Test : Westone 1

Test réalisé par Vic.

Westone est une marque américaine connue dans le milieu de l’audio pour ses retours de scène, mais aussi pour sa panoplie de solutions pour la protection auditive.
Après de nombreux retours de scène, la marque a décidé de sortir une déclinaison à vocation grand public, qui se rapprochait des exigences plus proches de celles des audiophiles. A ce titre, les Westone 1 sortent en 2009.

Le packaging est digne de ce que l’on peut espérer à ce tarif. Une multitude d’embouts laisse le choix entre des mousses de deux formats, des monoflanges ou des biflanges. La canule n’étant pas aussi longue que le conduit de certains embouts, la qualité d’écoute diffèrera plus où moins grandement selon les embouts choisis. La qualité générale est bonne, pour des intras au dessus de 100€ c’est la norme. On aurait peut être pu attendre de Westone un câble détachable, mais la marque n’est pas connue pour mettre un câble détachable de base sur ses intras. Un étui de très bonne facture est toutefois fourni, semi-rigide, il inspire la solidité.

Dotés d’un seul transducteur à armature équilibrée et ont pour caractéristiques une impédance de 27 Ohms à 1 khz, une sensitivité de 122 dB SPL à 1 mW et une réponse en fréquence de 20 Hz à 16 kHz. Les chiffres évoquent un intra facile à driver, mais dont les aigus ont l’air de couper court, qu’en est-il dans les cages à miel ?

Matériel de test: Studio V sur des pistes en MP3 encodées en 320k/s. Les embouts biflanges sont ceux m’ayant apporté le meilleur rendu acoustique, mais pas le meilleur confort, sachant que je recherchais un intra plutôt équilibré. Avec les monoflanges il y avait trop de basses et avec les mousses pas assez.

Ecouteurs de référence (et non de comparaison): EM4

Debussy / Prélude A : L’après-midi d’un faune
Les instruments ne sont pas ancrés au sol, tout n’est pas à sa place. On ne ressent pas que c’est une configuration orchestrale, ce n’est pas suffisamment large pour pouvoir apprécier l’œuvre. D’autre part la tessiture des instruments n’est pas son fort ici, je n’ai pas reconnu immédiatement les clarinettes. Si je n’avais pas su qu’il y en avait je ne sais pas s’il m’aurait été possible de les discerner.
D’emblée, on sent que le médium va être un point faible, sinon un point fort, de cet intra, qui monte plus que le reste du spectre. Dans les aigus, avec une écoute comparative aux EM4, les violons sont clairement coupés.
Tout n’est pas noir. L’ensemble reste tout de même détaillé, comme il se doit pour un intra de cette gamme.

Kanka / Popland :
C’est typiquement sur de la dub qu’on aimerait avoir quelque chose d’assez aérien et descendant bien dans le bas du spectre. Les W1 n’offrent pas un soundstage très dense, on sent vite les instruments devenir de moins en moins séparables. Par contre, les basses sont bien rendues, il y a un minimum de texture qui les rendent « palpables », bien qu’un peu molles.

Aphrodite / Karma Sutra (Slinky Mix) :
Les W1 réagissent vraiment bizarrement sur de la jungle. Plus ça va vite, plus les sample se superposent, plus certaines fréquences se voilent. Pas étonnant finalement que sur du classique les W1 réagissent de façon décevante. Ce n’est pas véritablement brouillon, bien que le ressenti soit clairement moins plaisant que sur des titres avec un ou deux instruments, en fait c’est comme si l’on essayait de tout caler dans un tube de PVC (cf lexique de Ony). Ça passe mal…

Chinese Man / Washington Square :
Les voix au début laissent présager un bonne interprétation, même si elles montent trop haut, malheureusement, dès l’arrivée des instruments, le bas du spectre est brouillon, plus du tout de texture comme cela pouvait donner sur de la dub. La seule chose positive, et encore quand elles sont essentiellement masculines, ce sont les voix. Bien séparées, posées à divers endroits de la scène sonores, elles permettent d’apprécier le flow. C’est vraiment le haut médium et les basses qui posent un problème sur ce titre.

