[ZIK] SuperNova

Voilà un moment déjà que Patton n’était pas venu hanter les colonnes de Tellement Nomade. Détracteurs ou aficionados, Lucius paye sa tournée !


Freedom

 

La fin de Faith No More, telle une supernova, va redonner naissance à chaque membre  : Mike Bordin devient le batteur d’Ozzy (l’ex-nouveau chanteur de Black Sabbath) et d’un super groupe nommé « Jerry Cantrel » (c’est le nom de l’ex-membre de Alice in Chain, groupe de rock/grunge américain) avec Robert Trujillo (futur bassiste de Metallica et  Suicidal Tendancies). Billy Gould monte différents projets et joue dans pas mal de groupes dont Harmful mais surtout créé « The Talking Book » avec Jared Blum. Roddy Bottum joue avec Imperial Teens, Jon Hudson continue son bonhomme de chemin.

Quand à Mike Patton, il commence à travailler sur son nouveau projet Fantômas en remixant   « Chariot Choogle » de T. Rex (le célèbre groupe de rock de Marc Bolan que vous avez pu entendre chez Tarantino ou dans le film Dallas Buyer Club). Attention au choc pour les fans du groupe, le morceau est passé au hachoir…

La même année, il chantera et tapera sur les fûts pour  Weird Little Boy de JohnZorn.

Album expérimental très sombre impossible à noter ou même critiquer. Ce genre de « trip » s’écoute dans des conditions particulières (sous drogues particulières ?!) afin de rentrer dans un monde épuisant pour votre imagination. C’est entre les Melvins, Pink Floyd et un trou noir.

Voilà le genre de projet pour lesquels je pourrais la jouer intello/critique musical « Comprenez que la complexité des sons et de l’assemblage des genres au service du génie de ces créateurs ne parlera qu’aux plus doués d’entre vous capables de synesthésie. Il s’agit de la musique du futur mais personne ne le sait encore… À  part  ses créateurs et ceux qui feront l’effort d’oublier le schéma musical basique, cet album ne plaira pas ».

Je me permettrais malgré tout la remarque suivante : « Test de Rorschach » (le test psychologique ressemblant à des papillons). En effet, la façon dont va réagir le public permet de connaître très vite leur façon d’appréhender une œuvre, d’absorber l’art en général. On a tous fait l’erreur de juger, cataloguer, un album, un film, trop vite. Après avoir décortiqué certains films dont Shining de Kubrick, j’ai appris à mieux appréhender le cinéma et ses codes, comme cela pourrait être le cas avec certains projets musicaux avant-gardistes. Fermons la parenthèse, car les aficionados de Mike Patton au fond de la salle commencent à s’impatienter et crient au scandale…

Et à raison, car j’ai volontairement omis de vous parler de deux projets solo de Mike Patton : Adult Theme for voice et Pranzo oltranzista, sortis en 1996 et 1997.

Le premier est une expérience bruitiste jusqu’au-boutiste. Aucun intérêt d’écouter cet album si ce n’est pour amener son cerveau à réfléchir autrement lorsque l’on veut créer, que sais-je, une peinture ou ce que vous voulez. Le deuxième , est d’autant plus étrange qu’il est composé avec plus d’instruments, ce qui le rend plus accessible, « lol », comme disent les jeunes.

Les fans de The Real Thing, qui ont découvert Patton à ce moment, vont être « largués » et se sentir « insultés » par l’artiste. À tort, puisque le bonhomme ne cherche pas à s’écarter du grand public en réalisant ce genre de projet, mais à libérer sa créativité. Il est d’ailleurs le premier surpris de voir ses albums solos se vendre à plusieurs milliers d’exemplaires. Cela est certainement dû au culte que lui vouent certains fans, parfois fatiguants à force de nous répéter qu’il est un génie et que ses détracteurs ne comprennent rien à sa musique.

Et si chacun restait libre d’écouter et de créer ce qu’il souhaite sans être jugé ou se voir coller une étiquette ? J’aime Pranzo Oltranzista et je vous assure que cela ne fait pas de moi un infréquentable de la musique ou un personnage étrange dont les relations sociales sont délicates et effrayantes. (même si j’écoute Mister Bungle presque chaque jour).

À propos de création et de recherche, sur le prochain lien, vous le verrez s’essayer à un instrument : l’Intonarumori.

