[Brèves] Marty@CES 2016 #1

En 2015, nous vous avions fait vivre le CES depuis le blog avec une suite de news permettant de présenter les nouveautés les plus alléchantes de ce salon. Pour cette année, nous allons plutôt regrouper les news dans des marty moins nombreuses et moins fréquentes… mais plus denses !

Il y aura quand même eu pas mal de nouveautés, mais aucune nouvelle direction prise du côté de l’audio : la norme est la continuité. Si le CES 2015 avait été l’occasion de présenter les technologies MQA et LDAC, l’adoption de la première et l’introduction d’aptX HD, un codec concurrent de la deuxième ne surviennent que maintenant. La période n’est pas au renversement de tendance, ce qui n’empêche pas les constructeurs de présenter des nouveautés toujours intéressantes.

Comply One-fits-all

Dans le monde des intras universels, la question des embouts est souvent primordiale et qu’il s’agisse des goûts des auditeurs ou de l’exigence des écouteurs, la solution passe-partout n’a pas encore été inventée. Dans les embouts, une marque a réussi à se faire un nom et une réputation : Comply. Leurs mousses à mémoire de forme connaissent un beau succès, ne serait-ce qu’en OEM (équipement pour les nouveaux matériels) : on trouve assez souvent une paire de Comply dans le bundle d’une paire d’intra-auriculaires universels.

Le problème posé à Comply (et donc à ses acheteurs potentiels) est que les largeurs de canules varient dans des proportions parfois importantes, qui forcent le fabricant à proposer des 200, 400, etc. correspondant aux diamètres des canules. Pour supprimer le problème, la marque a présenté au CES un nouveau modèle « taille unique » construit autour d’une canule très souple permettant de s’adapter à la plupart des tailles du marché. L’impact sur le confort et sur la tenue (couple de serrage) serait très faible. Ce dernier point sera à démontrer lors d’essais de quelque chose qui semble plus faciliter la vie du fabricant que répondre véritablement à une problématique des clients.

Manley Headphone Amplifier

Petit propos préalable pour présenter la famille Manley : si vous n’avez jamais entendu parler d’au moins un des trois Manley de l’audio, c’est que vous ne vous intéressez pas aux gens qui conçoivent des amplis à tube… Le père, la mère et le fils (David, EveAnna & Luke) ont en effet fondé plusieurs sociétés parmi lesquelles VTL (présidée par Luke) et Manley Labs (présidée par EveAnna) font figure de vitrine. David Manley, initiateur de la dynastie et concepteur de génie, qui s’était installé en France nous a malheureusement quitté il y a quelques années.

Le Headphone Amplifier montre que du côté du choix du nom, ManleyLabs a un peu régressé : on avait eu l’habitude, avec le Stingray, les Mahi-Mahi, Steelhead ou autres, à des dénominations plus sympathiques, mais baste : ici la fonction dicte le nom. Elle dicte aussi la forme puisque, pour aussi moche qu’il soit (ne changez pas les réglages de couleur de votre écran, c’est normal), l’amplificateur a été prévu pour également servir de support casque : le format étroit et le dessus courbe est destiné à accueillir le bandeau d’un casque. Il faut espérer que l’isolation thermique a bien été pensée pour éviter que le cuir des mousses ne souffre…

Manley Headphone Amp

Parce que ça va chauffer : le HeadPhone Amp est un amplificateur intégralement à tubes : les drivers sont des triodes 12AT7 et les tubes de puissance sont des tétrodes à faisceau dirigé 6AQ5 (équivalents des EL90 européennes), branchées en pseudo-triodes dans un montage push-pull. L’étage de sortie est couplé à deux transformateurs dont l’utilisateur pourra régler l’utilisation en fonction de l’impédance du câble : 12-50 ohms / 50-200 ohms / 200-600 ohms. La puissance de sortie de 1w, raisonnable étant donné les tubes choisis, ne permettra peut-être pas de driver tous les casques du marché mais est sans doute le résultat d’un montage privilégiant une faible distorsion. La principale originalité de tout ceci réside au final dans l’emploi d’une alimentation à découpage, annoncée certes à très faible bruit et haute vitesse de commutation.

Côté fonctionnalités, l’utilisateur est servi : réglages de basses et d’aigus (débrayables), réglage de balance, réglage de la contre-réaction (de 0db à 10dB), réglage de surtension pour éviter d’abîmer les casques sensibles, fonction mute, allumage avec relais, fonction mono… Sans compter l’original potentiomètre rotatif de réglage du volume, inséré dans la façade, horizontalement. L’ampli étant symétrique, on retrouve une sortie XLR en plus de la sortie jack 6.35mm, les deux étant repoussées sur la face arrière, avec l’entrée RCA et une sortie préamplifiée afin d’intégrer l’amplificateur dans une chaîne stéréo.