Avishaï Cohen / Leh-Lah :
La scène est réduite à un angle de 90 degrès, mais sur ce titre les défauts acoustiques des W1 sont moins problématiques. Les cymbales ont peu d’extension, mais le tout est relativement bien détaillé. La contre-basse d’Avishaï Cohen prend une place moins proéminente que dans les écoutes auxquelles je me suis habitué. On dénotera une séparation des instruments fatiguante à cernée, imputable certainement à l’angle de la scène.

Romano Sclavis Texier / Viso di donna :
Trois instruments au timbre magnifiquement restitué à l’enregistrement, qui sont ici interprétés d’une façon perturbante. D’une part le saxophone monte bien trop haut comparativement au reste. D’autre part, il manque cette résonance aux cordes pour leur donner tout leur réalisme. Vraiment dommage, la performance n’est pas là, les instruments sont bien trop concomitants pour que l’on puisse se concentrer sur l’un puis sur l’autre.

Tool / Disposition :
Voilà un titre bourré de micro détails, dont la superposition des instruments au fur et à mesure du déroulement va montrer si les W1 s’en sortent sans être trop brouillon.
D’abord la basse, qui seule s’en sort bien, le rendu est propre comme il faut. Ensuite la voix, ici voilée, dont les paroles sont perceptibles, mais avec difficulté. Enfin, la guitare électrique, qui vient écraser par moment le tout. Les micro détails ne sont pas perceptibles, mais le bas du spectre est assez détaillé.

Refused / Summerholiday vs. Punkroutine :
Un titre bien plus rapide que le précédent, les W1 peuvent ils suivre? Étonnamment, oui, mais sans éluder les défaut rédhibitoires: guitare électrique est fatiguante, voire oppressante, la voix est nasillarde, la batterie n’a pas d’impact, les cymbales coupent tôt.
(désolé Ward, ce n’est pas un intra doué sur du « metal », je vais éviter le massacre en ne rendant pas compte d’Iron Maiden)

Suzanna Vega / Tom’s diner :
Les W1 s’en sortent ni plus, ni moins. Pour une fois, la voix est bien rendue, Suzanna Vega est mise en avant sans trop monter, par contre le bas du spectre ronfle et gâche malheureusment le plaisir.

IAM / L’empire du côté obscur :
Alors que les basses peuvent être molles sur certains titres, ici elles nous claquent aux oreilles, au point de venir évincer le sample de violon. Autre étonnement, les voix sont particulièrement bien rendues, on perçoit subtilement dans le refrain les différentes voix se superposer.

Led Zeppelin / The Battle of Evermore :
Deux écouteurs m’ont transporté sur ce titre: l’Ath A900 et les EM4. Le défi n’est pas à la portée des W1, mais ils peuvent peut être s’en sortir comme s’en sortent les SF5pro.
Hélas, les W1 sont atroces sur les voix lorsque celles-ci montent en fréquence! Ça suffit pour gâcher ce superbe morceau. Rien ne sert de s’attarder sur les guitares, rien de transcendant…

Asa / Eye Adaba :
On finit sur une note agréable, il manque de texture aux instruments, mais sa voix douce relève ce manque. Le médium ne fatigue pas autant que sur les autres œuvres écoutées, c’est une « première » avec les W1 dans mes oreilles.

Conclusion :
Remettons les choses dans leur contexte, celui du rapport qualité/prix. A mon avis, les Westone 1 ne le valent pas. Comparativement à des Superfi5 pro, plus vieux, ou à des Q-Jays, quelque peu plus chers à leur sortie, les Westone 1 sont de mauvais intras. Peu de styles lui correspondent, l’écoute se révèlent être très rapidement fatiguante. Sa tenue particulière, bien qu’ils soient si petits, n’améliore rien à la chose. D’autant plus que selon les embouts c’est le jour et la nuit!
Dans la même gamme de prix, en mono transducteur, les UE600 ont des arguments bien plus alléchants pour vous inviter à ouvrir votre porte-feuille.

Note : 3/10

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