Ce sont les moments que Mike préfère. Ces instants durant lesquels la création débute, les idées émergent, s’assemblent aux autres pour donner naissance à un album ou autre. Cela explique certains lives un peu expérimentaux, afin de retrouver la sensation de création, d’improvisation avant les enregistrements.

Mike Patton continue sur sa lancée et participe à un maximum de projets comme avec  Melt-Banana (groupe de metal extrême japonais dont je vous vendrais  bien des louanges surtout avec leur dernier album Fetch  mais la place nous manque) qui sort « Charlie » sur lequel Patton chante via une piste : Aera 877 dont je vous laisse apprécier le clip amateur du morceau (qui se permet deux trois libertés sans perdre l’esprit du morceau).

Dans une tout autre ambiance, Mike Patton reprend également Dracula Cha Cha Cha de Bruno Martino (repris par Henri Salvaldor aussi).

1999 : Ipecac et Fantômas

Dave Lombardo (batteur de Slayer), King Buzzo (créateur, guitariste et chanteur des Melvins), Trevor Dunn (Bassiste de Melvins Lite, Tomahawk, Zorn, MadLove, etc) sont conviés par Mike Patton pour former un groupe de deathmetal jouant des morceaux de 1 à 2 minutes sur fond de samples tirés de films « à l’ancienne ». Les compos de chaque album sont écrites par notre savant fou… Et aucun label ne veut les signer. Pour solutionner ce problème, il va créer le sien avec Greg Werckman : Ipecac (c’est le nom d’un vomitif).

Un très bon cru en live au Festival de Montreux, avec le batteur  Terry Bozzio (classé dans le top 50 mondiaux) qui remplace Lombardo partit en tournée avec Slayer. À  l’écoute de cette musique calibrée pour le live on pourrait penser que le tout s’adresse uniquement à des serial killer… Erreur, ce projet est « juste » l’occasion de faire du rock comme personne avant. Le but principal étant de capturer l’auditeur. À  ce propos, comme pour Faith No More (et finalement tous les groupes de Patton), les albums se suivent mais ne se ressemblent pas. Egalement, à l’instar de Mister Bungle, Fantômas déclenchera la naissance de tout un tas de petits groupes s’inspirant des morceaux « deathmetaloPunk » du Quatuor, sans jamais vraiment réussir à donner naissance à quelque chose de mieux q’un clone du groupe.

1998 : Fantômas : Amenaza al Mundo

Dès les premières écoutes, on se dit « Bon, c’est pas l’album que je vais écouter dans la rue…ou alors pour mener une expérience ». Découpé en 30 morceaux pour une durée totale de 43 minutes, Amenaza El Mundo alterne riffs metals, délires expérimentaux et de l’ambient. C’est le moment de vous dire « à part vous conseiller de l’écouter pour vous forger votre propre avis, je ne sais pas quoi vous dire d’autre ». La musique de Fantômas est une expérience à vivre, qui demande de la concentration la plupart du temps, l’idée du projet consiste à mettre en ébullition votre imagination, à attraper votre esprit avec du fil barbelé pour ne plus le lâcher.

À la sortie de l’album certains crient « Au génie ! » d’autres « Au snobisme » ou encore « Où est mon poulpe géant ? ». Je trouve que Fantômas ne relève ni du génie ni du snobisme, il s’agit juste d’une œuvre créée à partir d’un lot d’idées très (trop ?) nombreuses, d’un bon paquet de références dosé d’une touche personnelle de l’auteur afin de nous permettre de voyager autrement avec la musique extrême, en évitant de répéter ce qui a déjà été fait. Et si le patron nous parlait de son projet ?

Mais qu’entends-je ? Cette musique… Le marchand de glace ? Non… C’est… Fantômas !!!

Malgré Fantômas et une tournée du groupe en première partie de Tool (groupe de metal culte qui cartonne sur toute la planète… ce qui augmente les ventes d’albums de Fantômas du simple au double) entre autre, Patton trouve toujours le temps pour enregistrer un morceau ici et là : sur la compilation Tabbo and Exile de John Zorn, il chante sur un morceau très rock nommé  Bulls-Eye ; avec Jerry Hunt, Patton écrit deux titres qui apparaîtront son album : SongDrapes ; avec ses compatriotes de Tin hate trio, il chante sur l’étrange  morceau Infinito  puis sur la B.O. de No Coração dos Deuses, Cavalera (le chanteur de Sepultura et Soulfly)et Patton créent le titre « Procura O Cara ».

