[Test] S.M.S.L M9

Cette semaine, c’est klennex qui se prête au délicat exercice de réaliser un test pour le Blog. Je vous laisse découvrir ce qu’il a pensé du DAC/Ampli symétrique S.M.S.L M9 que nous a gracieusement prêté notre partenaire Audiophonics.

 

Préambule : avant toute chose, je tiens à remercier Tellement Nomade de sa confiance pour mon premier feedback, ainsi qu’Audiophonics pour le prêt de ce M9, dernier-né des DAC/Amp conçus par la marque S.M.S.L.

Déballage et premier contact

Nous avons affaire à une boîte de 20 x 20 cm, sobre et ornée d’une simple photo du produit. A l’intérieur se trouve un écrin en mousse dense qui protège efficacement le petit écran de contrôle incliné (celui-ci mesurant 4 x 3 cm pour un affichage réel de 3 x 3 cm), complété par : un cordon USB, un manuel, un mini-CD et un adaptateur secteur 5 volts doté d’un câble de plus de 2 mètres.

Le boîtier

Hors écran, il se présente sous la forme d’un parallélépipède particulièrement compact de 16 cm de longueur pour 13 cm de profondeur et 2 cm de haut. Entièrement en aluminium satiné avec des angles qu’on dirait coupés à la serpe : on peut ne pas aimer…

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L’exemplaire que j’ai testé n’était pas stable sur ses quatre 4 petits pieds en gomme antidérapante, ce qui laisse à penser que le châssis, quoique bien assemblé, n’a pas été correctement moulé. Et de fait, à y regarder de plus près, j’ai constaté 2mm de jeu…

La connectique arrière est bien intégrée, sans fragilité apparente.Sur la face avant se trouvent, à gauche, une prise casque asymétrique de 6,35 mm, secondée par une prise symétrique de 2,5 mm. De plus, sur la droite, on peut voir le petit bouton de mise en marche (qui sert aussi pour les réglages) flanqué de la molette du volume qui peut également, par pression, valider les appels de sélection. Cette molette, sans doute à cause de sa fonction secondaire de bouton poussoir, semble flotter un peu dans son logement mais elle est par ailleurs crantée de façon plutôt ferme, limitant ainsi les variations intempestives de l’intensité sonore.

Un discret logo M9 décore la partie haute du châssis, juste au-dessus de la molette du volume. Faire plus sobre serait difficile… Pour être franc, je trouve à ce boîtier un air de prototype mal fini. Mais bon, cela ne m’a pas gêné plus que ça.

Mise en route et allumage

L’allumage est rapide (2 secondes) : le petit logo SMSL apparait, le relais s’enclenche, l’écran devient opérationnel de même que les circuits internes. L’écran est un des gros atouts de ce modèle, tant d’un point de vue pratique qu’esthétique. Il est installé en biais au milieu du châssis et, si son angle de vision n’est pas à la hauteur des performances des écrans des derniers smartphones et ne présente de contraste optimal que si on le regarde de face, il n’en reste pas moins parfaitement lisible.

Sa couleur d’affichage peux varier selon six choix : jaune, violet, rouge, blanc, vert et bleu. En revanche impossible de l’éteindre ou de réduire sa luminosité, ce qui est dommage. Il affiche en permanence le niveau de volume, le type de signal, le taux d’échantillonnage et un petit logo sympa, au milieu, qui indique l’entrée utilisée.

Plusieurs réglages sont accessibles (par rotation puis appui pour valider la sélection) :

  • le type d’entrée : optique, coax ou USB ;
  • la sortie active : casque 6.35 unbalanced (asymétrique), casque 2.5 balanced (symétrique) ou RCA ;
  • la fréquence ASRC d’échantillonnage ou de sur-échantillonnage (off/44,1/88,2/176,4) ;
  • la tonalité ou Sound Color : 1, 2 ou 3 ;
  • le réglage des quatre filtres digitaux affectant delay et roll-off au niveau de la puce de conversion AK4490 ;
  • la phase, qui peut être inversée ;
  • la couleur des caractères de l’écran ;

Enfin, un simple appui sur le petit bouton permet d’appeler un récapitulatif de ces réglages. On a donc là un système d’information simple, rapide et qui va finalement à l’essentiel.

