Rhapsodio Infinity Mk2 : le new deal venu de Hong-Kong ?

 

Aujourd’hui, on plonge avec Popof94 à la découverte d’une nouvelle paire d’intras venue tout droit de Hong-Kong, les Rhapsodio Infinity Mk2. Cette paire innovante et au look incroyable semble lui avoir tapée dans l’oreille !

 

 

 

Ayant quitté le monde des intras pour celui des casques depuis un certain temps déjà, j’ai, pour une raison que j’ignore, décidé d’y remettre mon nez avant les vacances d’été.

J’ai pu mi-septembre au cours d’un meeting de TNiens, découvrir et tester les Rhapsodio Infinity Mk2 dont je ne connaissais rien.

Rhapsodio est une petite société basée à Hong-Kong qui existe depuis quelques années déjà, spécialisée dans la fabrication artisanale d’écouteurs intras auriculaires et de câbles. Elle est bâtie sur l’expertise d’un seul homme reconnu dans ce milieu, Sammy.

 

Présentation Technique :

 

La configuration des transducteurs est assez particulière et leur mise en oeuvre aussi.

– Écouteurs universels ou customs à 6 Armatures Équilibrées (BA) -> 1 pour le haut aigu, 1 pour les médiums et les aigus, 2 pour les basses et 2 qui jouent sur l’ensemble du spectre

– Sensibilité (100Hz) – 109 dB/mW

– Impédance (100Hz) – 12.5 Ω

– Connectique et Câble : 2 pins 0,78, 1. 2 m (amovible) en cuivre, fiche mini-jack 2,5 mm

– Technologie exclusive et unique au monde à double bobines cuivre C.T.T.

– Câblage interne de fabrication maison Cuivre OCC 6N

– Site Rhapsodio : https://www.rhapsodiostore.com/products/rhapsodio-infinity-mk2

 

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Aspect extérieur:

 

Il s’agit d’intras auriculaires à coques en résine semi transparente laissant découvrir les transducteurs et le câblage parfaitement disposé. Le concepteur aime manifestement que le travail bien fait se voit et a le souci du détail.

Le résultat est réussi et très loin de certaines paires ou le câblage visible ferait mieux d’être caché. Le corps de l’intra est volumineux, rien à voir avec des 64 Audio U12t par exemple, et il faut plutôt lorgner du côté des Solaris ou des Flamenco première édition pour avoir une idée de la taille.

La canule est de gros diamètre, anatomique.

La boîte est en bois, classique avec un étui en cuir fourni pour le transport.

A noter, le bobinage cuivre autour des BA, qui est magnifique visuellement.

 

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Matériel de test

 

J’ai utilisé un Hugo2Go pour réaliser mes tests. Ce n’est certainement pas ce qui se fait de plus nomade mais je reconnais à ce DAC ampli des qualités de neutralité, d’équilibre tonal, de dynamique et de réalisme que je n’ai, à ce jour pas trouvé sur les meilleurs dap à l’exception peut-être du DX220 Max de chez Ibasso. L’Hugo2 est équipé d’un des meilleurs DAC du marché qui tient tête à ce qui se fait d’excellent en sédentaire.

Les retours sont faits avec le câble Evolution Copper et le fit / seal parfait a été obtenu à l’aide d’embouts Spiral Dots.

 

Hugo

 

 

Playlist

 

Plutôt que de vous parler du grave, du médium et de l’aigu, je préfère vous livrer quelques impressions ressenties sur différents albums écoutés sur ces intras.

 

Franz Liszt: Etude la campanella, Minoru Nojima

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Ce morceau donne la part belle à la main droite. Jusqu’à ce jour seuls 2 casques, l’Utopia et le Stax 009, arrivaient à reproduire la main droite de cette étude comme je l’imagine.

La fermeté de l’attaque du marteau sur les cordes, l’absence de brillance ou de dureté, l’aspect plein et cristallin de chaque note, et surtout un détourage unique permettant des attaques foudroyantes suivie de silences assourdissants font de cet enregistrement le plus abouti que je connaisse de ces études. Et bien je retrouve avec les Infinity Mk2 une restitution identique et peut être même meilleure que sur ces deux casques, le même plaisir d’écoute, la même sensation que le piano est planté la, juste devant, et que les notes s’envolent très haut dans le studio.