C’est alors que Patton rencontre Masami Akita :

Musicien bruitiste et expérimental, comme  disent  les journaux. Jamais, au grand jamais, je ne prendrai le risque de me lancer dans une présentation du Monsieur qui a plus de 100 albums à son actif et il est parfois difficile de savoir si à la création d’un projet, Masami Akita ne s’est pas dit « je vais appuyer sur n’importe quel bouton pendant une heure et on verra ce qu’en pensent les gens ».

Évidemment, Patton et Masami foncent en Studio pour sortir She sous le groupe Maldoror. Comment vous dire ? Autant Adult Them For Voices me parle autant là… On ne sait pas trop s’il s’agit d’êtres biologiquement non terrestres qui enregistrent cet album ou une grosse blague de la part des deux bonshommes. Si Mike Patton aime se jouer de MTV par exemple, il aime aussi prendre à revers justement tous ceux qui se prennent pour l’élite de la musique avant-gardiste. Autant, composer et jouer un Fantômas me paraît relever du travail, de la concentration, autant là, je doute vraiment du concept et de son intérêt créatif, musical, mais qui sait ? Peut-être n’ai-je pas vécu « la chose » qui me fera aimer ce genre d’album ?

On ne le saura jamais si ce projet est vraiment un concept ou une blague … Peut-être, en cas de thérapie, Maldoror s’avérera utile. Mais dans ce cas, j’espère ne jamais avoir besoin de ce genre de thérapie… Ou alors, vous êtes à une soirée, l’ambiance n’est pas à votre goût. Dirigez-vous vers le DJ ou la chose qui permet de diffuser du son, chercher Maldoror sur Spotify ou autre (vous le trouverez, car Patton est connu comme le loup blanc) et balancez l’album ! Tout le monde va prendre ses jambes à son cou, à vous les petits fours, à vous le champagne, et tutti quanti. La cerise sur le gâteau? PERSONNE ne vous rappellera !

Plus sérieusement, Patton va devoir faire des choix, les jours ne durent que 24H, et, heureusement pour beaucoup d’entre nous (vous trouverez bien quelqu’un pour vous expliquer que Maldoror est l’œuvre incontournable de deux génies), il va préférer se consacrer à un nouvel album de Mister Bungle… Et quel album !

1999 : CALIFORNIA de Mister Bungle ou les New Beatles

Meilleur album de tous les temps

Et à nouveau (depuis Disco Volante) une bonne vingtaine de musiciens pour ce nouveau projet qui comme toujours prend à contre-pied tout le monde, sauf que les fans de Bungle, contrairement à Faith No More, sont prêts au changement.

Après les avoir vu en live, on s’imagine un groupe immortel mais les membres rentrent souvent en conflits pour des raisons musicales et de compositions. Du coup, c’est le dernier projet pour que chacun puisse suivre sa route ensuite. C’est vrai qu’à l’écoute de Secret Chiefs 3, (groupe créé par Trey Spruance en parallèle de Mister Bungle pour subvenir à des besoins créatifs que Bungle ne permet pas) on peut s’imaginer ce qui opposait Patton et Spruance, le premier est réellement sans limite dans la diversité des genres musicaux alors que Trey, dès les premiers SC3, nous sert des compos très homogènes, inspiré du monde orientale principalement. Malgré tout, Trey Spruance a passé de très bons moments à ses côtés définissant sa relation avec Mike comme la plus fructueuse qu’il ait jamais eu. Cependant, au fil du temps, Mike devenait trop directif, un peu comme chaque membre du groupe apparemment, il a alors paru évident que chacun devait suivre sa voie. L’autre détail qui nuit au groupe, c’est leur label : « d’un côté, on nous dit « Attention, changement de style = vente qui chute! Bungle doit être expérimental, comme Disco Volante ». Et de l’autre « On s’en tape de ce que pense le public, on fait notre musique, comme on l’entend et on continuera de faire des live de qualité et les gens se déplaceront » (Mike Patton). L’opposition d’idée pousse le groupe à se dire que si chacun poursuit son chemin séparément, ce sera plus bénéfique pour tout le monde, et vu tous les projets qui sont nés après… Je suis entièrement d’accord !

