[Brèves] Marty@CES 2016 #2

Suite et, à priori, fin de la série de Marty sur le CES avec cette fois des produits parfois étranges. En effet, le CES c’est aussi le moment où des constructeurs plus ou moins connus, et plus ou moins fous, peuvent se lâcher et dévoiler leur dernière bizarrerie. Au programme de cette semaine : l’Audioquest Dragonfly, les nouveautés Audio-Technica, les intras sans fil Bragi Dash, les drivers electrostatique Warwick et les nouveautés du côté des puces DAC.

Audioquest Dragonfly Black/Red

Audioquest avait surpris tout le monde en 2012 en sortant le Dragonfly, un ensemble DAC/amplificateur sous la forme d’une clé USB.
Audioquest a annoncé lors du CES la sortie de deux nouveaux produits.
Les premier est le Dragonfly Black. Celui ci est amené à remplacer le Dragonfly v1.2 actuellement en vente. Le Dragonfly Black se base sur une puce Sabre ESS9010 et est capable de décoder les flux PCM allant jusqu’au 24bits/96kHz (comme son grand frère). Plus intéressant, le Dragonfly Black est à présent compatible avec les appareils iOS et Android. Les utilisateurs d’iOS devront passer par le Camera Connection kit, ce qui limite l’intérêt sur un iPhone, mais rend tout de même la chose intéressante pour les utilisateurs de tablettes.

Cette nouvelle compatibilité s’accompagne, selon Audioquest, d’une diminution de la consommation électrique du Dragonfly. Mais cela a également une conséquence, la tension de sortie passe de 1.8V à 1.2V. La version Black sera donc moins à même de driver les casques relativement gourmards.
Toutefois, cette baisse de puissance s’accompagne également d’une baisse de prix. En effet le Dragonfly Black sera proposé au prix de 99$, soit 50$ de moins que la version 1.2.

Mais ce n’est pas tout ! Vous trouvez le Dragonfly Black trop faible ? Le service marketing d’Audioquest a pensé à vous. Voici la version Red, présentée comme un Dragonfly Black sous stéroïdes. Même aspect extérieur (excepté la couleur rouge), mêmes fonctionnalités et compatibilité iOS/Android conservée, mais intérieur boosté.

Le Dragonfly Red se base sur une puce « superior sounding » (d’après les dires d’Audioquest) Sabre ESS9016 et propose une tension de sortie de 2.1V ainsi qu’un rapport signal/bruit de 5dB supérieur à celui de la version Black. La version Red est pourvue d’un réglage numérique de volume. Le prix de la version Red est également boosté et passe à 199$…

Audiotechnia ATH-SR5 / SR5BT

Audio Technica profite du CES pour revoir sa gamme nomade. Après l’annonce d’une version noise cancelling de son MSR-7, la marque japonnaise annonce la sortie de deux nouvelles références : les SR5 et SR5BT.

Ces deux nouveaux casques, disponibles en noir ou en blanc, profitent des technologies apportées par le MSR-7. D’extérieur, il reprennent le design de leur grand frère, en plus fin, discret et en version supra-auriculaire.

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De plus, les SR5 et SR5BT disposent des mêmes transducteurs de 45mm que le MSR-7 et des mêmes matériaux pour les coques. Le développement du MSR-7 a été long et Audio Technica compte bien profiter de ces quatre années de recherches. On ne va pas s’en plaindre étant donné les qualités du MSR-7. Côté technique, le casque est capable de couvrir la plage de fréquence allant de 4Hz à 40000Hz (votre chien appréciera son utilisation) et possède une impédance de 50 Ohms, ce qui est plutôt élevé pour un casque nomade.

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La version sans fil, le SR-5BT, se connectera en bluetooth à votre smartphone via le codec aptX. L’élément le plus intéressant de cette mouture est son autonomie : Audio Technica promet jusqu’à 38 heures d’utilisation, pour un temps de charge de 5 heures, ce qui est plutôt impressionnant !

Les deux casques seront livrés avec un câble, muni d’une télécommande pour smartphone, de 1.2m et seront disponibles aux prix de 139€ pour la version normale et 199€ pour la version BT.

Bragi Dash

Nous ne sommes pas des grands adeptes du sans fil chez Tellement Nomade, cependant ce produit est suffisamment nouveau et intéressant pour avoir sa place ici. Les casques sans fil pullulent sur le marché, beaucoup de constructeurs adaptent leurs casques existants pour sortir des versions sans fil, mais à ma connaissance aucun n’atteint le niveau de technologie de ces intras Bragi Dash.