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Techniquement : qu’y a-t-il dans les entrailles de ce M9 ?

La fiche technique est prometteuse :

  • double-DAC AK 4490 ;
  • cinq OpAmp (amplis opérationnels) OPA1612 ;
  • double-amplification en TPA6120a2 pour la sortie casque symétrique ;
  • contrôle du volume analogique ;
  • récepteur USB avec le dernier XMOS 32 bits xCORE-200.

Tout cela paraît fort proprement implanté. Je n’ai pas ouvert personnellement ce M9, mais vous propose de découvrir la carte électronique, avec : en rouge, la partie ampli casque ; en rose les puces AK4490 ; et en jaune, le XMOS et la puce CIRRUS 8422CN qui gère les entrées numériques.

Pour plus de détails, vous pouvez consulter la fiche technique complète.

En avant la musique

Les écoutes ont été réalisées avec le M9 sur batterie, branché en optique ou coaxial afin de limiter au maximum les bruits de fond et autres interférences. Ma source a été un Shanling M3, mon système d’écoute étant un casque Kennerton Vali avec câble hybride cuivre/argent. Précision : toutes mes écoutes ont été effectuées sur la sortie 6,35mm asymétrique (nous verrons plus loin le bénéfice de la sortie 2,5mm symétrique), sans aucun filtre ni sur-échantillonnage.

La play-list était constituée de pistes en Flac 44,1/96 comprenant une majorité de titres rock (Dire Straits, Léonard Cohen, Eric Clapton, …), Imany, Lilly Wood and The Prick, du piano (Jim Brickman)… mais aussi Marina Kaye, Benjamin Clementine, Christine and The Queens, Etta James et Fréro Delavega.

Je ne vais pas tourner autour du pot, les mots qui définissent le mieux ce M9 sont : équilibre (ou neutralité) et justesse des timbres.

Dans le détail

On a affaire à un son équilibré qui, quoique très légèrement montant, n’exhibe aucune coloration marquée : la signature finale, en sortie du M9, ce sera votre système d’écoute et lui seul qui la donnera au signal.

– Les aigus sont joliment détaillés, ciselés mais sans agressivité. On est toutefois à la limite de l’incisif et, en poussant le volume, on bascule vite dans la douleur. Peut-être est-ce là le point le plus faible de ce M9. Maintenant, la perception de cette agressivité est à relativiser d’une personne à l’autre.

– Les voix sont très légèrement soulignées : le chanteur est en avant de la scène et aussi en hauteur. Sur le plan des timbres, les interventions vocales sonnent justes, articulées et sont correctement définies. Cela suffit à leur donner une présence très agréable et surtout assez naturelle. Néanmoins on reste ici dans un registre plus analytique qu’organique ou chaleureux.

– Les basses sont plus sèches que rondes, rapides, claquantes, percutantes… Bref avec le Vali, ce n’est que du bonheur, avec de l’impact à foison : c’est généreux et contrôlé à la fois et, toujours, d’une très grande justesse. Les basses sur le M9 n’ont rien de profond ni d’abyssal mais c’est tendu et propre, ce qui est déjà beaucoup !

Le soundstage est correct : l’espace sonore ne parait pas resserré ou intimiste. Il me semble tout de même que certains concurrents font mieux en ce domaine, en proposant plus d’espace et d’aération. La séparation et le placement des instruments sont cependant détaillés et cohérents, assurant une écoute agréable. Leurs timbres, surtout, sont très bien rendus, et la dynamique générale est excellente.

Quelques comparaisons

Avec le Chord Mojo

Le Mojo est plus « musical », plus chaleureux dans le rendu des voix, mais ses aigus sont moins définis que ceux du M9 (plus adoucis en fait), son soundstage est légèrement plus étroit (ce n’est clairement pas le point fort du Mojo) et ses basses sont aussi en léger retrait face à celles du M9.

Cela dit, je grossis le trait : il s’agit là de différences minimes. Il n’y a pas un fossé entre les deux DAC/Amplis. Je qualifierais le Mojo de moins « neutre » (ou plus chaud), ce qui rend son écoute moins fatigante au long cours.

