écoutes quelque peu… dépité, voire abattu même. Et comme j’étais à terre, inanimé, la vie ayant quitté le moindre de mes pores, mon p’tit bout intervint et après une réanimation en bonne et due forme, je lui passe le casque pour avoir SON point de vue. Car il faut l’avouer, ses petites oreilles sont pleines de bon sens et de bonne analyse.
Bon, ok, si je relate les faits réels, après ces premières écoutes, j’ai en fait volontairement masqué toute émotion en gardant ce visage impassible qui peut me caractériser quand je défis les autres de me donner LEUR impression pour qu’ils ne soient pas influencer par mes possibles rictus.
Elle écoute… et me donne ses impressions, qui s’avèreront très justes d’ailleurs, il faut le souligner. Elle me demande Nano. Et sur le superbe A l’ombre des âmes mortes, elle me parle du grave, trop présent surtout, qui vrombit même un peu trop. Ce morceau, instrumental, tout en accordéon, prend aux tripes et doit s’écouter fort. L’hyper définition de la prise de son d’hyper-proximité laisse entendre tous les claps sur les touches, bien présents, et chaque variation de note s’entend précisément, avec une belle réverbération/spatialisation intégrée lors du mastering. Et quand les notes graves arrivent, le 5 reproduit alors ce que nous avions jadis entendu sur les enceintes Tidal Contriva Diacera (42 k€ la paire) sur ce même morceau : un grave très présent, vrombissant, qui cache alors un peu le médium. Ma chère et tendre Elodie ne manque pas de me le rappeler. Cela parait alors moins détaillé que sur d’autres écoutes effectuées ailleurs mais bon, peut on finalement se plaindre d’avoir un résultat qui rappelle inexorablement et précisément l’écoute d’une paire d’enceintes à plus de 40 k€…
Là, devant cette évidente vérité dévoilée par mon acolyte, j’eus un grand élan de générosité envers elle, je lui annonce qu’elle aura désormais le droit d’écouter quelques minutes de musique à la maison, une fois les taches ménagères effectuées bien entendu. Ah… ça me perdra…

 Sur ce, je lui arrache le casque de la tête d’un geste violent car PERSONNE n’a le droit d’écouter avant MOI et c’est comme les pizzas Camille, y’a pas de liens affectifs qui tiennent dans ces cas là demande gentiment de récupérer le 5 afin de continuer mon écoute si elle n’y voit pas d’inconvénient. Je la remercie avec un petit bisou. Faut quand même pas déconner, c’est qui le patron !?

 Je continue alors en zappant quelques morceaux choisis… pour me rendre à l’évidence : oui le médium est coloré. Il manque de corps, de niveau même des fois. Il manque de consistance dans le bas-médium dans la zone 150-300 Hz. Mais plutôt de haut grave plus précisément car le bas médium peut manquer à première vue écoute de niveau également mais je pense que nous ne sommes pas habitués à tant de légèreté, d’aération dans cette zone, qui habituellement, sur tous les autres casque est bien plus mise en avant, donnant une proximité faussée. Le haut-grave par contre est accidenté. En petites montagnes russes. Un peu comme son cadet quoi, le 8. En l’écoutant plus longtemps, il serait même facile de tracer à la main une courbe représentative amplitude/fréquence.

– Puis vint Bobby Mc Ferrin / Don’t Worry Be Happy :

 Morceau de prédilection pour le 5. Clairement. Prouesses du vocaliste magnifiquement exécutées par l’Ultrasone. Les claquements de doigts et divers mélodies buccales mixées indépendamment à gauche et à droite sortent ici du cadre boisé de l’Edition, tout ça vous entoure et vous plonge dans l’univers de Bobby Mc Ferrin. C’est LE morceau qui m’a le plus enthousiasmé sur le 5. On se demande comment l’entourage n’entend pas également la musique tellement la spatialisation enlève les frontières physiques du casque. Putain, je l’achèterai rien que pour ce morceau moi tiens !

