[multi-feedback] Beresford Caïman mkII

[nextpage title= »Le feedback officiel »]

Grâce au forum international qu’est Head-fi, on a souvent la chance de découvrir du matériel méconnu voire inconnu en France. La plupart du temps, il s’agit de matériel venu d’Asie où la créativité en matière d’audio paraît sans limite, mais il arrive aussi que plus près de chez nous, on découvre quelques engins bizarres susceptibles de valoir le coup d’oreille… Dans le cas présent, c’est de Grande Bretagne que provient le Beresford Caïman mkII.

Introduction

Caiman 3.4 loin

Stanley Beresford n’est pas vraiment un inconnu outre-Manche. Il propose en effet depuis de longues années des DAC à petit prix qu’il design lui-même mais qu’il fait produire en Chine ; un peu à la manière de Jan Meier de Meier Audio. Personnage haut en couleurs, Beresford s’est à la fois constitué une vraie clientèle de fan chez les Brittons, mais aussi une réputation sulfureuse de charlatan manipulateur qui lui a valu un ban permanent de Head-fi.

Néanmoins, même si le taulier est interdit de séjour, son nom pullule dans les profils d’amateurs Britanniques. Le matériel Beresford semble surtout prendre racine dans des installations pourtant haut de gamme. Il n’en fallait pas plus pour attiser ma curiosité.

C’est ainsi que j’ai pu découvrir le Beresford Bushmaster mkII, qui a eu le don de me plaire assez pour que je commande immédiatement son grand frère : le Caïman mkII. Stanley Beresford pratique la vente directe via son site. Le tarif, livraison et taxes comprises, tourne autour de 350€, ce qui positionne le DAC dans l’entrée/milieu de gamme. Outre le prix relativement modéré, Beresford s’engage à vous reprendre le matériel si vous n’en êtes pas satisfait. Que demande le peuple ?

Fonctionnalités & technique

Le Caïman mkII offre des dimensions somme toute modérées (210x50x140mm), ce qui permet de lui trouver une place à peu près n’importe où sans problème.

L’alimentation à découpage fournit les 12V nécessaires au fonctionnement du DAC, mais de nombreux amateurs utilisent avec profit des batteries – comme par exemple les batteries qui permettent de recharger des smartphones – ce qui permet d’utiliser le DAC sans prise de courant à proximité. Certains avancent même que le résultat sonore en est amélioré. En outre, Beresford a incorporé dans son produit un système spécifique visant à « purifier » le courant distribué aux différents circuits.

Caiman - connectique

Quatre entrées numériques sont à disposition : 1 USB, 2 toslink et 1 coax. L’USB est gérée par une bonne vieille Tenor 7022, qui a fait ses preuves et ne pose aucun souci de compatibilité avec quelque système que ce soit : du sûr, du solide et du fonctionnel. La sortie analogique est classiquement sur RCA. On note en plus la présence d’un connecteur de mise à la terre. Ça peut être extrêmement utile en cas de souci de masse dans une installation. D’un point de vue qualité de construction, l’ensemble n’est pas vraiment luxueux et fait pour ainsi dire un peu « cheap ». On note avec curiosité un port exotique qui est en fait un bus I2C permettant dans le futur de connecter d’éventuels produits additionnels.

La face avant nous met à disposition l’ensemble des fonctionnalités offertes par le Caïman.

Caiman - détail facade droite

On note très rapidement une sortie casque en jack 6,35mm. En effet, un ampli casque en classe A/B est intégré. Le volume est réglable via un potard de facture très classique. Un switch permet en outre de choisir si on veut que les sorties RCA soient à volume fixe ou variable, ce qui permet d’utiliser le Caïman mkII en tant que préampli. En mode fixe, les sorties analogiques sortent un niveau très usuel de 2Vrms.

Caiman - détail facade gauche

Enfin, une série de LEDs permet de savoir quelle entrée est préselectionnée. Un bouton permet de faire les changements, mais il est possible d’automatiser la sélection de source. En tout cas c’est ce que dit le manuel mais j’avoue ne pas avoir testé cette option. Les LEDS éclairent assez fort, ce qui peut gêner mais on peut faire en sorte qu’elles s’éteignent automatiquement une fois la bonne entrée sélectionnée. C’est très bien fait.