 

Ludwig van Beethoven : sonates piano violon, Perlman Ashkenasy

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L’un des sommets de la discographie de ces sonates qui compte des dizaines d’interprétations dont deux se dégagent pour moi: Kempf Menuhin et celle-ci.

Interprétation flamboyante et d’une rare complicité, les moindres subtilités, les micro-détails, les silences ou les fortissimo extrêmes, les changements de rythme, les difficultés techniques, rien n’échappe à ces intras qui se promènent tout au long de ces 5 CD avec une agilité et une facilité qui font sourire.

 

Giacomo Puccini, Tosca, Collin Davis, Montserrat Caballé ( Tosca) José Carreras (Mario Cavaradossi), Orchestra of the Royal Opera House, Covent Garden

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Enregistrement passionnant et passionné de cette Tosca réalisé en 1976.

On est ici proche d’une écoute au casque dans l’étalement des plans sonores aussi bien en largeur qu’en profondeur. On est également proche d’une écoute au casque dans la restitution des timbres et du grain des voix des 2 principaux protagonistes, dans la fulgurance des montées (grand air de la Tosca), dans le jeu entre l’orchestre et les chanteurs et celui des chanteurs entre eux. On est rapidement envahi par la beauté de la restitution de cet enregistrement avec une force, une puissance, une précision et une détermination jamais entendues sur ce type de transducteurs.

 

Sinatra at the Sands, grand orchestre de Count Basie, Quincy Jones à la direction

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Il ne s’agit pas là d’un enregistrement exceptionnel par ses qualités audio mais plutôt par la symbiose entre ce grand crooner et l’orchestre de Count Basie, sur des arrangements de Quincy Jones qui dirige également la formation.

Difficile de ne pas taper du pieds sur «Ive got you under my skin». Une fois de plus l’énergie et la dynamique sont explosives. Pour ceux qui ont eu la chance d’entendre Count Basie en concert on retrouve bien ce swing tout en retenue, ces cuivres explosifs qui nous font taper du pied. On imagine les musiciens se lever tour à tour puis se rasseoir, l’œil brillant de Basie jouant par petites touches avec son piano, et Sinatra qui joue avec l’orchestre. Tout cela est parfaitement restitué, sans aucune agressivité, sans difficulté et avec une grande musicalité.

 

Mikael Pletnev, concert à Carnegie Hall 2000

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Concert éblouissant de ce pianiste majeur de l’école russe.

La transcription par Busoni de la Chaconne de la partita pour violon BWV 1004 de J.S.Bach est un véritable bijou. L’écoute sur les Infinity Mk2 est unique. Pas le moindre bruit dans la salle tant celle-ci est captivée par ce chef d’œuvre. Le piano sonne parfaitement juste, envoûtant, hypnotique, puissant. Je suis resté les 15 minutes de la Chaconne les yeux ouverts à regarder Platnev exécuter cette mythique Chaconne que j’ai plus souvent l’habitude d’entendre sous l’archet de Milstein.

 

Schubert, œuvres pour piano à 4 mains, Evgeny Kissin, James Levin , the Live at Carnagie Hall

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Les Infinity Mk2 sont vraiment chez eux sur les enregistrements live, qu’il s’agisse de classique, de Jazz ou de variété. Il faut écouter cet enregistrement pour s’en convaincre.

Tout est absolument perceptible, l’ambiance de la salle, la beauté des 2 pianos, le jeu d’Evgeny Kissin et les applaudissements sont d’un réalisme absolu. On les entend vraiment de l’arrière-scène de la grande philharmonie, places privilégiées pour des récitals de piano. Le plus surprenant sur le piano est la restitution de la main droite : là où le Stax 009 devient légèrement brillant et trop transparent, ou l’Empyrean n’est pas suffisamment rapide et le D800 trop mat, les Infinity Mk2 passent comme si de rien n’était. Crystal dans un gant de velours. On perçoit la note pleine et dense et son halo cristallin : je n’avais encore jamais perçu ce semblant de réalisme sur des intras ou sur des casques.

 

Simon et Garfunkel, le concert à Central Park

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Pas grand-chose à dire et encore moins à critiquer. La scène sonore est large et profonde, digne des meilleures paires d’intras ou de casques du marché. On esquisse un sourire lorsque les 2 compères entonnent Mrs Robinson, le même sourire béat que l’on peut avoir dans une salle de concert lorsque l’on voit et entend ses idoles. On ferme les yeux et ils sont là, devant vous, à dérouler leurs standards et ça passe beaucoup trop vite tant l’attention est captivée par ce que vos oreilles entendent.