– Petit enchainement avec Rebecca Pidgeon et sa reprise de Spanish Harlem :

 La contrebasse est très bien détourée, forcément le dégraissage ultime du bas médium met en avant les détails du médium des cordes. Ce morceau est intéressant car dès sa deuxième phrase, une résonance évidente apparait dans le bas médium sur la plupart des casques et enceintes, sur « A red rose up ». Cette résonance existe bien à la prise de son (bizarrement d’ailleurs, car Chesky, adepte des prises de son stéréophoniques binaurales, a bien dû l’entendre…) et se trouve souvent exagérée selon justement les modèles de transducteurs. Et là, sur le 5, la résonance disparait presque totalement. Peut-être pas très juste tout ça mais au final très agréable !

– Synthèse et sous-total :

 Premier constat, malgré cette courbe accidentée, il se passe vraiment quelque chose. C’est aérien, fluide, fin, aérien aussi, puis espacé, et aérien (je l’ai déjà dit ?). A chaque morceau, j’ai envie de savoir comment va sonner le suivant. Il se passe vraiment quelque chose. La finesse de l’aigu est encore plus poussée que sur l’Edition 8. On a la preuve par l’écoute que les transducteurs sont plus loin que sur tous les autres casques, la musique ne vient pas s’écraser sur nos oreilles, elle flotte, comme un son d’enceintes de proximité.

 Puis je décide de faire jouer la psycho-acoustique. Je mets mon T5P tout de suite derrière, sur les mêmes morceaux. Là je redécouvre cruellement mon Beyer. Comme je ne l’ai jamais entendu auparavant. C’est totalement bouché. Sec. Ça chante dans un tuyau. Et le son est petit. Une grosse claque, je ne connaissais pas mon T5P comme cela. Le cerveau joue des tours… L’aération et l’extension de l’aigu sont telles sur l’Edition 5 que le T5P devient un tonneau si on le met tout de suite après. Et je continue, j’effectue des changements immédiats, à tour de bras. Mon cerveau est chamboulé. le T5P parait bouché, descendant, et pire ça résonne dans le bas médium. Et quelle petitesse… c’est très étriqué. Et me voilà reparti à passer de l’un à l’autre… Au fil des comparaisons, le cerveau rétablit, compense, le tuyau s’estompe, je retrouve la droiture du médium du T5P. Je suis épuisé. Oh je m’effondre. Mon cerveau tente de remettre les choses dans l’ordre. Quelle épreuve mes amis !

 Voilà, j’ai écouté cet Edition 5 pendant 2 deux bonnes heures, en me concentrant, en étudiant ce que j’entendais.

3.        L’écoute analysée par registre

a)        Le grave

 Il est rond, flatteur, agréable, encore plus que sur l’Edition 8. Mais sur certains morceaux, sur les impacts secs de grosses caisses situés dans le haut grave, c’est creux. Le grave est accidenté, avec un creux dans la zone 80-120 Hz. Mais comme le bas médium est lui aussi en retrait, on peut dire que la zone 80-250 manque de présence. Mais la plupart des autres casques ont aussi souvent trop de niveaux dans cette zone, rendant flatteur le bas du spectre pour donner de l’assise. L’Edition 5 a-t-il raison de ne pas jouer cette carte ? Il manque quand même de niveau dans le haut grave. Le lever de batterie de l’intro de Rock With You de l’album Off The wall 1ère édition manque d’impact et de vérité et sonne creux. Il frappe sur un tambourin là John Robinson, fais un effort, rampe jusqu’à la batterie… Peut-être que ceci s’arrangerait en étant mieux alimenté (autre Dac et ampli).

b)        Le médium

 Le médium est donc coloré, ça ne fait pas de doute. Une sensation même un poil nasillarde est présente. Cela provient entre autres de cette courbe en « dos d’âne » répété, qui impacte donc les voix. Un peu comme sur le 8, c’est en gros la même signature. Mais quand même… c’est bien moins prononcé que sur le 8, et surtout bien moins coloré !

 En contrepartie, ce médium, comme le reste, est très aérien, très léger, avec beaucoup de finesse. Mon acolyte fut même davantage agressée par le médium du T5P que par celui de l’Edition 5. C’est dire à quel point l’Edition 5 fait preuve de douceur, et de légèreté car le T5P est quand même rarement agressif.
Il y a effectivement une vraie distance entre l’auditeur et la musique sur le 5, le son a réellement l’impression de sortir du casque. C’est un résultat que l’on a habituellement uniquement sur les meilleurs casques ouverts, c’est donc une vraie qualité rare, dont il est difficile de se passer quand on y a gouté, surtout sur un fermé. Le son tourne autour de soi, les effets stéréophoniques sont bien avantagés. Et du coup on a là, les avantages des deux mondes fermé et ouvert… L’isolation et l’aération.
Il est évident que la technologie S.Logic EX vient améliorer cette superbe spatialisation du son.

