[Comparatif] Onkyo E900M vs FLC Technology FLC8

DarkZenith et Manu2020K ont eu la sympathie de produire pour le Blog de Tellement Nomade un beau comparatif entre les stars actuels des intras « milieu de gamme », à savoir les Onkyo E900M et les FLC Technology FLC8.

L’hybridation des drivers – qui mélange armatures et transducteurs dynamiques – a déjà donné naissance à de belles réussites dans le milieu de gamme des écouteurs intra-auriculaires. Nous avons pu naguère comparer les Fidue A83 aux FLC8 de FLC Technology et leur avons, à l’époque, préféré ces derniers.

C’est aujourd’hui au tour des FLC Technology FLC8 de se mesurer à une nouvelle star venue du Japon, les Onkyo E900M, que notre camarade Space Cowboy nous a fait découvrir et, qu’avec d’autres connaisseurs, il place au même rang que des références du haut de gamme comme les Campfire Audio Andromeda ou les Oriolus Oriolus.

Les FLC8 auraient-ils trouvé leur maître ? 

Mes meilleurs embouts

Conditions du comparatif

Nos exemplaires respectifs de FLC8 et d’Onkyo E900M nous appartiennent et nous ne sommes en aucune manière liés avec les marques de ces intras. Notre point de vue sur leurs performances est donc totalement indépendant et personnel. Notre écoute de ces intras a duré deux semaines. Puis nous avons confronté nos analyses avant de participer ensemble à la rédaction de ce compte-rendu.

DarkZenith avait la configuration suivante : pour les Onkyo E900M un câble Linum MMCX Balanced et des embouts Spinfit CP240 taille L, pour les FLC8 (montés en rouge/clair/doré) le câble symétrique en argent monocristallin de FLC Technology et des embouts Spinfit CP240 taille S et, pour source enfin, la sortie symétrique d’un FiiO X5 III.

Manu2020K avait la configuration suivante : pour les Onkyo E900M le câble d’origine puis un câble Linum MMCX avec les embouts FLC8 d’origine en tailles L et M, pour les FLC8 (également montés en rouge/clair/doré) le câble d’origine et des embouts Samsung (ceux livrés avec le Galaxy A5), pour source d’abord l’Xduoo X3 puis ce même DAP avec l’amplificateur nomade Alo Audio New RX IEM.

Play-list de test de DZ et Play-list de test de Manu

Il est à noter que, malgré une sensibilité bien plus haute que celle des FLC8 (107 dB contre 93 dB) et une impédance à peine supérieure à celle de ces derniers (16 ohms contre 14 ohms mesurés), les Onkyo E900M nécessitent un volume nettement augmenté pour délivrer la même intensité sonore. Avantage de cet inconvénient : les Onkyo E900M laissent moins entendre le souffle éventuel des sources que les FLC8.

Analyse sonore

Rendu fréquentiel

Basses :

Les infra-basses (en dessous de 80 Hz environ) nous ont paru plus percutantes, mieux texturées et plus amples sur les Onkyo E900M — plus « réalistes » en un mot. Ce même sous-registre nous a semblé traité parles FLC8 de manière plus « cotonneuse », moins précise et plus « floue », avec des attaques moins franches, moins nettes et des sustains à la fois moins charnus et moins détaillés que sur les Onkyo E900M. Dans les infra-basses, donc, ces derniers sont pour nous techniquement plus performants.

Cette supériorité n’est cependant plus de mise dans le sous-registre immédiatement supérieur. En effet la liaison infra-basses/mid-basses (vers 100 Hz) est assez sensiblement « gonflée » sur les Onkyo E900M et nous a paru mieux tenue ou, en tout cas, moins proéminente sur les FLC8 qui, dans la restitution de cette portion du spectre, font preuve à nos oreilles de plus de transparence.

Cette bosse des Onkyo E900M se prolonge dans les mid-basses proprement dites (au-dessus de 120 Hz et jusqu’à 200 Hz environ), ce même intervalle fréquentiel étant moins appuyé dans le rendu des FLC8 qui montrent par ailleurs dans sa restitution une plus grande précision. D’un autre côté et assez paradoxalement, ce sous-registre, quoique plus « grondant » sur les Onkyo E900M, nous a semblé également rendu de manière plus diffuse que par les FLC8. Si donc nous devions décrire d’une image les mid-basses des Onkyo E900M par rapport à celles des FLC8, nous serions bien tentés de dire qu’elles sont plus « vaporeuses ».