Un switch permet d’allumer et d’éteindre le DAC. On ne peut pas dire que le Beresford Caïman mkII fasse dans le luxe mais clairement il est très complet.

Caiman : les entrailles

La conversion Numérique/Analogique est assurée par une puce Wolfson. Néanmoins on ne retrouve pas ici les très connues 8740/41/42 mais une plus rare. J’avoue que j’ai cherché un moment ce que ça pouvait être précisément mais sans résultat fiable.

Enfin, Stanley Beresford propose assez régulièrement des « upgrades » de ses produits, ce qui permet de faire évoluer le matériel dans la durée. J’ai ainsi pu acheter récemment le firmware V6 que Beresford livre via une puce à installer soi-même, ce qui se fait sans difficulté au vu du design intérieur simple du Caïman mkII.

À l’écoute

J’ai pu comparer le Bereford Caïman mkII à un Metrum Octave mkI , un Beresford Bushmaster mkII, un TotalDAC A1 et un Meier-audio DACCORD. Le plus souvent, l’ensemble de ces DAC ont été associés à un ampli DNA Sonett 2 et un HD800. De manière générale, j’estime que les différences entre (bons) DAC sont subtiles donc les impressions qui suivent sont à prendre avec des pincettes dans la mesure où j’exagère par écrit des sensations parfois très diffuses. En résumé, je ne parierais pas sur le fait de pouvoir identifier tout cela de manière fiable en test aveugle.

Le point essentiel qui me frappe à l’écoute du Beresford Caïman mkII c’est la proximité de sa tonalité avec les dacs R2R que sont le Metrum Octave mkII et le totalDAC A1. Le Beresford sonne analogique. On a vraiment peine à identifier dans le son du Caïman mkII ce qui peut habituellement caractériser les DACs à technologie Delta/Sigma.

En comparaison, le Bushmaster mkII du même Stanley beresford sonne plus « maigre », plus léger et une pointe d’agressivité se laisse parfois percevoir dans l’aigu. Rien de tout cela avec le Caïman, qui offre un son plutôt mat, liquide et plein. Évidemment on n’atteint tout de même pas le son charpenté du Metrum Octave et encore moins le mélange d’impact, de plénitude et de richesse harmonique du TotalDAC A1, mais le fait est que pour 350€, le Caïman permet de goûter au son « analogique » d’assez belle manière.

Si on essaye de creuser un peu, on peut toutefois assez rapidement identifier quelques limites. Le grave semble manquer légèrement de texture et d’extension, le médium tend à être légèrement effacé et bien sûr l’aigu ne satisfera pas les amateurs d’analytisme. Ceux qui préfèrent la douceur seront ravis. Pour autant, l’ensemble est équilibré et cohérent et ne fait pas montre de coloration excessive à mon sens.

La comparaison avec le Metrum Octave permet de mettre en valeur les qualités de résolution et de dynamique du Beresford Caïman. Certes, les deux DACs ne sont pas analytiques ; néanmoins l’écoute de musique classique en particulier permet de mettre le doigt sur les faiblesses chroniques de l’Octave en matière de résolution et de restitution de détail. En la matière, le Caïman fait mieux en ne sacrifiant pas grand-chose. Le médium magnifique, le caractère organique du rendu et un sens particulier des textures permet à l’Octave de se défendre mais en toute honnêteté, je préfère le Beresford Caïman au Metrum Octave. Pour autant, la résolution du Caïman mkII n’atteint tout de même pas le top niveau et, assez curieusement, j’ai trouvé que le petit frère (le Bushmaster) en offrait plus sur ce plan. Plus encore, le Bushmaster offre un soundstage holographique absolument extraordinaire (surtout compte tenu du tarif de 210€) que le Caïman ne reprend malheureusement pas. Ce dernier offre bien sur une présentation sans défaut particulier. Le medium très légèrement en retrait occasionnant peut-être un son parfois un peu « laid-back » .