 

Musique concertante ou symphonique

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Ça passe toujours avec la même énergie et la même justesse.

Sur ce type de musique nécessitant de monter le volume pour mieux percevoir les différentes masses sonores, les Infinity Mk2 en redemandent mais jusqu’à un certain point. Au-delà on va percevoir quelques difficultés à bien tenir le volant, ce qui n’apparaît pas à des niveaux semblants similaires sur des casques comme le D8000 ou l’Empyrean. Par contre, ce phénomène est commun à toutes les paires d’intras que je connais, à par les Lcdi4, et apparaît souvent pour des niveaux inférieurs.

Je pourrais comme ça continuer la liste longtemps mais vous aurez compris que sur les genres musicaux que j’écoute il m’est apparu que ces intras passaient un cap que je n’imaginais pas dans ce que l’on peut attendre de ce type de transducteur.

 

 

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Associations de câbles :

 

Câble stock

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Absolument excellent. Seul reproche par rapport à l’Evolution Cooper : une scène moins précise en largeur et en profondeur et une légère perte de matière notamment sur les voix.

 

Evolution Copper

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C’est celui qui me parait le plus adapté et avec lequel tous mes tests ont été réalisés. La scène sonore est un peu meilleure qu’avec le stock dans tous les plans, les voix un peu plus pleines et la matière sur des instruments comme la contrebasse, les timbales ou le violoncelle est un peu plus riche. Ce n’est bien sûr pas le jour et là nuit, ça joue à la marge sur les écoutes, mais l’apport est là.

 

Evolution Silver 2 brins et 4 brins

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Evolution Silver 2 brins

Je trouve qu’ils font perdre à ces intras leur magie originelle. Ils atténuent le grave et forcent le trait sur le médium aigu, à devenir parfois légèrement dur, trop ciselé et trop piquant avec une perte de la richesse des timbres sur du piano ou des instruments à corde.

 

Evolution SPC

 

Le rendu se trouve quelque part entre le câble stock stock et l’Evolution Silver 2 brins. Pas mon association préférée. (Voir photo plus bas des Supreme)

 

 

Comparaisons

 

Intras possédés au moment de la découverte des Infinity Mk2.

 

Sony IER Z1R

IER Z1R

Voici une excellente paire d’intras avec certainement les plus belles basses que j’ai eu l’occasion d’entendre sur ce type de transducteur. Très difficile de faire mieux et les Infinity Mk2 ne dérogent pas à la règle. Ils proposent des basses différentes, plus agiles, plus percutantes mais moins amples et profondes. C’est par contre sur le médium aigu qu’ils vont très nettement distancer les Sony, toujours grâce à cette énergie, cette dynamique, cette définition et cette variation tonale. Sur l’ensemble les Mk2 s’avèrent plus cohérents, encore plus musicaux que les Sony et plus réalistes.

 

QDC Anole VX

SONY DSC

On est en présence de 2 paires radicalement différentes : l’une, les Anole, toute en douceur et qui avance à pas feutrés pour charmer l’auditeur, l’autre, les Infinity, toute en énergie et en dynamique, extrêmement versatile et qui déploie des qualités tonales, une transparence et un grand souci du détail pour atteindre ce but.

 

 

Intras écoutés au meeting lors de la découverte des Infinity Mk2.

 

Erlkönig Noir

erlkonig

Voilà une paire excellente. Le fit est parfait comme sur les Infinity . J’ai essayé les Erlkönig en position 2. Ils m’ont fait penser à une Rolls roulant à un train de sénateur : tout est très beau, bien timbré, avec une image superbe. Bref les intras zéro défauts. Je les ai écoutés sur pas mal de mes enregistrements et les reproches que l’on pourrait faire par rapport aux Mk2 sont : un manque d’engagement, d’énergie, de vitesse rendant la musique plus plan plan et moins engageante, moins énergique mais également moins transparente.

 

Fourté noir

 

Egalement une très belle paire avec en point fort une belle image sonore dans tous les plans et de très beaux timbres. Le problème des aigus a été réglé par rapport aux Fourté classiques ce qui est un vrai plus. En point faible : un certain flottement sur les voix qui manquent un peu de détourage et de précision. Comme pour les Erlkönig, un manque d’engagement, d’accélération et de vitesse comparé aux Infinity.