Médiums :

A la jonction graves/bas-médiums, les Onkyo retrouvent une focalisation qui leur permet de rendre avec autant de corps et de détail que les FLC8 les voix d’hommes les plus graves. En revanche, dans la partie centrale des médiums, entre 500 et 1800Hz à peu près, les FLC8 nous ont paru de nouveau plus convaincants, par une mise en avant et une meilleure texturation des sources. Cet accent est notable dans le rendu fréquentiel des FLC8, accent qui dans l’absolu pourrait être considéré comme une coloration malvenue mais qui est ici plutôt une forme de droiture, comparée au retrait relatif de ces mêmes mi-médiums dans la signature des E900M.

Dans les hauts-médiums, les Onkyo reprennent du poil de la bête et nous ont paru plus énergiques que les FLC8. Pour nous, ce sous-registre a clairement la part belle dans le rendu des médiums par les E900M et « tire » ce dernier vers les aigus — ce qui, ainsi que nous allons le voir, présente des inconvénients comme des avantages.

Côté avantages, ce sous-registre nous a semblé sur les E900M plus ample, plus aéré, moins sombre et moins mat que sur les FLC8. Les voix féminines notamment nous ont paru à la fois plus présentes et plus en avant sur les E900M, plus claires et plus « projetées » vers l’auditeur alors que, par comparaison, elles sonnent plus en retrait et légèrement étouffées (mais plus douces aussi) sur les FLC8. De même le rendu des coups de caisse claire a-t-il plus d’impact et de texture à la fois sur les Onkyo.

Côté inconvénients, en fonction des embouts et du DAP utilisés, ce surcroît de résolution et de luminosité peut se payer chez les E900M par une légère tendance à la sibilance dont les FLC8 (dans la configuration de filtres adoptée) sont pour leur part complètement dépourvus.

Aigus :

L’énergie des haut médiums dans le rendu des Onkyo se retrouve en partie dans les aigus et, plus précisément, dans le bas-aigu où la restitution des cymbales nous a paru plus crissante, voire plus « sale » sur ces intras que sur les FLC8. De manière globale, ce sous-registre du bas-aigu nous a semblé mieux maîtrisé sur les FLC8 que sur les E900M — moins précis sans doute mais également moins agressif, plus doux, plus naturel.

Dans les fréquences encore plus élevées, les Onkyo reprennent la main et restituent les aigus et les hauts aigus avec autant de souplesse et de liant que de finesse et d’exactitude. Par comparaison, ces mêmes sous-registres sur les FLC8 se montrent plus brillants mais moins ciselés et plus écourtés, moins longuement filés.

Fidélité aux timbres

Quand on repasse des FLC8 aux E900M, les instruments et sources ayant leur fondamentale dans les mid-médiums semblent perdre du corps ou de la « chair ». On a vu que ce sous-registre, sur les Onkyo, offrait à la fois moins de présence et de détail que sur les FLC8. Au final, cela peut parfois empêcher de différencier les sources jouant dans ce registre (voix et guitares, par exemple) aussi nettement que sur les FLC8.

Cependant, même dans le bas-médium, qui est pourtant correctement marqué dans le rendu des E900M, ceux-ci ont tendance à gommer les caractéristiques propres des timbres des instruments acoustiques les plus graves, ceux-ci paraissant mieux caractérisés sur les FLC8 qui permettent notamment de distinguer plus nettement, dans un duo mêlant contrebasse et saxo alto, la nature boisée du son de la première des accents cuivrés du second.

Les E900M rattrapent en partie cette relative infidélité aux timbres par un plus grand respect des réverbérations et des résonances. Ils montrent même en ce domaine une supériorité écrasante sur les FLC8 et cela grâce à l’extraordinaire qualité (pour leur prix) de leur scène sonore.

FLC8 et E900M - in situ - 02

 

Soundstage

La scène des FLC8 nous a paru plus resserrée, avec un rendu plus « tubulaire » que celle des Onkyo qui nous a semblé a contrario très « naturelle », large et aérée, avec de l’espace entre les sources et d’excellentes réserves de profondeur. Ainsi séparation latérale et étagement des plans sont-ils restitués avec plus d’acuité par les E900M que par les FLC8.

La volumétrie des studios (à savoir leur disposition et la distribution des instruments dans ce volume) est également bien plus perceptible et mieux retranscrite par les Onkyo que par les FLC8 qui aplanissent un peu trop le tableau spatial des sources. Les effets de reverb sont également plus audibles, plus « évidents » sur les Onkyo.