Finalement, il faut au moins un Meier DACCORD ou un totalDAC pour vraiment dominer ce petit Beresford Caïman mkII. Le DAC de Jan Meier offre une neutralité, une droiture et une transparence qui met en exergue le manque de limpidité et de précision du rendu du Beresford. En outre, le Meier DACCORD est mieux fini et propose nettement plus de fonctionnalités. Certes, le tarif est supérieur (650€ environ), mais le jeu en vaut la chandelle d’autant que le Meier offre finalement lui aussi un peu de ce son analogique qui nous intéresse ici.

Face au TotalDAC A1, le Beresford ne peut plus lutter malgré la proximité de tonalité. Le totalDAC offre plus de tout. Plus d’impact, plus de corps, plus de résolution, plus de caractère et plus de richesse tonale surtout. Mais la comparaison est injuste compte tenu des différences tarifaires.

Quelques mots sur la sortie casque. Je l’ai trouvée très décevante dans la mesure où elle colore fortement le son final qui sort du casque. Les basses sont assez nettement exagérées ce qui peut se révéler très rigolo à l’écoute mais certainement pas neutre ou fidèle. En soit je trouve ça suffisamment disqualifiant et je n’ai donc pas prolongé les écoutes avec le HD800 d’autant que la configuration de la sortie casque est plutôt orientée basses impédances. Je précise néanmoins que la coloration se retrouve même avec du casque sensible et/ou basse impédance ou des écouteurs intra-auriculaires. Pour autant, ça peut se révéler parfois pratique. Je recommande chaudement l’utilisation d’un amplificateur casque dédié pour profiter au mieux des qualités du DAC.

Conclusion

Que faut-il finalement retenir en ce qui concerne le Beresford Caïman mkII ?

Il me semble que l’intérêt principal du Caïman mkII est de rendre accessible à toutes les bourses (ou presque) un type de son qu’on croise rarement dans cette gamme tarifaire. La douceur, la tonalité analogique emportent l’adhésion, surtout quand il s’agit de chercher une source compatible avec un ensemble ampli et casque plus analytique, comme par exemple le HD800. À mon avis, et compte tenu de l’existence et l’excellence de la prestation du Meier DACCORD, je pense que le tarif de 350€ est largement justifié, mais n’en fait pas non plus un roi du rapport qualité-prix. Disons du coup que le Beresford est un excellent choix dans sa gamme tarifaire pour qui recherche ce type de sonorité.

Toutefois, et compte tenu du fait que j’ai préféré le Caïman mkII au très réputé Metrum Octave, vous pouvez situer l’estime générale que je porte au DAC anglais. Mais ce n’est qu’un avis et bien souvent plusieurs opinions valent mieux qu’une…

[nextpage title= »Et les vrais TNiens? Ils en pensent quoi ? »]

…C’est pourquoi j’ai proposé un prêt temporaire de ce DAC aux amateurs volontaires en exigeant de leur part un vrai test du matériel prêté. Voici donc les conclusions de chacun. Elles vous permettront sans doute de mieux vous situer mais aussi de voir que les impressions subjectives en audio peuvent varier considérablement d’un auditeur à l’autre et c’est bien normal.

Feedback 1 – Fishbone

Matériel testé

  • PC -> Hegel HD25 -> HeadAmp GS-X MK2 -> HD800
  • PC -> Bereford Caïman -> HeadAmp GS-X MK2 -> HD800

Fichiers Flac, 16/44.1 ou 24/96 sur JRiver MC20.

Au niveau du son

Dans l’ensemble c’est un DAC chaud ou plus précisément analogique ou rond.

En bas du spectre, il arbore une belle extension dans les graves. Je n’ai pas perçu de perte en termes de présence des sub-bass par rapport au Hegel HD25. Au niveau des mid-bass, j’ai senti que le Caïman en présentait un peu plus et que l’ensemble des basses était un peu moins bien tenu. Cette moins bonne tenue est légère mais suffisante pour être perceptible.

