[Feedback] Les Oriolus… d’Oriolus

Les Oriolus Oriolus, donc, font partie des produits qui ont fait l’actualité 2015 : déjà parce qu’ils s’inscrivent dans la mode actuelle des intra-auriculaires hybrides ensuite parce que depuis que Space Cowboy les a présentés dans un compte-rendu de salon, ils ont suscité d’abord la curiosité puis l’enthousiasme.

Un testeur ne suffisait pas, visiblement, pour en présenter la substantifique moelle, c’est donc à trois que Space Cowboy (toujours lui), Sausalito et Fabaaroan se sont mis. Trois feedbacks pour le prix d’un, c’est ce que nous vous proposons de découvrir. Bonne lecture !

Présentation du produit

Oriolus, en voilà un nom énigmatique pour une paire d’écouteurs, peu commun de choisir un nom de piaf (le genre Oriolus regroupe 29 espèces de passereaux). Mais c’est aussi le nom de la toute jeune compagnie, basée au Japon, à l’origine de ces nouveaux intra-auriculaires universels (un moulage est possible moyennant finances). Oriolus (la compagnie) est certes basée au Japon mais les Oriolus (les écouteurs) ont été  développés en Chine, avec notamment l’ingénieur-chef d’iBasso à la tête du projet.

La toute fraiche compagnie ne dispose que de ce seul et unique modèle à l’heure actuelle, qui entre dans la case « très haut de gamme » avec sa tarification de 999$ dont, vous l’aurez compris, il va être question dans cet article.

Oriolus s’est arrêté sur un design hybride comportant 3 transducteurs à armature équilibrée et un transducteur dynamique pour pondre (désolé pour le jeu de mots niveau Ruquier) son bébé. On a vu récemment une grosse recrudescence des modèles hybrides sur le marché avec notamment l’arrivée des UM Maverick, Mavis et Macbeth, des (très populaires par ici, et par ailleurs excellents), FLC8 et Dunu D-2000J, des Aurisonics Bravo ou encore, dans le monde des moulés les Just Ears et très récemment celle des Fitear Air. Le design hybride a le vent en poupe et la compétition devient de plus en plus féroce, tant les résultats sont très souvent fort qualitatifs voire excellents. Voyons voir si ces Oriolus, apparus sans prévenir en mai dernier, vont être capable de se trouver une place dans cette jungle audiophile des bouchons d’oreilles qui font de la musique.

Packaging, fabrication, finition et confort

Boite des Oriolus

Mais elle est grosse, cette boite ! Malheureusement vous n’y trouverez pas grand-chose : les écouteurs équipés de leur câble, 3 paires d’embouts en silicone et une paire de mousses Comply… et puis c’est tout !

Le packaging est certainement le plus radin que j’ai expérimenté à ce jour : pas de pochette de transport, pas d’accessoire, non, seulement le strict minimum. Assez décevant quand on sait le supposé positionnement très haut de gamme du produit.

Oriolus dans la boite

La fabrication et la finition, quant à elles, me semblent plutôt soignées. Aucun défaut esthétique n’est à déplorer sur ces écouteurs à la robe noire (nb : à la lumière ils virent au bleu marine). On retrouve les connecteurs standards 2 pins pour le câble, qui semble de fabrication assez robuste bien qu’il s’avère assez rebelle à l’usage. Le tressage aurait également pu bénéficier d’un peu plus de soin.

En termes de confort, leur grosse taille (assez similaire à des To Go ! 334 pour donner un ordre d’idée) et leur grosse canule risquent de ne pas aller avec toutes les oreilles. Ils restent cependant relativement légers. Toutefois, si votre conque accepte ce genre de volume et que votre conduit auditif n’est pas trop étroit, le fit devrait se faire confortablement, leur forme étant plutôt bien pensée.