 Les détails eux sont très présents. Vraiment très présents. Ça surjoue presque. Sur certains morceaux, on a l’impression qu’un plugin a été ajouté pour distiller autant de détails. Mais ces détails se détachent magnifiquement entre eux, ce qui encore une fois n’agresse en rien l’écoute.
En peu de temps d’écoute, j’ai entendu des détails qui ne m’avaient pas attirés l’attention avec mon T5P en un an. En repassant sur ce dernier, je devais me concentrer pour entendre ces détails révélés par le 5.
Et quand j’ai reposé l’Edition 8 sur les oreilles, j’ai constaté que le 5 a bien plus de matière, de consistance, de détails, de finesse que le 8 qui parait réellement « petit » et l’aération du 5 lui est également très supérieure…

c)        L’aigu

 Bien sur, l’aigu a toujours été LE point fort de la série Edition. Certes, plus, ça serait trop.
Et bien là c’est pareil, mais en encore plus fin, plus raffiné, du petit miel, du velours. On retrouve des aigus et une finesse qu’on ne rencontre que sur les gros Grado et Stax. Ça file très haut, très loin sur les cotés.
Ces aigus participent à cette sensation de sur-détaillé. On a accès à tous les micro-bruits du mixage et des prises de son. Mais la spatialisation est telle que vous n’êtes pas attaqué par tout ça. Le Beyer T1, avait, ce type d’extension hors norme lorsque je l’avais écouté. Mais avec moins de spatialisation il me semble et c’est un casque ouvert… Après, j’aimerais le réécouter car il est je pense meilleur que le 5 sur bien d’autres points, comme la régularité de la courbe de réponse etc. Je le préfèrerais peut-être.

d)        La dynamique

 Elle semble moins impactant, moins évidente que sur d’autres modèles fermés. Mais elles est quand même  bien présente. Cette fameuse distance entre les instruments et cette hauteur que prend le son rend la dynamique palpable car la distance entre les petits sons et les plus importants est magnifiquement respectée. Rien ne couvre les micro détails, avec même une impression d’amplification de ces derniers vu qu’ils restent bien détachés du reste. Mais ce n’est pas la même écoute qu’un T5P ou des moulés haut de gamme, le son ne vient pas en proximité vous chercher, c’est donc une question de préférences personnelles.

4.        Nomade or not ?

 A 3500 €, la réponse évidente serait Non. Au delà des besoins techniques pour qu’il réponde au critères du nomadisme (isolation, etc.), la simple valeur marchande restreint son utilisation pour du nomade. Comment se promener avec un casque à ce prix là sur la tête…  Certes, vous seul connaitrez sa valeur mais une perte, un vol ou une casse serait dramatique. Et ces risques sont multipliés par 1000 en extérieur. En bref, on pourrait répondre facilement : faut être fou pour se promener avec ! Mais je suis un dingue moi, un fou, un marteau, un vrai barjot, j’suis comme ça !
En gros, rien ne me choque. Je me promène déjà avec mon T5P, mes 1+2 et jadis l’Edition 8 et ce sont des casques à 1000-1500 € sans compter le combo les alimentant. Alors bien sur, les risques existent. En tous cas, il faudra redoubler d’attention.
Mais chacun fait ce qu’il veut, nous sommes dans un monde libre, à bas la dictature ! Vive la démocratie ! Vive le Che ! Bon, ma future regarde par dessus mon épaule ce que j’écris et je vois bien ses yeux consternés. Allez, mon petit Xanax et ça ira.

 En tous cas, pour la faisabilité de cette potentielle portabilité, et bien, je ne vois aucun souci sauf à respecter certaines précautions :

– L’Edition 5 est gourmand. Ses 32 Ohms sont trompeurs, car avec ses 96 dB de sensibilité, sa sensibilité à l’amplification, son écoute aérienne, il lui faut du jus, du courant, du watt. Bref les 80 mW de mon Fostex me paraissent insuffisants. Heureusement, les ténors actuels (DX100, etc.) développent souvent plus de 150 mW sous 32 Ohms. En tous cas, à volume égal sur l’amplificateur, le niveau sonore est moindre face à un T5P, d’environ 3-4 dB. Argument à prendre en compte sur le mariage à effectuer.