 

Empire Ears Odin

Odin

En comparaison des Infinity, on a une paire beaucoup plus frontale et une scène sonore plus réduite dans tous les plans. On a le nez sur la musique alors que les Mk2 laissent une petite distance avec l’auditeur. Le grave est puisant et imposant mais moins précis et dynamique que sur les Rhapsodio. Il existe quelques pointes de dureté, d’agressivité sur certains instruments comme le piano, la guitare ou les voix, donnant en comparaison des Mk2 une note moins naturelle, moins précise et moins réaliste.

 

64 Audio N8 démo

 

Belle paire, proposant une écoute plus douce et plus relaxante que les Odin. Comparée aux Infinity, on est vraiment un cran en dessous : tout est moins précis, moins dynamique, moins crédible. L’attaque des notes du piano, l’archet sur les cordes du violon ou les doigts sur les cordes de guitare, on perd en énergie, en vitesse, en relief et en réalisme.

 

Intras écoutés au meeting lors de la découverte des Infinity Mk2, et réécoutés par la suite.

 

Rhapsodio Supreme + câble Evolution Silver 2 brins

supreme

Photo avec le câble Evolution SPC

Je ne retrouve pas avec cette paire la magie des Infinity câble cuivre. On est plus midcentric, plus haut perché avec un excès de définition et de micro-détails notamment sur les cordes qui les rendent rapidement métalliques et dures à l’oreille. De plus cette paire demande plus de puissance que les précédentes et ne me semble pas alimentable dans de bonnes conditions par une majorité de DAPs.

 

 

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Il n’est pas facile de revenir aux intras lorsque l’on est tombé dans l’écoute des meilleurs casques du moment.

 

A la question : des intras peuvent-ils reproduire une masse sonore identique à celle audible au casque ? ma réponse est clairement non.

A la question : des intras peuvent-ils me procurer un plaisir identique à une écoute au casque ? cette paire m’a fait changer d’avis, et la réponse est oui.

 

Front

 

La première chose qui surprend à l’écoute des Infinity Mk2 est l’association d’une transparence digne des meilleurs casques ouverts à une énergie hors normes. Cela ne ressemble à rien d’autre, de mémoire dans le domaine des intras, et il faut lorgner du côté des bons casques ouverts pour retrouver une telle maîtrise et une telle facilité à reproduire la complexité d’un message musical.

La seconde est cette impression de plénitude sonore à bas régime associée à une dynamique procurant des accélérations absolument uniques, avec des passages instantanés de l’ombre à la lumière, du pianissimo au fortissimo, du murmure à l’orage sans difficulté et sans aucun plafond de verre. On peut rivaliser avec un Utopia ou un Stax dans ce domaine.

La troisième est la qualité des silences entre chaque note, la beauté de l’extinction de celles-ci notamment sur le piano ou le violon qui donne un remarquable relief aux enregistrements comme on en entends rarement sur ce type de transducteur.

La quatrième enfin est le côté caméléon de ces intras qui donnent l’impression de sonner différemment à chaque enregistrement, et proposent sur chacun d’entre eux de découvrir une palette de timbres différente de l’enregistrement précédent. On peut également rivaliser avec un Utopia ou un Empyrean sur ce point.

L’ensemble donne une écoute très vivante et très réaliste qu’il s’agisse d’un récital de piano ou d’une symphonie, ce qui, pour des intras est rare. Ceci étant nous sommes avec les Infinity Mk2 et le câble Evolution Cooper dans la gamme de prix d’un très bon casque, voir au dessus. Le choix se fera donc sur les habitudes de chacun, mais quoi qu’il arrive le plaisir à l’écoute sera d’une grande intensité.

 

 

5 thoughts on “Rhapsodio Infinity Mk2 : le new deal venu de Hong-Kong ?”

  1. Merci Popof pour ce retour à l’enthousiasme contagieux. Il ne me reste plus qu’à attendre avec impatience l’arrivée de mon exemplaire 🙂

    1. Merci maître Yoda, je pense effectivement que cette paire mérite d’être prise en considération dans un choix d’intras de bon niveau et qu’elle ne devrait pas te laisser indifférent.

    1. Au pire, je les reprendrai vu le temps que prends l’artisan pour fabriquer une paire, ce sera bien d’en avoir deux au cas ou.

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