En switchant rapidement de DAC sur la même chanson, il est assez facile de discerner l’aération, à l’autre extrême du spectre, dans les harmoniques hautes. Et en effet le Caïman coupe plus tôt que le Hegel, ce qui rend le DAC un peu moins dynamique. Les aigus sont présents, mais ça manque un chouïa de scintillement pour la même raison qu’évoquée précédemment. Les attaques sont bonnes, même si ça reste un peu plus moelleux que le Hegel.

Autrement, je sens que le DAC est assez droit dans ses baskets. Pas d’emphase, ni de retrait dans le spectre. Je trouve que les médiums ont une petite coloration qui n’est pas dérangeante sur des instruments. Par exemple, le piano est beau et donne beaucoup de chaleur et d’émotion. En revanche, les voix sont la partie du DAC qui m’a le plus gênée : je les ai trouvées un peu dark à mon goût et avec un léger voile. Dans les haut-médiums, j’ai remarqué que les guitares étaient un peu métalliques et je l’ai ressenti sur plusieurs pistes.

Pour la scène sonore, je la trouve 3D. On a une bonne sensation d’espace, mais qui pourrait être améliorée. Et il est facile de positionner les instruments.

En termes de micro-détails, le Caïman offre une belle prestation, il est aisé de percevoir certains éléments. En revanche sur des musiques orchestrales, par exemple, le Caïman est à la traîne par rapport au Hegel et il m’est arrivé de trouver un peu fouillis les instruments en fond.

Conclusion

En somme, pour le prix, c’est un excellent candidat dans la gamme des DACs à son chaud/analogique : une belle tenue en bas du spectre, une légère coloration au niveau des médiums et des aigus qui coupent un peu tôt ; trop à mon goût.

Feedback 2 – GG

Je l’ai écouté environ 35-40h, avec mes deux casques (un W3000 et un TH-900) et dans diverses configurations sur du jazz, de l’ambient, de l’acoustique et un peu de classique. Je vais surtout distinguer deux perceptions bien différentes que j’en ai. D’abord l’exercice m’a permis de constater combien un DAC peut, bel et bien, changer l’équilibre sonore globalement perçu de façon assez nette. Mais tout dépend du reste de la chaîne, car ma conclusion est la suivante : pour moi le caïman markII tire sa force de son ampli, pas de son DAC.

Ecouté en tant que combo : DAC/ampli

Le Beresford m’a beaucoup emballé. Il correspond à peu près à ce que j’attends comme image sonore, le plus souvent. Le soundstage est correct, dans la moyenne je dirais. L’amplification est super dynamique et puissante. L’écoute est très fun, engageante et fait largement taper du pied. Sur un w3000 limité en infra basses, il rend vraiment honneur au casque en lui faisant superbement bien sonner le grave : c’est assez profond, et ça envoie un peu de haut grave bien agréable. Revers de la médaille, le grave n’est certes pas boomy mais un peu trop boursoufflé ; surtout sur les musiques électro jazz, ou l’électro moderne (Daft Punk), où cela va sonner un peu mou du genou et trop débordant sur le bas médium. Mais dans ce que j’écoute le plus, c’est juste hyper efficace… avec mon W3000 surtout.

La moins-value se situe, selon moi, sur les voix – légèrement voilées – et l’aigu, un peu moins naturel que sur mon Violectric. C’est pourquoi, on dira yeaaah quand on l’écoute rapidement pour un plaisir simple d’accès, un peu moins pour une écoute concentrée. Mais je n’hésite pas un seul instant à dire que ce produit utilisé en combo fait aussi bien que mon ensemble violectric à 2000€ !! Si on me demandait que choisir, je dirais « prends le caïman et garde tes sous pour le reste, l’écart financier ne me paraît pas justifié entre les deux ». Le combo Beresford est dans son ensemble un produit très cohérent.

Ecouté en tant que DAC

C’est une expérience originale pour moi. En effet, j’ai l’impression que le BA (Eddie Current Balanced Act, NDLR) lui-même est un parfait révélateur de l’élément qu’il y a avant lui. Il est si résolvant qu’il m’a fait entendre tout de suite les différences avec mon dac V800 et c’est encore pire avec le TH-900, qui est un vrai peigne fin couplé au BA.