– L’Edition 5 est sensible au dac également, et comme il se la pète (si si, quand on prétend valoir 3500 € c’est qu’on se la raconte grave), il n’acceptera que des mariages bien heureux. Je pense donc que le convertisseur de mon Fostex n’était surement pas le meilleur prétendant. Un HM-901 ou DX100 seront plus aptes. Le Colorfly C4 lui, bien qu’excellent, sera trop juste en puissance par contre.

 Mais sinon, l’empattement, même s’il est supérieur au 8, est très raisonnable et vous ne serez pas ridicule avec un énorme casque sur la tête. C’est même plus saillant qu’un T5P !
Autre avantage, même si son apparence transpire le haut de gamme, il est moins clinquant qu’un Edition 8 et en sera presque plus discret. Et enfin, l’isolation des sons externes est supérieure à celle d’un T5P.

5.        What else ?

 Un défaut très gênant sur l’Edition 8 m’avait aidé à me décider à le revendre : l’étanchéité. Lorsque je tournais la tête, une perte d’isolation se produisait vers le bas de la mâchoire et je perdais alors le grave sur ce coté, ce qui produisait donc un énorme problème de phase évident.
Et ce n’est pas le cas sur l’Edition 5. L’augmentation de la taille des pads a réglé le souci et l’étanchéité est donc normale.
Et comme le port est quasi parfait, c’est un sans faute.

6.        Les face to face

a)        Edition 5 Vs Edition 8

 Bon là je vais être franc, en reprenant dans les mains l’Edition 8, il fait presque cheap. Et à l’écoute, il ne tient pas la comparaison. Autant le T5P apporte des choses que le 5 n’a pas, autant le 8 n’existe plus. Je suis peut être méchant mais c’est juste une manière, certes peu élégante de ma part, de montrer mon désaccord sur les avis que j’ai lu citant le 5 comme un pseudo 8. Oui clairement, l’équilibre spectral est similaire, très enlevé en haut, médium coloré, etc. C’est un Edition. Mais ce n’est pas du tout la même catégorie ! Le son est plus riche, plus fin, plus aérien, plus espacé sur le 5, tout est plus avec le 5 par rapport au 8. En gros, je peux dire que désormais je ne regrette plus du tout l’Edition 8 !

b)        Edition 5 Vs les autres

 J’ai ensuite testé le 10, que je n’avais jamais écouté. Grosse catastrophe. Encore plus mauvais. Pas de corps, pas de matière, tout est mince, tout est dans le haut-médium-aigu, agressif. Donc soit je déteste l’Edition 10, soit le Fostex est la plus mauvaise source pour cette dame là (je pense à cette seconde possibilité, car Superfred21 l’ayant bien testé, le 10 peut à priori très bien fonctionner et j’ai confiance en l’avis de Superfred21). Mais là, dans cette configuration, avec mon Fostex, je l’ai vite vite reposé….

Image

 Puis vint le tour du PS1000. Il est bien mieux équilibré. On retrouve un médium non coloré, assez juste. Beaucoup d’espace également entre les instruments (forcément, casque très ouvert…) et excellente spatialisation ! Mais je trouve un manque de finesse par rapport au 5 et le grave… bof. Il a l’air juste, bien présent (trop ?) mais pourrait être mieux détouré et nuancé. Et il talonne vite dès qu’on monte le son (c’était déjà le cas lors de ma première écoute, pourtant sur un ampli sédentaire). Bref, c’est bon, vraiment excellent même ! Pour un sédentaire, je choisirais peut-être le PS1000 ou le T1. Mais mon but est de trouver le casque nomade ultime. En tous cas, pour du sédentaire, et si l’isolation n’avait aucune importance, je réécouterai le PS1000 et le T1 pour les reconsidérer réellement face à un Edition 5 ! Mais pour le nomade, le 5 parait être the best of the best.

