[feedback] Aurisonics Bravo

Aujourd’hui je vous propose de parler du nouveau line up Bravo d’Aurisonics, qui ne devrait pas tarder à être commercialisé sur le marché asiatique, début juillet. J’ai eu la chance d’avoir en prêt exclusif pendant deux semaines les modèles Kicker, Forte et Harmony. Le test portera donc sur ces trois modèles en particulier, mais n’hésitez pas à jeter un œil sur mes premières impressions des Eva, l’entrée de gamme, dans mon compte-rendu du Fujiya Avic Headphone Festival.

Introduction

Aurisonics, pour ceux qui ne connaissent pas, est un fabricant d’intras moulés et universels américain, basé à Nashville. Ses produits présentent des design à base de drivers dynamiques (soit monodrivers, soit hybrides avec des armatures équilibrées – BA –, mais jamais de BA seuls), et sont tous « made in US ». Sur le marché depuis quelques années déjà, ils ne cessent d’évoluer. L’an dernier a vu la sortie des excellents Rockets, ASG 1 plus et ASG 2.5 qui ont brillé grâce à leur signature sonore très naturelle et leur remarquable rapport qualité/prix. Les Rockets doivent être à ce jour les intras les plus robustes jamais créés : câble incassable, corps étanche tout en titane. Un produit vraiment unique qui ravira les utilisateurs les plus extrêmes.

La gamme Bravo

Aurisonics remet le couvert avec, cette fois-ci, une toute nouvelle gamme d’intras : la gamme Bravo. Dale, PDG charismatique d’Aurisonics dit avoir mis toute son expertise des drivers dynamiques et des designs hybrides dans cette série d’intras et a du mal à dissimuler sa fierté lorsqu’il parle de ses nouveaux bébés. Ce ne sont pas moins de quatre nouveau-nés dont il nous gratifie : les Eva (monodriver dynamique), les Kicker (idem), les Forte (1 driver dynamique et 1 BA) et les Harmony (1 driver dynamique + 2 BA). Tous les modèles utilisent le même driver dynamique, tout nouveau, tout neuf, conçu de A à Z par Aurisonics, d’un diamètre de 9.2mm (contre 14 mm pour celui trouvé dans la gamme AS/ASG). Ce nouveau driver aurait l’avantage d’être moins coûteux et plus performant – sur le papier. Chacun des intra présente un réglage différent des drivers, bien sûr, mais aussi de l’évent du driver dynamique. Nous verrons plus tard tout ce que cela donne en détail. Mais tout d’abord parlons cosmétique.

Esthétique et construction

La gamme Bravo offre un design très similaire à celui de la gamme ASG, donc plutôt imposant. La forme est ici un peu plus effilée et la canule est un peu plus longue et plus fine. Les EVA sont un peu plus minces que les Kicker, Forte et Harmony qui partagent le même physique. Les coques arborent une magnifique peinture métallisée du plus bel effet sur leur partie extérieure (la couleur diffère en fonction du modèle). Aurisonics est passé à des connecteurs MMCX (comme Shure) mais ils ont ici bénéficié d’un soin particulier afin d’être renforcés et éviter les faux contacts, problème récurrent sur ce genre de connecteurs. On sent la volonté de plaire au marché japonais où la norme MMCX est la plus répandue. Westone avait fait de même il y a deux ans.

package

La finition de ces intras se montre exempte de tout reproche, cela fait plaisir de voir ce niveau-là, même pour l’entrée de gamme. Niveau fit, je retrouve avec bonheur, les fameux embouts « Sure Seal » en polymère, la meilleure invention depuis la roue ! Ces embouts ont la faculté de créer une étanchéité sans exercer aucune pression sur les parois de votre conduit auditif. Reste que la taille des intras, dans la moyenne haute, risque de poser problème aux personnes ayant une petite conque. De mon côté, aucune gêne à signaler, mais je recommande vivement un essai avant achat pour ce genre de taille d’intras.

Signature

Ça sonne comment Simone ?

Contrairement aux Eva, qui ont une approche relativement neutre du son, les Kicker, Forte et Harmony partagent leur appartenance à la catégorie des intras basseux (amis de la neutralité pure et dure, passez votre chemin !) et sont tous les trois assez similaires dans la présentation des basses fréquences. Un autre point commun réside dans la scène sonore vaste – plus en profondeur qu’en largeur – et arborant une superbe aération. Enfin, dernier point commun : la texture du son semble très naturelle et réaliste. C’est un peu la caractéristique de la marque américaine depuis un certain temps. Rentrons un peu plus dans les détails.

Kicker

Leur petit nom vient d’un jeu de mots avec le blase de la marque. Je vous laisse imaginer lequel. Les Kicker, comme dit précédemment, embarquent un unique driver dynamique de 9.2mm.