Les E900M poussent d’ailleurs la capacité de restituer les ambiances de scène ainsi que le positionnement des micros à un niveau qui, selon nous, pourraient les rendre aptes à un usage de monitoring. Les FLC8 sont loin d’atteindre ce degré technique de spatialisation et ont comparativement tendance à homogénéiser les scènes de Live. Ce défaut relatif est également audible sur les genres musicaux faisant la part belle aux sensations d’immersion acoustique. Sur des morceaux de Dark ambient, par exemple, le soundstage des FLC8 est plus comme un fond ou un écran sur lequel apparaîtraient les interventions sonores, alors que celui des E900M forme une sorte de sphère autour de l’auditeur et procure une intense sensation d’enveloppement et d’ouverture à la fois — sensation tout à fait exceptionnelle, voire carrément inédite dans le secteur tarifaire de ces intras.

Rapidité

Les Onkyo sont très rapides dans le rendu des percussions jouant plutôt dans les registres médiums et aigus. Suivre une rythmique Drum’n’Bass par exemple est très aisé sur ces intras.

Mais les FLC8 sont tout aussi véloces sur ces mêmes intervalles fréquentiels. Ils seraient peut-être même encore plus percutants, avec quelque chose de plus « enlevé », de plus groovy, de moins « plat », sans doute grâce à leur plus grande finesse dans la distinction des timbres qui, pour reprendre notre exemple, leur permet de mieux « coller » encore au déroulé des syncopes Drum’n’Bass.

Dans les basses et les infra-basses en revanche, le rapport s’inverse, les FLC8 montrant dans ces sous-registres une lenteur très marquée par rapport aux E900M.

FLC8 et E900M - in situ - 04

 

Dynamique

Micro-dynamique (groove) :

Les FLC8 offrent un meilleur cadencement, plus vif et plus enjoué, dans les hauts-médiums/aigus. Sur ces registres, les Onkyo sonnent avec moins de peps et paraissent moins entraînants.

Dans les sous registres immédiatement inférieurs, médiums/bas-médiums, les FLC8 restent bien balancés mais mollissent peut-être un peu et trahissent plus de « platitude » dans leur rendu du swing. De leur côté, les Onkyo gardent leur sagesse un peu froide et commencent même à s’emmêler les pinceaux, au point de sonner presque en retard sur le groove : ils balancent assez peu et relativement mal, de façon plutôt pataude.

Dans les graves et infra-basses, tout change. Les E900M « se réveillent » et délivrent une scansion fidèle du signal, même quand le rythme s’accélère et devient particulièrement énervé. Dans ces mêmes sous-registres, les FLC8 restent assez swinguant mais avec moins d’allant, moins de « jus », et cela, certainement, à cause de la timidité relative de leurs graves.

Macro-dynamique (impacts) :

Les impacts sont plus « réalistes » sur les Onkyo, avec plus de corps et une entame peut-être légèrement moins incisive que sur les FLC8 mais moins « acide » et plus « naturelle ». Les attaques sont à la fois plus sèches et plus étouffées sur les FLC8, plus « lointaines ».

Maintenant, cela dépend des pistes (et donc des prods) : c’est  vrai sur un morceau comme le « Where Is My Mind » des Pixies… mais cela s’inverse complètement sur certains coups de caisse claire de « The Package » d’A Perfect Circle où, cette fois-ci, ce sont les impacts des Onkyo qui semblent plus acides et plus lointains à la fois !

Disons que les deux intras sont à égalité dans ce domaine.

Dynamique relative :

Rappelons que la dynamique relative est la différence d’intensité sonore entre diverses sources d’un signal jouant à un moment donné. Son respect est fondamental, entre autres, pour la qualité du rendu de grandes masses orchestrales notamment en terme de résolution.

Dans ce secteur, les FLC8 sont très nettement à la traîne des Onkyo qui savent présenter des tableaux dynamiques plus contrastés, plus audibles dans leurs différents niveaux, et cela malgré leur respect des timbres relativement moindre et leur manque de groove à certains intervalles de fréquences. C’est même un régal de pouvoir distinguer grâce à eux toutes les subtilités de production jusque dans le traitement des sources ayant au final la moindre intensité sonore dans le mix : dans les morceaux les plus riches en sources et en effets, tout s’entend beaucoup mieux sur les E900M, y compris le travail sur les interventions les plus discrètes.