VI.        Conclusion

Alors finalement, quel est mon point de vue sur ce casque à 3500 € :

 Je repars avec une petite déception car à ce prix là on attend la grosse claque et la perfection, et pour la perfection, ce n’est pas le cas. Pour la claque, sur certains points, c’est le cas. Et c’est très rare que je ressente cela lors d’une écoute. Et je précise que mon niveau d’exigence est très élevé et aucune écoute (sédentaire ou nomade) n’a aujourd’hui mes faveurs. C’est une question de compromis.
J’adore le CD3000 par exemple, l’aération entre les instruments est magistrale également, surtout pour un fermé, mais il est coloré.
La quête est vaine certes, mais c’est justement l’intérêt !
Je repars aussi ravi et très enthousiaste car je ne m’attendais pas à cet espace sonore, cette finesse de reproduction, et cette évolution face à l’Edition 8.
Il se passe vraiment quelque chose qui n’existe pas ailleurs, une infinie finesse, une aération magnifique, de magnifiques timbres, et même si sur certains morceaux, ça passe mal, sur d’autres, la magie est vraiment là et on a des enceintes très haut de gamme sur les oreilles, voire mieux. Donc clairement, il me fait très envie.

 Bien sur, à la fameuse question : vaut-il 3500€ ? BIEN SUR QUE NON. Mais quel casque vaut ne serait-ce que 1500 €… Nous parlons ici de sommes stratosphériques que la matière première utilisée, ou le résultat ne justifient pas. Mes Tralucent 1+2 valent-ils 1500 € ? Non. Pourtant je les adore. Le R10 vaut-il 5000 € d’occasion ? Non plus. Ce sont des achats déraisonnés. Mais j’aimerais bien me payer un R10 et maintenant un Edition 5.
Pour ma part, aucun casque ne vaut ces sommes. Mais comme tout article vendu aujourd’hui, l’acceptation de la valeur marchande ne dépend que de chacun. La haute couture et bien d’autres domaines sont comparables, même pire souvent…
La question d’un tel achat est donc personnelle. Que ce soit pour un passionné qui parviendrait, avec un crédit ou en se saignant à force d’économies et de privations (comme moi), à se payer un tel bijou ou pour un autre passionné ayant des moyens plus évidents. Ce choix leur appartient et acheter une télé à 3000 €, un PC gamer à 2000 ou un ampli à 8000 € , ça reste au final un choix personnel et quelque soit la somme, on se posera la même question : est-ce que pour cette somme ou moins cher, je peux avoir mieux ? Pour l’Edition 5, si effectivement il existe mieux et moins cher et pour la même utilisation, alors l’Edition 5 n’est pas une réussite. Pour ma part, actuellement, en casque pouvant être utilisé en nomade, je pense que l’Edition 5 prend la première place. Mais… une autre personne, pourra ne pas aimer ce son typé et préfèrera un TH900 ou T5P etc. TH900 que je n’ai d’ailleurs pas écouter mais j’ai souvent lu que l’isolation ne le prédestinait pas au nomade. Et il possède également une courbe de réponse particulière avec un rendu des voix s’éloignant de la ligne droite.
Pour une utilisation sédentaire, alors la question est plus ouverte, l’Edition 5 reste excellent mais je ne pense pas qu’il soit au niveau des ténors que sont le PS1000, le SR009, T1 (je l’avais bien aimé quand je l’avais écouté c’est pour ça que je le cite 😉 etc. malgré certains registres (finesse des timbres, aigu), où le 5 les surpassera !

 Ce que je viens d’effectuer comme test reste le plus cruel pour un casque, la comparaison immédiate, instantanée. Ce principe d’écoute fait ressortir les colorations, les défauts x 10 pour chacun. D’autant, que je n’avais pas à ma disposition de choix de DAC et amplification afin de marier au mieux cet Ultrasone. La comparaison ne laisse pas le temps au cerveau de s’adapter, et l’empreinte du son précédent est encore mémorisé, ce qui rend le son suivant, trompeur. Et a contrario, sans comparaison, le cerveau a tendance à s’habituer, et à compenser et corriger certains défauts.

 Certains recherchent la courbe de réponse la plus droite possible, d’autres s’en préoccupent moins et restent ouverts à la beauté du rendu quitte à ne pas être servi au plus juste. Le son est malgré tout, malgré la technique, une question d’éducation d’oreille, de gout, d’habitudes, etc. Pour ma part, j’ai longtemps recherché cette ligne droite pour coller au plus près de l’enregistrement. Mais une courbe ne fait pas tout. Elle ne retranscrit pas la spatialisation, l’aération, le rendu des timbres, le détail, et surtout l’émotion.