Bravo Kicker

Ils présentent une signature clairement descendante, avec des basses dont l’impact des subs et l’extension sont assez phénoménales, avec une très bonne focalisation. C’est une grande différence avec la gamme ASG : les basses des modèles de la gamme Bravo sont beaucoup plus contenues dans l’espace, en d’autres termes moins enveloppantes. Elles se montrent aussi plus propres grâce à une vitesse plus élevée et un rendu plus tendu qui n’a pas grand-chose à envier à du BA. Bref, tout reste très propre, sans masquer le bas médium ou les médiums. L’impact s’avère très puissant, mais ne fatiguera pas l’auditeur grâce à son design ouvert, qui empêche les pressions acoustique désagréables que l’on peut trouver dans des intras BA qui boostent trop les subs. Les amoureux du grave devraient être aux anges.

Les médiums ne sont pas en reste. Plutôt chauds sur les Kicker, avec une belle fidélité des timbres et euphoniques juste ce qu’il faut pour prendre plaisir à l’écoute. Le haut médium, lui, va se retrouver un peu en retrait ce qui participe au caractère chaud des Kicker. On reste loin d’un son voilé cependant, même s’il se peut que cela manque de mordant pour certains.

Les aigus sont dans le même esprit, légèrement en retrait. Ils ne viennent pas trop frimer en mettant en exergue un tas de micro détails, mais resteront plaisants en toute situation. En effet, les Kicker sont très tolérants envers les mauvais enregistrements et me paraissent aussi assez simples à associer. Les aigus vont présenter un rolloff un peu tôt dans le spectre, mais gardent quoi qu’il en soit un niveau de résolution très honorable (je les classerais entre des Rocket et des FLC8). Malgré cette courbe descendante, on ne déplore aucun gros accident dans la réponse en fréquence. Bon, c’est à prévoir pour un monodriver : pas de souci de crossover à régler.

Le soundstage enfin, offre une belle profondeur et aération, bien que les Kicker soient les moins aérés des trois, les plus intimistes en somme. En résumé, des intras faciles à écouter, à apprécier sur la plupart des enregistrements, avec un grave puissant mais maîtrisé. Un son qui risque de plaire à un grand nombre. Et à moins de 300$, cela en fait un excellent rapport qualité/prix. Une réussite.

Forte

On a rajouté dans l’équation, avec les Forte, un driver BA pour le haut du spectre. Comparés directement aux Kicker, on retrouve des basses très similaires, avec un poil plus de subs et un poil moins de mid-basses. C’est très subtil comme différence, mais bien là. Il en résulte un punch légèrement accru, mais des harmoniques du bas médium un peu moins mises en avant, le rendant moins euphonique.

Bravo Forte

Le médium se retrouve très légèrement en retrait par rapport à celui des Kicker. Le haut médium et l’aigu subissent un boost significatif. Les aigus filent plus haut et apportent un surplus de clarté à l’ensemble, avec notamment des attaques plus franches en comparaison avec celles des Kicker et des instruments mieux détourés. Le son a donc été un peu « V-ifié », mais pas que.

La présentation générale est plus directe. Pour faire simple, ça sonne comme son nom l’indique : fort. Le rendu pourrait être qualifié de très live. Les guitares électriques, trompettes ou cymbales ressortent pas mal. Sur certains enregistrements, l’énergie dans le haut medium m’a paru légèrement « too much », rappelant un peu un Shure 846 avec des filtres blancs. J’ai senti les Forte, en général, plus à l’aise dans les genres de musique modernes comme le rock, le métal ou encore la pop. Un intra qui décoiffe, à défaut d’être totalement reposant ou polyvalent. La gestion du crossover, quant à elle, est vraiment fabuleuse. On perçoit que des progrès ont encore été réalisés depuis la gamme ASG. On apprécie également ces progrès sur pas mal d’autres modèles hybrides récents et c’est tant mieux !

Harmony

Les Harmony rajoutent un second driver BA au schmilblick. Force est de constater qu’à l’écoute, la plus grande complexité du design se laisse oublier. À l’instar des Forte, les crossover sont gérés parfaitement et le son qui sort des Harmony parvient à vos oreilles comme s’il provenait d’une unique voix. En termes de signature sonore, les Harmony se montrent les plus équilibrés des trois (attention ça reste chargé en bas, donnant un gros punch au rendu), avec des basses un chouïa plus en retrait que sur les deux autres, des médiums plus mis en avant et une meilleure ouverture dans le haut-médium et dans les aigus.

Bravo Harmony

La présentation est un peu moins survitaminée que celle des Forte et met plus en avant les harmoniques que la rythmique. On sent une plus grande rigueur de l’expression sur tout le spectre, avec une résolution, une articulation et un détourage des instruments encore légèrement accrus (pas d’énorme gap de performances non plus). À l’instar des Forte, encore, le haut médium aura tendance à « piquer » un peu sur certains enregistrements, mais pas tout à fait de la même façon : j’ai senti un léger boost du haut-médium, similaire mais légèrement plus bas dans le spectre. La transition médiums-aigus me paraît aussi un peu plus fluide que sur les Forte, qui ont eux une réponse plus en V. Les Harmony vont vraiment briller par leurs médiums magnifiques (une version « plus » des médiums des Kicker), qui rendront justice à tous les instruments – notamment acoustiques – s’exprimant dans cette région cruciale. Saisissants de réalisme, musicaux, justes et riches sur les timbres, ni trop éthérés, ni trop lourds, on sent qu’un gros travail a été fait sur ce point.