California sort la même année que Californication des RHCP… Vous savez ce que raconte la légende, les Red Hot se sont mis à nu pour démarrer (littéralement), c’est l’une des principales raisons qui amène les membres de Bungle à se rire d’eux, un peu comme vos collègues de bureau qui n’ignorent pas ce que vous avez fait pour obtenir votre job… Mais si le groupe parodie le faux plat mexicain, c’est surtout parce que Anthony Keidis empêche le groupe de se produire en Australie pendant un festival… Parce que Môsieur a jugé que Mike Patton le plagiait…

Vous-ai-je déjà parlé des virées des Bungle avec des organes en bocaux ?! Non ? Vous avez raison, ce n’est pas le moment.

Et en live ? A part se payer la tête des Red Hot, que font-ils ? Le plus grand album de tous les temps donne naissance au live le plus renversant que l’homme ait créé.

Aussi effrayant que classe, violent que modéré, ce live démontre les capacités du groupe à adapter leur morceau  pour y dégager une énergie envoûtante (18ème minute) et puissante (22ème minute). À 3.33, le morceau None of them knew they were Robots nous emporte dans le monde de Bungle avec une classe étrange.

Dans la discographie de Patton, California se situe en haut de la pyramide. Les mômes d’Eureka, ville où David Lynch a tourné Blue Velvet (c’est juste pour vous rappeler à quel point, cela doit être soporifique de vivre là-bas !), vont faire mouche pendant 45 minutes. Expérimentations contrôlées, puisant dans le passé du groupe et dans les 500 dernières années de la terre précédant la sortie de l’album, production claire et chirurgicale et un Patton hanté par des personnages que je ne souhaiterais jamais rencontrer, même derrière une vitre de 30 cm d’épaisseur.

Patton compose : Sweet charity, Ars Moriendi et participe grandement à Goodbye Sober Day, Vanity Fair, Pink Cigarette et None of them knew they were Robots et l’énormissime The Air-conditioned Nightmare, sans oublier Dunn (Retrovertigo et The Holy Filament) et Spruance (Golem 2).

En y regardant de plus près, on comprend qui apporte quoi : Dunn, le rock/pop, Spruance la world musique et Patton la diversité.

Dès le premier morceau, un côté pop/kitsch ressort, chaque note de Sweet Charity dissimule un sentiment de « moquerie » permanent et tout le monde attend l’explosion de violence qui n’arrive qu’avec la deuxième piste, l’incroyable « None of them knew were Robots », imaginez un cirque où tout part en vrille, les jongleurs débarquent avec des testicules pour jongler, le cracheur de feu enflamme le lion, Miss Serpent… Non là je ne peux pas. Beetljuice a rencontré Frankenstein et Elvis Presley pour nous sortir un morceau de rockabilly composé à la surface du Soleil : un véritable antidépresseur déjanté. Après une bonne ballade au final enragée, les deux prochaines pistes, dont la première The Air-conditioned Nightmare, alterne refrain façon Beach Boys et passage urticant. Puis arrive un autre point culminant de l’album : Ars Moriendi ou l’art de mourir, je n’ai vraiment pas de mal à imaginer les membres du groupe dansant sur la tombe de leur pire ennemi sur ce morceau… Au fil des secondes, le morceau s’emballe, accélère, prend du poids pour finir dans une violence peu contenue ! Ah ! Et ces passages techno donnant la réplique à des excursions irlandaises pour tout de suite revenir chez les Balkans, joussifs! Pink Cigarette, premier slow du groupe, enfin slow,… La fin du morceau est le décompte d’un mourant  avec ses cris d’agonis en fond sonore… Puis vient le Mythe du Golem, la musique de Bungle n’étant pas quelque peu son Frankenstein ? Suivi de l’inquiétant Holy Filament mélange de violon soupe au lait et d’ambiance religieuse. Bungle a toujours pris des musicalités rassurantes par le passé pour les amener à devenir cauchemardesques : le ska du premier album évoque plus la folie que la fête, la techno de Disco Volante donne plus envie de pleurer que de sauter contre les murs… À  l’image du break de Vanity Fair et de ses paroles apocalyptique annonçant la fin du monde où des membres d’une secte, fans de l’autocastration pour satisfaire l’idéologie de leur gourou, se mutilent en l‘hommage de sa fortune. « GoodBye sober Day »  démarre sagement pour passer à des chants Ketjak comme à Bali  et revenir à un mélange metal/musique du monde dont seul notre clown a le secret.