En ce domaine, encore une fois, les Onkyo affirment de réelles capacités de monitoring.

La dynamique relative qu’ils restituent est nettement plus « respirante » et plus discriminante, plus vivante que sur les FLC8. Cela permet d’ailleurs aux E900M de compenser assez largement leur défaut de différenciation timbrale dans le cas de rendu de formations instrumentales plus étendues qu’un simple duo (où, là, cette défaillance est plus évidente).

Conclusion

Les Onkyo E900M présentent des défauts relatifs incontestables par rapport aux FLC8 : des mi-basses légèrement trop gonflées, des mid-médiums un peu trop en retrait, des bas-aigus assez sales frôlant la sibilance, une trop grande uniformité dans la restitution des timbres et un manque de groove dans le rendu des médiums. On leur préférera donc les FLC Technology, à la fois plus francs et plus joueurs dans la partie médiane du spectre, quand il s’agira d’écouter des morceaux acoustiques interprétés par des petites formations, médiocrement produits ou aux basses assez soutenues — typiquement du Rock ou du Blues.

En revanche, pour une écoute analytique de pistes soigneusement mixées et mastérisées ou le rendu des genres les plus spatialisés mais aussi pour profiter au mieux des prestations d’ensembles instrumentaux assez vastes, les Onkyo affirment une supériorité assez écrasante sur les FLC8 et cela grâce à un trio de qualités d’un degré jusqu’alors assez inédit dans leur secteur tarifaire : clarté de la signature, soundstage de folie (surtout par son rendu volumétrique et sa capacité d’immersion) et fidélité absolument fantastique à la dynamique relative du signal.

Au final, que recommander ? Onkyo E900M ou FLC Technology FLC8 ? Comme nous venons de le laisser entendre, cela dépendra des goûts musicaux et des préférences acoustiques de chacun. A preuve : si DZ a fortement délaissé les FLC8 et n’écoute plus désormais que les E900M, manu2020K a décidé pour sa part de revendre ses Onkyo pour garder sa paire d’intras modulaires !

10 thoughts on “[Comparatif] Onkyo E900M vs FLC Technology FLC8”

  1. mrlocoluciano

    Merci messieurs pour ce très bon retour qui, quand on connait les FLC8s, donne une très bonne idée des Onkyo sans même les avoir écoutés.

  2. Merci Messieurs, je viens justement de perdre/oublier mes intras dans l’avion (mes bons et loyaux EPH – 100) et viens de tester les Onkyo au CES de Shanghai, sur le DAP Onkyo, également.

    Vraiment bluffant!

    Juste une question, celle qui fâche: le prix?

    1. 399 € hors fdp pour les Onkyo E900M sur Son-Video.com : http://www.son-video.com/Rayons/Ecouteurs-Intra-Auriculaires/Onkyo-E900M.html
      On peut les trouver à moins cher sur le marché gris… mais c’est le marché gris.
      340 $ fdpin pour les FLC8S sur ShenzhenAudio.com : https://www.shenzhenaudio.com/forrest-flc8s-iems-hifi-triple-driver-hybrid-2ba-dynamic-in-ear-earphones.html

      Space Cowboy recommande également d’apparier les E900M au lecteur HDG de la marque, l’Onkyo DP-X1A, pour un résultat qu’il qualifie lui-même de « monstrueux »…

  3. Excellent test.
    Possédant ces e900m, ils sont devenus mes intras préférés pour écouter du Jazz et du Classique. ça « respire », les instruments sont bien « détourés ». La qualité est vraiment bluffante pour leur prix.
    Mais il est vrai qu’ils ne sont pas hyper polyvalent, donc on peut écouter pas mal de style de musique avec, mais – comme indiqué – je pense qu’ils ne sont pas terrible sur du rock, même sur un album bien produit.

    PS: DARKZENITH, ce sont des dollars Singapourien sur LendMeURears, les flc8 sont plus vers les 350€

    1. soundsquare

      edit : dommage qu’il manque juste un petit paragraphe sur le confort de port deux deux intras, ça a son importance !

      1. Effectivement : autant fit et seal (port et occlusion du conduit auriculaire par les embouts) se font-ils confortablement avec les FLC8 (du moins dans la majorité des cas) autant sont-ils généralement assez problématiques avec les Onkyo E900M. C’est d’ailleurs souvent LA raison qui motive leur éventuelle revente.

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