Concernant l’occlusion, elle se crée à l’entrée du conduit, là encore certains apprécieront et d’autres non. Etant donné que les Oriolus sont des hybrides, ils embarquent un évent pour le driver dynamique, chose assez standard pour ce genre de design. Cela affectera un peu le niveau d’isolation qui se montrera un petit peu en deçà d’intras utilisant uniquement des drivers à armatures équilibrées.

Oriolus sur la boite

Passons maintenant à la partie son, avec trois retours de vos serviteurs.

[nextpage title= »Le son : retours croisés »]

Une formule pour décrire l’opération : plus on est d’oreilles, plus on éclaire le lecteur !

C’est en tout cas l’idée qui l’a emporté pour ce feedback. Des goûts musicaux divers, des attentes qui varient, des baladeurs différents, de lourds passifs en matière d’intra … Mais un point d’accord : la grande qualité des Oriolus en matière sonore.

On démarre ?

Feedback de Fabaaroan

Après avoir essayé – et possédant par ailleurs – un grand nombre d’intras, je n’étais jamais entièrement satisfait de mes écoutes. Soit il me manquait des basses, soit le rendu était trop sombre. J’essayais alors de modifier un peu le rendu de mes intras en changeant d’ampli ou de lecteur. C’était notamment le cas avec les H8pro (des intras remarquables au demeurant) mais il me manquait avec eux un peu de groove et un soundstage proposant plus de profondeur notamment.

Une occasion s’est présentée sur un autre site, et j’ai sauté sur ces Oriolus… Pour mon plus grand plaisir.

Un soundstage vaste et profond

Lors de mes premières écoutes, j’ai immédiatement noté l’énorme espace sonore que proposent ces Oriolus En comparant avec mes H8pro j’avais l’impression de confronter un casque ouvert et un casque fermé, et pourtant les H8pro ne sont pas les plus mal lotis de ce côté-là. Avec pas mal de recul, je pense qu’il s’agit de la présentation qui diffère et apporte cette différence assez notable.

Les voix ont une présentation plus frontale, proposant du coup plus d’immersion que de contemplation (h8pro). Il n’en reste pas moins que le soundstage proposé par ces Oriolus est vraiment exceptionnel. Il allie largeur et profondeur, pour un espace sonore maximal visant à restituer la musique le plus fidèlement possible. Et le rendu dans la profondeur est excessivement bien traité. Nous ne sommes pas face à l’exagération que proposait les Traluscent 1 + 2 avec en plus un creux au niveau des médiums. Dans le cas des Oriolus, cet espace sonore permet d’apprécier l’étagement et le placement des différents instruments présents sur vos morceaux. La présentation des voix plus frontale permet en prime d’augmenter le niveau d’immersion.

Des timbres riches

La deuxième qualité des Oriolus réside dans la richesse de ses timbres. Je ne parle pas de coloration mais plutôt de diversité. Les Oriolus arrivent à développer un panel sur toutes les fréquences assez remarquable.

Cette richesse vous permettra à la fois d’apprécier le grain et le rendu des voix de vos chanteurs ou chanteuses, mais également le rendu des différents instruments. Vous percevrez également toutes les nuances et la subtilité des cuivres : un régal. Cette richesse est d’autant plus perceptible grâce à l’aération proposée par les Oriolus. Tout est bien intégré avec énormément de présence et d’imprégnation.

L’ensemble ainsi proposé est d’une cohérence impressionnante.

Une couleur musicale

Il est alors temps d’évoquer le timbre général des Oriolus. Au moment de choisir ces intras, j’avais lu qu’ils étaient plutôt colorés avec un rendu un peu chaleureux. Après six mois passés en leur compagnie, et après les avoir testés sur presque tous les lecteurs existants, je dirais qu’ils ne sont pas à ranger dans la catégorie « chaleureux » notamment à cause, ou grâce, à leurs médiums.

