[Premières impressions] Custom Art Ei.XX

Après nous avoir régalés avec son test des Ei.3 la semaine dernière, MrButchi a eu l’occasion d’essayer en avant-première et en exclusivité le nouveau modèle de notre partenaire Custom Art, développé pour une commercialisation sur Massdrop, à savoir l’Ei.XX. Il nous livre ici ses premières impressions.

Disclaimer

Ma paire d’Ei.XX m’a été fournie gratuitement et je n’ai aucun lien financier quelconque avec Custom Art ni avec MassDrop. Comme j’essaie d’être honnête et ne pas générer de hype, le concept de review en exclusivité avec un retour à fournir très rapidement m’a un peu gêné. J’en ai donc discuté avec Custom Art, et le seul point non négociable de mon côté était que je garde ma liberté de parole. Puisque vous me lisez, c’est que cette requête a été acceptée.

Pour note, j’ai rédigé les tests des Ei.3 et des Harmony 8 Pro.

En gros : vous pouvez penser que j’apprécie Piotr ou que je suis flatté parce que j’ai eu les Ei.XX en exclu et à l’œil. Vous aurez raison. Mais sachez également que cela n’a AUCUNE influence sur ce qui suit.

Ceci n’est pas un test, et n’est pas même proche d’un feedback digne de ce nom. Il s’agit de premières impressions basées sur environ 12 heures d’écoutes dont :

  • 3 heures sur Schiit Gungnir Multibit[1] & Lyr2 ;
  • 3 heures sur Uberfrost & Lyr2 ;
  • 4 heures sur iPhone 6 ;
  • 2 heures sur iPhone 6 & Oppo HA-2

Il est à noter que je n’ai utilisé que le câble Custom Art, sans essayer aucun de mes câbles Linum BaX et Music. Cela sera à tenter plus tard, pour un test.

Le produit et le fit

Le paquet que j’ai reçu correspond au standard Custom Art, c’est-à-dire une boîte Pelican 1010 avec un outil de nettoyage, les Ei.XX avec leur câble ainsi que la petite carte de garantie et de présentation.

Ei.XX

Avec les Ei.3, le fit est bon et confortable, mais pas aussi intime qu’avec mes Harmony 8 Pro ou mes SE5. Avec les Ei.XX, c’est différent : le fit me semble maintenant parfait, et si ce n’était du fait de l’acrylique (matériau qui selon moi isole moins que le silicone), leur isolation serait certainement identique à celle obtenue avec mes Harmony 8 Pro et SE5. Notez au passage que mes Ei.XX ont été réalisés sur la base d’empreintes que j’ai envoyées à Piotr il y a plus d’un an, ce qui veut dire que des empreintes bien faites peuvent donner des bons résultats dans la durée avec le bon artisan 🙂

Le son

Shure SE846

J’en parle ici parce que, quand j’ai rejoint le projet, Piotr m’a demandé si je pourrais faire des comparaisons avec les Ei.3 et les SE846. Donc j’ai demandé à un ami de me prêter ses SE846 (filtres bleus et embouts olives Shure), et je n’ai écouté qu’eux pendant presque 20 jours avant de recevoir les Ei.XX. J’ai fait l’effort conscient de n’écouter les SE846 qu’avec les titres utilisés pour le test des Ei.3, afin de les cerner le plus vite possible. Tout ça pour dire : ne vous étonnez donc pas que ce qui suit fasse beaucoup référence aux Ei.3 et aux SE846.

Scène et séparation

La scène n’a pas grand-chose en commun avec celle des Ei.3 dans la mesure où elle est ici nettement plus profonde. J’ai l’impression qu’elle est également un peu moins frontale — moins proche — qu’avec les Ei.3, mais cela peut aussi venir, précisément, de cette profondeur accrue.

Par rapport aux SE846, la scène me paraît un peu moins étirée horizontalement, mais répartie plus équitablement : à certains moments, les SE846 m’ont donné l’impression qu’ils étiraient tellement la scène qu’au centre, devant moi, c’était un peu vide. Sur les Ei.XX, le trombone (ou la trompette ? Je ne sais pas exactement de quel instrument il s’agit…) sur Myopie de PandaDub vient bien de loin. Il en va de même avec l’effet résonnant dans Feral de Radiohead. Non seulement il vient de loin, mais sa position d’origine est également bien définie (vers l’arrière à droite — je vous économiserai la distance en mètres).

La séparation, elle, me semble être à peine un poil en deçà de celle des SE846, mais cela reste à confirmer, et cette impression peut venir d’un nombre important d’éléments que je dois encore analyser en vue du test (i.e. une plus grande musicalité, une scène moins étirée, ou, tout simplement, moins de précision). La comparaison avec les Ei.3 est difficile à faire parce que la leurs scènes se présente très différemment, mais les Ei.3 se débrouillaient déjà pas mal sur ce point (si l’on tient compte de leurs limites dans les aigus).

Le niveau de détails est similaire sur les trois intra-auriculaires, du moins au premier abord. (On every street et Telegraph Road de Dire Straits sont impeccablement reproduits, avec peut-être un poil plus de détails sur les Ei.XX et les SE846).