C’est donc sans appel pour moi : le dac est sous dimensionné par rapport aux qualités de l’ampli et c’est dommage. Ici j’ai pu comparer à la volée avec le V800 et c’est assez cruel : j’ai l’impression que le DAC sonne faux. De façon très audible, le soundstage du V800 est plus vaste, plus sphérique, plus 3D. Avec le V800 le son sort de la tête, avec le Caïman le son est dans la tête (pour imager le propos). Il y’a moins d’air dans le son.

D’autre part, le V800 délivre une image plus lisible des différentes fréquences, avec plus de naturel, un aigu plus fin et plus ouvert. J’entends clairement le même voile sur les voix en utilisant le caïman sur sa partie DAC seule qu’en combo DAC/ampli. C’est surtout sur les genres acoustiques ou classiques que cela s’entend bien d’ailleurs.

J’ai aussi rencontré un problème avec soit l’alimentation, soit les liaisons RCA : le Caïman branché sur le BA génère un bruit de fond, une ronflette impossible à faire disparaître. Je pense que cela vient de l’alimentation mal isolée, car je n’entends rien sur la sortie casque du Beresford. Faut avouer que le BA est un peu chiant puisque 100% tubes de l’alim à la sortie ; non blindé, il récupère tout l’environnement électrique, mais je n’ai pas ce phénomène avec mes violectric pourtant branchés eux-aussi juste à côté.

Conclusion

Super produit pour le prix, le combo est ultra efficace, surtout sur les genres modernes où j’ai peu à lui reprocher par rapport à mes attentes. Bien loin devant mon ancien nfb5 et largement équivalent au V200 en termes d’amplification, voire mieux si on aime surtout du relief comme moi. L’ampli rattrape bien les faiblesses (toutes relatives) du DAC. J’ai pu aussi apercevoir les qualités du V800, plus naturel et transparent dans le sens où il décortique mieux l’ensemble des pupitres avec plus de naturel et d’ouverture. Sans BA, clairement, j’achète le Beresford et je le recommande. Avec le BA je garde mon V800.

Enfin, encore merci pour l’expérience qui nous fera, moi et tous les participants, progresser. À moi, cela démontre qu’avec le BA j’ai encore une marge de progrès possible du côté des Dacs… Pas de end game encore (et tant mieux si j’ose dire), sans parler que du côté des tubes il y’a encore matière à fouiner.

Feedback 3 – DavidSylvian38

Ecouté en tant que DAC

J’ai d’abord testé la partie DAC seule avec config suivante :

  • Serveur Aurender -> Caïman (DAC) -> Amplificateur casque Bryston BHA-1 -> Casque Audeze LCD-X

Écoute très naturelle, me rappelant franchement l’analogique, un peu à la manière d’un vinyle. C’est très aéré, par contre de suite on sent l’origine de l’électronique à tel point que j’y retrouve des traits de famille comme ce que j’ai déjà pu entendre sur la marque Musical Fidelity. Ça sonne très British.

Un excellent registre médium et un aigu qui coupe certes un peu tôt, mais pas agressif du tout. Un grave honnête mais sans plus qui manque parfois de mordant et d’articulation.

Bref, pour le créneau tarifaire c’est pas mal du tout sur la partie DAC seule.

Ecouté en tant que DAC/ampli

  • Serveur Aurender -> DAC Caiman (DAC + ampli) -> Casque Audeze LCD-X

Là les choses se corsent un peu !

En effet la partie amplification manque globalement de puissance et je reste franchement sur ma faim. Ça manque de dynamique, et lorsque les fortes arrivent, ça s’écroule. Bon il faut néanmoins ramener ce constat sur le fait que l’on est en présence d’un bestiau à 400 euros, mais néanmoins, pour l’avoir comparé à un modeste HPA-4 (et ce même si ce dernier est moins fin niveau performances sonores), le Fostex s’en sort largement mieux sur le paramètre puissance, avec un form factor largement plus compact.

Conclusion

Je suis en fait un peu désappointé par le produit dans sa globalité.