Ces derniers sont à la fois aérés, montent très trop tout en arrivant à proposer suffisamment de corps et de texture. Je trouve qu’ils rejoignent assez les médiums des H8 pro dans leur rendu. Ils peuvent être doux dans les bas médiums tout en étant assez fins sur le haut. Ce traitement apporte de l’aération au rendu final et permet de contribuer au rendu musical de l’intra par les « mouvements d’air » qu’ils procurent (diffusion du son si vous préférez). Je précise que certains auditeurs ont trouvé le rendu des haut médiums piquant.  Personnellement je ne les trouve pas agressifs mais c’était déjà le cas des h8pro (vive les oreilles de vieux).

Les aigus sont assez fins et délicats, apportant ce qu’il faut de détails. Ils ne sonnent jamais  « métallique » et le rendu des différentes percussions (cymbales ou autres triangles) est à nouveau bien réalisé et d’un grand naturel.

Les basses proposent un rendu avec de la présence et de l’impact. Leur rendu n’est ni sec, ni trop épais. Elles sont bien présentes pour apporter leur groove, et vous entrainer dans le rythme, sans jamais être envahissantes. Je les qualifierais d’assez rapides, notamment avec des lecteurs plutôt « neutres » comme peut l’être le Questyle QP1R. Par rapport aux H8pro, les basses sont plus présentes et surtout plus vitaminées. Ca groove beaucoup plus et c’est également ce qui me manquait dans les H8 Pro.

Mais là où les Oriolus frappent fort,  c’est dans leur transition entre les basses, les mids et les aigus. Tout s’effectue avec finesse et délicatesse. Aucune des fréquences n’écrase l’autre. Les plages sont respectées, encore une fois, avec une grande harmonie. (même s’il ne s’agit pas des Harmony).

Au final, le rendu des Oriolus n’est pas chaleureux mais empreint de  musicalité. Aucune des fréquences n’écrase l’autre. L’auditeur s’en apercevra d’autant plus que les Oriolus sont des intras particulièrement résolvants.

Un caractère résolvant

Si les Oriolus sont des intras musicaux, ils n’en restent pas moins détaillés. Passant des H8 pro je n’ai trouvé aucun manque dans ce domaine.

Avec les Oriolus, les détails fleurissent au gré des morceaux et des styles écoutés. Il n’y a cependant aucune  exagération,  ni un côté frimeur démonstratif. Les détails sont présentés encore une fois avec cohérence et sont là pour renforcer la musicalité de l’ensemble. A titre de comparaison, les H8pro regorgent de détails mais ont tendance à un peu trop les étaler en oubliant le côté musical, l’harmonie et l’ampleur des morceaux. Les Oriolus arrivent à présenter autant de détails mais avec une meilleure perspective et musicalité.

Conclusion

Après plus de six mois passés avec les Oriolus, je suis pleinement satisfait. Comment en être autrement ? J’ai l’impression en effet qu’ils n’ont qu’un seul but : celui de vous faire vivre la musique, ressentir les émotions véhiculées dans nos morceaux préférés. Les Oriolus sont des machines à groove, à swing.

Les Oriolus sont une franche réussite et méritent certainement d’être plus connus. Un seul conseil si vous les croisez : écoutez-les, on ne sait jamais.

Et maintenant je passe la parole à Space Cowboy.

Feedback de Space Cowboy

Récemment, les hybrides ont pris de la cote. On a pu assister à la sortie de nombreux nouveaux modèles, offrant un niveau de performances bien meilleures, notamment en termes de linéarité, de cohérence et de soundstage que ce que l’on pouvait trouver il y a ne serait-ce que 2 ans : UM Maverick (très populaires par ici, et par ailleurs excellents), FLC8 et Dunu D-2000J, ou encore, dans le monde des moulés très récemment les Fitear Air.

Les Oriolus me paraissent être des intras plutôt bien équilibrés, à légère tendance descendante, avec une petite emphase des basses et des médiums chaleureux, des timbres riches, une scène sonore aérée et très étendue, notamment en profondeur et une très grande cohérence générale. Voilà dans les grandes lignes pour les caractéristiques principales du son Oriolus qui m’ont très vite frappées.