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Tout d’abord ils ressemblent à des intras, ce ne sont pas juste des écouteurs reliés par un arceaux, et ils sont équipés de 26 capteurs. Chaque écouteur est doté d’un accéléromètre détectant les mouvements de votre tête. Vous pourrez ainsi accepter un appel ou raccrocher en bougeant la tête ce qui, en plus de permettre aux personnes autour de vous de douter de votre santé mentale, peut s’avérer pratique si vous êtes en pleine activité sportive. Les personnes ayant peur d’être ridicule en hochant la tête dans tous les sens pourront à la place utiliser la surface tactile présente sur les écouteurs et effectuer ces actions grâce à différents mouvements des doigts. Cette partie tactile vous permet également de naviguer dans votre musique, présente sur votre portable ou directement dans la mémoire des écouteurs (une mémoire flash de 4Go est intégrée afin de pouvoir stocker de la musique et être autonome).

Ces écouteurs peuvent également faire office de sonotone grâce à la fonction audio transparency, qui retranscrit les sons extérieurs.
Une dernière fonctionnalité, les Bragi Dash mesurent aussi votre rythme cardiaque et compte vos pas. Tout cela sera contrôlable via une application dédiée sur votre smartphone.

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Par contre l’autonomie de 3 heures n’est pas formidable. Pour pallier ce problème, les Dash seront livrés avec une boite munie d’une batterie permettant de les recharger 5 fois. Il ne reste plus qu’à savoir si la qualité sonore est à la hauteur de toute la technologie embarquée dans ces écouteurs…
Les Dash sont déjà disponibles sur le site de Bragi au prix de 299€.

Warwick Audio Ultra-Thin Electrostatic Driver Material

L’électrostatique a décidément le vent en poupe. Entre les Kingsound, les derniers Sennheiser et Hifiman et les intras de Shure, cette technologie se répand de plus en plus chez les constructeurs de casques. Le phénomène pourrait encore s’amplifier avec le produit présenté par Warwick Audio. Cette société anglaise spécialisée dans la production d’enceintes aussi plates et flexibles qu’une feuille de papier a présenté lors du CES un nouveau type de driver électrostatique. En effet, à l’image de leurs autres produit, ce driver ressemblant à une simple feuille, peut être découpé et roulé pour s’adapter à n’importe quelle forme et utilisation. Nous pourrions par exemple les voir arriver dans des casques prochainement.

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Peu de choses ont été dévoilées à propos de ces nouveaux drivers. Le prix de ces drivers n’est pas encore divulgué mais il sera apparemment bas. D’après les dires de Warwick, utiliser leur technologie diviserait par quatre les coûts de production d’un casque électrostatique.

ESS 9038 et AKM 4497

Difficile de croire qu’ils ne se sont pas mis d’accord ou, tout au moins, qu’ils n’ont pas préparé leurs plannings pour se répondre du tac au tac : l’américain ESS et le japonais Asahi Kasei ont tous les deux présenté en marge du CES leurs nouvelles puces haut de gamme : la Sabre ES9038PRO et l’AKM AK4497EQ. Dans les deux cas, il s’agit d’évolutions des puces que nous connaissons déjà, et dans les deux cas, on nous promet des performances stratosphériques.

Le fait que les deux gros noms de la puce delta/sigma dégainent en même temps est assez symbolique de la bataille qu’ils se livrent et, ironiquement, de l’absence des autres acteurs du segment : Texas Instruments et Cirrus Logic n’ont pas présenté de nouveauté depuis plusieurs années et, si les TI PCM1792a et CS4398 restent d’actualité, elles datent, respectivement, de 2006 et 2003 et sont moins avancées d’un point de vue technique (ce qui ne présume rien sur leur sonorité et encore moins sur le résultat sonore fourni par un appareil les mettant en œuvre).

Allons dans le sens du soleil, et commençons à l’est : AKM brillait déjà avec le 4490, considéré comme le meilleur DAC stéréo du moment mais le 4497, toujours associé aux marques « VERITA » et « Velvet Sound » créées pour la gamme premium du constructeur, va, sur le papier, encore plus loin.
Côté mesures, déjà, puisque le niveau de bruit est repoussé de -120dB à un abyssal -128dB, alors que la distorsion harmonique passe de -112dB (THD+N) à -116dB.

Côté fonctionnalités ensuite, puisqu’un nouveau filtre digital optimisé pour le traitement audio sur 32 bits a été ajouté (peu d’informations à l’heure actuelle sur son comportement, notamment vis à vis du déphasage induit).

Côté compatibilité ensuite, puisque si le PCM semble stagner à un 768kHz devenu banal (côté spécifications, je veux dire), la puce est désormais capable de décoder des flux à 22,4MHz, ce qui correspond à du DSD512 et ce pourquoi on cherche encore une utilité. Dans l’autre sens, on notera aussi l’ajout de la compatibilité avec les flux jusqu’au 8kHz sans nécessiter d’upsampling, ce qui était sans aucun doute un gros manque.