Graves et infra-graves

Les Ei.3 ont été un gros pas en avant en termes d’infra-graves dans la famille Custom Art. Les Ei.XX vont encore un peu plus loin et atteignent le niveau des SE846. En première approche, je dirais que les graves de ces deux intras sont comparables, et probablement assez difficiles à distinguer.

On parle donc de subs et de basses bien texturées. J’ai toujours considéré les SE846 comme basseux, donc je dirai la même chose des Ei.XX : ils ne sont pas pour les bassophobes, et mettront clairement en valeur les graves de votre collection musicale.

Pendant les premiers temps avec les Ei.XX, j’avais l’impression d’un trop plein de basses, même après avoir passé presque 20 jours avec les SE846 (mais je crois que j’ai l’explication à cela, voir plus bas). Maintenant, deux jours plus tard, mon cerveau semble s’être adapté, et je n’ai plus vraiment cette impression. Et je dois avouer que, comme avec les Ei.3, j’aime particulièrement ressentir le kick de la grosse caisse sur les Foo Fighters.

Médiums

Probablement ce qui sera la partie la plus compliquée à rédiger du test à venir. Mon principal (et quasi seul) reproche adressé aux Ei.3 était un manque global de pureté dans le son. Avec les SE846, il m’est vite apparu que mon reproche était l’ennui. Ils sont vraiment géniaux, et je n’ai, pour ainsi dire, aucun grief technique à leur encontre (moyennant le bémol de la scène, mentionné plus haut), mais ils me laissent flasque — comme une fille vraiment magnifique (ou un mec), mais pour laquelle je ne ressentirais aucun désir.

Les Ei.XX sont différents. Je ressens le désir. Mais ils me frustrent aussi en même temps. Ils sont clairement colorés dans les médiums (ce que confirme Piotr : ils sont faits pour avoir une signature « fun »), ce qui est agréable, mais me fait un peu déplorer un manque de neutralité sur certains de mes morceaux (je pense à Dire Straits, ou à des chansons très vocales). Mais bon, après, moi je suis un junkie du neutre.

Je pense que cette coloration et la quantité de basse constituent une déviation par rapport au son habituel Custom Art. Les Ei.XX ne sont pas non plus des étrangers avec le reste de la gamme, mais ce sont plus des cousins que des frères (désolé pour l’image un peu moisie).

Ce qui compte le plus, c’est que les médiums ne manquent pas de présence, ce qui m’a presque surpris quand on voit l’augmentation des basses et des subs ainsi que celle des aigus. J’avais peur que les médiums soient un peu effacés, mais ce n’est clairement pas le cas à l’écoute.

Aigus

Ce que je préfère chez les Ei.XX. Le reproche que j’avais formulé envers les Ei.3 appartient clairement au passé. Les aigus sont là, ils sont beaux, mes cymbales sonnent enfin normalement. Ils ne me fatiguent pas, mais bon, apparemment je suis insensible à la fatigue auditive due aux aigus ainsi qu’aux sibilances.

Tout comme les mediums, j’ai l’impression que les aigus sont colorés. En fait, la coloration me semble être en V ou en W. C’est quelque chose qu’il conviendra d’analyser en détail et de confirmer.

Ei.XX

Source

Ma première expérience a donc été une écoute avec les Schiit Gungnir MultiBit et Lyr2 et elle m’a troublé. J’ai ressenti une espèce de manque de contrôle sur certains titres (Contact de Daft Punk, par exemple). Donc je suis retourné sur le couple Uberfrost (Schiit Bifrost avec l’étage analogique über) & Lyr2, avec un peu plus de succès. Ensuite, j’ai décidé de passer du temps avec seulement l’iPhone 6 et l’Oppo HA-2, et les choses ont vraiment commencé à s’améliorer. Maintenant, je pense que c’est surtout mon cerveau qui s’est doucement accoutumé à la coloration du son, parce que, au moment où j’écris ces lignes, je suis à nouveau sur l’ensemble Gungnir MB & Lyr2 et je ne suis plus aussi troublé qu’auparavant.

Conclusion

Les Ei.XX me semblent une paire d’intra résolument funs, dotés d’un bel impact et d’une belle scène, avec beaucoup de détails et une belle séparation.

La qualité de leur fabrication me semble irréprochable, mais à ce stade, c’est quelque chose que j’exige venant de Piotr, et quoi que ce soit d’inférieur me décevrait.

Avant de vous lancer dans leur achat, prenez bien en compte le fait que les Ei.XX ne sont PAS neutres. Ils ont clairement été conçus pour être des passe-partout funs.


Gumby : j’ai reçu le Gungnir MB le même jour que les Ei.XX, et je n’ai pas résisté à la tentation de l’écouter, puis je me suis ravisé en me disant que changer deux maillons de la chaîne, ça faisait un peu beaucoup à la fois (retour)

3 thoughts on “[Premières impressions] Custom Art Ei.XX”

  1. Respect, MrButchi : le boulot est impressionnant eu égard au temps très court que tu as eu pour te faire tes impressions ET les retranscrire… Kudos !

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