Les membres de Bungle fascinés par l’histoire du monde et ses croyances étranges livrent avec cet album un hommage à l’histoire de nos peuples tout en finesse. Opposant des clichés « Arabe vs USA » juste pour faire cù*$ la famille Bush, mariant à merveille toutes les musiques du monde, en plaçant un bout de piano là, un chant religieux russe ici, un Beatles beat dans le coin, une parodie de Prince en surface, des imitations d’Elvis dans le fond, dessinant le portait d’américains au bout du rouleau ou esquissant la face cachée de la lune, Mister Bungle est mort. Vive Mister Bungle.

Et pour quitter le groupe, je propose sur une reprise de Mario Bros…

… En hommage à leur côté « Nintendo Boy » des débuts.

Une fois le bug de l’an 2000 passé, Mike Patton continue ses collaborations avec Kid606 (le trip-hop man vénezuelien agé de 36 ans), les Melvins (le fameux groupe de rock de King Buzzo et frère d’arme des Nirvana). Pour la bo de Halloween, il rejoint encore son maître John Zorn sur l’excellent The Big Gundown , et un live avec le hip-hopien Buckethead. Il participe enfin à un album de Neil Hamburger, un comique américain …

Mike Patton passe son temps à enregistrer différents projets qui verront le jour en 2001 dont un nouveau-né : TOMAHAWK !

« Dieu n’est pas avec nous et il déteste les corniauds dans ton genre »
Le Bon, la Brute et le Truand

Le premier album de Tomahawk, c’est du concentré de tomates. Le son est sec, certains morceaux rendent claustrophobe, d’autres donnent envie de dégainer avant l’adversaire.

Chaque partie apporte son lot de génie indispensable : la basse très présente de l’ex-Melvinien, la batterie militaire de John Stanier (le batteur de Battles, groupe de rock new-yorkais connu pour le morceau Atlas, il fut aussi le batteur du groupe de metal Helmet formé en 1989, toujours actif à ce jour) frappe comme des coups de soleil en plein désert, les riffs et les compos de Duane Denison (ancien guitariste de Jesus Lizard, connu pour leur split avec Nirvana et surtout un rock hardcore crasseux de très grande qualité) nous enferment dans la mine pendant que la voix de Patton nous procure plus souvent des frissons d’angoisse que de plaisir (le morceau Point and click!!!).

Cet album, je l’ai mis sur un piédestal dès la première écoute. L’ambiance y est envoûtante, inquiétante, étouffante. C’est aussi parce que c’est un album  homogène (avec Anonymous troisième album du groupe), et cela aide à instaurer une ambiance sur tout l’album. Les fans de Faith No More commençaient à se lasser de l’instabilité créatrice de Patton. Eh bien, ce premier opus de Tomahawk, réjouit les plus sceptiques : chaque compo sonne à la même sauce, mais rassurez-vous, le tout est assez inventif pour ne pas être répétitif grâce aux  samples et à  la voix de Patton. Mais il faudra repasser car chez MP, une seule règle fait loi: ne pas refaire le même album deux fois. Alors dès le prochain album Mit Gas, on se retrouvera ailleurs tandis qu’ Anonymous nous plongera au tréfonds des mondes ténébreux et hantés des amérindiens massacrés pour ensuite mixer le tout sur Oddfellows.

Revenons à nos haches.

On tombe très vite dans le piège des comparaisons, surtout au moment de la sortie de l’album : mais rien, mis à part le chant de Patton quoique très différent du passé, ne nous rappelle FNM. Tomahawk se situe quelque part entre Ennio Morricone (le compositeur signé chez IPECAC, le label de Mike Patton), Jesus Lizard, une adresse hantée d’Indiens mourants d’envie de revenir d’entre les morts pour se venger et le rock. Ici, chaque morceau nous emmène dans un western glauque à souhait où cowboys  zombies et amérindiens fantomatiques se croiseraient entre deux Canyons avec pour conteur un Askadi en âme déchue se déplaçant au-dessus de ce petit monde violé et violent.

Voici le groupe jouant Narcosis pendant 6 minutes : révélant alors tout son potentiel.