Pour ce qui est de la mise en œuvre, n’espérez pas remplacer un 4490 par un 4497 : le support physique est différent et, en prime, la suralimentation des circuits analogiques (AKM conseillait d’alimenter les circuits de sortie analogiques en 7V plutôt que 5V, tension nominale, pour augmenter les performances) n’est plus d’actualité. L’alimentation, si elle requiert toujours les mêmes valeurs de filtrage, devra être boostée : le petit nouveau est beaucoup plus gourmand en courant que son grand frère.

Si on passe du soleil levant au nouveau monde, on voit que le 9038 est une évolution plus marquée de la puce SABRE, qui s’offre pour l’occasion une toute nouvelle gamme dédiée aux machines de salons (par opposition aux machines nomades) dénommée « PRO SABRE » (paf). Pour ce qui est de l’implantation, le format physique reste identique (mais les branchements sont différents) et la complexité d’alimentation demeure puisqu’il y a 7 circuits séparés à raccorder: le cœur de la puce elle-même, les circuits d’entrée et de sorties, le circuit d’horloge et 4 circuits séparés pour les parties analogiques et numériques des circuits de décodage, avec une séparation par voie (pas pour les 8 voies – puisque, rappelons-le, les puces 9038 et 9018 sont des DACs à 8 voies – mais en séparant gauche et droite). Bien que le diagramme d’alimentation demeure similaire, on peut noter que la consommation grimpe en flèche, passant de 100mW à 500mW en utilisation nominale.

Côté fonctionnalités, ce sont désormais 8 filtres spécifiques qui peuvent être choisis (on attendra les spécifications détaillées pour savoir quels filtres sont implémentés, et on verra si des filtres de type minimum phase, qui manquaient au 9018, ont été ajoutés), et le comportement général de l’ensemble des circuits est configurable. La relative richesse concernant les configurations possibles est contrebalancée par la complexité de mise en œuvre, qu’ESS a souhaité diminuer avec deux fonctionnalités : la première est la possibilité d’effectuer un adressage de voies dynamique (c’est à dire configurable à la volée plutôt que lors de l’implémentation électrique) permettant de facilement passer le DAC d’un mode 8 canaux à un mode 2 canaux, voire mono (les performances augmentent d’autant). La seconde est un calibrage de gain partagé entre plusieurs puces, permettant en théorie à plusieurs 9038 de partager les informations de gain entre eux, pour faciliter les configurations utilisant plusieurs puces (soit double-mono, soit multicanal). L’utilité et le fonctionnement de cette fonctionnalité restent très floues.

Dans les autres changements, on note l’apparition d’un circuit de compensation du taux de distorsion qui permet, si on en croit ESS, de diminuer le niveau d’exigence de la puce vis à vis des circuits amont et de l’alimentation, sans que plus de précisions sur son fonctionnement soient fournies. Enfin, le réglage de volume par voies est désormais simplifié.

Du côté des compatibilités, l’ajout du DoP (encapsulation d’un signal DSD dans une trame PCM – le truc le plus inutile de l’univers) est effectif, mais ESS n’a pour l’instant pas annoncé la liste des flux DSD compatibles, il y a de fortes chances pour que cette liste varie en fonction de l’implémentation.

Dernier point, les chiffres : 140dB de rapport signal/bruit quand le ES9038PRO est utilisé en mono. -122dB de distorsion (THD+N). Re-paf : c’est simple, c’est du jamais vu en delta/sigma, version Fosse des Mariannes.

Et pour répondre à ceux qui, moi le premier, seraient tentés de dire que les puces Sabre ont toujours brillé par la difficulté à les mettre en œuvre, ESS répond avec la sortie d’un double régulateur de tension, l’ES9311, qui promet, si on croit les promesses d’ESS, d’être exactement parmi les tous meilleurs mondiaux (avec 1µVrms de bruit sur toute la bande audio).

Sur le papier ? Avantage ESS qui double la mise avec un régulateur pour répondre aux détracteurs des systèmes SABRE. En vrai ? Egalité : on reste encore sur des annonces, des chiffres miraculeux et des datasheets qui n’ont pas encore été rendus publics. On attendra de pouvoir voir, et surtout entendre, les premiers appareils équipés de l’une ou l’autre de ces puces. Dans les deux cas, en revanche, l’augmentation de la consommation électrique rendra complexe et hasardeuse leur intégration au sein d’un appareil nomade.

2 thoughts on “[Brèves] Marty@CES 2016 #2”

  1. Super review qui laisse augurer pas mal d’avancées technologiques à se mettre sous la dent… ou à l’oreille selon que l’on soit idiophile ou audiophage (ce qui revient au même)

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