Deuxième important point fort des Harmony : le soundstage ultra spacieux, qui s’étend remarquablement en hauteur et en profondeur, sans trop latéraliser : juste ce qu’il faut pour avoir un tout d’une cohérence rare. Le résultat est assez remarquable. Les Harmony pourraient prétendre au prix du meilleur soundstage vu dans un intra, toutes catégories tarifaires confondues. Au niveau des reproches, je regrette donc un peu ce pic dans les haut-médiums, les aigus auraient gagné à être un peu plus étendus (mais bon c’est un problème très courant dans le monde des intras, après 10KHz, il ne se passe plus grand-chose, à part quelques rares élus) et peut-être un tout petit peu moins « splashy » (reproche que je fais aux 3 modèles). Mais bon, en replaçant les choses dans leur contexte, pour environ 55 000 yens (environ 400€), on lui pardonnera tout cela volontiers, tant le ratio performances/prix est important, et il rivalise sans broncher, voire met à l’amende, un bon paquet d’intras plus chers, même des références connues et reconnues.

Conclusion

Vous l’aurez compris, ma préférence va aux Harmony : bien que n’étant pas parfaits, ce sont des intras qui m’ont procuré un très gros plaisir d’écoute. Malgré leurs performances légèrement supérieures aux Forte et aux Kicker, je déconseillerais d’éliminer ces 2 derniers de votre liste parce qu’un peu moins qualitatifs. Ces trois modèles, bien que de la même famille, gardent des caractères suffisamment différents pour trouver leurs adeptes. Je prévois notamment un très beau succès aux Kicker, qui sont des intras faciles à vivre, faciles à écouter, et avec un prix vraiment bas au vu des qualités sonores.

Comme d’habitude, je conseillerais, si vous en avez l’occasion, d’écouter chaque modèle, de laisser vos oreilles choisir et de ne pas foncer tête baissée sur le flagship juste parce que c’est le flagship.


Bravo Harmony vs. ASG 2.5

Voici, en bonus, une petite comparaison des Harmony avec les ASG2.5

AGS 2.5

Première grosse différence : le rendu des basses. Elles sont plus rondes, plus ronflantes et enveloppantes sur les 2.5. Celles des Harmony paraissent plus rapides, plus concentrées dans l’espace, plus sèches et plus propres. Le bas médium est aussi plus prononcé sur les 2.5. Avec les basses de ces derniers, ils ont tendance à tisser une toile de fond qui sera parfois très agréable, parfois un peu trop envahissante sur certains enregistrements.

Les médiums semblent avoir un peu plus d’assise et être plus enveloppants sur les 2.5 ; au contraire de ceux des Harmony, un peu plus aériens. Les 2 modèles me paraissent de très haute qualité sur cet aspect. La transition entre les médiums et les aigus est, en revanche, diamétralement opposée. Là où les Harmony, on l’a vu, ont tendance à mettre en avant cette région-là, les 2.5, eux, ont tendance à la creuser. Il en résulte une écoute vraiment relaxante et jamais agressive sur les 2.5, mais pouvant manquer un peu d’entrain. Entrain qui ne manque pas, bien au contraire, aux Harmony, qui, revers de la médaille, seront un peu plus exigeants sur l’enregistrement et le choix de la source en amont.

Les aigus quant à eux, présentent un niveau de détails très similaires, mais là encore avec une présentation bien différente. Les aigus des 2.5, s’intègrent moins bien au reste du spectre, à la fois plus en retraits que sur les Harmony et présentant un pic à priori vers 8-10Khz à la louche. Ils ont cependant l’avantage de proposer un peu plus de matière, de fluidité et d’extension par rapport aux Harmony, un peu plus diffus, mais avec une intégration impeccable.

fin le soundstage s’avère, là encore, bien différent en dépit du fait que les 2 intras proposent énormément d’espace. La scène sonore sera un peu plus enveloppante, latéralisée, avec des instruments un peu plus éparpillés dans l’espace sur les 2.5. Plus réduite sur les côtés, plus de distance entre l’auditeur et les instruments, avec la sensation que l’orchestre forme un tout plus cohérent sur les Harmony. Les Harmony me semblent plus proche des Shure 846 dans la gestion de l’espace (en tout mieux, normal pour un design hybride ouvert) et les 2.5 plus dans l’esprit fitear 334/335 (en mieux aussi). Personnellement ma préférence va pour les Harmony sur ce point.

Comme vous pouvez le voir, chacun a ses avantages, inconvénients, particularités. Au final, en termes de performances, il sera difficile de les départager, mais sachant que les Harmony sont sensiblement moins chers, cela montre encore une fois l’excellent rapport qualité/prix de ce modèle et qu’Aurisonics a accompli sa mission de faire du très qualitatif tout en réduisant les coûts.

 

3 thoughts on “[feedback] Aurisonics Bravo”

  1. Merci, mais ça a pas l’air d’intéresser grand monde, pourtant c’est de l’exclu mondiale ce test! 😀

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