Une partie DAC plus qu’honorable, mais un combo qui ne le fait pas complètement et je me demande quelle est la vocation, la destination voulue par le constructeur.

Je pencherais naturellement sur une destination en sédentaire pur, uniquement sur la partie DAC mais alors à voir si le remplacement de l’alimentation ridicule type chargeur de téléphone par une vraie alimentation digne du nom ne serait pas judicieuse, d’autant plus que l’on est sur du 15 Volt et qu’il est franchement dommage de se pénaliser ainsi. À tester !

Enfin, j’ai apprécié le nombre d’entrées disponibles, conséquent, et la qualité globale de fabrication.

Feedback 4 – Oliv009

Conditions du test

Test pré-amplification et DAC sur :

  • PC -> Caïman -> Alo Panam -> HD600 / HD650

Test DAC/ampli sur :

  • PC -> Caïman -> HD600

(Sources : audirvana et spotify.)

Toutes les écoutes ont été faites avec le Caïman en branchement direct par USB.

En préambule de ce retour, je souhaite remercier Sorrodje pour ce prêt et pour m’avoir fait découvrir la marque Beresford, dont je que pense les produits gagneront à être connus.

Un premier contact très positif avec le petit frère du caïman, le Bushmaster, acheté pour un ami m’a surpris par son étonnant rapport qualité-prix, sa musicalité et sa douceur.

Me voilà donc pour quelques jours en compagnie de son grand frère le caïman mkII, qui abrite en plus une partie préamplification.

Compte rendu d’écoute

Premier contact pris, branchements faits, il est temps de découvrir la bête par sa partie ampli casque. L’exercice est difficile car le hd600 est beaucoup plus exigeant qu’il ne le paraît et il faut soigner autant la source que l’amplification pour en tirer le meilleur.

Autant être clair, le Beresford n’a pas brillé sur ce coup-là. Le résultat était tout ce que l’on peut entendre d’un hd600 moyennement apairé : légèrement chaud, un peu mou, manquant de détail et de largeur comme de profondeur de scène (dit gentiment : smooth quoi…).

Passons donc à l’étape suivante : la partie dac épaulée, par le panam en amplification casque, et sur un système enceintes. C’est sur ce dernier ensemble que j’ai toujours trouvé que les changements de DAC se faisaient le plus entendre, de manière parfois très surprenante.

Loin de moi normalement l’envie de comparer des produits de prix et de catégories très différentes mais lors de ce prêt, quelqu’un a suggéré l’idée qu’il pourrait matcher avec un Metrum Hex…et je ne demande que ça car je suis adepte des bons rapports qualité/prix. Alors forcément, comme c’est aujourd’hui mon dac de référence, je prendrai son rendu comme base, ainsi que mes souvenirs (assez clairs) du NFb 1.32, un peu plus cher que le Beresford sans pour autant quitter de vue la gamme auquel il appartient.

Branchements faits, on lance les écoutes et… eh bien oui, ça chante! Ça chante même pas mal, dans le sens où l’on retrouve le rythme, l’émotion véhiculée dans la musique (musicalité ???) ; donc l’essentiel est là ! Pas de fausses notes, de basses qui se font la malle, d’aigus ou de hauts médiums qui déraillent. Tout est en place et déroule plutôt bien mais….

Oui il y plusieurs « mais », à mettre bien évidement en relief avec le prix de l’appareil. Tout d’abord les basses : il y a peu d’extension et elles manquent de fermeté et de détails. Cela nuit un peu à la dynamique générale et a l’engagement dans certaines musiques.

Les médiums ensuite : le détail est suffisant, la position dans l’espace et l’échelle plutôt pas mal même si globalement ils manquent aussi un peu de dynamique et que les extinctions de notes sont un peu bâclées. Sur un morceau comme la Soledad de Pink Martini, tout cela se ressent beaucoup car le piano manque d’amplitude et perd de son intensité alors que la contrebasse, dernière, en plus d’être bridée en bas, manque de fermeté, d’énergie et de relief. Malgré tout, la musicalité encore une fois arrive à passer outre et on prend du plaisir.