Dans le détail :

Au rayon des basses

On sent tout de suite la supériorité du  driver dynamique sur les BA dans ce registre. Amples, texturées, plutôt rapides, mais surtout très naturelles et superbement articulées. Je n’ai rencontré ce niveau de réalisme que dans des intras hybrides ou mono-driver dynamiques. L’extension n’est pas en reste et les fréquences les plus basses viendront sonner avec aplomb, mais sans trop en faire non plus. Les Oriolus ne rentrent pas dans la catégorie des intras « basshead », mais ne sont pas non plus ce qu’on pourrait qualifier de timide dans ce registre, loin de là. Je retiendrai aussi comme grande qualité des basses des Oriolus, leur linéarité. C’est assez frappant quand je les ai comparés avec les K10U, qui ont tendance à booster certaines régions des basses, ce qui s’entend pas mal sur des instruments type contrebasse. Cela participe certes au fun des K10U, mais je sens que les basses des Oriolus sont plus rigoureuses, plus justes.

Médium

Comme dit précédemment, la transition graves-médiums se fait de façon très droite. Les médiums des Oriolus sont à mon avis une franche réussite : légèrement chauds et emphasés, avec énormément de corps et de présence. Ils ont la particularité d’arriver à produire beaucoup d’espace et de l’occuper comme rarement pour un intra. Pas 100% fidèles non plus, ils vont plutôt se positionner du côté musical de la force. Leur atout réside dans leur grande articulation et richesse des timbres, la sensation de plénitudes produite, tout en proposant un niveau de résolution au top. J’en suis devenu très vite drogué. Des médiums qui mettent vraiment en valeur la musique en apportant un poids aux notes assez saisissant, pour faire plus simple.

Haut-médium et aigu

Là encore, la transition se fait de façon très fluide et les multiples transducteurs jouent de concert habilement. Le haut-médium n’est, je dirais, ni en avant, ni en retrait. Si on compare à un K10U, par exemple, il y en a un peu plus mais ils ne viendront jamais piquer les oreilles de l’auditeur. Les aigus sont quant à eux très détaillés et bien étendus, peut-être légèrement moins qu’un K10U, mais on reste dans la moyenne haute (bien mieux que des 846 par exemple) avec une intégration parfaite. Aucune sensation de pic étrange ou d’aigus détachés du reste du spectre n’est ressentie. En termes de texture, cette région-là va avoir tendance à sonner légèrement éthérée, “splashy” je dirais. Ca me rappelle vaguement l’approche des aigus d’un Audio Technica AD2000X, pour citer une référence sédentaire. Concrètement, cela se traduit par exemple, par des cymbales normales qui vont avoir tendance à un peu sonner comme des cymbales crash, ou encore les voix féminines qui vont rendre un peu roques etc… Vous l’aurez compris l’approche n’est pas ce que l’on pourrait qualifier de référence. Cette “astuce” va avoir aussi l’avantage de limiter la fatigue sur certains enregistrements par exemple avec des cuivres, d’ordinaire agressifs, sans perdre en présence. La quantité d’aigus enfin pourra éventuellement laisser sur leur faim les amateurs de signatures claires sur certains enregistrements où ils risqueront de manquer un petit peu de mordant.

Timbres, texture

Les timbres sont l’un des gros points forts : justes, magnifiques, plutôt euphoniques, on n’en perd pas une miette et on en redemande. Certains instruments vont particulièrement briller, comme le piano, la contrebasse, les guitares, les cuivres ou les percussions. La texture, quant à elle me parait assez équilibrée entre le côté liquide et le côté sec. A titre de comparaison: un K10U va se montrer plus liquide et des 846 plus secs. Les haut-médiums et les aigus me paraissent par contre très légèrement secs. Une certaine réalité en ressort dans le rendu général.