Avec le Fostex HP-A4

D’un côté nous avons le Fostex avec son DAC Burr-Brown PCM1792A (capable de délivrer un écart dynamique de 130 dB) et un simple OpAmp OPA6120, de l’autre le SMSL avec son double DAC AK4490 (avec pour sa part 120 dB d’écart dynamique) et son double OpAmp OPA6120. On dit du Fostex qu’il est très détaillé avec un bon sens des impacts, tout autant que son rendu est « pêchu ».

Le possédant, je pense qu’il est en effet assez dynamique et qu’une fois changé l’amplificateur opérationnel de sa sortie casque (par un MUSES8920, par exemple), on se retrouve avec une belle musicalité, de la chaleur et de l’aération. Son rendu des aigus n’en restera pas moins assez fatiguant, surtout à volume élevé. Comme toutefois ses basses sont très propres et profondes, j’ai toujours apprécié son écoute.

Et pourtant, le M9 est à mon sens un cran au-dessus. Par la justesse des timbres en premier lieu. Non pas que le Fostex sonne mal, mais le M9 apporte  aux voix, aux guitares comme aux percussions quelque chose qui me paraît plus proche de la réalité. Les aigus du M9 sont justes, je l’ai dit, à la limite de l’incisif, là où le Fostex est excessif, voire criard. Le M9 réussit à trouver le juste équilibre entre agressivité et fluidité dans son rendu de ce registre.

Au final, le M9 est encore plus agréable à l’écoute que le Fostex, offrant une prestation globale légèrement supérieure dans tous les domaines. A nouveau, tout se ramène à un surcroît de naturel et d’équilibre entre précision et clarté, d’une part, et musicalité d’autre part. Seul avantage éventuel du Fostex : sa restitution des basses, plus pleines et plus denses, alors que sur le SMSL elles paraissent plus sèches… mais cela peut être également considéré comme un atout !

Détail intéressant : ils ont tous les deux la possibilité d’être alimentés par une batterie de 5 volts.

Sortie symétrique

La conception du SMSL M9 (tout comme la fiche technique) laisse penser à une « vraie » réalisation symétrique. Je ne rentrerai cependant pas dans ce débat. Il y a déjà trop de pages sur internet qui en parlent et le sujet est en outre assez complexe.

Pour ce qui est de la différence de rendu entre sorties asymétrique et symétrique, elle ne m’a pas semblé flagrante sur mon Kennerton Vali. J’ai néanmoins noté, en symétrique, une légère augmentation de l’intensité sonore (qui m’a amené à baisser la molette de volume de trois crans sur les quarante disponibles), un élargissement très subtil du soundstage et enfin, de manière plus marquée, un surcroît d’agressivité dans le haut du spectre qui rendait les aigus aussi incisifs et, à terme, fatigants que sur le Fostex HP-A4, ce que j’ai trouvé particulièrement dommage.

Je n’en dirai pas plus sur la sortie symétrique, ayant pris plus de plaisir à l’écoute de ce M9 en sortie classique, sur sa prise jack 6,35mm… Maintenant, mon Vali était peut-être le facteur limitant dans cette chaîne et cette évaluation de la sortie symétrique mériterait sans doute d’être reproduite avec d’autres systèmes d’écoute.

Le DAC

Quelques mots sur le DAC… J’ai notamment essayé d’isoler la partie DAC dans mes écoutes, et j’ai peut-être bien fait. La démarche adoptée a été la suivante : se servir de la sortie RCA stéréo et passer par un ampli, en l’occurrence un iBasso Falcon P5 modifié (avec un rendu proche du neutre mais très organique, musical, et avec des basses… quasi-abyssales) et comparer ainsi entre le DAC du M9 et le DAC du Fostex HP-A4.

Je vais aller droit au but : ce que j’entendais dans ce schéma sonnait mieux avec le DAC du Fostex qu’avec celui du M9. Le M9 présente moins de détails dans les aigus et, de manière générale, paraît moins dynamique, comme si un voile tombait sur le son et que le « délié » des notes était moins naturel.

Ce résultat m’a surpris et j’ai refait ce test sur d’autres musiques, y compris sur des morceaux que je ne connaissais pas : le constat était le même. J’en tire la conclusion que le M9 est très bon sur sa sortie casque, mais que sa partie amplification est meilleure que son DAC, ou que le DAC du Fostex est supérieur tout en ayant une partie amplification inférieure à celle du M9.