Les aigus, quant à eux, sont, je trouve, vraiment le point fort du Caïman. La douceur générale de ce DAC permet, tout en contenant malheureusement un peu leur extension, de produire de beaux aigus, plaisants et jamais agressifs.

Conclusion

Globalement, pour le prix, je dirais que c’est plutôt une réussite, pour quelqu’un qui cherche un DAC doux et musical plus qu’un chirurgien du son. Il demeure peut-être un peu trop dans la retenue, même si cela lui évite des écueils rédhibitoires.

Il peut néanmoins être concurrencé par certains DAC, dont les prix deviennent de plus en plus accessibles.

La différence qualitative par rapport à son petit frère ne m’a pas sauté aux oreilles, mais je l’ai trop peu écouté chez moi pour être sûr qu’il n’y a pas une vraie plus-value. Je préconiserais de l’associer avec des systèmes dynamiques et peu exigeants dans le bas de spectre. Sa partie amplification casque doit être vu comme un appoint.

Les petits détails qui fâchent et ceux qui font plaisir :

Une chose m’a particulièrement déplu : à chaque rallumage, la dernière source sélectionnée n’est pas choisie par défaut et il faut la re-sélectionner.

Par contre, un très bon point trop peu présent (mais que je retrouve sur le sélecteur dispatcheur de source que j’ai acheté de la même marque) : la possibilité de relier les masses a la terre. Concrètement cela permet d’évacuer les boucles de masses en reliant par un câble le bornier de masse à la terre de la prise. C’est cette solution qui m’a permis d’éliminer chez moi les boucles de masses.

Feedback 5 – Ony

Ecouté en tant que DAC

J’ai d’abord testé la partie DAC seule avec config suivante :

  • DAC Caïman -> Eddie Current 4-45 -> Audeze LCD-3F, ZMF x Vibro, ZMF Blackwood

Comparaisons faites avec un DAC Metrum Octave MkII et un Metrum Hex à l’aide d’un switch 3xRCA.

Le Caïman est fourni avec de nombreuses connectiques et un form factor fort plaisant.

C’est un DAC mêlant habilement une écoute naturelle et technique. Il propose une signature dans un esprit U-shape, avec une orientation de la restitution vers une pointe de chaleur. Le grave a de l’impact sans être poussif. L’extension est tout à fait acceptable dans cette gamme de DAC et l’articulation entre les sections grave et médium est très bonne.

Le médium se place légèrement en retrait. Les sensations de textures disparaissent en passant des produits Metrum vers le Caïman au profit d’une très bonne aération et articulation de ce registre. Les plans sont bien définis et précis, en offrant une présentation plus laidback que frontale.

Les aigus manquent malheureusement d’extension mais le DAC n’est pas pour autant en manque de détail et s’offre le luxe d’être résolvant. Cela lui permet d’être précis tout en vous épargnant des moments désagréables sur de mauvais enregistrements.

Le soundstage est globalement laidback, équilibré dans ses 3 dimensions. Même avec sa dynamique, le côté laidback prend le dessus. Vous ne trouverez donc ici aucune sensation de frontalité dans la restitution de votre musique.

Le DAC m’a vraiment convaincu et fait partie des produits plutôt évidents à recommander pour une personne cherchant un compromis musicalité/technicité, surtout avec du matériel résolvant et avec une amplification droite et dynamique.

Ecouté en tant que DAC/ampli

J’ai ensuite testé le combo DAC/Ampli avec les config suivantes :

  • DAC Caïman -> Audeze LCD-3F, ZMF x Vibro, ZMF Blackwood, Spiral Ears SE5 Ref

La partie amplification a été optimisée selon les besoins de Sorrodje pour l’utilisation d’intra sensibles et de casques à basse impédance. Ne passons pas par 4 chemins : là où la section DAC surprend par ses capacités, la section amplification déçoit.

La dynamique du DAC disparait complètement, submergée par un bas médium surjoué, encombrant, débordant allégrement sur les registres proches. La restitution de l’ensemble part vraiment du côté chaud de la signature audio.