Punch, attaques et réverbération

Les Oriolus, de leur état d’hybride, avec un évent pour le driver dynamique, ne vont pas créer beaucoup de pression acoustique dans le conduit auditif. Donc les personnes qui aiment les intras multi BA, pour la sensation d’impact qu’ils procurent par pression acoustique, ne retrouveront pas cette sensation sur les Oriolus qui ont une approche moins mouvementée. C’est un peu comme comparer un casque fermé avec un casque ouvert. Le fermé va créer tout naturellement plus d’impact physique, alors que sur l’ouvert, l’impact va moins s’imposer, l’écoute sera plus relaxante. Cela n’empêche pas les Oriolus d’avoir un certain punch et de fournir une sensation de puissance à la musique. Les attaques sont franches et parfaitement définies avec une gestion de la réverbération qu’un multi BA est incapable de gérer. Bref on ressent l’attaque, la diffusion, la direction et la circulation du son, là où un multi BA aura un rendu souvent plus direct.

Scène sonore, séparation des instruments

La scène sonore offre énormément d’espace, là encore on remerciera le design hybride. Notamment en profondeur. Très hors tête, j’ai été vite marqué par sa grande cohérence et la fidélité à l’enregistrement. Elle se montrera intimiste avec des instruments ressentis proches de nous sur des petits ensembles ou plus grandiose sur de grands ensembles. Les instruments sont présentés de façon bien groupée, peu éclatée.  La sensation d’avoir les musiciens devant soi à un tel niveau me paraît assez unique dans le monde des intras. Là encore cela pourra peut-être surprendre les inconditionnels d’intras multi BA aux présentations plus frontales et directes.

Jazz master

Les Oriolus me paraissent faire sonner très bien n’importe quel genre, je les classe sans mal dans la catégorie « all rounder », même si j’aurais peut-être apprécié un peu plus de liant sur les instruments à cordes à l’écoute du classique. Un genre cependant m’a paru se démarquer assez clairement : le jazz. Grand amateur de ce genre, il est en général difficile d’obtenir à la fois du swing (qui va souvent être produit dans les hauts-médiums voir médiums) et du groove (qui lui se crée plutôt dans le bas du spectre et au niveau des percussions). Les Oriolus arrivent à rendre ces 2 choses, fondamentales à l’écoute du jazz, sans jamais sacrifier l’une par rapport à l’autre. L’éclat obtenu sur les attaques des petites percussions, des cuivres, ainsi que leur texture respective assez remarquable, vont venir cohabiter sans souci avec un certain coffre sur les guitares basses, les contrebasses ou encore les grosse-caisses et les divers toms de la batterie. Le piano bénéficiera aussi d’une ampleur certaine. Tout cela fait des Oriolus un intra extrêmement adapté pour toutes sortes de jazz. Mais encore une fois, cela ne va pas les empêcher de se comporter très bien sur les autres genres. Si vous êtes comme moi, et que le jazz est votre genre de prédilection, je ne saurais que vous conseiller d’essayer au moins une fois dans votre vie ces intras !

Dans le haut de gamme, pour 999$, les Oriolus, machines à plaisir audiophile, mettent à mon sens sur la table de sacrés arguments et je me suis surpris à les préférer à des intras très haut de gamme, facturés parfois presque le double. Si vous accrochez à sa philosophie de rendu sonore (soundstage volumineux, cohérent avec beaucoup de profondeur, légèrement réglés chauds, mids euphoniques, aigus un peu splashy, son très articulé avec une sensation de présence, d’imprégnation de ce dernier) vous allez certainement comme moi, très vite devenir accros. Pour un premier jet de la marque, Oriolus n’a vraiment pas fait les choses à moitié.

Et maintenant je laisse la parole à Sausalito.

Feedback de Sausalito

Je vous proposerai ici un comparatif avec les intras moulés Noble K10.