Allumez votre calumet, lancez l’album, montez le son et laissez-vous emmener par cet oeuvre mixant à merveille le rock, l’ambient et le punk. Jamais un album de rock ne fut aussi envoûtant, jamais un album d’ambient ne fut aussi pêchu et l’on en remercie les auteurs d’avoir rendu ce rêve possible: écouter du rock poignant tout en nous permettant de triper, planer, s’échapper, façon western.

« Je ne comprenais alors pas tout ce qui s’est achevé là. Quand je regarde maintenant vers le passé du sommet de mon vieil âge, je peux encore voir les femmes et les enfants étendus, massacrés, les corps jonchant le sol du ravin. Je les vois aussi clairement que lorsque je les ai vus avec mes yeux encore jeunes, et je peux voir qu’autre chose est mort dans cette boue sanglante, ensevelie dans la tourmente de neige, le rêve d’un peuple a été brisé là. C’était un beau rêve, et moi à qui une si grande vision a été donnée dans ma jeunesse, vous me voyez maintenant comme un vieil homme pitoyable qui n’a rien fait, car le cercle de la nation est brisé, il n’y a plus de centre depuis longtemps et l’arbre marqué d’une cicatrice est mort. » 

Comme je vous le disais avant d’entamer la chronique de Tomahawk, Mike Patton a dans ses tiroirs des projets qui ne demandent qu’à voir le jour dont le prochain Fantômas :

Album complet

Cet album sera joué en intégralité une dizaine d’année plus tard. Un grand moment de poésie.

La même année, Fantômas sort donc « The Director’s cut », 16 titres tirés du cinéma d’horreur et de Morricone. La version du Parrain façon Fantômas perd toute beauté pour devenir un morceau death/black métal sombre et très rapide. Chaque titre livre son émotion forte : voix possédées (Rosemary Baby), ambiance fantastique (Twin Peaks) contre ambiance satanique « Omen » voir carrément cadavérique dans « Henry Portrait of… ». Pas le CD que vous sortirez avec Mamie mais entre potes pour Halloween autour de bière, de jus d’orange et de bol de sang. La plus grande réussite du groupe pour certains, un disque ultra kitsch pour d’autres (et c’est vrai qu’il peut l’être à certains moments, mais c’est l’effet souhaité…)

Puis dans un tout autre contexte Patton s’associe à Dan The Automator (le producteur de Gorillaz entre autre).

À écouter : Crudo, let’s Go , un morceau conçu pour la BO du film Shinjuku Incident, avec Jackie Chan. 

La collaboration donnera naissance à « Lovage », un disque suave de trip-hop aux portes de la musique Lounge : rythme posé et voix susurrées, l’album est sous-titré « Music to make love to your old lady ».

Cet album ne tombe pas loin de Portishead en étant plus sexy et aphrodisiaque d’où le nom du trip : une plante aphrodisiaque justement. L’album est porté/produit par Dan the Automator, chanté par Mike Patton et Jennifer Charles du groupe Elysian Fields (que vous adorerez si Lovage vous a convaincu), le tout accompagné des scratch de Kid Koala.

La pochette fait écho à Gainsbourg et Hitchkock en y rajoutant un accent kitsch assumé. Patton y dépose sa voix la plus profonde… pour nous expliquer le sexe avec sa compagne Jennifer Charles. Si l’orgasme musical n’est pas atteint à tous les coups, vous pourrez toujours le tenter de manière plus physique en glissant l’album dans votre platine CD après avoir invité votre voisine pour l’apéro. L’ambiance y est classe et suave comme dans ce clip.

Dans le même style, il dépose sa voix hantée sur Team Sleep , projet de Chino Moreno (le chanteur des Deftones, groupe de Metal américain). Projet bien mois sexy que Lovage : inquiétant et étouffant.

Il en va de même avec « Bridge to the Beyond »  de John Zorn, présent sur l’album The Gift et qui annonce les prémices du prochain livre audio de Fantômas « The Delirium Cordia ».

Mais avant cela, The Dillinger Escape Plan, groupe de mathcore, se cherche une voix le temps d’un EP… Mike?

 

 

3 thoughts on “[ZIK] SuperNova”

  1. « Lovage » est un des CDs que j’ai vraiment adoré. Sorte d’OVNI musical, j’avais jamais tilté sur le fait que l’ami Patton était à l’oeuvre dans ce truc alors que – comme le Port Salut – c’est marqué dessus.

    H.

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