Puissance

Un petit mot sur la puissance du SMSL M9 : donnée pour 56 mW sous 32 ohms, je la trouve un peu juste. On passe à 108 mW en symétrique, soit quasiment le double… et pourtant, concrètement, cela n’équivaut qu’à une augmentation de trois crans du potard. Le Vali, avec ses 32 ohm d’impédances et ses 100 dB de sensibilité, n’est pas un casque difficile à alimenter, or sur le M9 je me suis retrouvé assez vite aux alentours de 18 (sur 40).

Je ne suis pas sûr que cet ampli soit à même de driver des casques plus difficiles à remuer… Mais ce serait un point à creuser. Sur des musiques un peu exigeantes en basses (comme celle de Lilly Wood and The Prick sur l’album Fight, par exemple), en poussant à 20-22, j’ai l’impression désagréable que la restitution devient « brouillonne ».

Et si on faisait le bilan ?

Les Plus :

  • Ecran.
  • Connectique correcte et assez complète.
  • Sonorité équilibrée.
  • Neutralité, musicale et plaisante.
  • Très bon rapport Qualité/Prix.
  • Possibilité de fonctionner sur batterie de 5V.

Les Moins :

  • L’exemplaire de test était légèrement bancal !
  • Il chauffe (30 degrés mesurés en surface après 4 h dans une pièce à 21°C) et consomme donc aussi (du fait que l’écran ne s’éteint pas) : à prendre en compte si vous souhaitez le mettre sur batterie (5 watts/h).
  • Sur la sortie optique et en fonction de la combinaison de filtres choisis, un sifflement continu s’entend (très faible et sans rapport avec l’intensité sonore ; mais permanent). Il devient totalement inaudible dès que la musique est lancé… mais c’est quand même curieux !
  • Sortie symétrique pas forcément plus qualitative.
  • Puissance de sortie qui limitera l’usage de sa partie amplification à des casques peu gourmands.

Ce qui ne va pas, ce qu’il lui manque :

  • Impossible d’éteindre l’écran.
  • Les filtres (sharp, short, etc), les modes Sound Color… Les différences entre les restitutions qu’ils proposent sont ténues. Entre une atténuation progressive avec un retard de 52 millisecondes et un une atténuation rapide de 118 millisecondes couplée à un mode Sound Color 3 qui apporte une correction à 62 hz, euh… comment dire ? J’écoute de la musique, moi !
  • Une correction de + 3dB et + 6 dB sur le bas du spectre m’aurait paru plus pertinente et aurait fait, je pense, le bonheur de nombre d’entre nous. Mais là on parle peut-être de marketing…

Sans titre

 

Conclusion

Que ce soit au niveau de la construction, de son sympathique petit écran (que la concurrence n’a pas) ou de la conception de ses menus, ce M9 n’est pas franchement critiquable. Sur le bureau, il fait son effet avec son petit écran incliné.

Au final, S.M.S.L n’a pas pris de gros risques sur la sonorité de cet ensemble, dans le sens où la neutralité et l’équilibre de sa signature plairont au plus grand nombre ; en prenant soin de ne pas rendre cette technicité trop aride. A titre personnel, cependant, j’aurais peut-être aimé des basses plus rondes, un rendu plus chaleureux et plus organique, plus vivant aussi peut-être. Ce M9 partage en effet le rendu résolument analytique et détaillé de beaucoup de productions actuelles ; ainsi que leur soin du détail et leur sens de la précision.

Je vous remercie de m’avoir lu, avec votre indulgence pour mon premier feedback, en espérant surtout qu’il vous éclaire un peu sur les possibilités et les capacités de ce S.M.S.L M9.

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6 thoughts on “[Test] S.M.S.L M9”

  1. Merci pour ce test bien fourni en comparaison, un bel ampli/dac à prix tout doux et en balanced rien que çà…

  2. Thank you for your review. I now own a M9 and I am delighted with it. The 6.25mm unbalanced output will not drive my 300 ohm Sennhieser HD850 headphones loud enough but the 2.5mm balanced output goes very loud. I have modified the headphones to balanced operation and now drive either my headphones or a pair of Cyrus power amplifiers from the 2.5mm output in balanced mode. The resulting sound is truly excellent. If the M9 had a remote control it would be the perfect headphone amp.

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