Comparaison du soundstage

En écoutant les Oriolus, ce qui m’a frappé en premier est la grande scène sonore que proposent ces intras. Elle parait d’autant plus grande que la transparence est importante. Les musiciens et instruments sont placés avec précision et une autonomie qui ne remettent pas en cause la cohérence de l’ensemble. Ce soundstage relativement immersif semble débuter légèrement devant le front. L’ensemble donne un accent de vérité qui est l’apanage des casques HDG.

En comparaison, les Noble K10 ont une  scène sonore quasiment équivalente, mais avec moins de transparence, moins de résolution, un son plus liquide qu’aérien. Ils gagnent en corps et présence ce que les Oriolus offrent en souplesse et neutralité. Les K10 me paraissent encore plus immersifs, la hauteur de la scène sonore est plus grande et la sensation de vérité encore plus grande qu’avec les Oriolus.

Comparaison des signatures sonores

Concernant la signature, il y a là aussi des différences importantes.
Les Oriolus ont une extension qui va des basses (les subs existent mais sont faiblards), avec une petite mise en avant des haut-médiums et des aigus qui filent hauts. Au contraire, les K10 ont de bonnes sub basses, une bosse au niveau bas-médiums et des aigus moins présents que sur les Oriolus. Si vous écoutez les K10 après les Oriolus, vous aurez l’impression d’avoir des intras basseux. Inversement si vous essayez  les Oriolus après les K10, les premiers paraitront un peu secs.
Au rayon des différences, j’ai aussi noté que les Oriolus étaient plus rapides que les K10. Dans l’exemple toujours cité des cymbales, l’attaque parait plus véridique et le timbre peut-être plus juste. Par contre la sensation d’impact physique et l’extension de la vibration me semblent plus justes sur les K10.
Possédant les K10 moulés, il faut également prendre en compte le fait que les K10 universels offrent des basses moins accentuées et un soundstage plus ouvert. Une comparaison Oriolus/K10U, montrerait sans doute une plus grande proximité des deux paires d’intras. Pour conclure, si les Oriolus me ravissent, je me suis aperçu au fil du temps que les K10 offrent un écoute qui me correspond mieux. Il est probable que je sois plus sensible à une légère coloration et une sensation de présence qu’à une écoute plus aérienne et vivace, que je trouve un peu trop sèche.
Oriolus et HM-901

Conclusion du Comparatif

Je précise que ces écoutes ont été faites avec la carte Minibox sur le Hifiman HM-901, et comme les choses sont toujours plus compliquées, et aussi excitantes, avec ce DAP, voici quelques correctifs à apporter avec les cartes Balanced et Discrete.
Avec la carte balanced, la description ci-dessus reste valide si ce n’est que la carte balanced apporte plus de résolution et que les K10 y sont fortement sensibles alors que les Oriolus moins (mais sont déjà fort bien lotis de ce côté-là). Avec la carte discrete, les Oriolus voient leurs qualités magnifiées, et les K10 se rapprochent étonnamment des Oriolus en acquérant bien plus d’aération et de précision dans le placement.

[nextpage title= »Conclusion générale »]

C’est à vous de conclure après avoir lu ces trois retours qui ont été réalisés de manière complètement indépendante. A aucun moment les trois rédacteurs n’ont lu les retours des autres. Alors vous voulez les écouter maintenant ? Si c’est le cas c’est que nous avons réussi à titiller votre curiosité.

Oriolus et Paw Gold

Et pour finir un petit bilan mais ne restez pas dessus et essayez–les plutôt si vous le pouvez.