Manley Headphone Amp

Il est inévitable que l’esthétique… originale de cet ampli pourra en rebuter plus d’un. Reste que la réputation solide dont jouissent les amplificateurs de la marque, également souvent conçus à partir de tétrodes ou pentodes de faibles puissances, pousse à la curiosité pour cet ampli facturé tout de même un tout petit peu moins de 3000$.

HifiMan Shangri-La

Un peu de culture : Shangri-La est le nom d’une ville fictive qui est apparue pour la première fois dans le roman Les Horizon Perdus (Lost Horizon) de James Hilton. Le roman décrit l’arrivée de rescapés d’un accident d’avion dans une lamaserie utopique, entourée de paysages magnifiques, dans laquelle le temps semble suspendu.

Un peu d’actualité : Shangri-La est le nom du projet de casque électrostatique mis au point par HifiMan. Lorsque le HE1000 est sorti, beaucoup de monde s’est montré surpris de voir sortir un nouveau casque planar-dynamique, là où on attendait les premiers pas d’HifiMan dans le monde de l’électrostatique (les plus nostalgiques d’entre vous se rappelleront du Jade, qu’on peut considérer comme l’ancêtre du Shangri-La). Il s’avère, si on en croit le Dr. Fong, que le HE1000 est un peu un effet de bord du développement du Shangri-La, sa membrane étant issue du développement des transducteurs électrostatiques. On en sait assez peu sur le casque lui-même hormis qu’il reprend tous les codes esthétiques du HEK, et qu’il est un peu plus léger que ce dernier.

Pour l’alimenter, HifiMan l’a associé pendant le CES à un amplificateur spécifique basé sur un quad de tubes 300B. Il est impossible de savoir à l’heure actuelle si le casque pourra être branché sur des amplis existant (par exemple conçus pour des casques Stax) ou si l’alimentation des membranes est spécifique.

Shangri-La

Si vous vous attendiez à ce que ce nouveau casque soit un concurrent pour le Audeze LDC-4 et que, conséquemment, on le trouve à un prix similaire, attendez-vous à en être pour vos frais (jeu de mots facile, certes) : HifiMan semble avoir conçu le Shangri-La comme l’équivalent du Sennheiser Orpheus 2 et on a tout lieu de croire qu’au niveau tarifaire, on devrait voler dans les mêmes sphères : entre 40000 et 50000$ (non, il n’y a pas de typo, ce sont bien 4 zéros).

Astell&Kern / JH Audio Rosie

J’avais parié sur Elenore (chanson des Turtles) ou sur Cecila (Simon & Garfunkel) pour le prénom du prochain écouteur intra-auriculaire de la série des sirènes de JH Audio, j’ai perdu : c’est au final Rosie (référence au titre de AC/DC « Whole Lotta Rosie ») qui a été choisi pour le nouveau modèle, qui sera disponible en version custom chez Jerry Harvey Audio et en version universelle chez Astell&Kern.

Modèle d’accès dans la gamme, Rosie comporte 3 voies et 6 drivers (dans une configuration pas si courante que ça : 2 graves, 2 médiums et 2 aigus). Elle réutilise la technologie freqphase prévue pour respecter la phase acoustique du signal audio, parce que Rosie tient à son image (stéréo). Côté physique, on la retrouvera bien entendu avec un câble symétrique doté de connecteurs jack 2.5mm TRRS, comme on en trouve sur les baladeurs A&K. La principale innovation provient du corps de la belle : usiné, canule y compris, dans un seul bloc d’aluminium et fermé par un insert en carbone. Les guides sonores à l’intérieur de l’intra sont, eux, en acier inoxydable. Le prix n’est pas connu à l’heure actuelle, mais je pense que 550 à 600€ ne seront pas de trop pour profiter de ses charmes.

A&K Rosie

Rosie de ne sera pas la seule à bénéficier d’une robe en aluminium : Astell&Kern a profité du CES pour présenter les versions « 2 » des Angie II et Roxanne II qui profiteront également de cette coque monocorps, alors que Layla, en diva qui se respecte, s’alloue l’exclusivité d’une coque similaire mais en titane.

Dans la série des changements de métaux, l’AK380 profite également d’une optionnelle robe en cuivre (espérons là efficacement traitée contre l’oxydation) pour le modique supplément de 500€ au prix heureusement très raisonnable du 380 « de base ». Chez Astell&Kern, on promet un son plus relaxed et plus chaleureux pour la version cuivre, sans indiquer qu’un autre changement apporté pourrait justifier ce changement. Ben voyons.