 L’Edition 5 est donc un casque coloré, avec un haut-grave accidenté, mais c’est aussi un casque d’une finesse et d’une excellente aération. Et il vient concurrencer des modèles ouverts coutant +/- 1000 €, ce qui pour un casque fermé, est une prouesse rare aussi. De plus, sur sa gamme interne, il surclasse très largement ses cadets le Signature Pro et l’Edition 8. Enfin, comme souvent avec Ultrasone et sa série Edition, il conviendra à tous ceux qui apprécient la personnalité sonore des Edition. Mais pour les « anti » Edition, cela confirmera, malgré le gap évident du 5, peut-être leur opinion et ils pourront alors encore plus s’en donner à cœur joie pour critiquer un prix si stratosphérique, critique justifiée sur le prix en tous cas. Donc son positionnement est légitime au-dessus des 8, et Signature Pro, ou d’autres gros casques ouverts haut de gamme, mais son prix, lui, n’est pas justifié.
Et je sais que le prix de cet Edition déclenche des commentaires souvent disgracieux, comme j’ai pu le lire pour l’ak240 etc… J’ai voulu tester ce casque car il piquait ma curiosité, que je le trouvais très beau et trop cher. Tout ce que vous avez pu lire reste mon avis et je ne cherche à l’imposer à personne, mais simplement à faire partager mes tests pour essayer de donner quelque plaisir à ceux qui les liront et aider si possible. Et car je cherche un remplaçant à mon T5P;-). Mais comme chaque produit coutant des sommes souvent difficiles à accepter, quelque soit le domaine (photo, fringues), je trouve déplacé qu’on dénigre le produit trop violemment car on dénigre également du coup les personnes l’ayant acheté, des fois à coups de grosses économies, et qui n’ont pas demandé ces critiques blessantes.

 Au final, je retiens que pour un casque sédentaire, je choisirai un autre modèle moins coloré et surement ouvert. Mais si je cherche mieux que mon T5P en nomade, de ce que je connais, seul cet Edition 5 fait mieux. Mais s’il m’arrivait de me saigner à vif pour l’acheter, je pourrais alors me faire un point de vue plus « définitif » au fil des écoutes pour le revendre après à cause de ma maladie bien connue : la changitude aigüe !

                           

2 thoughts on “[Feedback]Rencontre avec un Ultrasone Edition 5”

  1. I have false contact with my ED5 ! The removable MMCX plug seems to be the weak part of the ED5.

    –> has someone experienced this with the Ed8 ROMEO & Ed8 JULIA that use the same plugs ?

  2. Bonjour,
    Je viens de lire votre « test » avec intérêt, enfin du moins jusqu’à l’arrivée chez le revendeur et le déballage du casque neuf et du « matériel » utilisé pour ce casque très haut de gamme.
    Dommage que dés le résumé vous n’ayez pas précisé que votre démarche était similaire, en analogie, à celle d’un pilote essayant un bolide de 350 ch en V8…tout juste sorti d’usine, amputé de la moitié de ses cylindres et chaussé de galettes…
    Heureusement que vous précisez d’ailleurs que vous êtes exigeant!
    Parce qu’écouter un Ultrasone, qui plus est son flagship en édition limitée à 3500 €, sans aucun rodage et sur un I machin avec un fostex HPP1 et sans aucun doute du bon vieux mp3, ça relève au mieux du délire voire du « foutage de g….. » absolu. En restant poli.
    Les Ultrasone sont réputés pour nécessiter un (long) rodage. Là, rien ! Les casques en général et les casques (très) haut de gamme en particulier sont très sensibles à la source utilisée. Que dire de l’amplificateur ! Allez, avec ce que vous utilisez, un casque entre 80 et 150 € aurait peut-être pu être testé. Et encore. Enfin, si, du « rnb » de hit-parade sur un B…s, ça peut convenir, bien qu’un test soit aussi utile qu’un sac de sable dans le Sahara.
    Test inutile et incompétent. Dommage pour ce casque sublime qui, en unlimited désormais, se trouve à moins de 2000€. Du beurre pour les cochons!
    Vrais amateurs de casques et de musique, sachez qu’il y a de vrais testeurs ailleurs!
    Et je me suis contenu…

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