Qualités :

  • Soundstage profond et vaste offrant un excellent placement et étagement
  • Richesses des timbres
  • Musicalité offrant groove ou swing
  • Facilement drivable

Défauts :

  • L’isolation est celle d’un intra hybride. La présence de l’event sur la facelift ne le rend pas particulièrement isolant surtout en extérieur
  • Le câble trop rigide et de mauvaise qualité (beaucoup d’utilisateurs ont noté des problèmes de faux contacts)
  • Le packaging trop léger pour le prix
  • La taille peut être un peu volumineuse de l’intra

9 thoughts on “[Feedback] Les Oriolus… d’Oriolus”

  1. Triple retour super intéressant, précis sans être élitiste et surtout qui donne vraiment envie des les écouter… Merci

  2. Oh, excellent, excellent, excellent ! Merci !!!
    Et je retiens en plus la distinction entre groove et swing établie par SC…
    Bel exemple de collaboration très instructive.

  3. Article intéressant car le fait de combiner les visions / perceptions apporte vraiment au lecteur. Merci à vous.

    Pour ma part, je pense que la différence entre swing et groove ne se situe pas au niveau des registres, mais plutôt au niveau du rythme (ternaire et syncopé pour le jazz, binaire et en contretemps pour le groove). Autrement dit, le swing peut être présent uniquement avec des instruments « graves » – genre la contrebasse – et le groove avec des instruments « aigus ». Et comme dirait les Inconnus, vice versa.

    H.

    1. Pas vraiment d’accord, le ternaire (très peu de ternaire d’ailleurs dans le jazz en général) et le binaire n’ont rien à voir dans l’histoire.
      Le swing est plus le petit truc dans la musique jazz qui va donner envie de danser, donner de l’éclat. Ca désigne un genre de jazz particulier aussi (middle jazz années 30, les big bands, où il y a beaucoup…..de cuivres, pour le lien avec ce que je disais dans l’article).
      La notion de groove est historiquement apparue plus tard, avec notamment Miles Davis et la période Bitches Brew (1969) où tout était alors question de « la recherche du groove », qui peut même carrément définir le jazz de cette époque (voir même encore maintenant) malgré qu’on associe le groove dorénavant plutôt à d’autres genres plus récents comme le R’n B, la soul ou le rap… La recherche du groove, c’est à dire la recherche d’un état second, de « tripp » avec la musique, souvent provoqué par les lignes basses et percus répétitives.
      Mais bon on peut aussi dans l’absolue considérer le groove et le swing comme des termes synonymes de leur genre respectif, vu qu’ils ont des objectifs finalement assez similaires (mise à part qu’à partir du bebop on a arrêté de danser sur du jazz) d’entraîner cet état second chez l’auditeur (et/ou l’interprète), comme on parlera de duende dans le flamenco pour citer un autre exemple…

      1. Marrant : j’ai lu plusieurs quelques trucs qui, justement, indiquait que le groove prenait ses racines dans les morceaux de folk nord américaine fin des années 1890 début 1900 et que ceci avait après muté dans la black music (donc gospel / soul / funk) et jazz.

        Et quand j’avais creusé à l’époque la question, ce qui ressortait – et du coup pou récouter moi-même pas mal de musique funky et pour avoir joué du jazz – je me retrouvais plutôt bien dans cette distinction plutôt rythmique.

        Sur le groove, si tu prends par exemple des albums de James Brown fin 50 et surtout début 1960, tu vois bien que ceci est clairement perceptible (y a une série qui retrace l’ensemble des singles et l’on voit bien cette évolution d’un son typé jazz et « swing » à quelque chose de plus « gras » / groovy).

        Bref, au fond, osef de qui a raison, l’essentiel est d’écouter du son. Et du bon.

        H.

  4. Hum, pour le groove, j’ai vu un reportage où des musicos expliquer ce qu’ils en pensaient, je vais essayer de le retrouver. En tout cas, un style de musique n’a pas le monopole du groove. Des tas de morceaux « métal » par exemple cherche le groove pour plaire au public. Pour ma part, j’adore quand les métalleux parviennent a un groove de fou mélangé à un rythme de folie, ça me donne envie de swinger… Ou de pogoter plutôt.

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