Avec les SE5, la course du potentiomètre ne permet pas d’avoir une balance droite/gauche équilibrée sans passer rapidement à un niveau d’écoute bien trop fort. De plus, son manque de tenue en puissance ne lui permet pas d’exploiter des casques orthodynamiques comme les Audeze ou les ZMF.

La partie amplification de ce combo est bien en dessous des qualités de la section DAC, qui perd tout son charme dès que le Caïman est utilisé en combo. La comparaison avec un simple O2 montre très facilement les lacunes de la section amplification.

Caiman + O2

Conclusion

On se retrouve globalement avec un produit mi-figue mi-raisin, qui gagnerait énormément à être vendu uniquement en tant que DAC sans sa partie amplification (pour un prix encore inférieur, le produit serait très concurrentiel pour son secteur tarifaire).

L’utilisation en combo est pour moi à oublier. Il faudra forcément lui adjoindre une amplification sédentaire pour profiter au maximum des capacités du DAC du Caïman.

Il fait évidemment partie des produits à avoir testé au moins une fois dans son périple audio tout en étant fort recommandable dans le bas gamme.

3 thoughts on “[multi-feedback] Beresford Caïman mkII”

  1. chapeau aux testeurs ! euh certains ont des oreilles faites de bois quand même !

    Plus sérieusement :
    1. Je remercie encore une fois Sorrodje pour l’initiative enthousiasmante que représentait le Beresford loan tour. Sa confiance en nous fut remarquable.
    2. L’exercice démontre encore une fois combien il ne faut pas prendre pour vérité absolue ce que l’on peut lire dans les reviews et tests divers. Là où Sorrodje met un bémol sur la sortie casque qu’il juge trop chaude pour son goût, c’est précisément là où moi j’apprécie en particulier le parti-pris. Comme quoi le plus important est de connaître les goûts du testeur en matière de signature !

    1. Ce DAC a remplacé un Fostex HP-A8C fort apprécié mais malgré tout revendu (avant sa chute magistrale du prix en neuf) pour cause de financement de nouveaux éléments.

      En parcourant le net à la recherche d’un DAC abordable, performant et peu courant, je suis tombé sur le Beresford en question. Une fois commandé et installé (fonctionnant d’office avec une alimentation linéaire régulée à 12v), et passé un petit temps de rodage, j’ai été très agréablement surpris par les performances du DAC.

      Autant je considérais le Fostex comme étant neutre, droit et analytique, le Beresford préfère composer avec une certaine rondeur, une “chaleur analogique” pourrait-on dire qui, je crois, me manquait avec le Fostex. Rapidement, je l’ai préféré. Bien sûr, l’équilibre tonale n’est probablement pas aussi parfaite que le Fostex mais, sur mon système, cela ne me prive de rien. Les basses sont tendues, définies, les timbres ont une belle projection, les aigus, certes, peut être un peu court comme cela a été écrit, sont malgré tout cristallins et en aucun cas agressifs, comme par exemple avec des puces Sabre ES équipant des DAC dans cette gamme de prix.
      Cela fait 6 mois que je le possède et je ne m’en m’en suis pas encore lassé.

      Petite parenthèse, soigner particulièrement l’alimentation électrique de son système (ligne électrique dédiée, barrette secteur et câbles secteurs de conception audiophile) est indispensable avant d’émettre des avis sur le matériel. C’est probablement le retour d’expérience le plus marquant de ces derniers semestres/années. Ca coûte des sous, certes, mais on ne le regrette pas (scène sonore, transparence, dynamique).

      J’oubliais la partie amplificatrice de ce DAC. J’écoute rarement au casque et jamais plus de 30mn d’affilée (HD 598). C’est (trop) chaud, les basses ronflent un peu, le potar manque de progressivité et de transparence… Bref, c’est plutôt moyen, j’en conviens. Mais je m’en fiche pour le peu que je l’utilise.

      A part cela, Je mets des sous de côté pour m’offrir à terme un DAC Audiomat qui, j’espère, le remplacera d’ici une année.

      Merci au concepteur de ce site sympathique.

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