A&K AK380 Copper

Technics EAH-T700

Il est annoncé depuis quelques temps, mais il était présenté officiellement au CES et, surtout, on n’en avait pas encore parlé ici. La marque_sur_le_retour dans le giron de Panasonic, Technics, enrichit sa gamme avec le T700, un casque au positionnement complètement raccord avec celui des autres modèles : luxe.

T700

La différenciation par le haut est donc le crédo de Technics qui, avec ce casque, joue la carte peu courue du casque nomade très haut de gamme. Sur un segment où on ne retrouve quasiment qu’Ultrasone, le constructeur japonais joue la carte du classicisme esthétique et de l’innovation technique. Côté aspect, on a de l’aluminium et du cuir, pour une impression de robustesse et de poids, impression vérifiée sur la balance avec 470 grammes. Côté entrailles, les habitués des fiches techniques germaniques hausseront à peine un sourcil à la mention d’un haut-parleur dynamique de 50mm de diamètre – membrane multicouche avec surface en aluminium – présenté dans une configuration avec angle (l’astuce est généralement adoptée pour favoriser l’utilisation du pavillon de l’oreille dans la perception des sons et la construction de l’image stéréo). Mais même les plus blasés des techniciens seront intrigués par la mention de l’intégration d’un super-tweeter de 14mm et avec une configuration particulière, qu’on a plus l’habitude de retrouver sur une enceinte acoustique : les deux haut-parleurs sont inclinés l’un vers l’autre (l’angle est forcément beaucoup plus prononcé que sur une enceinte) pour permettre la création d’un point focal à l’entrée du canal auditif. Autre particularité étrange, la coupure entre les haut-parleurs est fixée à 30kHz, soit bien au delà de la limite de l’audition humaine. Ces limites sont d’ailleurs largement ignorées par la bande passante annoncée : 3Hz à 100kHz.

T700 intérieur

Avec une impédance de 28 ohms, une sensibilité encore inconnue, on le dit capable d’être alimenté par un smartphone  ce qui, étant donnée la gamme du casque, semble ne pas forcément être la meilleure manière d’en profiter. Pour les 1200€ qui sont demandés, on aura droit à des câbles de 120 et 300cm, avec terminaisons 3,5mm et 6,35mm. Technics annonce également une compatibilité avec les branchements symétriques, mais sans entrer dans les détails et sans préciser si des câbles le permettant seront inclus dans le bundle de base.

Les premiers avis sont très positifs mais, au vu du prix, l’excellence est le moins que l’on puisse espérer de cet engin.

Et si vous cherchez une source adaptée pour profiter du casque, pourquoi ne pas aller chercher une platine vinyle haut de gamme, comme par exemple cette nouvelle  SL1200 G, également présentée par Technics ? Certains pourront objecter que les platines SL1200 sont à destination des DJ, ce à quoi on pourra leur répondre « pas celle-ci ». En effet, cette version est, comme tous les autres nouveaux produits Technics, haut-de-gamme. A 4000$ environ, on évitera effectivement de trimbaler sa platine dans des environnements hostiles, ce dont son poids de 19Kg devrait de toute manière dissuader ses acquéreurs.

SL 1200 G

Le traitement des vibrations a semble-t-il été au cœur du travail de Technics, afin de ne pas dissuader les audiophiles de craquer pour une platine à entrainement direct. Cette motorisation et la commande de pitch (autorisant un changement de la vitesse jusqu’à +/- 16%) brouillent les lignes, puisqu’elles sont clairement l’apanage des platines de DJ. Quelle peut-donc être la cible d’une platine aussi chère et au positionnement aussi étrange ? Si des DJ fortunés et nostalgiques pourront céder à ses charmes, il n’est pas certain qu’ils soient assez nombreux ne serait-ce que pour acheter l’ensemble des 1200 exemplaires de la version SL1200-GAE (AE pour « Anniversary Edition »), vendue au même prix mais disponible en premier et avec une finition particulière.

SL1200 G

A suivre…

4 thoughts on “[Brèves] Marty@CES 2016 #1”

  1. Sinon, pour lire cette news en musique :
    « Elenore » des Turtles – https://www.youtube.com/watch?v=JeAtre3Bxg8
    « Cecilia » de Simon & Garfunkel – https://www.youtube.com/watch?v=a5_QV97eYqM
    « Whole lotta Rosie » de AC/DC – https://www.youtube.com/watch?v=Q8fZeaUHsjw

    Et si vous lisez lentement :
    « Layla », live par Eric Clapton – https://www.youtube.com/watch?v=fX5USg8_1gA
    « Angie » des Rolling Stones – https://www.youtube.com/watch?v=RcZn2-bGXqQ
    « Roxanne » de The Police – https://www.youtube.com/watch?v=3T1c7GkzRQQ

    Et si tu es MrButchi :
    « Dear Rosemary » des Foo Fighters – https://www.youtube.com/watch?v=6rPVszLc7n0

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